Dès que lon prononce le mot « Bretagne », Yann Queffélec nest jamais loin. Dès que lon fait mal à son Ouest, il riposte. Son coeur se contracte ainsi que ses muscles. Arlette Chabot avait invité le romancier à la belle gueule de marin fouettée par les embruns, cette belle tête de voileux, peau burinée et belle voix grave, et on savait pourquoi. La Bretagne est sens dessus dessous, comme bradée. Elle a fait la une des journaux, oh, pas pour ses côtes, du Mont-Saint-Michel à, disons-le pour être large, Noirmoutier. Non, elle a fait lactualité car elle est au bord de lasphyxie. La Bretagne est shakespearienne, elle a la tragédie et la comédie chevillées à son granit, rebelle à toute caresse, on ne la lui fait pas. Lagroalimentaire - qui représente plus de 70 000 emplois dans la région - est en berne : les abattoirs tombent comme des mouches, la charcuterie Jean Caby, les groupes volaillers Tilly-Sabco et Doux, le légumier Boutet-Nicolas, les saumons fumés Marine Harvest... On licencie à tour de bras. Dans les campagnes, on prie sainte Anne et on salue Yann Queffélec, Astérix, menhir des lettres, il a le « Gwenn ha Du » hissé haut. Un seigneur. Il avait déjà fait un sacré boulot, il y a quatre ans, lorsquil écrivit sur le drame du Bugaled Breizh . Aujourdhui, il sonne le tocsin mais pas le glas, car il y croit, en sa Bretagne chérie. Il appelle à la solidarité nationale. Reste optimiste : « Les Bretons sont dans le désarroi (...). Ce nest pas un peuple qui se laisse faire, il est dans la rébellion, mais il est capable de se retrousser les manches pour sauver la baraque. Le Breton nest jamais si bon que lorsquil est dans la solidarité. » La Bretagne, terre de générosité, dailleurs et de rêverie, crève. Et pendant ce temps, on nous gave comme des oies de laffaire Leonarda. Pauvre Bretagne. Pauvre Europe, pauvre France, pauvre Hollande.
Posted on: Mon, 28 Oct 2013 08:57:56 +0000
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