Les Arabes et lIran nucléaire : regret ou jalousie ? – - TopicsExpress



          

Les Arabes et lIran nucléaire : regret ou jalousie ? – Entendu quIsraël se mette en colère à lidée que les négociations nucléaires entre lIran et les 5+1 aboutissent. Mais lArabie saoudite, pourquoi laccord de base conçu à Genève autour de laffaire nucléaire iranienne devrait-il déplaire tellement à ce pays, habitué, dailleurs, dun conservatisme traditionnel, sur la scène internationale? Cette question fait lobjet dune analyse, signée Ali Moussavi Khalkhali, publiée par le site irdiplomacy.ir. Lextrait de larticle, à découvrir, dans les lignes qui suivent. ... Cest vrai que Riyad voit en Téhéran un adversaire, sagissant dexercer linfluence régionale ; lArabie saoudite pourrait se trouver incommodée, en quelque sorte, dans son univers périphérique et sa zone dinfluence, à titre dexemple, en Irak, au Yémen, au Koweït, à Bahreïn, en Syrie et en Jordanie. Il ne faut cependant pas oublier à quel point lArabie saoudite a fait preuve de conservatisme dans les milieux internationaux, sans jamais adopter un langage dur au contrecourant de la vague dévolutions mondiales, moins encore face aux Occidentaux et surtout les Etats-Unis. Donc, comment se fait-il que lArabie saoudite boude en voyant les grandes puissances et lIran sentendre à Genève ? Nest-ce pas que cet accord réduira la menace de guerre ainsi que les tensions régionales, quil renforcera la surveillance internationale sur le programme nucléaire iranien et aidera au règlement dautres dossiers régionaux ? Pourquoi, donc, lArabie saoudite devrait ne pas profiter de cette opportunité, pourquoi devrait-elle adhérer aux alignements anti-iraniens ? LArabie saoudite a signé de grands accords militaires et économiques avec les pays européens et les Etats-Unis dont elle attend quils prennent en compte ses considérations, dans leur approche envers lIran ou tout autre dossier ayant un rapport quelconque, entre autres, avec Riyad. En outre, on pourrait dire que dautres soucis dordre idéologique se cachent derrière le mécontentement des Saoudiens. Pour être plus clair, citons lexemple de Talal ibn Abdelaziz, demi-frère du roi Abdallah qui sest retiré du pouvoir. Dans une interview à la chaîne Al-Jazeera, avant la guerre anglo-saxonne de 2003 contre lIrak, il avait dit (dixit) : « Lexpérience montre que le fait dentrer sur la scène de la technologie nucléaire serait considéré comme étant une transgression de la ligne rouge de lOccident et de la communauté internationale. Lhomme politique sage serait celui qui ne se mêle pas à ce jeu et ne pense pas à un bras de fer avec lOccident ; comme ça, votre pays ne cause pas de problèmes pour la communauté internationale, et cette dernière, non plus, ne vous cause pas de problèmes... » Le fils de cet individu, le prince Walid Bin Talal est un riche homme daffaire saoudien, et qui aime tellement quon lappelle le « Murdoch » des Arabes ! Accidentellement ou non, samedi dernier, lorsque les négociateurs iraniens et des 5+1 étaient en pleines négociations nucléaires de Genève, il a dit des mots durs contre lIran. Il a même menacé quen cas de lentente entre lIran et les 5+1, lArabie saoudite se réserverait le droit davancer en direction de laccès à larme atomique. En 2006, lorsque lancien leader libyen Mouammar Kadhafi a embarqué ses équipements nucléaires pour les envoyer aux Etats-Unis et en Grande Bretagne, pour dire quil sinclinait devant la volonté de la communauté internationale à laquelle il souhaitait, selon lui, retourner, cest en ces termes quil a poursuivi explicitement sa parole : « Je ne veux pas vivre le destin de Saddam Hussein. Il a commis une erreur, en se mettant en confrontation avec la communauté internationale, pour une chose que –tout le monde le sait- on ne lui aurait jamais permis dutiliser... » Une autre fois, lors dun discours à lAssemblée générale de lONU, Kadhafi avait critiqué le programme nucléaire iranien, en ces termes : « En poursuivant son programme nucléaire, lIran na fait que sisoler au sein de la communauté internationale ; alors que les pays du monde savancent vers de nouvelles formations et unions, lIran sest de plus en plus enfoncé dans lisolement, en insistant sur son programme nucléaire ». Reculons un peu dans le temps, pour retourner à 1991. Après le retrait du territoire koweïtien que les forces alliées arabo-américaines lui avait imposé, lIrak sest penché sur la technologie nucléaire. Cette approche a coûté si cher à lIrak de Saddam Hussein quil ne serait plus la peine de rappeler le sort de lancien dictateur...En 2002, Saddam Hussein a ouvert, aux inspecteurs de lAgence, même les chambres à coucher de son palais ; ils ont dit pourtant quon ne pouvait pas faire confiance en la personne de Saddam Hussein. La réalité cest que la communauté internationale na jamais permis aux Arabes de penser, même, aux installations nucléaires. A lépoque dAnwar Sadat, lancien Président égyptien, lorsquil a proposé la construction, dans son pays, dun réacteur nucléaire, les réactions étaient si vives, côté Occidental mais aussi et surtout, de la part dIsraël, quil a préféré y renoncer, pour éviter une nouvelle éventuelle guerre contre lEgypte. Même lorsque Hosni Moubarak, proche allié des Etats-Unis et dIsraël, était au pouvoir en Egypte, ce pays navait pas le droit de penser à construire un réacteur nucléaire à vocation pacifique. Parlant de la Syrie, lorsquen 2008, ce pays franchissait les premiers pas en vue de construire son réacteur, alors que les murs du site nétaient pas encore complètement érigés, Israël a bombardé ce bâtiment à laide de la CIA. En fait, les Etats-Unis et Israël sont unanimes sur une question : les Arabes nont pas le droit daccéder à la technologie nucléaire. Avancer dans ce sens, leur ferait courir le risque de se heurter à de vives réactions occidentales et israéliennes. Et en ce qui concerne lArabie saoudite, elle a annoncé en 2010 avoir lintention de créer des installations nucléaires, à des fins énergétiques. Quelques mois après lannonce de cette nouvelle, un accord militaire dune valeur de 25 milliards de dollars, a été signé entre Riyad et Washington. « Les Etats-Unis ont dit aux Saoudiens quils devraient, pour linstant, acheter ces équipements et ne pas penser à la technologie nucléaire, cela ne plairait pas à Israël », a écrit à lépoque le journal libanais Al-Safir. Nul doute que lIran et lArabie saoudite vivent une confrontation indirecte de nos jours. Les deux pays expérimentent pourtant une rivalité voire une confrontation en bonne et due forme en Irak, en Syrie, au Liban, au Yémen, au Koweït, en Egypte, à Bahreïn, au Pakistan et en Afghanistan. Les saoudiens voient la communauté internationale reconnaitre, aux Iraniens, le droit à la technologie nucléaire, ce qui a été interdit, jusquici, aux Arabes. Ne serait-il pas donc normal que lArabie saoudite qui simagine le représentant du monde arabe, en labsence de lEgypte, se met en colère, envers laccord nucléaire obtenu à Genève, entre lIran et les 5+1 ?
Posted on: Mon, 25 Nov 2013 15:22:29 +0000

Trending Topics



Recently Viewed Topics




© 2015