« J’ai vu Gravity » se dit aussi « J’ai été dans l’espace » J’ai du m’endormir avant le décollage, et ne pas me réveiller pendant, malgré le bruit et les secousses. Quand j’ai ouvert les yeux, j’étais déjà dans l’espace. Puis immédiatement saisi par une nausée, comme le sont généralement tous les novices des sorties extravéhiculaires. Au cours de ces minutes qui précédèrent une première pluie d’apocalypse, je n’ai cessé d’essayer de me retenir de vomir. Je me voyais déjà devenir l’expulseur d’étonnantes bulles gastriques aux couleurs imprévisibles. Mais plus tard, alors que s’offrait à moi le premier des trop rares et courts entractes de ce chaos, je me suis doucement initié à profiter de cet état inaccessible sur Terre, sans plus aucune contrainte physique et dans l’infinie dilatation du temps. Gravity effectue sa révolution autour de la planète cinéma à une altitude bien plus élevée que celle de tous les autres films auxquels certains oseront le comparer. Le rapprocher de tout autre film de space opera ou de science fiction serait venir bafouer les quatre années de travail, d’innovations, de recherche et de développement, qui ont été nécessaires pour mettre au point cette navette capable de mettre autant de millions de spectateurs en orbite simultanément. Gravity est un voyage sensitif, une expérience sensorielle, quand toutes les autres projections ne seront jamais que des immersions visuelles et des aventures rétiniennes. Dès les heures et les jours qui suivront immédiatement votre séance orbitale, vous comprendrez qu’une partie de vous est resté là-haut à jamais. Quand le manque de cette sensation d’apesanteur commencera lentement à naître en vous, quand les chocs endurés et l’angoisse vécue se seront déjà dissous dans les souvenirs de cette temporalité et de cette lumière. Louis Baker
Posted on: Thu, 24 Oct 2013 22:37:42 +0000
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