Il faisait froid... cétait peu avant - TopicsExpress



          

Il faisait froid... cétait peu avant minuit lejournaldepersonne/2013/10/des-millions-de-delaisses/ Je remontais la rue Mouffetard quand je laperçu.. Au pied du mur il était assis Il leva les yeux et me sourit... Il a toujours été là, ce sans abri Mais cette nuit... tous les deux nous fûmes surpris Par un étrange sentiment de déjà vu Peut-être lincongru de nos deux vécus Je ne lai pas connu...il ne ma pas connu Mais nous nous sommes reconnus Comme deux inconnus mis à nu Parce quils vivent dans la même rue Entre quatre murs pour lune Aux quatre vents pour lautre Un instant de toute intensité entre deux existants qui ignorent pourquoi Il en est ainsi et ne peut en être autrement. La fragilité, la précarité, la pauvreté de notre condition... peut-être ? Jai beau être nourrie, logée et chérie Je ne pus mempêcher de ressentir Une certaine proximité avec cet homme sans intimité s.d.f. comme il dit, et qui incarne à lui tout seul, Tous mes griefs contre la banalisation de ce mal social Je me sentie tout aussi abandonnée Ni pitié, ni empathie Ce fut comme un éclair de lucidité Jy voyais soudain plus clair dans cette épaisse obscurité Et le réel me devint insupportable... inacceptable Je lai invité aussitôt chez moi Pour y passer la nuit... toutes les nuits. Il refusa avec un soupçon de majesté Il eut peur... mais de quoi? Il préférait son sort à mon confort... Et ne voulait léchanger pour rien au monde... Parce que cela faisait partie de son odyssée, De son échappée... belle De son bras dhonneur au mutisme de son prochain. Je ne pus mempêcher de lui poser cyniquement la question : Sil ne trouvait pas bizarre de me voir insister à ce point Pour lembarquer dans mon pied à terre... Il me répondit sans malice quil nest pas du tout étonné... Parce quil est persuadé dêtre... lhomme de ma vie Je ne sais pourquoi, je fus bouleversée Comme sil mavait révélé... la seule vérité vraie : Reconnais-toi toi-même Sur le champ, je neus, ni cette reconnaissance, ni cette intelligence... Après, je lai regretté comme jamais Parce quil était bel et bien, lhomme de ma vie Le lendemain, le SAMU a retrouvé un corps gisant par terre Mort de faim et de froid... cétait lui... Non... je ne vous raconte pas dhistoire Cest à moi que je la raconte!
Posted on: Sat, 19 Oct 2013 21:22:35 +0000

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