LA REVELATION ET L’INSPIRATION DE LA BIBLE REVELATION ET - TopicsExpress



          

LA REVELATION ET L’INSPIRATION DE LA BIBLE REVELATION ET INSPIRATION 1 °- La révélation : Il nous faut distinguer en effet, inspiration et révélation. Nous parlons dinspiration au sens large du mot et il y a là, deux phénomènes complémentaires qui peuvent parfois exister indépendamment 1un de lautre. Nous ne pensons pas que 1inspiration soit un phénomène mécanique. Dieu na pas fait de ses écrivains sacrés, des robots qui ont écrit dune façon automatique, comme les médiums. Dieu a utilisé des hommes auxquels il sest révélé. Il leur a parlé dabord et cest ensuite quils ont été capables de transmettre ce que Dieu leur avait donné. Cest là, la nuance que nous ferons entre révélation et inspiration. Nous désignerons la révélation, comme la Parole de Dieu adressée à 1homme. Pour cela, nous lirons quelques versets dans le 1° chapitre de lépître aux Hébreux : (v.1) - Après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les prophètes, Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par le ?ils... par lequel il a aussi créé le monde. Ainsi Dieu a parlé à bien des reprises et de bien des manières. Ici, nous voyons que la révélation comme linspiration dailleurs, est quelque chose de divin. Dieu a parlé de bien des, manières : ce nest pas un phénomène uniforme. Dieu parle tantôt dune manière, tantôt dune autre. La façon dont il parlera à Moïse sera différente de celle dont il parlera à Ésaïe, à Paul, à tous ceux qui seront amenés à écrire les livres historiques, les évangiles, etc.. Cette révélation est progressive. Dieu na pas tout révélé tout de suite| cela parce quen même temps il fallait faire toute une éducation de lhomme. Paul dira, par exemple, que la loi a été comme un pédagogue pour conduire à Christ, à la pleine lumière. Il est évident que nous ne pouvons pas nous arrêter à certains livres pour établir des doctrines, car, si nous nenvisageons pas lensemble de la REVELATION, nous risquons de déséquilibrer le message. Nous ne pouvons pas établir une doctrine de lau-delà, en considérant uniquement le livre de 1Ecclésiaste ; ce dernier nen a quune vue partielle, tronquée, parce que la pleine lumière ne lui était pas encore donnée. Jésus donnera une explication à ses disciples de la progression de cette révélation. Jai beaucoup de choses à vous dire, mais vous nêtes pas encore capables de les supporter. Lhomme nétait pas capable de recevoir la pleine lumière de Dieu et il a fallu tout un temps déducation et de maturation pour cela. Dieu a commencé à parler à nos pères, nous est-il dit, puis il a parlé aux prophètes et enfin à son Fils. Avec le Fils viendra la plénitude de la révélation. Il ne faut donc pas être étonné quand nous lisons certains textes ayant trait au tout premier stade de la révélation, de trouver celle-ci limitée, partielle. Cest le cas, en ce qui concerne 1Ecclésiaste cité plus hauts certains chrétiens connaissent ce problème-là : 1Ecclésiaste contredit-il le Nouveau Testament au sujet de la résurrection ? A cela, il ny a pas de contradiction, car la REVELATION est progressive en même temps eue divine. Cependant il faut préciser que dans sa limitation temporelle, la révélation étant un don de Dieu est parfaite quoi que partielle. 2°- Linspiration : Nous abordons là quelque chose qui est un peu différent. Lisons : 2° épitre de Pierre, chap. 1° à partir du verset 16 ; Ce nest pas, en effet en suivant des fables habilement conçues, que nous vous avons fait connaître.., et nous tenons pour dautant plus certaine la parole prophétique, à laquelle vous faites bien de prêter attention, comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusquà ce que le jour vienne à paraître et que létoile du matin se lève dans vos cœurs; sachant... quaucune prophétie de lEcriture ne peut être un objet dinterprétation particulière, car ce nest pas par une volonté dhomme quune prophétie a été apportée, mais cest poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu. On retrouve ici un peu la même pensée : les prophètes ont prophétisé partiellement (comme une lampe qui brille dans un lieu obscur), et là, il faut nous représenter les lampes de cette époque, qui étaient des lumignons fumants et qui permettaient tout juste de distinguer les grandes lignes. En fait la révélation était progressive. Dans un premier stade, elle était semblable à cette lampe oui ne permettait pas de distinguer les détails, et cela, jusquà ce quarrive la pleine lumière, nous dit lapôtre et que létoile du matin se lève dans les cœurs. Cest une allusion à la venue du Fils, de Christ qui, étant lui-même laccomplissement des prophéties et lesprit de la prophétie comme dira Jean dans lApocalypse, apportera la pleine lumière. Ce nest pas par la volonté humaine quune prophétie a été produite, mais cest portés par 1Esprit-Saint que les hommes ont parlé de la part de Dieu. Ces hommes qui avaient reçu la Parole de Dieu, auxquels Dieu sétait révélé, ont parlé et ils ont transmis le message comme Dieu voulait quils le transmettre. Jésus lui-même, na pas échappé à cette règle et il a pu dire à ses adversaires que les paroles quil prononçait nétaient pas de lui mais de son Père. Il les avait reçues de son Père, et il les rapportait comme le Père les lui avait données. Jésus établissait, dune part la REVELATION : les paroles que jai reçues de mon Père, et lINSPIRATION : ces paroles, je vous les dis comme mon Père me les a données, comme mon Père veut que je les dise. LINSPIRATION, cest la façon selon laquelle les hommes de la Bible ont rapporté le message de Dieu, exactement comme Dieu voulait quil soit transmis; avec le langage que Dieu voulait utiliser. Les écrivains sacrés nont pas simplement donné les idées générales quils avaient reçues de Dieu, ils ne lont pas fait avec leurs propres mots, mais avec ceux que leur enseignait lEsprit, comme dira lapôtre Paul, utilisant un langage inspiré par lEsprit (soufflé par 1Esprit). Ils ont utilisé un langage spirituel pour parler des choses spirituelles. Un exégète protestant a pu dire que linspiration était le langage de la révélation. 3°- Le canon : Un troisième élément quil nous faut envisager est la formation eu canon. En effet, quel est le critère qui a. permis de reconnaître ce qui était inspiré de ce qui ne létait pas; quels étaient les ouvrages qui devaient être considérés comme reflétant la révélation de Dieu ? Ceci entre aussi dans létude de linspiration parce que ceux qui ont rassemblé les différents livres qui forment la Bible, ont dû pour cela être inspirés, illuminés, poussés par le Saint-Esprit, ce dernier, leur donnant surnaturellement de reconnaître les livres inspirés et ceux qui ne létaient pas. Jusquà ces derniers temps, il existe, en ce qui concerne lAncien Testament, une controverse entre protestants et évangéliques dune part, et catholiques dautre part, pour définir les livres inspirés et ceux qui ne le sont pas. Les Bibles catholiques contiennent, en particulier, un certain nombre de livres considérés comme inspirés par les catholiques et que nous, évangéliques, appelons apocryphes. Cela nous amène donc à envisager quels sont les critères sur lesquels il convient de nous baser pour reconnaître les textes qui sont inspirés et ceux qui sont apocryphes. La Révélation est-elle complète ? Nous lavons résumée en ces termes : Dieu a parlé. Dieu est un Dieu qui parle. Comment parle-t-il ? Il parle dans lhistoire, au travers de lhistoire dun peuple, et lorsque viendra la plénitude de la révélation, Dieu sincarnera dans lhistoire. Il nous est dit que cest au temps du roi Hérode que Jésus est né. LEvangile de Luc donne des dates précises : la 15° année de Tibère César, alors que Ponce Pilate était gouverneur de Judée etc.. la parole de lEternel fut adressée à Jean, fils de Zacharie, dans le désert. La révélation de Dieu ne se conçoit pas en dehors de lhistoire. A linverse de toutes les autres religions soi-disant révélées, que ce soit le Bouddhisme, lIslam etc., le christianisme nous donne une révélation de Dieu au travers de lhistoire. Cela va donc nous amener à poser un premier point : Pour que la révélation de Dieu puisse être crédible, pour quelle puisse avoir, pour lhomme auquel elle sadresse, toute son autorité, il faut que les événements qui lui servent de base soient historiques, cest-à-dire vrais. Si les événements que raconte la Bible sont mythiques, cest-à-dire des fictions, quel crédit pourrons-nous accorder à lenseignement doctrinal et spirituel de lécriture ? Par exemple : si le passage de la Mer Rouge nétait quun mythe, une légende, pourrions-nous réellement faire confiance au Dieu qui a inspiré Moïse pour la rédaction de ce passage ? Cela nous amène à contredire la thèse de BARTH : Peu importe que les écrits soient des mythes ou non, pourvu que Dieu nous parle au travers de ces légendes. Nous ne pouvons pas admettre quun Dieu qui se révèle puisse nous induire en erreur, même sur les choses secondaires, même sur des détails qui ne touchent pas directement notre vie spirituelle, notre position vis à vis de lui. Nous croyons, au contraire, que si la révélation de Dieu doit être crédible, avoir toute son autorité, il est indispensable que les événements historiques qui nous servent de base soient vrais ! Nous avons toute raison de croire quils sont bien réels. Je vous citerai, à ce sujet, une parole dun archéologue célèbre, décédé en 1970, le professeur Nelson GLUCK du Hebrew Union Collège à Boston, qui avait fait de nombreuses fouilles en Israël, dans le Néguev, en Transjordanie en particulier. On na pas pu prouver que la Bible se soit trompée sur un événement quelconque devant létat actuel des recherches. On a essayé de faire des hypothèses à partir de faits archéologiques; on a essayé de démontrer que les événements historiques de la Bible étaient faux, on a pu avoir à ce sujet des présomptions, mais dans létat actuel des recherches, dit ce professeur, on na pu apporter une seule preuve que la Bible nous ait trompées sur un événement historique quel quil soit. Il faut donc absolument rechercher la révélation de Dieu dans lhistoire, et son message passe par lhistoire du peuple dIsraël. Il nous faut distinguer trois étapes, je pourrai dire trois dispensations, trois époques où la révélation de Dieu va nous être communiquée par des canaux différents : - la 1° période : cest lAncien Testament; - la 2° période : celle au cours de laquelle le Fils a parlé. - la 3° période : celle au cours de laquelle le Saint-Esprit, après avoir été répandu, a parlé. Dans ces trois périodes, la source de la révélation sera différente. Successivement les trois personnes de la trinité vont intervenir comme source de cette révélation. - Dans lAncienne Alliance, la source sera : le PERE. Au commencement, Dieu... Dieu dit : que la lumière soit et la lumière fut..,, LEternel parla à Moïse et dit..., La parole de léternel fut révélée à Ezéchiel en ces mots..., etc... Contrairement à ce qui se passera dans le Nouveau Testament, le Saint-Esprit nintervient pas pour communiquer directement la Parole de Dieu, il sera simplement le canal entre lhomme, entre la Parole de Dieu et lécrivain sacré. Dieu le Père est au centre, mais on peut dire que les ceux autres personnes de la trinité lui sont associées. La Parole de Dieu, cest Jésus-Christ, lEsprit du Seigneur est là pour transmettre cette parole qui vient du Père. - Dans la deuxième période, la source de la révélation sera le FILS de DIEU lui-même. Après avoir parlé... Dieu dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils... qui, étant le reflet de sa gloire et lempreinte de sa personne... (Heb. 1/2) Le Fils révèle la plénitude de Dieu, la pensée comme le Père la lui a communiquée. Celui qui ma vu, a vu le Père. Encore une fois, les deux autres personnes de la trinité, bien quà larrière-plan, vont intervenir. Tout dabord, le Père, parce que cest lui qui communique la Parole, et ensuite cela ne se fait pas sans lintervention de lEsprit, car Jésus est rempli du Saint Esprit, oint de Dieu, et les paroles quil dit sont esprit et vie. - Dans la troisième période : cest lESPRIT qui va être la source première de la révélation. LEsprit dit.... Le Saint-Esprit parle à lapôtre Paul, il le conduit, le guide, lenvoie, lempêche de se rendre en tel endroit... Cest lui qui est au premier plan sur la scène de la révélation. Cest lui qui révèle aux apôtres, selon la Parole de Jésus, tout ce qui est encore à révéler. Le mystère de lEglise sera révélé à Paul par lEsprit. Comme il a été révélé par lEsprit aux saints apôtres et prophètes de Christ (Eph. 3/5). Dieu nous les a révélées par lEsprit. Car lEsprit sonde tout même les profondeurs de Dieu (I Cor. 2/10). Cest le Saint-Esprit qui va ravir lapôtre Jean au jour du Seigneur pour lui donner la révélation des événements derniers qui vont servir de trame à 1Apocalypse. Cest le Saint-Esprit qui se trouve au premier plan comme source de la révélation! bien qu’encore une fois, les deux autres personnes de la trinité lui soient étroitement associées. LEsprit du Seigneur est parfois désigné comme lEsprit de Jésus. Dieu le Père est présent dans cette révélation qui va porter essentiellement sur la rédaction du Nouveau Testament. Lapôtre Paul dira que ce souffle de lEsprit a poussé les écrivains sacrés à mettre par écrit tout ce que le Seigneur leur avait révélé. Donc, Dieu a parlé à plusieurs reprises et de plusieurs manières et nous allons voir ces différents modes de révélation : 1°- Dans lAncien Testament : Même dans cette période, bien que Dieu soit la source première de la révélation, Il va encore parler de plusieurs manières. Lidéal de la révélation nous est manifestement donnée dans le livre de lExode, au Sinaï. Le peuple est au pied de la montagne, le Seigneur lui parle directement, tout le peuple entend sa voix. Bien que ce soit la façon dont Dieu désire se révéler, il ne pourra continuer à le faire à cause du péché de lhomme. Le peuple lui-même comprend que sil continue à entendre la voix de Dieu lui parlant directement, il ne pourra pas vivre. Alors il est amené à demander un intermédiaire entre lui et le Seigneur. Cet intermédiaire sera Moïse. Vous savez comment Moïse est amené à monter sur la montagne et à sentretenir avec Dieu. La Bible nous dit que la façon dont Moïse a reçu la Parole de Dieu est tout à fait unique. Dieu lui parlait face à face, comme un homme parle à son ami. Cela est exceptionnel dans toute la révélation de Dieu. Cest un privilège accordé au seul Moïse. Ce dernier lui-même, peu de temps avant sa mort dira au peuple : Le Seigneur Eternel vous suscitera, après sa mort, un prophète comme moi; vous 1écouterez; celui qui nécoutera pas ce prophète sera puni de mort. Comment Dieu va-t-il se révéler à ce prophète ? Cest au travers dun hazon (en français, on traduit par songe ou vision). Cest là toute la différence entre les prophètes qui ont suivi Moïse et ce dernier. Moïse avait accès à la révélation de Dieu sur sa propre initiative, quand il le voulait. Par exemple : un problème se pose parmi le peuple; on a trouvé un homme qui ramasse du bois le jour du sabbat, on le met en prison, puis on va demander à Moïse ce quil faut faire. Alors Moïse va dans la tente dassignation et consulte le Seigneur. LES ETAPES DE LA REVELATION Dès l’origine, Dieu se fait connaître 54 Dieu qui a créé et conserve toutes choses par le Verbe, donne aux hommes dans les choses créées un témoignage incessant sur Lui-même ; voulant de plus ouvrir la voie d’un salut supérieur, Il se manifesta aussi Lui-même, dès l’origine, à nos premiers parents (DV 3) Il les a invités à une communion intime avec Lui-même en les revêtant d’une grâce et d’une justice resplendissantes. 55 Cette Révélation n’a pas été interrompue par le péché de nos premiers parents. Dieu, en effet, après leur chute leur promit une rédemption, leur rendit courage en les faisant espérer le salut ; sans arrêt, Il montra sa sollicitude pour le genre humain, afin de donner la vie éternelle à tous ceux qui par la constance dans le bien cherchent le salut (DV 3). Comme il avait perdu ton amitié en se détournant de Toi, tu ne l’as pas abandonné au pouvoir de la mort. (...) Tu as multiplié les alliances avec eux (MR, prière eucharistique IV, 118). L’alliance avec Noé 56 Une fois l’unité du genre humain morcelée par le péché, Dieu cherche tout d’abord à sauver l’humanité en passant par chacune de ses parties. L’alliance avec Noé d’après le déluge (cf. Gn 9, 9) exprime le principe de l’Économie divine envers les nations , c’est-à-dire envers les hommes regroupés d’après leurs pays, chacun selon sa langue, et selon leurs clans (Gn 10, 5 ; cf. 10, 20-31). 57 Cet ordre à la fois cosmique, social et religieux de la pluralité des nations (cf. Ac 17, 26-27) est destiné à limiter l’orgueil d’une humanité déchue qui, unanime dans sa perversité (cf. Sg 10, 5), voudrait faire par elle-même son unité à la manière de Babel (cf. Gn 11, 4-6). Mais, à cause du péché (cf. Rm 1, 18-25), le polythéisme ainsi que l’idolâtrie de la nation et de son chef menacent sans cesse d’une perversion païenne cette économie provisoire. 58 L’alliance avec Noé est en vigueur tant que dure le temps des nations (cf. Lc 21, 24), jusqu’à la proclamation universelle de l’Évangile. La Bible vénère quelques grandes figures des nations , tels qu’ Abel le juste , le roi-prêtre Melchisédech (cf. Gn 14, 18), figure du Christ (cf. He 7, 3) ou les justes Noé, Daniel et Job (Ez 14, 14). Ainsi, l’Écriture exprime quelle hauteur de sainteté peuvent atteindre ceux qui vivent selon l’alliance de Noé dans l’attente que le Christ rassemble dans l’unité tous les enfants de Dieu dispersés (Jn 11, 52) Dieu élit Abraham 59 Pour rassembler l’humanité dispersée, Dieu élit Abram en l’appelant hors de son pays, de sa parenté et de sa maison (Gn 12, 1), pour faire de lui Abraham, c’est-à-dire le père d’une multitude de nations (Gn 17, 5) : En toi seront bénies toutes les nations de la terre (Gn 12, 3 LXX ; cf. Ga 3, 8). 60 Le peuple issu d’Abraham sera le dépositaire de la promesse faite aux patriarches, le peuple de l’élection (cf. Rm 11, 28), appelé à préparer le rassemblement, un jour, de tous les enfants de Dieu dans l’unité de l’Église (cf. Jn 11, 52 ; 10, 16) ; il sera la racine sur laquelle seront greffés les païens devenus croyants (cf. Rm 11, 17-18. 24). 61 Les patriarches et les prophètes et d’autres personnages de l’Ancien Testament ont été et seront toujours vénérés comme saints dans toutes les traditions liturgiques de l’Église. Dieu forme son peuple Israël 62 Après les patriarches, Dieu forma Israël comme son peuple en le sauvant de l’esclavage de l’Égypte. Il conclut avec lui l’Alliance du Sinaï et lui donna, par Moïse, sa Loi, pour qu’il Le reconnaisse et Le serve comme le seul Dieu vivant et vrai, Père provident et juste juge, et qu’il attende le Sauveur promis (cf. DV 3). 63 Israël est le Peuple sacerdotal de Dieu (cf. Ex 19, 6), celui qui porte le nom du Seigneur (Dt 28, 10). C’est le peuple de ceux à qui Dieu a parlé en premier (MR, Vendredi Saint 13 : oraison universelle VI), le peuple des frères aînés dans la foi d’Abraham (cf. Jean-Paul II, allocution dans la synagogue de Rome [13 avril 1986], 4). 64 Par les prophètes, Dieu forme son peuple dans l’espérance du salut, dans l’attente d’une Alliance nouvelle et éternelle destinée à tous les hommes (cf. Is 2, 2-4), et qui sera inscrite dans les cœurs (cf. Jr 31, 31-34 ; He 10, 16). Les prophètes annoncent une rédemption radicale du Peuple de Dieu, la purification de toutes ses infidélités (cf. Ez 36), un salut qui inclura toutes les nations (cf. Is 49, 5-6 ; 53, 11). Ce seront surtout les pauvres et les humbles du Seigneur (cf. So 2, 3) qui porteront cette espérance. Les femmes saintes comme Sara, Rébecca, Rachel, Miryam, Débora, Anne, Judith et Esther, ont conservé vivante l’espérance du salut d’Israël. La figure la plus pure en est Marie (cf. Lc 1, 38). La révélation dans la nature Pour la première, la révélation a lieu dans la nature. Par exemple, le livre de l’Exode raconte que Moïse perçoit Dieu sous la forme d’un buisson qui brûle sans se consumer et, plus tard, dans une éruption volcanique. D’après le premier livre des Rois, le prophète Élie, également dans le Sinaï, le découvre dans un vent doux et subtil. Pour le psalmiste, les cieux racontent la gloire de Dieu. Si la Bible ne divinise nullement la nature, comme ont tendance à le faire les panthéismes, à plusieurs reprises, elle affirme que Dieu se dévoile dans la nature ou que la nature le fait connaître. Cette première réponse a paru autrefois évidente. Ainsi, Calvin pense qu’il faut être une « bête brute », dépourvue de toute intelligence, pour ne pas discerner Dieu dans la nature. À l’époque romantique, les montagnes enneigées, les fleurs des champs, le scintillement de la mer ont suscité chez beaucoup de gens des sentiments religieux. Pourtant, d’autres qui ne sont pas forcément, n’en déplaise à Calvin, des abrutis, trouvent, au contraire, la nature muette (Pascal parlait du « silence éternel des espaces infinis »), ou, sensibles à ses horreurs, estiment, comme certains dualistes, qu’elle renvoie plutôt à un démon qu’à Dieu. Aujourd’hui les partisans d’un « dessein intelligent » estiment que la science en mettant en valeur la complexité et la cohérence du monde nous révèle quelque chose de Dieu. Le monde ne peut pas relever du hasard, il répond nécessairement à un projet. Pour d’autres, cette conclusion est abusive et va au-delà de ce qu’établit la connaissance (voir le « débattre » dans Évangile et liberté de janvier 2006). La révélation dans l’histoire Selon une deuxième réponse, Dieu se manifeste essentiellement dans l’histoire, dans des événements qui marquent la vie des personnes ou des peuples, voire celle de l’humanité tout entière. Ainsi, Dieu se révèle au peuple d’Israël en le faisant sortir du pays d’Égypte, en le faisant passer de l’esclavage à la liberté. Pour le judaïsme antique, Dieu se fait connaître dans l’exode mieux et plus que n’importe où ailleurs. Selon les chrétiens, un personnage historique, Jésus le Christ, est la révélation centrale et suprême de Dieu. Que Dieu se révèle dans l’histoire ne signifie pas qu’il se manifeste également à chaque instant et dans tous les événements. Il y a des temps forts, ce que le Nouveau Testament appelle en grec des kairoi, et des temps plus faibles ; il y a des événements qui nous éclairent énormément et d’autres qui ne disent rien ou pas grand chose. Pour les premiers chrétiens, la Résurrection représente un moment décisif, capital ; aucun autre ne peut lui être comparé ni même ne l’approche en importance. La fin des temps avec le surgissement d’une nouvelle terre et de nouveaux cieux sera aussi un temps fort (mais pas autant que celui de Pâques). Par contre, la période qui va de la résurrection à la fin des temps est faible ; elle est un « entre temps » (un entre deux temps), où le croyant vit d’un souvenir et d’une espérance, mais pas d’une actualité comme dans les moments décisifs. Cette deuxième réponse a alimenté de grands débats sur le sens de l’histoire entre marxistes et chrétiens durant le deuxième tiers du vingtième siècle. Aujourd’hui, on se demande souvent si l’histoire n’est pas écoulement de temps sans but ni signification, s’il ne faut pas y voir une succession incohérente et aléatoire d’événements plutôt que le lieu d’une révélation. La révélation par la parole Pour la troisième réponse, fréquente en protestantisme, Dieu se révèle par la parole, par des discours et des textes. Des phénomènes naturels ou des événements historiques n’ont de sens que si les accompagnent ou les suivent des paroles qui les annoncent, les expliquent ou les commentent. Si Dieu avait agi silencieusement, s’il avait délivré les hébreux de leur esclavage sans rien leur dire, si le Christ était mort sans avoir enseigné et prêché, s’il était ressuscité sans que personne ne le sache et n’en parle, il n’y aurait pas de révélation. La révélation réside donc dans la parole, même si cette parole se réfère à un événement. La révélation générale et la révélation spéciale La révélation générale et la révélation spéciale sont les deux chemins que Dieu a choisis pour se révéler Lui-même à l’humanité. La révélation générale concerne les vérités générales sur Dieu qui peuvent être saisies au travers du monde naturel. La révélation spéciale concerne davantage des vérités sur Dieu, plus spécifiques, qui peuvent être appréhendées par le surnaturel. Concernant la révélation générale, le Psaume 19 : 1-4 déclare : « Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l’étendue manifeste l’œuvre de ses mains. Le jour en instruit un autre jour, la nuit en donne connaissance à une autre nuit. Ce n’est pas un langage, ce ne sont pas des paroles dont le son ne soit pas entendu : leur retentissement parcourt toute la terre, leurs accents vont aux extrémités du monde ». D’après ce passage, l’existence de Dieu et sa puissance peuvent être clairement perçus par la simple observation de l’univers. L’ordre, la complexité, les merveilles de la création parlent de l’existence d’un Créateur puissant et glorieux. La révélation générale est aussi enseignée dans Romains 1 : 20 : « En effet, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l’œil nu, depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages. Ils sont donc inexcusables… ». Comme le Psaume 19, Romains 1 : 20 enseigne que la puissance éternelle de Dieu et sa nature divine sont « clairement perçues » et « comprises » d’après ce qui a été fait ; il ne peut donc y avoir aucune excuse pour ceux qui continuent de nier ces faits. Avec ces textes des Ecritures dans l’esprit, on pourrait peut-être définir la révélation générale de la façon suivante : « la révélation de Dieu à tous les hommes, pour tous les temps, et dans tous les lieux prouve que Dieu existe et qu’Il est intelligent, puissant, et transcendant ». La révélation spéciale nous dit comment Dieu a choisi de se révéler Lui-même par des moyens surnaturels. La révélation spéciale inclut les apparitions physiques de Dieu, les rêves, les visions, la Parole de Dieu écrite, et le plus important bien sûr, Jésus-Christ. La Bible rapporte des apparitions physiques de Dieu à de nombreuses reprises (Genèse 3 : 8, 18 :1 ; Exode 3 : 1-4, 34 : 5-7) ; elle raconte aussi comment Dieu a parlé aux hommes par le moyen des rêves (Genèse 28 : 12, 37 : 5 ; 1 Rois 3 : 5 ; Daniel 2) et des visions ( (Genèse 15 : 1 ; Ezéchiel 8 : 3-4 ; Daniel 7 ; 2 Corinthiens 12 : 1-7). De toute première importance est d’abord la révélation de Dieu dans Sa Parole, la Bible : elle est aussi une forme spéciale de révélation. Dieu a miraculeusement conduit les auteurs de l’Ecriture à rapporter correctement Son message à l’humanité, tout en leur laissant leurs propres styles et personnalités. La Parole de Dieu est vivante et efficace (Hébreux 4 : 12). La Parole de Dieu est inspirée, utile, et suffisante (2 Timothée 3 : 16-17). Dieu a décidé de faire conserver sous une forme écrite toute la vérité Le concernant, car il était trop conscient des risques d’inexactitude et de manque de fiabilité de la tradition orale. Il a aussi compris que les rêves et les visions de l’homme peuvent être interprétés de façon erronée. Dieu a choisi de révéler dans la Bible tout ce que l’humanité a besoin de savoir à Son sujet, ce qu’Il attend de nous, et ce qu’Il a fait pour nous. L’ultime forme de révélation spéciale est évidemment la Personne même de Jésus-Christ. Dieu est devenu un être humain (Jean 1 : 1, 14). Hébreux 1 : 1-3 résume cela parfaitement : « Après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les prophètes, Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils…. Le Fils est le reflet de sa gloire et l’empreinte de sa personne ». Dieu est devenu un être humain, dans la Personne de Jésus-Christ, pour s’identifier à nous, être un modèle pour nous, nous enseigner, se révéler Lui-même à nous, et le plus important de tout, pourvoir à notre salut en s’humiliant Lui-même par Sa mort sur la croix (Philippiens 2 : 6-8). Jésus-Christ est l’ultime « révélation spéciale » de Dieu. 1. En quoi consiste l’acte de révéler ? Le mot grec qu’emploie le Nouveau Testament, apokaluptô, signifie exactement “découvrir”, “dévoiler”. On l’emploie, par exemple, pour l’acte de tirer le rideau d’une scène de théâtre au début d’une pièce, pour celui d’ôter le couvercle d’une boîte, pour celui d’enlever le masque placé sur un visage. Révéler consiste à rendre visible, à montrer ce qui auparavant était dissimulé. Cette opération implique trois éléments : un sujet agissant, un objet, et un destinataire. Premièrement, toute révélation nécessite un événement qui rende visible, qui fasse percevoir ce qui auparavant échappait au regard. Elle inaugure une situation nouvelle, elle met de la lumière là où il n’y avait que de l’obscurité ; elle opère un changement. Ce changement est l’œuvre d’un être ou d’un objet qui communique quelque chose, qui le fait connaître, qui permet de le découvrir. Le verbe “révéler” désigne un acte, et tout acte est fait par un acteur ; il implique un sujet agissant ; il renvoie à l’intervention de quelqu’un qui montre et dévoile. Deuxièmement, la révélation suppose quelque chose qui était auparavant caché, inconnu, ignoré ou secret. Ce qui est visible, apparent, évident, ce que tout le monde peut voir ou savoir ne fait pas l’objet d’une révélation. On ne peut pas dévoiler ce qui n’est pas voilé. Il n’y a révélation que là où existait un mystère que la révélation va dissiper. Enfin, la révélation s’adresse à un destinataire, à un bénéficiaire. Elle ne se produit que si quelqu’un la reçoit, et se met à voir ou à savoir ce qui auparavant lui était obscur. Si je parle dans le désert, sans être entendu de personne, il n’y a évidemment pas révélation : un secret dit, mais non entendu n’est pas révélé. Quand l’un de ces trois éléments manque, il n’y a pas à proprement parler révélation. On peut donc la définir ainsi : elle communique à des gens une connaissance qu’ils n’ont pas spontanément, naturellement, une connaissance qu’ils n’acquièrent pas ni ne conquièrent par leurs propres moyens, mais que quelqu’un ou que quelque chose leur donne. Entre parenthèse, je signale qu’en grec, ce qu’a souligné le philosophe Heidegger, le mot alèthéia, qui veut dire la vérité ou le vrai, signifie étymologiquement ce qui n’est ni caché, ni voilé. Dans la pensée grecque existe par conséquent un rapport étroit entre “révélation” et “vérité” ; la connaissance de la vérité demande qu’on enlève le voile qui la cache ; la révélation, parce qu’elle dévoile, conduit à la vérité. 2. Révélation, sagesse et initiation Après cette définition ou cette analyse de ce que veut dire révéler, j’aborde la seconde partie de ce parcours qui va distinguer deux types, deux sortes ou deux catégories de religions, qui n’accordent pas la même place, la même valeur ou la même importance à la notion de révélation. - Les religions de sagesse En premier lieu, nous avons des religions qui se fondent non pas sur une révélation, mais sur une sagesse. Selon elles, le croyant doit atteindre une connaissance de Dieu et parvenir à une pratique de la vie sainte par ses propres moyens, par ses efforts personnels, par sa réflexion, sa piété, et son action. L’être humain découvre lui-même la voie du salut, en s’aidant, certes, de l’enseignement de “maîtres”, mais cet enseignement n’a rien de surnaturel. Il est purement humain et, en l’assimilant, on devient l’égal des “maîtres”. Le croyant progresse, et s’approche de la vérité par toutes sortes d’exercices spirituels (pratique de la méditation, de l’ascèse, etc.). On dira souvent dans ce cas, pour reprendre des termes bouddhistes, que le croyant est un “éveillé”, ou un “éclairé”, mais on ne parlera pas de “révélation”. En effet, il s’éveille, et s’éclaire tout seul. La vérité ne lui est pas donnée ni communiquée, il doit la trouver lui-même. Il est le sujet agissant, et sa religion dépend essentiellement de lui ; elle repose sur ce qu’il est et sur ce qu’il fait. La religion est le chemin que l’être humain prend pour aller vers Dieu et pour découvrir la vérité : être humain -> Dieu. Dans cette première catégorie, se rangent de nombreuses religions asiatiques, mais aussi beaucoup de celles de l’Antiquité. - Les religions de révélation Elles ont pour caractéristique de se fonder, ou de prétendre se fonder sur une action de Dieu. Selon elles, Dieu intervient à certains moments dans la vie des êtres humains. Il se manifeste à eux ; il leur délivre des messages. Il leur fait des promesses, et leur donne des commandements. Parmi les religions qui ne s’appuient pas sur une sagesse, mais sur une révélation, on range principalement le judaïsme, le christianisme et l’Islam, qui diffèrent en ce qu’ils ne se réclament pas exactement des mêmes événements révélateurs (même s’ils en ont certains en commun). Dans les religions de ce type, la révélation a toujours Dieu pour sujet. C’est Dieu qui révèle. Il va vers les êtres humains, et la religion est le chemin qu’il emprunte pour les rencontrer, les trouver, les amener; à lui. Le mouvement inverse donc celui des religions de sagesse : Dieu -> être humain. Les êtres humains peuvent recevoir la révélation, lui rendre témoignage, mais non la provoquer, ni l’opérer, ni s’en passer. Sans elle, ils sont impuissants ; ils sont plongés dans les ténèbres, condamnés à l’ignorance et à l’erreur. On souligne donc très fortement que tout dépend de l’initiative de Dieu. Comme le semeur de la parabole (Matthieu 13,4 et parallèles), il sort de chez lui, de sa demeure (il ne reste pas passif ou oisif, il ne s’enferme pas dans son autosuffisance). Il répand sa semence ; il œuvre et travaille dans le monde qui est son champ. Il est actif, tandis que l’être humain, comme les terrains de la parabole, reçoit cette semence, et est, en tout cas dans un premier temps, passif. Il bénéficie de quelque chose qui lui est donné, et sans quoi rien ne serait possible. - L’initiation Je termine cette seconde partie, en introduisant un troisième terme à côté de sagesse et de révélation, celui d’initiation. Dans les faits, les religions, quelle que soit la catégorie à laquelle elles appartiennent, utilisent beaucoup l’initiation. Elles se donnent pour tâche ou pour mission de transmettre la sagesse ou la révélation dont elles se réclament de génération en génération. Les anciens instruisent les jeunes qui n’ont donc pas à acquérir la sagesse tous seuls, par leurs propres moyens, ou qui n’ont pas à attendre qu’une révélation leur soit directement faite. On les initie à la sagesse essentielle, ou à la révélation fondamentale ; on leur en communique l’essentiel. Cette tâche d’initiation conduit à donner une grande importance à la tradition (la tradition biblique ou la tradition ecclésiastique). Elle prémunit les religions de révélation contre le danger que représentent les “illuministes”, c’est-à-dire ceux qui s’imaginent bénéficier d’une nouvelle révélation. Les courants majeurs du christianisme, par exemple, soulignent beaucoup que la révélation est accomplie en Jésus-Christ, et que le croyant entre dans une révélation déjà faite. Il ne reconnaît donc pas ni n’accueille de nouvelles révélations, ou, en tout cas, il les soumet à la norme de la révélation néotestamentaire. 3. Où et comment Dieu se révèle-t-il ? Par quel moyen, de quelle manière, par quel instrument Dieu se fait-il connaître des êtres humains ? Où leur dévoile-t-il ce qu’il est, ce qu’il veut, qui ils sont et comment ils doivent vivre ? La question a évidemment une importance décisive pour les religions révélées. Elles se différencient entre elles essentiellement par le fait qu’elles ne situent pas au même endroit la révélation divine. Pour m’en tenir aux religions bibliques, on y trouve quatre grandes réponses à notre question, des réponses qui, d’ailleurs, ne sont pas forcément exclusives l’une de l’autre. 1. La révélation dans la nature Pour la première réponse, Dieu se manifeste dans la nature, par le moyen d’un certain nombre d’objets et d’êtres naturels. Par exemple, il se révèle à Moïse sous la forme d’un buisson qui brûle sans se consumer, ou dans une éruption volcanique. Il se révèle à Élie, également, dans le Sinaï, dans un vent très doux et subtil. Pour le psalmiste, Dieu se révèle dans la splendeur des cieux (Psaume 19). On parle donc ici de révélation naturelle. Il ne faut pas confondre, comme on le fait trop souvent, théologie naturelle et révélation naturelle. Ce sont des notions proches l’une de l’autre, mais cependant différentes. On appelle “théologie naturelle” toute connaissance de Dieu que l’être humain peut acquérir par lui-même, par ses propres moyens, à partir de son savoir, de sa réflexion, de ses sentiments ou de ses intuitions. On peut figurer la théologie naturelle par le schéma suivant : être humain -> nature -> Dieu. L’être humain est actif, il est le sujet d’un savoir qu’il acquiert par ses propres moyens, tandis que Dieu est passif, objet de savoir. La révélation naturelle correspond à cet autre schéma : Dieu -> nature -> être humain. Dieu est actif, il s’adresse à l’être humain ; il l’atteint en se servant d’éléments de la nature. Ainsi, il existe des théologiens qui refusent toute théologie naturelle, mais qui acceptent une révélation naturelle. 2. La révélation dans l’histoire À la question : “où Dieu se révèle-t-il ?”, on trouve une seconde réponse qui dit qu’il se manifeste essentiellement dans l’histoire, dans des événements qui marquent la vie des personnes, ou des peuples, voire celle de l’humanité tout entière. Par exemple, Dieu se révèle au peuple d’Israël en le faisant sortir du pays d’Égypte, en le faisant passer de l’esclavage à la liberté. Dans la foi juive, l’exode joue un rôle capital et décisif ; il s’agit de l’acte essentiel de Dieu, plus important et plus significatif que celui de la création. Pour les chrétiens, Dieu se révèle essentiellement dans cet autre acte historique qu’est la crucifixion et la résurrection de Jésus. Bien entendu, quand on affirme le caractère central de ces actes, on ne veut pas dire qu’ils soient isolés. Ils sont précédés par une histoire qui les prépare, et ils sont suivis d’une autre histoire qui en découle. Déclarer que Dieu se révèle dans l’histoire ne signifie pas qu’il se manifeste également à chaque instant, et dans tous les événements. Il y a des temps forts, ce que le Nouveau Testament appelle des kairoi, et des temps plus faibles ; il y a des événements décisifs, et d’autres qui ont une valeur minime. Ainsi, pour les premiers chrétiens, la Résurrection représente un moment décisif, capital ; aucun autre ne peut lui être comparé, ni même ne l’approche en importance. La fin des temps, la venue du Royaume, la parousie (c’est-à-dire le retour du Christ pour installer une nouvelle terre et de nouveaux cieux) sera aussi un temps très fort (mais pas autant que celui de Pâques). Par contre, la période qui va de la résurrection à la parousie est faible ; elle est un “entre temps”, un entre deux temps, une période où le croyant vit d’un souvenir et d’une espérance, mais pas d’une actualité comme dans les moments décisifs. La thèse de la révélation historique peut se représenter ainsi : création -> exode -> résurrection -> parousie. Entre les moments décisifs, il existe des périodes où la foi se définit et se vit dans la tension entre un passé et un avenir. Pour reprendre les catégories que j’ai utilisées tout à l’heure, à la Pâque — juive comme chrétienne —, on a un moment de révélation, tandis que les flèches représentent des périodes où la foi vit et se nourrit d’initiation. Un dernier mot sur cette seconde réponse. Très souvent, les partisans d’une révélation historique font remarquer qu’on a tort de parler de révélation naturelle, parce que les faits que l’on range dans cette rubrique relèvent en réalité de l’histoire. Ainsi, le buisson ardent, ou l’éruption volcanique du Sinaï sont des événements au même titre que la sortie d’Égypte. On pourrait retourner l’argument : ce qu’on appelle événement historique ne relève-t-il pas de phénomènes naturels ? La distinction entre “nature” et “histoire” leur paraît donc superficielle. 3. La révélation par la parole Pour la troisième réponse, Dieu se révèle par sa parole, autrement dit par des discours et des textes. Ceux qui défendent cette thèse font remarquer que les événements que je viens de mentionner, sortie d’Égypte, résurrection du Christ, ne nous diraient strictement rien, s’ils n’avaient pas été accompagnés et suivis par des paroles : des paroles qui les annoncent, les expliquent ou les commentent et qui les proclament. Si Dieu avait agi de manière silencieuse, s’il avait délivré les Hébreux de leur esclavage sans rien leur dire ou leur faire dire, si le Christ était mort sans avoir enseigné et prêché, s’il était ressuscité sans que personne ne le sache et n’en parle, il n’y aurait pas de révélation. La révélation réside donc dans la parole, même si cette parole a pour support ou pour illustration un événement. À l’appui de cette thèse, on peut mentionner les récits caractéristiques de miracles dans l’évangile de Jean. Les miracles frappent leurs spectateurs, mais ils ne provoquent pas la foi ; au contraire, ils renforcent les réticences, les refus, l’incrédulité de certains assistants. Ce qui fait croire, ce qui constitue une révélation de Dieu, ce n’est pas la guérison elle-même, mais la parole qui l’accompagne. La logique de cette troisième réponse conduit à accorder une très grande importance à la Bible. Pour la seconde réponse, ce qui est fondamental, ce sont les événements que racontent la Bible ; la Bible n’est pas la révélation, mais le récit écrit par des témoins qui racontent les événements dans lesquels Dieu s’est révélé. La troisième réponse, au contraire, donne plus d’importance à ce que dit la Bible qu’à ce dont elle parle. Il se peut que les récits de l’Exode déforment les faits, que tel ou tel passage de l’évangile raconte des choses qui n’ont jamais eu lieu, qui ne se sont pas effectivement produites. Cela n’a pas grande importance, car la révélation se trouve dans le discours et non dans l’événement que relate le discours. 4. La révélation sans intermédiaire Je note enfin une quatrième et dernière réponse. Elle estime que Dieu se révèle directement à notre âme, dans notre intériorité, sans intermédiaire. On peut parler ici de mysticisme, de présence immédiate de Dieu dans notre vie. Cette réponse estime que la nature, l’histoire et la parole sont des moyens pédagogiques qui doivent nous conduire à une communion intime, à la perception directe de Dieu dans une adoration et une contemplation dépouillées de tout élément extérieur, qui ne font appel à aucun instrument. Dans les réponses précédentes, on peut comparer la révélation à une lettre que quelqu’un envoie. Il y a bien révélation, mais incomplète, partielle, limitée, peut-être déformée par le papier. Tandis que la révélation mystique ressemble à un tête à tête où l’on entre en communication directement, sans intermédiaire avec Dieu. Pour les mystiques, cette révélation suprême arrive en aboutissement d’un long travail : d’un travail de Dieu qui attire l’âme, qui la purifie, qui l’élève petit à petit jusqu’à lui ; travail de l’âme humaine qui accepte la route difficile, parfois ardue où Dieu l’entraîne. Cette quatrième réponse, que l’on trouve dans tout un secteur de la spiritualité catholique, a toujours rencontré des réticences et des objections dans le protestantisme, parce qu’elle implique un dépassement de la parole divine. Je n’ai pas ici à trancher le débat entre ces quatre positions. Elles ne sont pas toujours incompatibles. J’ai noté, par exemple, que le buisson ardent pouvait être compris aussi bien comme révélation par la nature que par l’histoire. On peut aussi noter que la Bible n’oppose pas geste et discours, événement et parole : la parole est pour elle un événement, et les événements sont une manière de s’exprimer. Dans chacune des réponses analysées, il s’agit d’indiquer une dominante (Dieu se révèle surtout ainsi), et non pas d’établir un monopole (Dieu se révèle seulement ainsi). 4. L’objet de la révélation J’en arrive à la quatrième partie : quel est l’objet ou le contenu de la révélation, que nous apprend-elle, ou que nous communique-t-elle ? Qu’est-ce que Dieu nous révèle ? À cette question, on a proposé quatre grandes réponses. 1. Des doctrines Premièrement, pour beaucoup, Dieu nous révèle des doctrines, ou plus exactement des dogmes qui nous sont révélés. Ils voient dans la révélation un enseignement qui communique un savoir. Elle nous fournit un certain nombre de connaissances dont l’origine divine nous garantit l’absolue vérité. Par elle, nous apprenons le secret de toutes choses. Ainsi, dans l’antiquité, les premiers théologiens chrétiens ne cessent d’expliquer au monde païen que les chrétiens possèdent la vraie philosophie, la véritable gnose (“gnose” signifie connaissance ou science), qui explique ce qu’est le monde, l’être humain et Dieu. Entourés de gens qui ignorent ou qui se trompent, les chrétiens sont ceux qui savent, grâce à la révélation. LINSPIRATION DE LA BIBLE 1. Définition de linspiration Linspiration est laction surnaturelle de lEsprit de Dieu sur les auteurs bibliques afin que leurs écrits correspondent exactement à ce que Dieu voulait leur faire écrire pour communiquer la vérité. La Bible est ainsi la Parole de Dieu ( 2 Pi 1:20-21; 2 Ti 3:16; Jé 1:9; Jé 30:2; Ex 24:4). Dans lAncien comme dans le Nouveau Testament, cest Dieu en personne qui parle. 2. La nécessité de linspiration • Lhomme, créé par Dieu, ne peut pas connaître la pensée de son Créateur si celui-ci ne lui parle pas. Il est indispensable que Dieu communique avec lui pour expliquer ses actes et révéler ses plans. Cest pourquoi Dieu a parlé à lhomme dès lorigine ( Ge 1:28). Cependant la révélation de Dieu est encore plus indispensable depuis la chute, car la pensée de lhomme pécheur est étrangère à celle de Dieu, elle lui est même opposée ( Ep 4:17-20; Col 1:21; Es 55:7-9; cf 2 Co 10:4-5). • Certaines vérités peuvent être découvertes par lhomme au moyen de son intelligence naturelle et de sa raison ( Ro 1:19-20); mais les vérités essentielles pour le salut de lhomme ne peuvent être connues que par une révélation de Dieu lui-même ( 1 Co 2:6-12; Jn 8:38; Jn 16:12-15). La transmission de ces vérités rendait indispensable linspiration divine de la Bible. • Les apôtres, et tous les croyants de lhistoire, ont pu parler avec autorité par-ce quils ont cru à la Parole inspirée de Dieu ( Ac 24:14; Ac 4:25; 1 Ti 1:15; 2 Ti 3:14-15; Tit 3:8). Linspiration divine de la Bible donne à la prédication de lévangile son fondement et par conséquent sa valeur et son autorité. 3. La nature de inspiration a) Rôle des écrivains Dieu a pris linitiative de la rédaction de la Bible: les auteurs ont été poussés à parler ( 2 Pi 1:21). Le terme poussés signifie littéralement mus, emportés et se trouve aussi en Ac 27:17 où il décrit un bateau poussé en avant par le vent. Les écrivains sacrés nont pas parlé de leur propre initiative mais de la part de Dieu. Linspiration de la Bible Lecture proposée: Jérémie 36.1-8, 17-18 1. Définition de linspiration Linspiration est laction surnaturelle de lEsprit de Dieu dans des hommes afin que leurs écrits correspondent exactement à la vérité quil veut communiquer. La Bible est ainsi non la parole des hommes mais la Parole de Dieu ( 2 Pi 1.20-21; 2 Ti 3.16). 2. La nécessité de linspiration a) Pour que Dieu soit connu. Lhomme peut discerner des caractères divins dans la création ( Rm 1.19ss) mais il ne peut entrer dans la pensée de Dieu ( Es 55.7-9; Ga 1.11-12; 1 Co 2.6-12) si celui-ci ne lui parle.( Gen 1.28) b) Pour que des hommes puissent parler de la part de Dieu. Tous les croyants de lhistoire, ont pu parler avec autorité parce quils ont cru a la Parole inspirée de Dieu ( Ac 24.14; 1 Ti 1.15). 3. La nature de linspiration a) Rôle des écrivains: Toute lEcriture est Inspirée de Dieu (Litt: exhalée (ou soufflée) par Dieu ( 2 Ti 3.16). Les écrivains sacrés ont été poussés ( litt:mus, emportés cf Ac 27.17) à parler ( 2 Pi 1.21). Ils ne sont que des instruments conscients ( 2 Sam 23.1-3; Jér 7.1-3; Mal 1.1; Gal 1.6-12; 1 Th 2.13; 2 Pi 3.2; etc.) à la disposition de lEsprit de Dieu ( Act 1.16; Act 28.25; Héb 3.7). b) Inspiration verbale: Dieu na pas simplement communiqué lidée quIl voulait transmettre, mais aussi les termes précis que les auteurs devaient employer. (cf Jér 1.9 et * Jn 8.58 temps du verbe de Ex 3.14 * Ga 3.16, singulier de Gen 12.7; * Héb 2.11-12; Héb 4.7 ...) Linspiration verbale porte exclusivement sur les textes en langues originales c) Perfection divine et personnalité des écrivains. Comment communiquer sans erreur la pensée divine tout en préservant la personnalité de lécrivain? Cest le miracle de linspiration.(cf naissance miraculeuse de Jésus: Luc 1.35; He 7.26) Comme Jésus-Christ était à la fois vrai Dieu et vrai homme, de même la Bible est en même temps Parole vraiment divine et parole vraiment humaine. En résumé: Dieu, qui est la Parole ( Jn 1.1), prend linitiative, choisit un homme et sempare de lui; le Saint-Esprit contrôle son intelligence, sa raison et son caractère, linspire et, au travers de lui, sadresse au monde. d) Inerrance de lEcriture LEcriture est une révélation parfaite (cf Ps 19.8-9). Dieu, qui est parfait, la entièrement inspirée de façon à garantir son infaillibilité. 4. Le témoignage de Jésus-Christ à linspiration Le Seigneur se réfère constamment aux Ecritures en leur reconnaissant une totale exactitude et une autorité incontestée: (Cf Luc 4.16-21; Mt 4.4,7,10); il considère que les hommes et les évènements faisant lobjet des récits de lAncien Testament ont eu une existence historique (Création: Mt 19.4; Sacrifice dAbel Lc 11.51; Noé et le déluge: Mt 24.37ss;Serpent dairain: Jn 3.14; Jonas en Mt 12.40-41...) il demande que les hommes croient la Parole écrite ( Jn 5.39,46; Lc 10.26; Luc 16.29,31) et la place bien au-dessus de la tradition ( Mc 7.8-9) car elle est la vérité. Jésus atteste globalement lAncien Testament dans ses trois parties littéraires: Loi, Prophètes et Psaumes ( Luc 24.44). Il sanctionne aussi par avance linspiration du NT: Jean 14,15 et 16 et Jean 16.13) . Ainsi le témoignage de Christ englobe toute lEcriture. 5. Lactualité du texte inspiré La Bible est beaucoup plus quun document historique. Elle est le message que Dieu adresse à tous les hommes de tous les temps ( Mt 24.35; 1 Pi 1.23,25) Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner. - 2 TIMOTHÉE 3:16 CETTE déclaration en fait sourire plus dun ! Lère moderne dans laquelle nous vivons semble empêcher - dans lesprit de beaucoup - la croyance en la Bible. On dit souvent quil faut entendre deux parties pour se faire une opinion personnelle sur un sujet. La Bible est souvent critiquée, voire ridiculisée. Elle passe aux yeux de beaucoup pour un livre de fables, un recueil de mythes ou un gentil livre dhistoire, sans grande conséquence sur la pensée et la vie humaine. Même des hommes et des femmes déglise affichent ouvertement leur manque de foi dans la Parole de Dieu. Une religieuse a exprimé un jour sa pensée sur la question en disant que la Bible portait lempreinte de la main humaine ignorante. Mais si la Bible était un conte de fée, on ne pourrait pas la mettre en pratique.
Posted on: Fri, 22 Nov 2013 14:32:54 +0000

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