HOMELIE DU SAMEDI 02 NOVEMBRE 2013: COMMEMORATION DES FIDELES DEFUNTS Au lendemain de la célébration de la solennité de la Toussaint qui nous a donné l’occasion de célébrer dans une même fête la sainteté de tous les élus, l’Eglise nous invite à commémorer les fidèles défunts. Cette commémoration qui remonte au IXe siècle de l’ère courante perpétue la tradition monastique du VIIe siècle qui eut l’idée de consacrer une journée de prière à tous les trépassés. Le souci initial était de n’oublier personne de « tous les morts dont le Seigneur seul connaît la foi » comme le dit la prière eucharistique IV. Depuis lors, l’Eglise en ses membres qui cheminent sur la terre a entouré de beaucoup de piété la mémoire des défunts. La raison est toute évidente que pour l’Eglise, l’état du défunt est l’état en vue de la vie que Dieu offre en plénitude à ses élus, car nul ne peut voir Dieu face à face, tel qu’il est, sans mourir. Le Christ lui-même, le Fils de Dieu, « a connu la mort, puis est ressuscité pour être le Seigneur des morts et des vivants » (Rm 14, 9). La mort n’est plus à voir dans sa dimension négative comme privation de la vie, mais comme chemin vers la vie. C’est au nom de la mort que nous pouvons professer dans notre foi la résurrection de la chair pour la vie éternelle. Nous souvenir de nos défunts nous rappelle que le Dieu de gloire les convie à sa lumière sans fin. C’est pourquoi saint Ambroise de Milan faisait un très bel enseignement sur la mort et nous fait remarquer que la mort est un signe de la bonté et de la sollicitude de Dieu pour sa créature de prédilection qu’est l’homme. Elle n’est pas une punition comme le laisse apparaître le certaines mauvaises interprétations du livre de la Genèse, mais la voie de rachat de l’homme de l’éternelle damnation qui le guettait. Souvenons-nous que le livre de la Genèse présente l’homme créé par Dieu au cœur d’un jardin dans lequel il y avait aussi bien l’arbre de la connaissance du bien et du mal que l’arbre de la vie éternelle. L’homme en mangeant le fruit de la connaissance du bien et du mal était déjà partagé entre le bien et le mal, et si dans cet état, il lui arrivait d’être immortel, ce serait la catastrophe, car la damnation serait éternelle pour lui s’il optait pour le mal. C’est exactement ce qui arrive à Satan et ses troupes. Dans l’éternité, la conversion n’est pas possible, l’homme serait un éternel rebelle contre Dieu comme les anges révoltés qui constituent aujourd’hui les légions maléfiques. Dieu réfléchit donc le plan de rachat et de salut en se disant : maintenant que l’homme connaît le bien et le mal, il faut l’empêcher d’atteindre aussi l’arbre de la vie ; s’il en mangeait les fruits, il vivrait indéfiniment dans cet état (cf. Gn 3, 22). Mourir devenait un gain pour l’homme. Pour saint Ambroise donc, et naturellement pour nous aussi, puisque c’est cette foi des premiers docteurs qui nous est transmise, « la mort n’était pas naturelle, mais elle l’est devenue ; car au commencement, Dieu n’a pas créé la mort : il nous l’a donnée comme un remède. L’homme, condamné pour sa désobéissance à un travail continuel et à une désolation insupportable, menait une vie devenue misérable. Il fallait mettre fin à ses malheurs, pour que la mort lui rende ce que sa vie avait perdu. L’immortalité serait un fardeau plutôt qu’un profit, sans le souffle de la grâce ». C’est ce que le Fils nous a apporté à la plénitude des temps. Sa mort rappelle sa sollicitude et sa solidarité avec notre nature, et sa résurrection nous rassure que nous retrouvons ce que nous aurions dû perdre. En commémorant les défunts, nous vénérons leur mémoire, mais en même temps, nous sentons l’infinie gratitude et sollicitude de Dieu à notre endroit. Il nous a aimés en nous créant et continue de nous aimer même quand nous nous trompons de chemin. Comme bon berger, il nous mène sur le sentier de notre rachat pour vivre avec dans le félicité du ciel maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !
Posted on: Sat, 02 Nov 2013 00:09:09 +0000
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