La basket posée sur le banc a disparu. La rue s’est chargée des cris des enfants. Le tap tap du ballon résonne dans le lotissement. Je sors prendre l’air. Je marche le long de la voie du tram du côté droit en direction de Lyon, les rails défilent, accrochés à la pelouse verte. C’est important de choisir le côté de la marche car ensuite pas moyen de traverser. Chaque station se sépare ou se rejoint tous les 1900 mètres. Surprenant parcours ! Au milieu de rien, enfin rien pas vraiment il y cinq jeunes posés sur un banc lui-même posé là ! «Hey tu vas où ? » me demandent ils. Je m’arrête et leur réponds « Nulle part ». «Ha…tu fais prends quoi avec ton appareil photo ? » Du coup je m’installe avec eux et on discute. Surprenante rencontre ! Je leur raconte les cubes, le vert, le bruit du tram, les trottoirs vides, la musique qui cogne sur les vitres des voitures au feu rouge, le chemisier à fleurs de la vieille dame, le voile et le kimono blanc en espadrilles. Mais aussi l’escargot sur le bord de la route, le gars qui sent les épices, le trait d’avion dans le ciel, les feuilles qui tourbillonnent. Le banc est le point de rencontre, le point de ralliement, l’accueil de la rue, la salle d’attente. Ils sont attentifs, surpris aussi ! Ils me disent que c’est fou que l’on puisse marcher comme ça sans but précis et noter autant de chose à ne rien faire. Je souris. Alors je leur demande et vous, vous faites quoi sur votre banc ? Pas grand-chose, rien en fait, et pourtant ce rien est toujours plein. Plein de silence parasité par le grésillement de leur musique dans leurs casques. Plein de questions et de bavardages. Plein d’attentes et d’espérances. Plein de cinq jeunes qui tuent le temps. Le banc 2013
Posted on: Wed, 02 Oct 2013 05:55:55 +0000