Lettre ouverte à Madame Valérie Corre, députée du Loiret, sur - TopicsExpress



          

Lettre ouverte à Madame Valérie Corre, députée du Loiret, sur la réforme des retraites. Orléans le 2 octobre 2013 Madame la députée, Vous allez participer prochainement, à l’Assemblée Nationale, au débat sur la réforme des retraites dont le contenu a été présenté le 18 septembre dernier en conseil des Ministres. L’inquiétude et la colère sont grandes parmi les syndicalistes, les retraités, les jeunes, les salariés, parmi celles et ceux qui se sont mobilisés en 2010 contre la réforme Sarkozy/Fillon. Nul n’a oublié votre présence dans ces manifestations pour défendre la retraite à 60 ans et s’opposer à tout allongement de la durée de cotisation. Jean-Marc Ayrault déclarait en 2010 : « la retraite à 60 ans, c’est le bouclier social des ouvriers. C’est pourquoi il faut leur laisser la liberté de la prendre ». Il annonçait ensuite, devant les députés, la volonté de votre parti de revenir sur la réforme Sarkozy si vous arriviez au pouvoir. C’est chose faite, mais hélas la réforme prévue par le gouvernement s’inscrit dans la droite ligne des précédentes, toutes synonymes de recul de l’âge de départ en retraite, de baisse des pensions et de durcissement des conditions d’accès à une retraite à 100%. C’est aussi sur vos engagements pris en 2010 sur ce sujet qu’une majorité de françaises et de français a décidé d’élire François Hollande Président de la République et de vous porter sur les bancs de l’Assemblée Nationale. Vous allez avoir la responsabilité de vous prononcer sur ce projet de loi par un vote à l’Assemblée au mois d’octobre prochain. Nous vous adressons un appel pressant : « Ne tournez pas le dos à toutes celles et ceux qui vous ont élue. Ne reniez pas vos engagements en votant une réforme aussi injuste socialement qu’inefficace économiquement. » Les mesures défendues par le gouvernement dans cette réforme ne règleront aucun problème. Au contraire, retarder le départ des salariés âgés ne peut qu’aggraver davantage le chômage des jeunes et les pénaliser durement à l’âge de la retraite. C’est la double peine pour les jeunes. L’âge moyen d’obtention du premier Cdi est aujourd’hui de 27 ans et seul un salarié sur deux n’est pas au chômage au moment de son départ en retraite. Alors, de grâce, n’offrons pas la précarité à vie comme seul horizon à la jeunesse. Vous l’écriviez vous-même dans l’un de vos tract : « Avec l’allongement du temps de travail, ce sont les jeunes qui, une fois de plus, seront les grands perdants sur le marchés du travail » ; En l’état actuel de sa rédaction, la réforme du gouvernement entraînera une baisse régulière du niveau des pensions en poussant les travailleurs sur le départ à accepter les décotes s’ils ne peuvent travailler jusqu’à 65, 67 voire 70 ans. Ajoutons aussi que de fait, cela conduira à une nouvelle aggravation des inégalités femmes/hommes. L’augmentation des cotisations des salariés signifiera une nouvelle baisse de leur pouvoir d’achat. Avec l’augmentation de la durée de cotisation, c’est une véritable double peine pour les travailleurs. Pourquoi être en permanence sous la pression des tenants du libéralisme ? Pourquoi ne pas écouter les voix qui, à gauche avancent des alternatives progressistes à leurs dogmes. ? Ne les a-t-on assez entendus et depuis des années, ces discours sarkosistes promulguant ces fausses théories éculées selon lesquelles si « l’on vit plus longtemps, on devrait travailler plus longtemps. » Toujours oublié le fait que l’espérance de vie en bonne santé tend à stagner et diminuera si l’on continue dans cette voie. Toujours oublié le constat que c’est bel et bien la diminution de la durée de travail qui a permis à d’allonger l’espérance de vie. En bref : toujours oubliés les Hommes ! Nous contestons aussi le discours fallacieux du gouvernement, sur un effort de financement de la réforme partagé équitablement entre les salariés et les entreprises. Si les cotisations versées par les salariés comme celles versées par les entreprises vont augmenter, le gouvernement a fait le choix de compenser intégralement la part patronale en défiscalisant leurs cotisations sur les allocations familiales. Les contribuables vont donc payer 2 fois, satisfaisant une nouvelle fois les exigences du Medef. Le gouvernement veut aller vite, malgré l’inquiétude et le rejet que porte une majorité de nos concitoyens à cette réforme. Huit français sur dix sont inquiets pour leur retraite, près de 70% des français estiment que les mesures avancées par le gouvernement vont plutôt dans la mauvaise direction, une majorité de français est défavorable à l’allongement de la durée de cotisation ainsi qu’à l’augmentation progressive des cotisations des salariés (voir sondage CSA pour l’Humanité). Dans ces circonstances, pourquoi tant de précipitation et d’obstination à défendre des mesures repoussées par notre peuple ? Pourquoi ne pas entendre les propositions avancées par de nombreuses organisations syndicales, de jeunesses, politiques ou associatives faisant la démonstration qu’une vraie réforme de gauche est possible avec d’autres moyens de financement pour consolider notre système par répartition. Voici quelques-unes des pistes alternatives de financement avancées : • L’augmentation des salaires : c’est faire rentrer immédiatement plus d’argent dans les caisses de retraites. 1% de masse salariale, c’est 2 milliards d’euros pour la Sécu. Ainsi, la suppression des inégalités salariales entre les hommes et les femmes (25% de salaire en moins à poste égal) rapporterait plus de 50 milliards d’euros • Agir sur l’emploi : 100 000 chômeurs de moins, c’est 1,5 milliards d’euros de recette supplémentaire pour la sécu. • La mise à contribution des revenus financiers à hauteur de 25 milliards d’euros, aujourd’hui exonérés de toutes cotisations alors qu’ils n’ont cessé de se développer. Cette mesure, non reprise par le gouvernement est pourtant défendue par 63% des français. • Supprimer les exonérations de cotisations patronales qui ont contribué à creuser le déficit sans servir l’emploi, les salaires ou les conditions de travail. La suppression de ces exonérations rapporterait 30 milliards d’euros. Mettre d’avantage à contribution les entreprises est d’ailleurs plutôt bien accueilli par la population et notamment les sympathisants de gauche. Nous rencontrons - et vous devez en rencontrer aussi - beaucoup d’électeurs de gauche qui disent : « nous n’avons pas voté pour ça ! ». Leur désespérance grandissante ne peut qu ‘alimenter les populismes, celui de la droite et celui de son extrême. Sur ce dossier brûlant des retraites, comme sur d’autres, suivre le sillon creusé par dix années de politique de droite –désastreuse pour notre pays et pour notre peuple- ne peut conduire qu’à des échecs gravissimes aussi pour la gauche. Pour toutes ces raisons, mais aussi au nom des engagements pris l’an passé, nous vous disons : « Il est temps de changer de voie. » Le dossier des retraites mérite une vraie réforme, une réforme de gauche qui repousse les diktats désastreux de la finance et des marchés financiers, une réforme ambitieuse et progressiste, à la hauteur des enjeux de notre temps et des attentes de nos concitoyens. Veuillez recevoir, Madame la députée, mes respectueuses salutations. Mathieu Gallois Secrétaire départemental du PCF 45
Posted on: Thu, 03 Oct 2013 22:08:47 +0000

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