Jusqu’en 1918, la Syrie naturelle, historique, s’étalait géographiquement de l’Irak occidental (c’est-à-dire tout le territoire de l’Irak actuel qui est situé à l’ouest de la rivière Euphrate), jusqu’à la Méditerranée. Elle englobait en cela, outre l’Irak occidental actuel, le territoire de ce qui est aujourd’hui la Syrie, le Liban, la Jordanie et Israël. Après 1918, fidèles au « diviser pour mieux régner », les Britanniques en ont fait quatre pays : Proche_et_Moyen_Orient_après_1918l’Irak, la Cisjordanie, la Palestine (assortie l’année précédente de la promesse d’accueillir ce qu’on avait appelé à ce moment là, juste avant, en 1917, « un foyer national juif ») et un quatrième formé du Liban et de la Syrie actuels, un cadeau empoisonné fait à la France. C’est dans ce contexte que s’est formé, en 1928, au Caire, le mouvement des Frères Musulmans. L’idéologie était alors ; et elle le demeure encore aujourd’hui en théorie en tout cas ; de réaliser « une Grande Nation Musulmane », au-delà, justement, de ces clivages nationaux que les Britanniques ont déterminés dix ans plus tôt, une grande nation musulmane comptant parmi elle, en plus des musulmans des quatre pays précités, l’Égypte et les pays du Maghreb (qui n’étaient pas encore des États indépendants eux non plus), et l’Iran. En fait, tous les musulmans du monde. Paradoxalement (Anglais, plus exactement, en l’occurrence), les Britanniques ont encouragé ce mouvement. Ils lui ont donné le financement nécessaire à ce qu’il se développe, et ils ont protégé les Frères Musulmans ; « tout particulièrement de la police égyptienne », me souffle mon époux, Alfredo Stranieri. Ah non, autant pour moi : en fait, c’était juste un pet. Le but des Britanniques était d’opposer ce mouvement, « Les Frères Musulmans », à la montée du nationalisme identitaire qui s’exprimait dans les pays arabes, notamment, donc, en Égypte, l’exploitation du canal de Suez constituant la part la plus importante de leurs intérêts économiques, aux Britanniques, dans la région. J’y reviens après. Des quatre pays créés par eux, après la guerre 14-18, l’Irak est le premier qui est devenu indépendant, en 1920. Carlos ne se rappelle plus de la date exacte, m’a-t-il confessé (le mois dernier, durant les vêpres), mais il est certain d’une chose : c’était un jeudi.
Posted on: Sat, 07 Sep 2013 20:24:23 +0000
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