Lettre d’un élu de la République à ses petits frères - TopicsExpress



          

Lettre d’un élu de la République à ses petits frères musulmans 20 août 2013 à 19:06 Par STEEVY GUSTAVE «Y’en a ras l’bol !» Oui j’en ai ras les locks… Depuis maintenant quelques années, il n’y en a que pour vous. Que cela soit sur Internet ou à la télé, je ne peux plus regarder les infos tranquillement sans entendre les musulmans par ci les musulmans par là. Mes amis, mes frères, ne pouvez-vous pas faire comme vos pères qui ont contribué à construire la France de leurs mains ? Ou même comme vos grands-pères qui ont combattu en première ligne pour la mère patrie ? Oui, vos parents étaient des «bons musulmans», ils baissaient la tête, subissaient les pires humiliations, mais restaient dignes. D’ailleurs, à l’époque où j’allais chez tonton Mohamed pour le ftour, j’adorais discuter avec lui. Il me racontait son village, ses ancêtres et son départ vers son eldorado : la France, ce pays des droits de l’homme où il connut pourtant les ratonnades, le froid, la faim. Mais mon tonton Mohamed était un héros, comme tous ses amis. Parfois, il me parlait du Coran et de l’amour qu’il portait au Prophète. J’avais toujours droit à une sourate sur le partage, l’amour de l’autre ou le pardon. Il me disait : «Tu ne dois pas juger les autres, mais toujours t’améliorer.» Mais ce que j’aimais le plus avec ce tonton, c’est qu’il ne m’a jamais demandé si j’étais un chrétien modéré ou un catholique intégriste ! Par contre, il m’a toujours dit : «Tu sais, si tu veux être un homme respecté, tu dois respecter tes parents, tes profs et le pays où tu vis. Tu ne dois jamais faire pleurer ta mère et, si je te vois faire des conneries, je vais te chicoter !» Sacré tonton Mohamed… Il faut dire que dans la cité, on avait tous peur de lui. Eh oui, à force de creuser les routes de France, ses mains avaient pris du volume. Aujourd’hui, je le croise encore et on discute toujours. Il n’y a pas longtemps, il m’a dit : «Je suis fier de toi, fier de ce que tu es devenu, toi tu es un musulman qui s’ignore…» Qu’est ce que je l’aime mon tonton Mohamed, ce super héros de ma jeunesse. Bref, revenons à nos moutons (avant l’Aïd). Trop c’est trop car… Le mal des banlieues ? C’est les musulmans. Le terrorisme ? Les musulmans. La crise et le chômage ? Encore les musulmans. «La couche d’ozone, le gaz de schiste…» ? Les musul… Ah non, ça n’est pas encore sorti ! Un autre exemple : Trappes, toujours des… ! Puisqu’on nous demande d’écarter l’éventualité d’une bavure policière, il faut qu’on m’explique comment un simple contrôle d’une jeune fille antillaise et d’un jeune homme d’origine européenne donc «non expulsables», conduit cette jeunesse de France à se changer en sauvageons et à vouloir casser un commissariat. Franchement, quand il fait 40 degrés, porter le voile intégral à la mode pachtouno-wahhabite, c’est de la provocation, non ? D’un autre côté, j’ai bien des tentacules sur la tête, donc qui suis-je pour juger… Moi, quand un gentil policier me demande mes papiers, je les lui présente. Il est vrai que j’ai la carte d’identité des élus bardée d’un ruban bleu blanc rouge et que je respecte les lois de mon pays. Donc, si un policier venait à manquer de respect, il passerait «un mauvais quart d’heure» ! Je suis donc un privilégié. Je fais partie du «système», ce même système qui n’a pas arrêté de vous stigmatiser. Je suis un responsable politique, c’est vrai, mais je ne veux pas être associé à ceux qui vous instrumentalisent depuis plus de trente ans, de gauche comme de droite. Oui, je parle de ces femmes et hommes politiques qui viennent vous chercher pour coller des affiches, tracter, faire le service d’ordre, mais qui ne vous feront jamais de place, ces politiques qui ont promis à vos parents le droit de vote des étrangers ou encore de lutter contre les contrôles abusifs au faciès. Mais ne vous en faites pas, ils vont bientôt vous aimer et vous solliciter, les élections municipales approchent… En attendant, le changement, ce n’est pas maintenant et il n’y a pas de vision pour les quartiers. Ces quartiers où on a parqué vos familles selon leur origine, pour ensuite vous reprocher de rester entre vous. Mais ne tombez pas dans le piège du repli ! A l’époque, on pouvait se faire un couscous de Noël pour Kippour mais, ça, c’était avant ! Maintenant, c’est chacun sa fête, chacun sa mouise. Nous, on partageait tout ; les galères, les amours, l’envie de réussir, le manque d’argent, et on a toujours refusé d’être des victimes. Nous étions des combattants. Oui, nous étions en guerre contre ceux qui voulaient nous diviser, nous avions tous des croyances différentes, mais nous formions la France. Alors oui, les extrêmes de tous bords existent. Ils peuvent être chrétiens, juifs, musulmans etc. Oui, certains veulent nous imposer une société archaïque où la femme n’a pas d’autre choix que celui de baisser la tête. Mais ce n’est qu’une minorité et tant que nous, majorité, nous ne nous lèverons pas pour dénoncer tout ça, ils seront les grands gagnants. Aujourd’hui quand je rends hommage à Stéphane Hessel, on me traite d’antisémite, quand je poste une photo d’Ilan Halimi, je suis un sioniste et quand je prends la défense des jeunes des quartiers, je suis «l’élu des bougnoules et des singes». Depuis quelque temps je m’inquiète pour ma France, et les extrêmes de tous bords me font peur. Hier, un gamin me demandait d’aimer la page Facebook d’Alain Soral. Le même Soral, qui rend hommage à Jean-Marie Le Pen dans une vidéo, nous expliquant même que Le Pen est un grand résistant (il faudrait peut-être rappeler la guerre d’Algérie et les tortures…). Je suis également inquiet quand Dieudonné poste une vidéo où, avec un grand sourire, il interviewe Serge Ayoub, celui contre qui nos grands frères allaient se battre ! Oui, lui qu’on a appelé «Batskin», ce skinhead qui faisait des ratonnades, ce facho d’extrême droite… Et je me dis que cette génération a la mémoire courte, hélas ! Il y a encore peu de temps de cela on vivait tous ensemble, aujourd’hui chacun lutte à l’aune de sa propre communauté. Les juifs contre l’antisémitisme, les Noirs contre la négrophobie, et les musulmans contre l’islamophobie. Que reste-t-il de l’esprit de 1998 lorsque toute la France rêvait d’embrasser un Arabe ? Les dernières semaines ont quand même été un peu plus clémentes pour vous : après les Roms ce sont les gitans qui ont subi ce flot de haine venant une fois de plus de cette droite décomplexée ! Pauvre De Gaulle ! J’ai mal à ma France quand elle ne joue pas son rôle, quand elle stigmatise, quand elle ne protège plus ses enfants, quand, tout au long de la journée, on me parle de la même religion. J’ai mal quand des petits cons homophobes issus de «la manif pour tous» cassent tout et qu’on ne dénonce que du bout des lèvres l’intégrisme catholique, mal quand les politiques et les médias agitent le chiffon rouge dès qu’un citoyen français non judéo-chrétien - oserais-je dire «d’apparence musulmane» ? - sort du droit chemin. Pourrait-on parler de ces grands élus de la République, ces délinquants en col blanc à qui on ne demandera jamais de quelle confession ils sont ? Oui, c’est vrai c’est dur et souvent injuste. Mais comparé à nos parents, ces super-héros qui, eux, ont vraiment morflé, nous sommes des enfants gâtés, oui des enfants gâtés avec des droits et des devoirs. C’est donc à nous de bâtir notre avenir ensemble, la tête haute, avec force et détermination pour que notre socle commun, la Nation, redevienne une et indivisible. Car nous ne sommes pas la France de demain mais bien celle d’aujourd’hui. mobile.liberation.fr/societe/2013/08/20/lettre-d-un-elu-de-la-republique-a-ses-petits-freres-musulmans_925908
Posted on: Mon, 26 Aug 2013 00:04:00 +0000

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