Les premiers maux de notre pays vendredi 19 juillet 2013 - TopicsExpress



          

Les premiers maux de notre pays vendredi 19 juillet 2013 Madagascar était considéré autrefois comme une île paisible ! Notre pays faisait partie de la zone de la paix. D’aucuns n’ignorent que depuis des décennies notre patrie est rongée par une instabilité chronique. Pour résoudre les crises politiques on a trouvé des solutions pommade. Elles calmaient le jeu sur le très court terme mais ne faisaient qu’empirer les choses au-delà. Madagascar est-il un pays voué à l’échec politique, aux travers sociaux et économiques ? Est-il condamné à vivre une éternelle maladie dévastatrice de toute tentative de stabilisation des institutions ? Quel est vraiment le mal qui saccage progressivement mais sûrement notre pays ? En réponse nous avons deux sortes d’ennemis : les uns viennent de l’extérieur et les autres de l’intérieur. 1. Ennemi venant de l’extérieur ? Dans notre monde d’aujourd’hui, il est peu probable qu’un ennemi extérieur vienne attaquer PHYSIQUEMENT Madagascar ! L’ennemi extérieur agit sournoisement. Généralement, l’attaque de l’après indépendance n’est autre que l’ingérence politico-économique néocoloniale ! Ensuite, venait l’influence de la guerre froide. Les pays nouvellement décolonisés se voyaient être le théâtre de la mésentente entre les deux blocs. Ceux-ci exportaient parfois leur guerre dans ces pays. Après la disparition du monde bipolaire, le danger extérieur est de moins en moins visible. L’éclatement du bloc communiste et l’émergence des nouvelles puissances ont changé la donne. Aucun pays ne pourra vivre seul et ignorer le besoin de négocier avec les autres. C’est la mondialisation. Elle est à double tranchante. D’un côté, la loi du marché impose le rythme sans tenir compte des difficultés des pays faibles. De l’autre, il y a de plus en plus de choix de partenaires commerciaux. La multipolarisation du monde peut être un atout si on s’y donne les moyens. Le danger pour nous est de ne pas savoir négocier en fonction de nos intérêts, de l’intérêt du peuple malagasy. Le cas de figure est ainsi caricaturé : le peuple prête son pouvoir aux dirigeants pour qu’ils le défendent des attaques extérieures. D’ailleurs, ces attaques se privatisent de plus en plus. Ce qui met les États en position de partie contractante. Ils doivent en effet disposer des moyens nécessaires pour bien défendre leurs intérêts face aux puissantes firmes multinationales. Ces moyens se trouvent au niveau national ainsi qu’à l’échelle régionale voire internationale (accords et conventions). Un autre moyen sans lequel les autres tombent à l’eau existe et on doit s’y accrocher coûte que coûte : l’intérêt supérieur du peuple. 2. Le danger de l’ennemi intérieur Si nous avons de bons dirigeants, les attaques extérieures pourront être évitées ou, à la limite, atténuées. Par contre, l’ennemi intérieur est difficilement contrôlable voire même imprévisible. On peut catégoriser deux sortes de dangers domestiques : le danger du fait des esprits collaborateurs avec l’ennemi extérieur ; le danger qui n’est autre que nous mêmes. a. Les collaborateurs Dans l’histoire de l’humanité il y a toujours eu des trahisons. Celles-ci sont très dévastatrices quand elles viennent de son propre camp. Non seulement elles font périr des vies mais également anéantissent tout l’homme et ses espoirs. Dans ce cadre là, la reconstruction ne peut s’appuyer que sur un grand sursaut d’élan national. La France a connu cela à la deuxième guerre mondiale. La collaboration avec l’occupant nazi s’installait et a commencé à anéantir toute velléité de résistance dans le pays. Mais il y a eu le sursaut du fameux appel du 18juin. Généralement, dans ce genre de situation on a besoin (si ce n’est obligé) de travailler avec des pays qui n’ont pas intérêt à ce que votre pays s’enfonce. C’est ce qu’a fait la France. Sans les alliés, on ne peut pas imaginer où elle en serait aujourd’hui. Ensemble ils ont, d’abord, lutté contre l’ennemi français de l’intérieur pour être unis afin de vaincre l’ennemi extérieur ! Si Madagasikara veut avoir un poids dans le concert des nations, s’il veut avoir des alliés, il va falloir qu’il nettoie sa propre maison et balayer devant sa porte. Un autre exemple est le cas de la méthode coloniale qui consiste à diviser pour mieux régner. Il fallait donc bien détecter et exploiter l’ennemi intérieur : la division. Alors que la France avait souffert de ses ennemis intérieurs (les collabos), elle n’avait pas hésité à pratiquer le recrutement des collabos indigènes pour mieux mater la résistance des autochtones. Les collabos peuvent agir de leur plein gré ou à contre cœur. Peu importe, le fait est qu’ils soient du côté de l’ennemi intérieur ! Et rien n’est plus fracassant que de se faire trahir par son propre « compagnon ». Le mot compagnon signifie ici individus qui devraient être unis par la même cause du fait de la domination étrangère sur leur Nation. C’est ce qui s’est passé à Madagascar ! On a mis en place un mécanisme de domination en recrutant des « bourreaux » nationaux et sénégalais. Ici, le terme bourreaux va au-delà du sens exécution. Il comprend également le synonyme de la disparition recherchée de toute résistance nationale, des aspirations socio-culturelles. Entre autres exemples, nous avons eu les Mpiadidy ( sous la royauté merina les Mpiadidy étaient une sorte du dépositaire de l’autorité royale dans les villages) transformés par les colons en une machine opérationnelle à broyer la résistance locale. Nous avions droit également aux chefs de cantons, chefs de district. L’administration coloniale ne ménageait pas ses efforts pour recruter des fonctionnaires « citoyens » pour servir leurs intérêts. Ça a marché. Certains malagasy se trouvaient ainsi à leur bon gré ou malgré eux en position d’ennemi de la nation. Nous avions eu un sursaut dans tout le pays mais, un peu mal organisé et surtout aurait subi une trahison, il se trouvait réprimé avec toute les horreurs inimaginables (torture, bombes humaines, tuerie, miaramilampotaka, ...). Heureusement, ce genre d’obstacle finit toujours par sauter car tout compte fait il vient quand même de l’extérieur. Mais il restera des collabos nostalgiques de leurs positions d’antan. L’ancienne mère patrie en a profité pour asseoir la françafrique. Elle se pose ainsi en faiseur de roi mais toujours en collaboration avec l’ennemi intérieur. Avec le temps cela passera. Nous portons ici notre respect et rendons hommage aux tia tanindrazana qui ont lutté jusqu’au bout au prix de leur unique vie. Ils l’ont fait, non pas pour eux, mais, pour les générations futures. Soyons-en dignes. b. Le redoutable ennemi intérieur Nous l’appelons redoutable ennemi intérieur puisqu’il n’a pas eu besoin d’une incitation ou une obligation venant de l’extérieur pour se dresser contre sa propre nation. Pour ce genre de rongeur de la patrie, la part la plus grande du danger vient de nous mêmes. On a beau fustiger le rôle de certains pays dans nos crises politiques mais ils sont là justement pour profiter de nos erreurs. Ils sont là pour maximiser leurs ingérences en fonction de nos âneries. À partir du moment où il nous est impossible tout d’abord de faire une autocritique nous nous enfoncerons dans le gouffre. Notre problème est que nous avons tendance à renvoyer la faute, quelle qu’elle soit, aux autres (danger extérieur). Pour faire simple : le principal danger est le non respect de la constitution, la violation de la loi. Comment espérions nous construire un État fort en dehors du respect des textes en vigueur ? Nous pensions, à tort, que la démocratie se construisait uniquement par la rue. Or, elle se construit d’abord dans la tête et doit se traduire par les actes. Nous options pour la force militaro-civil pour construire la liberté. Sachons que le fusil peut maintenir l’ordre pendant un moment mais en aucun cas ne puis contenir indéfiniment un sentiment de révolte. Il n’y a pas de liberté sans règle ni de démocratie sans le peuple. Il n’y aura pas de stabilité sans la volonté politique. Nous n’avons pas besoin de militaires forts mais plutôt des forces armées rendues fortes de par leurs unité et leur sens du devoir. Notre ennemi en nous a su diviser les forces de l’ordre pour les dresser contre le peuple, donc contre la nation. Jusqu’à ce jour le seul moyen de fortifier un État est la loi. Cette dernière ne puise sa force que dans la pratique. Elle ne devient stable que dans le temps. Elle n’est source d’apaisement que si elle est impartialement édictée, respectée et améliorée. Comment puissions nous croire à l’Etat de droit alors que nous transgressons chaque jour davantage la foi en l’indépendance de la justice ? Cette dernière devrait être le rempart des plus faibles et le garde fou pour les plus forts. La constitution est la bible républicaine de la démocratie ! Si nous voulons aller de l’avant, le premier investissement à faire n’est autre que le respect de la loi. Par ricochet et en faisant abstraction de toute forme de mauvaises pressions, il va de soi que la parole donnée, l’engagement pris devant le peuple doivent tenir lieu de LOI. Par ailleurs, ce qui va suivre est le péché capital de nos politiques : MARCHER SUR LA TÊTE DU PEUPLE. Chez nous le peuple craint systématiquement les représailles des dirigeants. Ce n’est pas normal. Le dirigeant se sert et s’offre un banquet mirobolant alors que le peuple ne mange pas à sa faim. Le politique passe ostensiblement et avec fierté dans de très belle voiture devant le peuple qui creuse les décharges publiques pour espérer trouver des miettes à mettre sous la dent. Doit-on laisser passer cela ? Cela me rappelle Marie Antoinette. On lui a informé que le peuple avait faim et ne mangeait plus que des pommes. En réponse elle disait : « qu’ils s’achètent des brioches ». À Madagasikara, l’insulte envers le peuple n’a que trop duré. Et ne nous disons pas que le fait de traficoter la constitution pour la tailler à l’avantage de celui qui détient le pouvoir est du fait d’un pays étranger. Ne gavons pas notre peuple de mensonge en insultant la communauté internationale quand notre justice sort une décision qui respecte tout sauf le droit. A vrai dire, nous nous prévalons de notre propre turpitude. Quand nous sommes en crise, en grande partie c’est à cause de nous-mêmes. Nous fabriquons nous-mêmes notre bombe d’autodestruction. Celle-ci n’attend plus que le détonateur(il peut venir l’intérieur comme de l’extérieur). Le dirigeant se prend pour un dieu, l’opposition n’a d’autre vision que de renverser et diaboliser son adversaire, la population se laisse faire et se lamente lorsqu’elle a le président qu’elle mérite. En fait, l’adversité politique devient chez nous comme une course vers la médiocrité. On croirait que le palmarès revient à celui qui a réussi à faire le plus de dégâts possible. Nos attitudes, qui que nous soyons, annihilent notre patriotisme quand nous n’observons pas le sens du bien commun. D’ailleurs, les termes patriotisme et souveraineté sont des concepts creux pour nos politicards. Le patriotisme est devenu une morphine pour calmer la souffrance de nos compatriotes et la souveraineté une adrénaline pour enjôler le peu de révolte qui reste pour notre peuple. Madagasikara a de très beaux textes législatifs mais ceux-ci ont toujours sonné creux. Nos vieilles pratiques irresponsables ont fait d’eux une arme de progrès non exploitée. J’ose donc rêver que tous les sujets de droit trouverons protection et respect chez nous. J’ose rêver que plus personne ne sera au dessus de la loi. J’ose croire que pour le peuple malagasy le mal intérieur sera pansé et ses belles cicatrices montreront aux générations à venir la leçon tirée du passé. L’être humain est le seul capable de tout surmonter. Son histoire a montré qu’il a su vaincre son ennemi intérieur quand il prend le temps de penser et d’observer le bien commun. Pour Madagasikara, la route est longue mais la stabilité est possible. Je m’inspire de Socrates en me disant que le secret du changement est de rassembler toutes nos forces, non pas pour combattre le vieux, mais, pour construire ensemble quelque chose de nouveau. Enfin, tâchons de ne pas abuser du silence des malagasy. Quand le peuple ne dit rien, ça ne veut pas dire qu’il est d’accord ! Son silence est un cri strident. Il faut être humble pour l’entendre ! Haja RAKOTOZAFY
Posted on: Fri, 19 Jul 2013 08:45:00 +0000

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