Faut-il avoir peur de la Chine et de sa puissance militaire - TopicsExpress



          

Faut-il avoir peur de la Chine et de sa puissance militaire ? Aujourd’hui, et plus que jamais, Pékin confirme les orientations de sa politique extérieure imaginée il y a plus de trente ans, parallèlement à l’établissement d’une diplomatie basée sur le principe du développement pacifique. La Chine réaffirme ainsi ses priorités que sont la défense nationale, la stabilité du pays, son développement économique, l’affirmation de son statut de grande puissance, la réunification de la nation chinoise et la pérennité de son système politique. Qui sera le maître du monde dans les années proches ? La Chine, sans aucun doute. Alors que la crise nous affecte durement, l’Empire du Milieu représentera dans cinquante ans 60 % du PIB mondial. Au-delà de son poids démographique, économique, politique et militaire, elle s’appuie sur une riche et brillante culture ancestrale qui s’est répandue dans toute l’Asie du Sud-Est. Elle a fortement influencé cette région et tend, aujourd’hui, à la diffuser dans le monde entier. Adossées à cinq mille ans d’histoire, son unité et sa force retrouvées sont liées tant à ses capacités de transformation qu’à ses racines puisées dans des temps très lointains. La Chine représente ainsi l’une des plus grandes civilisations de l’histoire de l’humanité. Au cours des temps, de ses dynasties et de ses pouvoirs successifs, la Chine a tenté de s’affirmer, malgré des rivalités, des épreuves nationales, des fragmentations, des guerres civiles, des divisions politiques et des invasions multiples. Cet immense territoire et ses armées ont finalement bien résisté aux nombreux risques d’éclatement qui sont souvent inhérents à un si vaste ensemble géographique, même si cela n’a, certes, pas été facile ! Le risque d’éclatement était, en effet, très élevé ; en témoigne la présence de différents pouvoirs régionaux, divers dialectes et des aires géographiques éloignées et distinctes. Néanmoins, force est de constater que, grâce à ses rites, à ses philosophies (taoïsme, bouddhisme et confucianisme), à une langue écrite et à des liens culturels communs, elle a pu perdurer, se consolider et se développer de façon progressive et durable. Grâce à la plus grande et riche diaspora mondiale répartie sur les cinq continents, le chinois mandarin est la langue la plus parlée dans le monde. Cela s’explique en partie par les nombreux atouts de la Chine. Pays le plus peuplé de la planète, elle connaît chaque année, malgré la crise économique et financière mondiale de 2008, l’une des plus fortes croissances au monde. Grande puissance spatiale, elle dispose en outre de l’armée la plus importante du monde, possède l’arme nucléaire et est membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, ce qui lui confère une influence diplomatique très importante. Malgré un bon nombre de faiblesses structurelles liées à une croissance trop rapide et à des inégalités territoriales et sociales, elle a parcouru ces dernières années un cheminement époustouflant. La classe moyenne s’est développée et des métropoles ont fait surface. Des centaines de kilomètres d’autoroutes, de lignes à grande vitesse et la construction d’infrastructures colossales ont fini d’en faire le plus grand chantier de l’histoire planétaire. Aujourd’hui, la Chine tente de rattraper ses retards, à toutes les échelles (national, international) comme dans tous les secteurs (commercial, économique, financier, technologique, énergétique, etc.). Elle devient aussi, outre ses multinationales, un puissant investisseur international et un partenaire commercial majeur : en plus d’être « l’atelier du monde », elle devient également un des laboratoires de la planète. La montée en puissance de la Chine change donc la donne géopolitique. Pour autant, si la Chine a été une grande puissance navale par le passé, elle n’a jamais constitué la plus grande puissance militaire mondiale. Elle entend stratégiquement changer la donne aujourd’hui, remettant en cause les États-Unis comme superpuissance unique. Mais, depuis la fin de la guerre froide et les dernières crises économiques, l’ordre mondial a changé. La mondialisation a en effet favorisé une circulation accélérée des hommes, des données, des technologies, des biens matériels et immatériels. En retrouvant son unité politique et spatiale comme sa puissance économique, la Chine s’est efforcée de bâtir comme les autres nations une armée moderne pour garantir la défense de son territoire et la préservation de ses intérêts économiques, tout en s’adaptant à un environnement international instable et à de nouveaux enjeux de défense et de sécurité. L’ancienne Armée rouge chinoise à l’origine de la conquête du pouvoir par Mao est toujours au centre de la mythologie historique du pays. L’Armée populaire de libération (APL) a ainsi pris le relais de l’Armée rouge. Dans l’esprit du nouveau leader chinois, Xi Jinping, président de la commission militaire centrale de l’ALP, la prospérité économique va de pair avec l’affirmation de la puissance militaire décomplexée. Dès son élection du 14 mars 2013, le numéro un chinois a promis à son peuple pour les années à venir « le rêve d’or » faisant référence à l’American Dream (le rêve américain) insistant sur la nécessité d’une économie prospère, la lutte contre les inégalités, la hausse du pouvoir d’achat, la lutte contre la corruption et... une armée forte et puissante. Outre l’objectif d’assurer la sécurité intérieure et la protection du territoire, son message était donc clair en direction des pays – en mer de Chine ou ailleurs – qui pourraient être tentés de franchir les « lignes rouges » fixées par Pékin. Il existe un conflit sur les îles Diaoyu (en chinois) ou Senkaku (en japonais) contrôlées par le Japon mais revendiquées avec force par Pékin qui les considère comme relevant de sa souveraineté et du territoire chinois depuis près de deux millénaires. Dans un climat de vives tensions, c’est un terrain où la Chine ne cédera pas. Les conflits frontaliers de cet État ne sont pas tous réglés et les différends territoriaux se multiplient en mer de Chine. Le conflit opposant le Japon et la Chine en est d’ailleurs le symbole ! Se défiant par flottilles interposées, ces deux pays traversent la plus grave crise diplomatique survenue entre eux depuis quarante ans. Dans ce climat délétère et de tensions généralisées, l’armée chinoise pourrait riposter avec vigueur. Depuis quelques années, nous assistons à un sursaut patriotique et nationaliste (surtout chez les jeunes) en Chine, vivifié par les enjeux économiques et les conflits territoriaux comme ceux des îles Diaoyu/Senkaku. Le ton monte dangereusement entre les deux pays, et leurs budgets militaires explosent. Dans un même temps, Pékin s’intéresse plus que jamais à l’Afrique et à l’Amérique latine. La Chine développe une diplomatie de plus en plus active aux quatre coins du monde, n’hésitant pas à empiéter sur le « pré carré » américain. C’est sa réponse à Washington qui déploie ses forces maritimes dans le Pacifique après son retrait d’Afghanistan. De ce fait, Pékin accuse Washington de faire monter la tension en Asie-Pacifique. Pour autant, fidèle à l’évolution de sa ligne diplomatique multilatérale initiée sous Deng Xiaoping, le leader des réformes chinoises des années 1980-1990, la Chine réaffirme le choix stratégique de prendre la voie du développement pacifique et le souhait de maintenir la coopération. Elle ne cherche néanmoins pas la domination, et désire éviter de se comporter d’une manière hégémonique. Elle confirme ses intentions dans le Livre de la Défense chinoise publié en 2013 par le Ministère de la défense : « un nouveau concept de sécurité caractérisé par la confiance mutuelle, les avantages réciproques, l’égalité et la coordination, une sécurité globale, la sécurité commune et coopérative ». Elle est, en outre, l’un des plus grands contributeurs en Casques bleus dans le cadre des opérations non militaires de l’ONU. Les ventes d’armes ne connaissent toutefois pas la crise : la Chine vient en 2013 de sortir la Grande-Bretagne du classement des cinq premiers exportateurs d’armes. Face à une situation internationale toujours explosive au Moyen-Orient, en Syrie, en Iran, en Corée du Nord et en mer de Chine, où les intérêts géopolitiques, économiques et financiers sont interdépendants, il est intéressant d’analyser son budget militaire et ses orientations. Ses technologies et son armée sont modernisées, c’est un fait, mais, plus que tout autre chose, il est important de s’interroger sur les stratégies que désire établir la Chine. Alors qu’il subsiste plus que jamais des incertitudes liées à la sécurité, au terrorisme et aux tensions sur la scène internationale, cet ouvrage sur la défense et la sécurité nationale chinoise tient compte des stratégies chinoises et du contexte planétaire. La Chine représente-t-elle une menace pour les États-Unis, le Japon et d’autres grandes puissances? D’autres questions se posent, comme l’influence qu’aura demain son pouvoir économique. Qui contrôlera les matières premières et les ressources ? Les États-Unis, la Russie, la Chine ? Qui sera le maître du monde en 2020 ? Les économies vieillissantes, comme le Japon et celles de la zone euro, devraient progressivement céder du terrain. Le monde va-t-il, et surtout, doit-il, trembler devant l’Empire du Milieu ? La croissance de la Chine représente, en effet, dès les années 1980 une des plus grandes réussites économiques de l’histoire. Des centaines de millions de Chinois sortent ainsi de la pauvreté, bénéficient d’infrastructures modernes, de technologies de pointe et d’un meilleur cadre de vie. Pour autant, des réformes s’imposent à nouveau au regard de la transparence, de la corruption, du pouvoir d’achat, de l’environnement et des inégalités socio-économiques. Au fil du temps, la nation chinoise1 a tenté de s’affirmer sur la base d’une idéologie commune, malgré des rivalités, des épreuves, des fragmentations, des guerres civiles et des invasions. Tout au long de cette longue histoire semée d’embûches, cette grande nation, souvent repliée sur elle-même, et son armée ont finalement bien résisté aux nombreux risques d’éclatement. La Chine n’a auparavant jamais été une menace pour l’Occident, et n’a fait partie d’aucune alliance armée telle que l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Mais, aujourd’hui, le président chinois prône une politique pacifique d’une part, et d’autre part appelle à « une grande renaissance de l’armée chinoise » en lui envoyant un message clair : elle doit améliorer sa capacité à remporter des combats. Tous droits réservés. ©2013/ Pierre Picquart : Extrait du livre La Chine : une menace militaire ? aux Editions Favre.
Posted on: Mon, 04 Nov 2013 11:34:32 +0000

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