HOUARI BOUMEDIENE, Altermondialiste avant l’heure ? Par - TopicsExpress



          

HOUARI BOUMEDIENE, Altermondialiste avant l’heure ? Par D.M.Chetti Nul doute qu’au travers cet homme d’état, l’Algérie durant toute la période où il a été aux commandes de sa destinée, à jouer un rôle international à la mesure de ses ambitions. Cependant sur le plan national, le bilan reste des plus mitigé, aussi je vais me permettre dans cette chronique de faire le point sur les moments forts de son passage à la tète de notre pays et se demander après tout s’il reste quelque chose aujourd’hui de sa politique socialiste à l’algérienne ? Voilà 35 ans qu’il a disparu dans des circonstances qui ont suscitées beaucoup de polémiques, entre maladie et empoisonnement, laissant le pouvoir entre des fractions opposées entre la continuité révolutionnaire et la rupture idéologique. Sur la scène politique internationale, son action et ses positions sont considérées comme des éléments précurseurs d’une vision avant-gardiste, s’appuyant sur une politique étrangère libérée de la pression des deux blocs en pleine guerre froide, insistant sur le respect du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et sur une vision d’un nouvel ordre économique mondiale. Houari Boumediene va exposer au monde une autre vision, plus constructive que la gestion capitaliste de la finance mondiale en proposant un nouvel ordre économique international, lors d’un discours à la session des nations unies. C’est une vision prémonitoire, mettant en avant toutes les contradictions du système capitaliste qui prétend dicter au monde une politique ultralibérale avec toutes ses incohérences. Il sera à l’origine de la convocation dune session extraordinaire de lAssemblée générale de lONU, en 1974, au cours de laquelle sera rédigée une déclaration sur les droits et devoirs économiques des Etats dans leurs rapports mutuels. Cette dernière affirme que le nouvel ordre économique international devrait être fondé, entre autres, sur la souveraineté permanente intégrale de chaque Etat sur ses ressources naturelles et sur ses activités économiques. Ainsi, il va tracer pour l’ensemble des pays du tiers monde, une voie qui permettrait de sortir du sous-développement. Cette voie passera par la reconquête des ressources du sous-sol par la nationalisation, par une coopération accrue des pays non-aligné sur le plan économique et par la mise sur pied d’organisations qui vont permettre de faire pression sur les marchés comme ‘l’OPEP. Ainsi l’arme du pétrole servira pour démontrer toute son efficacité lors du conflit israélo-arabe, surgit pendant la guerre du Kippour en 1973. Pour Houari Boumediene, la question palestinienne était un choix idéologique, inscrite dans la cadre d’une lutte contre le sionisme. Il accordait son aide à la cause palestinienne, contre l’oppresseur et le colonisateur israélien. « nous sommes avec les palestiniens, qu’ils soient victimes ou persécuteurs » dira t-il dans un discours qui marquera l’engagement de l’Algérie au côté des autres forces « arabes » lors de la guerre d’octobre 1973 pendant laquelle un bataillon de commandos algériens fut engagé sur une durée d’un an, protégeant les rives du canal de Suez. Je ne me souviens pas par contre, qu’il se prononça sur l’anéantissement ou la destruction de l’état hébreu, ni sur l’exil des juifs de la Palestine. Antisioniste convaincu, il considérait ce conflit comme lié une situation géostratégique, orchestré par l’impérialisme et ses suppôts, devant lesquels il fallait adopter une autre stratégie, que celle de l’affrontement militaire. C’est sans doute pour cela qu’il ne chercha jamais à utiliser la cause palestinienne pour renforcer son pouvoir au niveau national, mais plutôt, en tentant de convaincre les autres pays « arabes » que face à l’occident, qui cherchera à maintenir son influence sur eux, il faut mériter une place d’acteur et se positionner comme une partie prenante, au lieu de subir sa domination. La construction du Maghreb des peuples est aussi une œuvre emprunt de boumediénisme. Cela apparaissait comme une priorité pour la réussite du projet, car cette construction était vue comme une émanation des peuples et non des dirigeants, qui avaient des points de vue divergents sur le plan politique, à l’instar d’une hégémonie socioculturelle évidente. L’affaire du Sahara occidental met en cause le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Mais c’est cependant une inquiétude autre qui est ressentie au palais d’El Mouradia. Houari Boumediene est surtout perplexe quant aux visées expansionnistes du roi Hassan II, pourtant prêt à concéder à l’Algérie d’avoir un couloir accédant directement sur l’océan Atlantique, piège dans lequel nous ne tomberons pas, car le pays s’érigeait en puissance régionale, prenant le relais du Caire, en tant que leader du monde arabe. Concernant cette fois les relations bilatérales avec le pays de l’ancien colonisateur, Houari Boumediene semble avoir céder longtemps à un courant conservateur qui a toujours résister à une normalisation des relations, au même titre que les courants français nostalgiques de l’époque coloniale. Il était néanmoins animé par une volonté de tourner la page, voire même de solder le contentieux d’une manière définitive, entre nos deux pays, s’appuyant sur des cercles d’amitiés franco-algériens qui encourageaient les relations franco-algériennes vers un développement et une intensification des échanges. De mémoire, dans ses discours, il n’y eu jamais d’allusion à une quelconque condition de repentance, pour assoir ce nouvel élan de coopération Nord Sud. Il semblait être trop fier pour cela et pensait surtout qu’en donnant un coup de pouce personnel à cet élan, viendrait le jour où l’histoire même, venant de l’ancienne colonie, serait revisiter en effaçant les prétendus apports positifs de la colonisation et en reconnaissant les violences faites au peuple algérien durant la période de la colonisation. Sur le plan économique, les années Boumediene auront une influence positive car elles permettront une véritable affirmation de notre souveraineté sur les ressources de notre territoire. Initiée en 1966 avec les mines et les compagnies dassurances étrangères et en 1971 avec les hydrocarbures où l’état algérien acquiert 51% des avoirs des sociétés pétrolières françaises présentes en Algérie, la nationalisation est un succès total. C’est alors qu’il est le leader incontesté dun Tiers Monde désireux de faire entendre sa voix, et de poser la question du développement. Il permettra à l’Algérie de tenir son rang et sa place dans le monde, de façon à pouvoir continuer et à peser sur un certain nombre de sujets. Douze ans après avoir engagé le pays dans un modèle de développement économique étatique, dont le principal agent d’impulsion était l’état, Houari Boumediene décide en avril 1977, de changer de cap. Il prend conscience que l’activité socio-économique stagne, sans l’adhésion même du peuple aux « tâches d’édification nationales ». La révolution agraire est bloquée car les paysans eux-mêmes n’ont pas la foi idéologique du président. Il faut leur adhésion et celle des structures en charge de son application pour crier victoire. L’arabisation se met en place, mais elle se fait au détriment des autres langues étrangères et surtout du français, se heurtant ainsi à l’émergence d’une élite capable de s’adapter aux évolutions techniques et aux nouvelles connaissances. Si l’on doit résumer son œuvre, c’est bien celle d’avoir travaillé avec acharnement à édifier un état centralisé que l’Algérie n’avait pas eu dans le passé récent. Homme intègre, Boumediene a volontairement fermé les yeux sur des abus commis, au début de son pouvoir, tout en veillant à limiter le phénomène de la corruption au maximum, sans qu’on puisse dire de lui, qu’il s’est enrichi grâce à son exercice du pouvoir.
Posted on: Thu, 17 Oct 2013 20:39:47 +0000

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