Contes Initiatiques Peuls – Njeddo Dewal, Mère De La Calamité, suivi De Kaïdara Amadou Hampâté Bâ réédition 07/09/2000 – Poche « Kaïdara » est un conte initiatique Peul raconté par Amadou Hampâté Bâ. C’est un voyage vers la réalisation de soi, vers la compréhension des choses et de la vie. Nous sommes dans le monde du merveilleux, de l’imaginaire et du non visible, à la recherche de Kaïdara, En voici le préambule traditionnel : « Conte, conté, à conter Es-tu véridique ? Pour les bambins qui s’ébattent au clair de lune, Mon conte est une histoire fantastique. Pour les fileuses de coton pendant les longues nuits De la saison froide, mon récit est un passe temps délectable. Pour les mentons velus et les talons rugueux, c’est une véritable révélation. Je suis à la fois futile, utile et instructeur. Déroule-le donc pour nous … ». L’histoire est proche de l’origine du monde. Hammadi et ses deux compagnons : Hamtoudo et Dambourou sont entraînés dans un voyage initiatique au « Pays des Nains ». Ce sont trois jeunes esprits prêts à apprendre la vie et ses mystères. Dès le début Hammadi apparaît comme le héros, celui qui fait preuve de noblesse de cœur. Une voix aérienne leur dit : « Ô les trois amis ! Chaussez vos sandales et portez vos besaces en bandoulière ! Que chacun de vous prenne un bâton sur lequel il s’appuiera de temps en temps et dont il se servira pour faire avancer sa bête de somme ! ». Les trois jeunes gens vont désormais voyager en s’appuyant sur les conseils de maîtres, même si leurs questions sont éludées. « Tu le sauras quand tu sauras que tu ne sais pas et que tu attendras de savoir ». Ils descendent un escalier, traversent d’épaisses forêts vierges, dépassent les contrées des « Fils d’Adam », du monde des hommes et entrent au pays des choses cachées. Ils découvrent la soif, ici soif de connaître, qui les rend réceptifs aux messages. Ils font des rencontres : le caméléon, la chauve souris, le grand-père de tous les scorpions qui leur apprennent respectivement le silence, la lumière des ténèbres, les cycles de vie et de mort. Viennent d’autres rencontres avec des personnages, ou des situations qui distillent leur sagesse : le lézard, l’œil d’eau, l’outarde, le bouc, deux arbres, un coq se transformant en bélier… Le 12ème et dernier symbole est la case nauséabonde. Les trois voyageurs maîtrisent leurs sens pour descendre dans le trou et accèdent enfin à Kaïdara, allégorie du cosmos. Kaïdara offre de l’or aux 3 compagnons. Seul Hammadi y voit un moyen d’accéder à la Connaissance. Les compagnons entament le chemin du retour avec leurs bœufs chargés d’or. Hammadi sera suffisamment patient pour reconnaître la Sagesse dans leurs nouvelles rencontres. Seul Hammadi survivra aux dernières épreuves. C’est alors que commencera un nouvel enseignement … Un commentaire : Le texte précise: « Les hommes présomptueux ne peuvent acquérir que des connaissances superficielles. Seule l’initiation peut leur révéler la réalité profonde de l’Univers ». « Il n’y a rien d’étonnant à ce que les nouvelles eaux d’un fleuve suivent les méandres creusés par les anciennes eaux », Chacun, donc, comprend les sagesses ancestrales selon ses possibilités et dispositions. Le conte suscite des questions, ajourne les réponses qui seront devinées, suggérées, puis confirmées à une autre étape du voyage. Cela nécessite pour l’auditeur, comme pour le héros, de la maîtrise, de la patience et de la curiosité. D’ailleurs, plus le récit avance, plus Amadou Hampaté Bâ est discret dans ses explications. Il conclut ainsi sa version poétique : « Et il s’éleva dans le ciel, S’envola, déchirant les airs, Laissant Hammadi pantelant, étendu sur le sol, Tout comblé de joie, de science et de sagesse ». Quel que soit notre âge, comme au cours d’une soirée au cœur de l’Afrique, écoutons et réécoutons Kaïdara pour nous instruire davantage à chaque « voyage », puis racontons le encore et encore, pour transmettre, au-delà même de ce que nous avons cru comprendre.
Posted on: Sun, 06 Oct 2013 21:40:05 +0000
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