Ivre de femmes et de peinture Souvenir dun artiste peint sur - TopicsExpress



          

Ivre de femmes et de peinture Souvenir dun artiste peint sur écran. En 2000, Im Kwon Taek, le réalisateur sud-coréen, plus que prolifique, nous offre « Ivre de femmes et de peinture ». Un film que beaucoup considèrent comme un chef doeuvre. Lhistoire dOwôn, le peintre génial qui vécut au 19ème siècle, dans une Corée qui subit des bouleversements en même temps que le monde à cette époque, est un magnifique tableau. Par la quasi indifférence à sa condition financière plus quincertaine, il arrive à nous la faire oublier ; et nous mène dans les méandres tortueux de sa passion profonde pour la vie et pour son art. Issu dun milieux non seulement pauvre, mais en plus roturier, il est très jeune attiré par la peinture. Il avait observé un grand maître en plein travail, et avait été impressionné. Depuis, une obsession lenvahit, celle datteindre la perfection une fois un pinceau à la main. La peinture a trouvé son praticien, et lartiste a trouvé sa spécialité. Très vite, on parle de ses fleurs et oiseaux, ou encore de son majestueux coq, malgré les mécontentements de ceux qui lui reprochent son origine sociale. Pourtant, sans quil ne le veuille, sa vie se caractérise dune singulière beauté. Cest étrange de ressentir ça alors que le personnage ne donne que très peu dimportance à son entourage, du moins, il semble vide de tout affect. Mais les esprits complexes ne le sont pas pour le simple plaisir de se faire attribuer ce qualificatif. Quand un petit orphelin veut apprendre la peinture à ses côtés, il lui fait traverser le pays dans de bien misérables conditions … Lui recherchant son inspiration, lenfant ne voulant quun bout de pain. Dailleurs, ce dernier nétait pas Owon, et il finit par se lasser. Il lui reproche en plein milieu dun immense désert marécageux de ne faire que marcher et fouiller les poubelles, et de navoir jamais eu de pinceau entre les doigts. Le jeune garçon sarrêtera dans une bourgade pour trouver un travail, et, acharné et imperturbable, le peintre continue son périple. On sent comme une conception sur-exagérée de lauto-responsabilité et du détachement chez ce fou qui na pas perdu la raison. Pendant ce temps, on oublie facilement la situation politique intensément perturbée que traverse la Corée, une révolution qui ébranle les assises sociales, et en crée de nouvelles. Mais par à coups, Im Kwon Taek nous la rappelle insistant sur cette presque indifférence quéprouve le peintre pour son environnement, nétant concentré que sur ce qui lui semble plus quessentiel, mais nécessaire, son art. Quand il aime quelquun, cest dans son expression la plus dépouillée quil lexprime. Quand il boit trop, il peint un singe qui le nargue, et quil ne reconnaît même pas au réveil … devenant presque fou de ne pas se souvenir davoir dessiné le macaque rieur, alors que personne dautre ne pouvait pénétrer dans la pièce où il sétait enfermé la veille. Dailleurs, son œil aiguisé reconnaît son propre style. Le film raconte lhistoire vraie, dun peintre qui a existé, mais ça ne lempêche en rien dêtre admirablement créatif. Personne ne sait comment est mort Owon, ce personnage devenu mythique, dans ce petit pays asiatique qui aujourdhui se retrouve scindé. Il ny a que des rumeurs à ce propos, qui sont devenues légendes. Pour laspect technique, il y a peu de choses à dire … un film remarquablement exécuté. Une harmonie extraordinaire se dégage, comme si les acteurs étaient personnellement empreints de lhistoire quils jouent. Une sorte de symbiose se ressent dans leurs prestations, et on ne sait pas vraiment quelle en est la cause. Est-ce lambiance du film, ou un ressenti culturel profond ? Comme si un algérien à la sensibilité exacerbée jouait le rôle de... Zabana ou Ben Mhidi. Il semble bien difficile de trouver une critique négative à faire à ce film. Même des années après lavoir vu. Certains ny seront pas sensibles, puisquil y a de tout sur terre. Pour les autres, ils auront vu un film quils noublieront pas. Et quand les souvenirs satténueront et se confondront dans nos esprits, mémoire faillible oblige, revoir le film serait un pur plaisir. Aussi délicieux que la première fois ! Nedjma MK lesdebats/editions/261013/pdf.pdf
Posted on: Sat, 26 Oct 2013 08:36:35 +0000

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