LE TERROIR DE FRANCE DE PLUS EN PLUS CHINOIS PUBLIÉ DANS FRANCE - TopicsExpress



          

LE TERROIR DE FRANCE DE PLUS EN PLUS CHINOIS PUBLIÉ DANS FRANCE LE 27 OCTOBRE 2013 inShare Un article alarmiste de Camill Vermont Cognac : un gros négociant français avalé par le n° 10 mondiales, un chinois et son siège social transformé en hôtelde luxe Roullet-Fransac, groupe viticole et commercial charentais créé en 1838, n’est peut-être pas très connu dans le nord de la France et en Belgique, mais c’est un grand négociant de cognacs, apéros (pineaux), spiritueux et vins, avec un chiffre d’affaires de 2 milliards d’euros (en hausse de 40 pc en 2012) qui, en outre, a son siège dans le plus beau bâtiment de style néoclassique (fin du 18e s.) de la ville de Cognac, le « logis du Saulnier ». Immeuble allongé, tout en grès de Gironde, qui fait 2000 m2 de superficie utile, sis, cela ne s’invente pas, au quai des Flamands, à égale distance du siège de la maison Hennessy (un des cognacs les plus vendus dans le monde) et du « Musée des arts du cognac ». Par ailleurs, la maison Roullet-Fransac possède quelques autres bâtiments cognaçais historiques dans ses actifs immobiliers C’est parce qu’on n’achète pas un chat dans un sac que nous avons commencé par décrire « l’objet du délit », pardon du « l’objet du deal », intervenu la semaine dernière entre le patron du groupe familial, Georges Roullet, et la maison de production, distribution et négoce viticole chinoise Changyu and Co, fondée en 1898 à Hong Kong, qui s’est hissée aujourd’hui au premier rang des négociants en vins et eaux de vie sur le continent chinois. Appellation complète : « Yantai Changyu Pioneer Wine Co. Ltd ». Au centre des vignes chinoises Le groupe chinois a son siège dans la ville de Yantai, un port important sur la mer de Chine, qui est aussi le centre du principal vignoble chinois (soit un cinquième de la production nationale), dans la province du Shandong. Changyu commercialise chaque année 240 millions de bouteilles de vins et spiritueux. En fait de « deal », M. Roullet a cédé la totalité de son affaire au groupe chinois, pas seulement pour les 20.000 hectares de vignes qu’il y exploite mais aussi pour son parc d’attraction implanté en 2007 au cœur du vignoble yantaïen et comportant la reproduction à l’identique et grandeur nature d’un « château » français et de tout le village supposé attenant avec son église, les bars-tabacs, le bureau des postes et la mairie. Connu aussi hélas, et c’est le revers de la médaille, par la brusque chute de son cours de bourse à la suite de la découverte il y a quelques semaines du scandale du traitement des vins et liqueurs « made in China » au moyen de résidus de pesticides et d’insecticides. On ne sait s’il faut voir là un processus de cause à effet concernant le rachat d’un groupe français par Changyu, mais ce scandale des vins (dont Changyu est le principal responsable à côté de deux autres producteurs chinois de moindre importance) a entraîné, comme on pouvait s’y attendre, une profonde méfiance des consommateurs locaux pour les vins et eaux de vie produits en Chine et un engouement inversement proportionnel pour les vins et alcools importés, principalement de France. Le gouvernement chinois a bien essayé de contrecarrer ce mouvement de boycott interne de la production nationale en rabaissant les taxes sur les eaux de vie locales, en particulier les célèbres alcools blancs « baijiu » et « maotai ». Mais rien n’y fait : les acheteurs chinois préfèrent payer plus cher un produit de qualité et les touristes de l’empire du Milieu voyageant en France n’achètent massivement pas seulement des articles de mode et des montres de luxe, ils emportent aussi dans leurs bagages le maximum de flacons de cognac et autres vieux armagnacs que permettent les règlements douaniers. Pas le seul groupe Un (petit) concurrent de Changyu, le groupe Cartak, a d’ailleurs déjà racheté en 2012 un petit producteur charentais, les cognacs Menuet. Précédemment Changyu a tenté, mais sans succès, de mettre la main sur la prestigieuses maison des cognac Hine, à Jarnac. Il s’est donc rabattu sur Roullet-Fransac après avoir constaté l’échec de la tentative de cession du groupe français Roullet à l’arménien Tigran. Un patrimoine transformé en un hôtel 5 étoiles Mais l’histoire ne s’arrête pas là : comme dit en exergue, Roullet-Fransac c’est aussi un beau patrimoine immobilier, avec principalement le « Logis du Saulnier » qui regorge d’antiquités et de mobilier ancien. Ce bâtiment de 20.000 m2 tombe aussi dans l’escarcelle du Chinois, qui, bien sûr, ne va pas s’en défaire. Il compte l’aménager en hôtel cinq étoiles. Pas pour y attirer le touriste chinois tout venant (qui soit dit en passant se contente de moins en moins de Paris et de sa tour Eiffel mais veut désormais voir du pays), mais pour transformer le « Logis » en prestigieux Palace, dont on conservera le mobilier mais pas la signalétique, qui sera lisible (notamment) en mandarin. La cible ? Principalement les hommes d’affaires chinois et pas seulement ceux qui investissent dans le secteur agro-alimentaire français. Réactions des milieux français ? Mitigées. Pas de problème pour le « Bureau national interprofessionnel du Cognac » (BNIC) à Cognac qui affirme « être en mesure d’autocontrôler tous les acteurs de la filière du cognac ». En revanche c’est le tollé général sur la blogosphère hexagonale où l’on parle « du loup qu’on fait entrer dans la bergerie », de « l’abandon du patrimoine français», de la « cession du savoir-faire régional » (et, pour citer un exemple de commentaires sur ce thème : « Les Chinois apprendront vite à fabriquer, sur base de ce qu’ils auront vu ici, un cognac low cost qu’il s’empresseront de nous revendre ensuite et qui inondera nos supermarchés, avec à la clé, la perte irrémédiable de nombreux emplois dans le secteur et l’abandon d’une tradition artisanale pluricentenaire ». Ou, comme dirait le philosophe gréco-romain : « sic transit gloria cognaci ».
Posted on: Mon, 28 Oct 2013 15:16:39 +0000

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