J’ai été formé à l’équitation d’extérieur, dans les années 50-60, par deux écuyers, Pierre Chambry et Etienne Frachon, qui représentaient bien une école française fortement influencée à l’époque par Decarpentry, et dont l’axe central était la primauté absolue du mouvement en avant. Par la suite j’ai eu l’occasion de travailler avec Nuno Oliveira, au Portugal et en Belgique, certainement pas assez pour me dire son élève mais suffisamment pour découvrir une équitation, qu’on appelait à l’époque baroque ou ibérique pour la distinguer de l’autre, et qui s’articulait sur l’équilibre et la légèreté. Puisque ma carrière s’est orientée vers la formation des moniteurs, les questions se posaient : Que fallait-il enseigner aux futurs professeurs ? Ces deux équitations étaient-elles incompatibles, et si non, comment les harmoniser ? La réponse avait déjà été donnée par François Baucher dans sa seconde manière dans une phrase qui est à mon sens la plus importante de toutes : «L’équilibre doit s’obtenir sans altérer le mouvement en avant, le mouvement en avant tout en s’opérant ne doit porter aucune atteinte à l’équilibre» Aussi le conseil aux futurs moniteurs est-elle : Occupez- vous de l’autre aspect ! Si vos chevaux sont en avant, intéressez-vous à leur équilibre et à leur légèreté, et s’ils sont légers, renforcez leur mouvement en avant. Pas de temps en temps, mais à chaque leçon et quasi foulée par foulée, jusqu’à ce que vos chevaux se stabilisent entre ces deux pôles qui paraissent au départ contradictoires. Il reste ensuite à habiller cette ligne directrice par la pédagogie et la méthodologie, mais l’important est que les cavaliers gardent toujours à l’esprit ce double objectif.
Posted on: Mon, 02 Sep 2013 04:28:33 +0000