Langages perdus vers la lingua franca . Katmandou Post du 19 - TopicsExpress



          

Langages perdus vers la lingua franca . Katmandou Post du 19 août 2001. ‘’Les traditions, les traditionnels attraits et coutumes et la littérature des groupes ethniques ou nationalités sont en train de disparaître comme les choses évoluent vers des systèmes nationaux, régionaux et maintenant même mondiaux. Les promoteurs des cultures traditionnelles, les conservateurs et traditionalistes sont plus que jamais concernés par l’évolution des choses du point de vue ethnographique ‘’ écrit Surendra Phuyal. Le jeune garçon entretenait une conversation téléphonique avec sa jeune sœur vivant à l’étranger. Sharp Connexion, un programme de Kantipur FM 96.1 sponsorisé par le géant électronique japonais, Sharp, facilite cette communication à distance. La jeune sœur vit à Hongkong ou Singapour et demande des nouvelles de sa famille restée au Népal. Le garçon répond aux questions honnêtement au sujet des conditions de vie difficiles endurées par lui-même et sa famille au Népal. Rien ne troublait la conversation avant que la grand-mère ne prenne le combiné des mains de la jeune sœur et entreprenne la conversation avec son petit-fils collégien. Pendant un court moment seulement elle parle Népali et soudainement elle passe à sa langue maternelle, parlée par de milliers de Gurungs dans la partie West des collines népalaises et maintenant aussi dans les plaines du Népal. Elle trouvait facile de s’exprimer elle-même dans sa langue maternelle plutôt qu’en Népali, le langage national d’un Népal multilingue, multiracial et multiculturel. En contraste, le garçon apparût vraiment hésitant et maladroit dans ses réponses. Retransmise en direct, en modulation de fréquence, la conversation était très importante pour ces deux parents séparés vivant en deux endroits du globe distants de milliers de kilomètres. L’animatrice du programme interrompt alors la conversation et encourage le jeune homme à parler dans sa langue maternelle et non pas nécessairement en népali. Il continua avec difficulté. La conversation dura plusieurs minutes durant lesquelles la vieille dame laissa quelques messages pour ses chers parents et conversa avec le jeune homme étudiant à Katmandou. La scène montre comment des facteurs comme nationalisation et maintenant mondialisation, sont en train de ‘’manger’’ inexorablement différentes cultures ethniques et langages des communautés indigènes du Népal et partout dans le monde : en Afrique, en Amérique, en Australie et au travers de l’Asie qui abritent une très large majorité des communautés ethniques du monde. Avec la mondialisation qui littéralement s’étend à tous les coins de la planète, des douzaines de langages ethniques sont en train d’être oubliés par les jeunes générations. Des langages internationaux, régionaux, nationaux et la lingua franca ont vite remplacé les langages vernaculaires. Les traditions, les attraits traditionnels et coutumes et la littérature des groupes ethniques ou nationalités sont en train de disparaître comme les choses évoluent vers des systèmes nationaux, régionaux et maintenant même mondiaux. Les promoteurs des cultures traditionnelles, les conservateurs et traditionalistes sont plus que jamais concernés par l’évolution des choses du point de vue ethnographique. Le boom technologique rend cela possible par une variété de télévisions locales et de chaînes aliénantes dans les salons et les chambres à coucher des riches et des pauvres, de la même façon dont les pays sont placés sous haute technologie avec des satellites sophistiqués parcourant l’espace. Et il y a aussi Internet, cette super autoroute de l’information et son réseau d’accès qui ne cesse de croître. Mais des voix et des inquiétudes se font entendre : n’est –il pas grand temps que les autorités concernées et les communautés en question fassent quelque chose pour préserver les cultures ethniques et plus important, les langages qui sont en voie d’extinction ? Le monde, les planificateurs des nations et les gouvernements ne pourraient-ils pas mettre en place quelques mesures visionnaires et protéger l’héritage mondial et le laisser fleurir pour les siècles à venir ? Selon une enquête récente de l’organisation pour le travail, l’Asie abrite la moitié des 300 millions d’individus indigènes et ironiquement ces gens sont ‘’classés’’ parmi les plus pauvres et privés de la planète. Le reportage réalisé à l’occasion de la journée des indigènes (9 août), plus encore, montre que le plus haut taux de mortalité infantile au monde, le plus large analphabétisme et le plus mince accès à la santé et aux services sociaux concernent les 300 millions d’individus indigènes. Avec un tel constat, il n’est pas difficile d’imaginer pourquoi et comment des facteurs ont pu enfoncer de telles cultures et langages vers la situation actuelle. Des facteurs comme la pauvreté, l’analphabétisme, le retard économique, associés au complet manque d’intérêt des gouvernements vis à vis de la triste situation de ces communautés, ont contribué à rendre les populations indigènes de par le monde si vulnérables. Harcelés par de tels maux, plusieurs ne savent même pas qu’une nourriture bien cuisinée et une eau potable sont nécessaires pour une bonne santé, ils en savent encore moins sur l’importance de préserver et d’entretenir leur langage et leur culture. La situation n’est pas différente pour les groupes ethniques et minorités du Népal. Aujourd’hui les cultures et langages qui disparaissent, les problèmes de migration de populations, un taux fort de mortalité infantile et maternelle et un taux élevé d’analphabétisme sont devenus la définition des caractéristiques des communautés indigènes ou nationalités du Népal. ‘’Le Népal est un jardin commun dans lequel les quatre castes et 36 sous castes s’épanouissent ‘’ disait le Roi Prithvi Narayan Shah, qui fonda le Népal moderne en unifiant des douzaines de minuscules états féodaux environ 300 ans auparavant. Aujourd’hui, à l’aube du nouveau millénaire, vivent des gens qui appartiennent à plus de 36 sous castes vivant dans les montagnes, dans les collines centrales et les plaines du Népal avec leurs cultures multicolores et leurs traditions. Le gouvernement a déclaré ‘’nationalités’’ les populations appartenant à 61 castes, incluant les Newars de la vallée de Katmandou, mais les experts estiment que le nombre de castes est beaucoup plus élevé. Il y a plus de 100 nationalités réparties à travers le territoire selon eux. Ajouté à cela, viennent les sous castes qui n’ont pas encore obtenu de statut officiel : par exemple les Newars se divisent en 4 castes et 64 sous castes pendant que les populations vivant dans le Teraï ont aussi plusieurs castes et sous castes. Débutant à une altitude de 60 mètres au-dessus du niveau de la mer dans le Teraï pour atteindre 8848 mètres, le plus haut sommet du monde, le Népal se distingue dans le monde non seulement par sa géographie et ses diversités biologiques mais aussi par ses immenses diversités culturelles et ethniques. Bien que contrariés par les récentes mesures politiques imposant de lire et écrire le Népali, la langue nationale ou lingua franca, ces groupes ethniques ont leurs propres cultures et identités. Ils parlent leurs propres langages. Le point mis en exergue ici n’est pas de dire que toutes les castes et sous castes réparties sur le territoire devraient être protégées et les discriminations assises sur le système de castes, préservées, mais il s’agit de dire que les cultures des minorités, leurs traditions et leurs langages, riches, uniques et maintenant menacés, devraient être préservés et promus pour de bon. Des minorités comme les Dalits, les ‘’hors caste’’, selon le système de caste hindou, d’un autre côté sont continuellement harassées et oppressées par ceux appartenant aux castes dites hautes partout dans le pays, si ce n’est sur tout le continent. Pendant que les cultures et langages concernés et menacés du Népal regardent vers plus d’attention de la part de l’Etat et de ses faiseurs de loi, les plus de 4 millions de Dalits soit 20% de la population népalaise, vivent, eux, en entretenant l’espoir d’une véritable amélioration de leur statut social ou l’obtention de droits identiques aux autres, sujets que les politiciens n’inscrivent jamais à l’ordre du jour de leurs conversations. Seulement en garantissant aux Dalits leurs droits inaliénables à la justice sociale, à la liberté et au bonheur, le gouvernement peut prétendre parler sérieusement des droits de l’homme et de démocratie, dans une société où les incidents basés sur des oppressions de castes sont rampants. Mais la politique de l’état na jamais été très amie. Le point concerné : les droits aborigènes à parler leur langue maternelle. Les experts examinant les développements des dernières décennies blâment les gouvernements pour avoir supprimé les droits aux langages des minorités. ’’En imposant comme langue nationale ce qui par le passé aurait été connu comme le ‘’Khas langage (Népali)’’, a déclaré un sociologue très renommé de l’Association pour les Nationalités népalaises, ‘’l’ancien régime (Panchayati) a non seulement mis en colère les groupes indigènes mais a aussi joué un rôle majeur dans l’enfoncement des langages ethniques vers la voie de l’extinction. Aujourd’hui un membre d’un groupe ethnique de la jeune génération peut à peine lire et écrire dans sa langue natale bien que les langages aient pour la plupart leurs propres écritures’’. Si les recensements de 1952, 1954 et 1961 avaient affiché un nombre de langages parlés dans tout le Népal à 36, leur nombre a chuté à 17, 18 et 19 respectivement selon les recensements de 1965, 1981 et 1991. Cependant, les Népalais comme les linguistes étrangers étudiant les langages ethniques, ont protesté que le nombre de langages parlés » au Népal est deux fois supérieur. Le fait que plus de 32 sous langages soient parlés par des sous-groupes ethniques comme les Kirats et les Rai corroborent leurs dires. Similairement, les experts ont identifié plusieurs autres langages dans la famille des Bharopeli et plus d’une douzaine d’autres sous langages parmi les familles Tibéto-birmanes. Les experts ont suggéré des mesures pour la préservation et la conservation des langages ethniques : • Reconnaissance et encouragement de tous les langages ethniques par l’adoption de mesures politiques libérales et sans préjugé ; • Agir immédiatement pour préserver les langages quasi disparus comme le langage Kusunda ; • Etablir un Ministère à part entière du langage et de la culture ; • Commencer à designer des académiciens et des linguistes émanant de groupes minoritaires dans l’Académie Royale Népalaise et dans les corps gouvernementaux. Les groupes linguistiques au Népal : Bharopeli : Drabid, Népali, Maithili, Bhojpuri, Tharu, Abadhi, Urdu, Hindi, Rajbanshi, Bengali, Danuwar, Marwadi, Majhi, Darai, Kuman et Anglais. Tibéto-birmanes : Tamang, Newari, Rai, Satar (Santhal), Limbu, Gurung, Sherpa (Tibetan), Chepang, Dhimal, Thami, Byabi, Thakali, Jirel, Sunuwar, Lyapche, Meche, Pahari, Hayu, Magar et Rai. Agneya : Jhangad (Ghangad). Quelques-unes des langues parlées couramment au Népal selon le recensement de 1981 : • Népali : 58,4% • Maithili : 11,1% • Bhojpuri : 7,6% • Tharu : 3,6% • Tamang : 3,5% • Newari : 3,0% • Gurung : 1,2% • Sherpa : 0,5%
Posted on: Mon, 02 Dec 2013 09:34:18 +0000

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