Le point sur la structure actuelle du DRS. Première - TopicsExpress



          

Le point sur la structure actuelle du DRS. Première partie. _____________________________________________________ "La DRS est devenue une pieuvre tentaculaire, un Etat dans l’Etat, une armée dans l’armée, une administration dans l’administration. " (citation Général Toufik: Le dirigeant invisible). D-R-S: trois lettres qui dissimulaient la constellation des services secrets en Algérie, DRS pour Département du Renseignement et de la Sécurité. Le département est dirigé depuis sa création le 4 septembre 1990 par le général Mohamed Mediène dit Toufik. L’assemblage DRS a été créé pour faire face au danger d’une insurrection islamiste, il regroupait l’ensemble des services secrets civils et militaires algériens. Ce sont des circonstances exceptionnelles qui avaient amené à sa création, alors que l’Etat algérien se savait menacé dans son existence même. Doté de cette feuille de route, le DRS a alors mené la contre-insurrection contre les groupes armés islamistes. organigramme_DRS Légende: Diagramme du DRS, montrant les changements opérés depuis sa constitution en septembre 1990. Réalisé par le blogueur TMND, observateur assidu de l’actualité algérienne. Vingt-trois ans après sa naissance, que signifie la restructuration actuelle du DRS? D’un point de vue froidement logique, c’est en partie une réponse à une problématique urgente. Celle qui a été générée par l’attaque terroriste du complexe gazier de Tiguentourine, près d’In Amenas, au mois de janvier dernier. L’incursion jihadiste a mis à nu un ensemble de défaillances. Échec des services de renseignement qui n’ont pas prévenu et imaginé cette attaque, échec des trois lignes de défense de Tiguentourine: défaillance des gardes-frontières, inefficacité de la zone d’exclusion, et déconvenue des gendarmes au niveau du complexe lui même. Et la responsabilité du DRS a été pointée sur plusieurs plans dans cette affaire. Comme sur les épisodes précédents comme le kidnapping de trois humanitaires dans un camp de réfugiés sahraouis près de Tindouf, les attaques suicides dans le grand sud algérien, l’affaire des otages du consulat de Gao au Mali, etc… Ensuite, les points d’achoppements entre le réseau DRS et la présidence Bouteflika n’ont pas manqué ces dernières années. Conséquence de cette guerre intestine, des circuits de décision sont parasités et nombre de projets de développement se retrouvent bloqués. Sous le prétexte d’une lutte contre la corruption, les services secrets poursuivent un rôle d’influence politique. Tout en n’ayant pas d’objectif stratégique! Le DRS n’ayant pas construit d’alternative crédible pour les présidentielles de 2014, alors même qu’une campagne médiatique d’affaiblissement du clan Bouteflika était engagée. D’aucuns diront que l’objectif n’était que tactique, celui d’obtenir des acquis supplémentaires et de défendre ses intérêts. Un scénario déjà observé lors des réélections de 2004 et 2009. Mais cette fois-ci, le rapport de forces est allé trop loin (lire l’article 10 observations sur la crise de l’été 2013 en Algérie). Quel est le périmètre actuel de la structure DRS ? Voici les principaux éléments de son organigramme: 1. Direction de la Sécurité Intérieure (DSI). C’est la colonne vertébrale du DRS. Elle est dirigée depuis la fin 2011 par le général-major Bachir connu sous le nom de Athmane "Tartag" . Dans le parler algérien, le mot Tartag est un qualificatif dérivé du mot "yetartag", dont la signification est "qui explose." Tartag ne serait-il pas le pseudonyme – le nom de guerre – du responsable de la DSI et non sa véritable appellation? Une traduction fidèle de Tartag serait "personnalité explosive", peut être que cela définit le personnage au sens propre comme au sens figuré. En d’autres termes, tous ceux qui écrivent le général Tartag dit "Le Bombardier" font surement un curieux pléonasme sans le savoir. Quel est alors son vrai nom? Selon une déclaration du capitaine dissident Ahmed Chouchane sur la chaîne TV al Magharibia, le fameux officier DRS s’appellerait Bachir Sahraoui. A moins que son véritable nom ne soit Athmane Sahraoui… Le général-major dirige la plus importante branche du DRS. Avec des missions multiples: contre-espionnage, lutte contre le terrorisme, mise en échec de toute menace contre la sécurité de l’Etat, etc… ce qui se traduit par infiltration de toute organisation civile, surveillance des établissements civils étatiques, noyautage des organisations politiques, manipulation des mouvements d’opposition, etc… Avec le reprofilage récent du DRS, la DSI semble perdre deux prérogatives importantes. Celle de contrôler la presse par le levier du financement, et celle de poursuivre des procédures d’enquête judiciaire en dehors du cadre habituel de la police nationale et de la gendarmerie. 2. Direction de la Documentation et de la Sécurité Extérieure (DDSE). Elle est dirigée par le général-major Rachid Lallali dit Attafi (voir à ce sujet Le général-major Rachid Lallali a-t-il été filmé ?). Le volet Documentation concernerait les archives secrètes, y compris celles qui remontent au temps de la guerre d’indépendance. L’autre volet de la DDSE étant le renseignement extérieur, y compris un volet diplomatique de liaison et de coopération avec des services équivalents étrangers. A ces deux grands pôles du DRS, il faut ajouter d’autres sous-structures opérationnelles: Le Service de Sécurité Présidentielle (SSP). Comme son nom l’indique, le travail de ce service est d’assurer la sécurité de l’institution présidentielle, particulièrement lors des déplacements à l’intérieur du pays. Suite à un changement opéré au début du premier mandat de Bouteflika, la protection rapprochée n’est plus assurée par le DRS. C’est une équipe relevant directement de la présidence qui est chargée de cette mission. D’autre part, la garde républicaine a été renforcée ces dernières années. A titre d’information, ses effectifs seraient de plusieurs milliers, et elle dispose même de moyens matériels récents comme des véhicules blindés légers. En d’autres termes, le SSP-DRS n’a plus l’importance qu’il avait avec les précédents présidents de la république. Il n’interviendrait qu’en troisième rideau dans la protection du président Bouteflika. Le Groupe d’Intervention Spéciale (GIS). Ce sont les forces commandos du DRS. Le Groupement de Contrôle des Réseaux (GCR). Sous-direction de création récente dont la mission est le renseignement électronique, à travers la surveillance des réseaux et le contrôle du trafic internet. Le Département d’Infiltration et de Manipulation (DIM). On dispose de très peu d’informations sur ce département encore plus secret. L’un de ses derniers supposés faits d’armes est l’appel à une pseudo-révolte en Algérie sur Facebook pour le 17 septembre 2011. Opération ayant suscité une réaction de rejet des jeunes internautes algériens, ce qui était apparemment l’objectif caché de la manipulation. Avec le coup de force opéré par le président Bouteflika en ce début septembre, le DRS a été réduit dans son périmètre. Voici les trois sous-structures qui ont été touchées: 1. La Direction Centrale de la Sécurité de l’Armée (DCSA). Suite à son transfert sous le contrôle direct de l’état-major de l’Armée Populaire Nationale (APN), elle est désormais dirigée par le général-major Lakhdar Tirèche. La DCSA est chargée de la sécurité du personnel et des installations militaires. Dans l’un de ses aspects apparents, à titre de police militaire, elle est habilitée à faire des enquêtes à l’intérieur des casernes et des unités de l’armée. Ce contrôle effectif par le commandement militaire est un retour à la situation antérieure à septembre 1990. Avec une évolution notable, l’armée algérienne dispose de nouveaux moyens: drones tactiques, avions d’observation, écoute électronique… la nouvelle DCSA aura en plus de ses missions classiques à prendre en charge le renseignement militaire. 2. Le Service Central de Police Judiciaire (SCPJ). Ce service créé en 2010 a été vidé d’une partie de ses cadres. Annoncé une première fois par le site TSA comme placé sous le commandement du chef d’état-major Ahmed Gaïd Salah, une source d’El Watan a affirmé que ce transfert ne concernait que "les officiers et auxiliaires de police judiciaire de la DCSA vers la justice militaire, leur direction étant restée au sein du DRS". Le SCPJ était chargé des enquêtes sur la grande corruption, dans les entreprises comme Sonatrach et Sonelgaz ou les grands chantiers comme l’autoroute Est-Ouest. Après des années d’investigation, le tableau de chasse du SCPJ est presque vide. Finalement, ce sont des enquêteurs étrangers, italiens, canadiens et français, qui ont dévoilé une partie de la grande corruption liée aux marchés obtenus en Algérie. Le SCPJ n’a pas fait preuve d’une grande efficacité dans ses missions initiales. En réalité, il a servi surtout de rampe de lancement d’accusations envers le clan Bouteflika… ce qui explique sa probable réorientation vers d’autres missions. 3. Centre de Communication et de Diffusion (CCD). Situé à la caserne Belaroussi, à Ben Aknoun, sur les hauteurs d’Alger, le CCD était la tour de contrôle de la presse algérienne. Dirigée pendant 12 ans par le colonel Fawzi, qui était d’après le site électronique TSA "le véritable directeur de publication caché de nombreux journaux algériens." Un premier changement avait eu lieu début juillet avec la nomination d’un nouveau directeur, le colonel Okba. Début septembre, le CCD est annoncé transféré à l’état-major au même titre que la DCSA et le SCPJ. Le journal El Watan dément ensuite en stipulant que le changement ne concerne que le service des habilitations de sécurité. Et finalement, le site électronique Algerie1 annonce sa dissolution. Information qui semble peu fiable à priori. Le CCD existe toujours, mais en n’ayant plus le même champ d’action. Qui va financer les éditeurs de presse? Qui va gérer la manne publicitaire publique dont sont dépendants la plupart des médias privés? La nomination d’Abdelkader Messahel comme ministre de la communication n’a pas été suffisamment relevée. Ancien journaliste du journal d’Etat El Moudjahid, et ayant eu une carrière reconnue dans la diplomatie internationale, Messahel a comme mission de réformer le fonctionnement des médias, publics comme privés. Aura-t-il la main sur le financement des éditeurs de presse? Quant à la confusion observée dans le flux des informations de cette semaine, l’explication se trouve dans le rapport de forces entre pôles du pouvoir algérien. Il s’agit d’une situation dynamique. La restructuration du DRS est un séisme, avec des secousses secondaires. On peut même dire que la panique s’est emparée de certains protagonistes. Les lignes ont bougées, un nouveau compromis s’ébauche, avec un probable blanc-seing du DRS à Bouteflika pour un 4ème mandat présidentiel. En conclusion, en ayant coupé plusieurs tentacules à la pieuvre des services secrets, le plan commun au président Bouteflika et au chef d’état-major Gaïd Salah avait pour objectif de cantonner le DRS du général Toufik dans le métier de la sécurité et du renseignement, et de réduire ainsi son influence sur le processus de décision politique. Mais comme les biologistes le savent, les tentacules d’une pieuvre peuvent repousser
Posted on: Thu, 03 Oct 2013 23:18:18 +0000

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