Le souffle de lEst (Partie I). Jouvre les yeux, sortant - TopicsExpress



          

Le souffle de lEst (Partie I). Jouvre les yeux, sortant à-demi de mon inconscience, une odeur de pourriture envahit mes narines, un mélange de moisi et dhumidité qui me laisse penser que je suis dans une cave. Quand mes yeux sont définitivement habitués à ce qui mentoure, la forte obscurité dans laquelle je suis confirme mon idée ; Je suis bel et bien dans un sous-sol. On ma collé sur une chaise, pieds et poings liés. Ma tempe gauche me fait mal, jai un goût de sang dans la bouche et mes pensées se remettent doucement en place. Ces fumiers mont tabassé avant de me jeter dans leur voiture, je sortais du restaurant où je devais retrouver Frantz qui, dailleurs, nest pas ven..... Mais quel idiot, je me suis fait avoir comme un gosse, le coup de faux rendez-vous. Bon, ils mont jeté dans la traction mais après, le trou noir et je me réveille ici. Combien de temps sest-il écoulé, jen sais foutre rien. Je crois que jai compris pourquoi je suis là, jai une trouille bleue, je me suis pissé dessus, cest affreux, que vont-ils me faire ? Il faut que je me calme, je dois réfléchir, non penser à autre chose, oui penser à ce matin parce que jétais heureux ce matin, la journée sannonçait si bien, si bien... Je ferme les yeux, je pars, doucement.... Me voilà rasé de frais, coiffé, parfumé, leau de Cologne un rare privilège, prêt à conquérir le monde, enfin façon de parler. Ce matin jai décidé de sortir, cest bien joli dentasser mon argent dans une boite mais, de temps en temps, je peux me faire plaisir et aujourdhui, cest exactement ce que je vais faire. Jai mis mon beau costume, celui réservé à la messe et aux sorties dominicales, ma cravate bleue et mes guêtres en cuir. Avec, en plus, le chapeau que je me suis acheté la semaine dernière, je vais être irrésistible. Certes, il reste peu de boutiques ouvertes, la plupart appartenaient à des youpins, mais au moins on sait à qui lon achète. Peut-être vais-je aussi aller au cinéma, louvreuse est tellement charmante, il faudrait que je me décide à lui parler mais je suis si timide et puis, voudra-t-elle dun homme de mon âge, elle me paraît bien jeune. Je ne vois pas pourquoi je me pose de telles questions, jai juste à sortir ma carte de police et elle naura pas vraiment le choix, je ne pense pas quelle ai très envie de finir rue Lauriston. Ah ! Le pouvoir ! Jamais je naurais cru tant aimer ça mais voir tous ces gens qui me crachaient dessus me faire des courbettes est vraiment jouissif. Aujourdhui ils savent tous que jappartiens à la police française, que jai des appuis à la Kommandantur et sils ne me respectent pas, au moins ils me craignent. Ils ont beaux êtres français, ils sont aussi vils que les juifs. Je vais leur faire payer, je jure quils vont payer. Jai froid, jai peur, pourquoi ne viennent-ils pas me voir ? Quattendent-ils de moi ? Et si ils avaient juste lintention de me tuer ? Non, ils ne se seraient pas donner la peine de me conduire ici, ou alors..... Mon dieu, ils veulent me torturer, me faire parler mais pour dire quoi, je ne sais rien, je ne sais rien du tout. Il faut que je me calme, allez Fernand, un petit effort, sois un homme putain ! Un homme, tu parles que ça va me servir quand jaurais une arme sur la tempe. Bon, quest-ce que je pourrais leur dire qui leur serait utile ? Je pourrais leur parler de mon ami Frantz, il a un poste haut placé et... Non, ce nest pas ton ami idiot, si tu leur dis ça tu es fini... Je dois dire que jai été forcé, oui voilà, quils mont obligé à travailler pour eux, dune façon ou dune autre, quils retiennent quelquun de famille et que je dois collaborer pour le retrouver vivant. Oui, cest ce que je dois dire.... Non, cest totalement imbécile, jamais ils ne me croiront et même si cétait vrai, ils me tueraient quand même, jai du être dénoncé par mes voisins, ils devraient avoir honte, dénoncer un français. Ça mapprendra, jai voulu en faire trop, comment ai-je pu penser un instant que jaurais les épaules, moi le minable garagiste, jai voulu faire partie de la horde, jai voulu être respecté et tout ce que jy gagne, cest que je vais crever, crever, crever, crever.... Je fonds en larme, je me suis encore uriné dessus, lodeur est insupportable, un mélange de trouille et de pisse, ah il est beau le soldat, le flic, le pauvre type oui, juste un pauvre type. Me voilà dans la rue, les gens me regardent, quils me connaissent ou non, ils baissent les yeux, jaime ça.
Posted on: Mon, 25 Nov 2013 03:31:02 +0000

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