Mouloud Mammeri ou la colline emblématique Première partie jeudi - TopicsExpress



          

Mouloud Mammeri ou la colline emblématique Première partie jeudi 27 juin 2013, par Hend Sadi - 10 Nous publions ci-dessous la communication que Hend Sadi a faite au colloque organisé en avril 2012 par l’ACB sur La colline oubliée de Mouloud Mammeri. Cet article nous fait revivre la polémique qui a accueilli le roman à sa sortie en 1952 et nous donne à voir les rôles déterminants joués alors par des hommes qui exerceront après l’indépendance de l’Algérie, sous les régimes de Ben Bella ou de Boumédiène, des fonctions majeures dans le champ culturel : Amar Ouzegane, Mohamed-Chérif Sahli et Mostefa Lacheraf mais aussi Ahmed Taleb-Ibrahimi fondateur du Jeune Musulman en 1952. C’est dans cette revue des « Oulamas » dont la ligne éditoriale combattait ouvertement la berbérité de l’Afrique du Nord qu’avait été orchestrée la campagne contre le livre. Que Mouloud Mammeri, l’homme du Printemps berbère de 1980, ait été aussi l’auteur de La colline oubliée en 1952 n’a rien de fortuit pour Hend Sadi. Le travail que nous publions ici sera développé et augmenté de plusieurs annexes pour donner naissance à un livre qui paraîtra très prochainement. Sommaire I. UN ENVIRONNEMENT HOSTILE 1. Années cinquante : « La (...) 2.Le Jeune Musulman : creuset Cet article analyse les motivations qui ont poussé les intellectuels organiques du Parti du Peuple Algérien (PPA) à s’acharner sur le premier roman de Mouloud Mammeri, La Colline oubliée, et démontre que la dimension berbère de l’œuvre est au cœur de leurs attaques. En effet, celle-ci induit un modèle de nation incompatible avec celui du courant dominant du PPA dont le caractère exclusivement arabo-musulman est nettement réaffirmé au lendemain de la crise de 1949. Notre approche consiste à reprendre les textes des principaux protagonistes de cette cabale en les resituant dans leur contexte historique. Une attention particulière est accordée au profil, à l’itinéraire ainsi qu’au discours de chacun des critiques. Ce matériau est complété par le texte du roman et l’étude que l’écrivain égyptien Taha Hussein a consacrée à La Colline oubliée. La fin de l’article explore les répercussions de cette campagne qui fonde la critique littéraire algérienne post-coloniale. Il est communément admis qu’on ne peut appréhender une œuvre littéraire dans sa totalité sans prendre en compte sa réception par la critique et le public. Vue sous cet angle, La Colline oubliée est un cas d’école : fondées sur des critères étrangers à la littérature, des critiques radicales ont durablement brouillé son image, empêchant la perception de l’œuvre à travers son contenu. Lorsqu’en 1952 paraît le roman chez l’éditeur parisien Plon, son auteur, Mouloud Mammeri, jeune professeur de lettres françaises au lycée de Ben Aknoun à Alger, est inconnu. Salué dans un premier temps par une critique élogieuse, le livre est cité à Paris aux prix Femina, Goncourt, Interallié et Renaudot pour finir couronné à Alger par le tout nouveau prix des Quatre Jurys créé à grand bruit sous le haut patronage d’André Gide par le journal colonial Les Échos d’Alger et que l’auteur … refuse ! Le large succès de ce premier roman a paradoxalement propulsé son auteur dans l’œil du cyclone. De toutes les critiques, c’est la réaction forte – vivement hostile à l’œuvre –, venue de nationalistes algériens acquis à l’arabo-islamisme qui passera à la postérité sous le label de « critique nationaliste ». Désormais, l’image d’une œuvre sulfureuse, politiquement suspecte, collera à La Colline oubliée comme à son auteur et persistera au-delà de 1962. Admiratives devant la découverte d’un talent surprenant, les autres critiques qui proviennent de milieux divers (y compris nationalistes) seront oubliées. Et s’il est de tradition de considérer que La Colline oubliée signe, avec La grande maison de Mohamed Dib, la naissance de la littérature algérienne [1] d’expression française, nous pensons pouvoir affirmer que, à son tour, la réception du roman a fondé la critique littéraire algérienne longtemps dominée par Mostefa Lacheraf, principal protagoniste de la controverse dont il est question ici. Le mode d’appréhension et les critères d’évaluation de l’œuvre artistique, mis en place dans la campagne menée contre La Colline oubliée, structureront durablement le champ culturel algérien officiel. Ils pèseront spécialement sur l’appréciation de toute œuvre artistique d’inspiration berbère. Mostefa Lacheraf a fait école, même si ses thèses accusent aujourd’hui un certain recul et que, dans l’intervalle, lui-même, a nuancé sa position sans la modifier sur le fond. [2] Nous entamons le présent travail par l’analyse de trois critiques défavorables au roman qui émanent du courant culturel dominant au PPA, courant favorable à l’arabo-islamisme. L’approche biaisée de ces critiques conduit, nous le verrons, l’auteur à pratiquer une forme d’esquive dans sa réponse. Nous chercherons ensuite à saisir les motivations de ces attaques et, parallèlement, à cerner ce que représente La Colline oubliée pour « mériter » une telle hostilité. Puis, nous nous pencherons sur la critique de Taha Hussein, écrivain égyptien de renom, surnommé « Doyen des lettres arabes », et de surcroît fin connaisseur de littérature française. L’article de Taha Hussein aide à mieux cerner les motivations des contempteurs de Mammeri. Enfin, nous conclurons avec l’impact de ces critiques dans l’Algérie post-coloniale. Davantage encore que la notoriété dont jouissent les hommes à l’origine de la polémique qui a entouré le roman, la conjoncture historique a lourdement pesé pour donner un impact substantiel à l’offensive lancée contre l’œuvre. I. UN ENVIRONNEMENT HOSTILE Pour saisir pleinement les enjeux de l’époque où a paru le roman, rappelons quelques données historiques qui aideront à cerner le contexte politique et culturel de l’Algérie d’alors qui était encore sous domination française. 1. Années cinquante : « La nation qui s’élabore » En ce milieu de vingtième siècle, les temps sont aux idéologies fortes. Il n’y a guère de place au doute. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, le marxisme est à son apogée tandis que le mouvement de décolonisation connaît un nouvel essor. S’agissant de l’Algérie, les deux courants s’étaient heureusement rencontrés : la première organisation nationaliste, l’Étoile Nord-Africaine (ENA), ayant vu le jour en France sous l’impulsion du mouvement communiste international après la première guerre mondiale, au sein de l’émigration ouvrière, kabyle pour l’essentiel. [3] Aux yeux de la majorité des militants politiques algériens, il apparaît que la question coloniale revêt une dimension identitaire aiguë. Exception faite des communistes qui en minimisent le poids en diluant cette dimension dans l’idée de « nation en construction » pour conserver à la « lutte des classes » son caractère primordial. Cette « nation en construction » [4] qui renvoie à une mosaïque de populations disparates « Maltais, Kabyles, Arabes, Berbères, Alsaciens, Espagnols, Juifs… » est la thèse développée par Maurice Thorez dans son discours prononcé à Alger le 11 février 1939. Elle est parfois avancée par divers courants politiques rétifs à l’idée d’indépendance pour nier la pertinence du concept de nation appliqué à l’Algérie. Cette idée sert souvent à camoufler la volonté de disqualifier le combat anticolonial affirmé comme tel. Parmi tant d’autres, l’écrivain Albert Camus recourra explicitement à cet argument dans son article « Algérie 1958 », repris dans Actuelles III. [5] Aussi, se méfie-t-on dans les rangs nationalistes algériens de tout ce qui peut pousser vers un éclatement de la nation dont le modèle reste l’« État-nation » de … la France jacobine ! Cependant, si le caractère primordial de la problématique identitaire fait consensus chez ceux qui dénoncent l’iniquité du système colonial, courant communiste excepté, les réponses à y apporter divisent. Certains, marchant sur les brisées de Djamal Eddine Al Afghani et de Mohamed Abdou, principalement des éléments formés à l’école arabe coranique, essentialisent le clivage religieux et créent des ramifications locales du mouvement oriental Nahda (Réveil, Renaissance), à l’instar de Ben Badis avec son « Association des oulémas [6] musulmans d’Algérie » lancée publiquement en 1931 au lendemain de la célébration du centenaire du débarquement français à Sidi Ferruch, près d’Alger. L’islamisme défendu par les tenants de cette ligne s’accompagne d’un hégémonisme arabe au plan culturel. Formant un courant plus diffus, d’autres qui se veulent aussi plus modernes tout en se revendiquant des mêmes maîtres mettent en avant le panarabisme plutôt que l’islamisme auquel ils ne l’opposent cependant pas. Ceux-là, s’inspirent de Chekib Arslan, le chantre libanais de la nation arabe réfugié à Genève. Tous ces courants cherchent à inscrire la décolonisation de l’Afrique du Nord dans le cadre d’une « renaissance » du monde musulman qui le ferait émerger des ténèbres où l’aurait plongé l’Occident chrétien. Ils s’emploient donc à arrimer à l’ensemble arabo-islamique l’Algérie, pays qui, pour la première fois depuis de longs siècles, s’apprête à s’affranchir de la tutelle étrangère. Par commodité politique, de nombreux militants qui ne se reconnaissent pas dans l’idéologie arabo-islamique rallient cette position. Ils le font d’autant plus facilement que cette adhésion est sans effet immédiat. Parmi eux, on dénombre ceux qu’inquiètent la menace que fait peser la diversité culturelle manipulée par les colonialistes afin de diviser les rangs nationalistes. Parallèlement à cette nébuleuse culturellement acquise à l’arabo-islamisme et politiquement hétéroclite, émerge, au sein du Parti du peuple algérien [7] (PPA) et contre sa direction qui le taxe de « berbéro-matérialiste », un courant qui tente d’apporter une réponse identitaire inscrite dans l’histoire régionale nord-africaine en intégrant la dimension amazighe. Cette idée apparaît au grand jour [8] avec la radicalisation opérée par le PPA lors du congrès de 1947 qui rompt avec la démarche légaliste pour se préparer à la lutte armée, en particulier sous la pression du puissant district de Kabylie. En Kabylie précisément, l’aile radicale du Parti est animée par des leaders regroupés autour de Ouali Bennaï, chef du district kabyle, Amar Ould Hamouda qui deviendra en 1948 responsable de l’OS (Organisation spéciale) pour l’Oranie et Ali Laïmèche, mort en 1946 à l’âge de 21 ans, devenant ainsi le premier militant nationaliste algérien qui décède au maquis, en est l’inspirateur incontesté. C’est ce groupe qui de manière feutrée prépare dès 1945 une alternative à l’Algérie exclusivement arabe prônée par la direction du PPA. En mai de la même année, ces jeunes s’engagent dans un maquis nationaliste auquel La Colline oubliée fait explicitement référence. Un des principaux personnages du roman, Ouali, est une création romanesque librement inspirée du leader politique Ouali Bennaï. Ce courant se heurte rapidement à la direction du PPA menée par l’omnipotent Messali Hadj qui s’est progressivement laissé happer par l’idéologie arabo-islamique. L’abandon progressif par la gauche française de l’idée de l’indépendance algérienne [9] à partir des années trente a sans doute favorisé cette dérive qui éloigne le mouvement national du communisme où avaient baigné les fondateurs de l’ENA. En compagnie de dirigeants influents du PPA, Messali se rend plusieurs fois à Genève auprès de Chekib Arslan. Ce dernier a pu mesurer son audience en Afrique du Nord lorsque, en 1930, il fait reculer le gouvernement français sur l’affaire du « Dahir berbère » [10] en mobilisant contre le projet de nombreux nationalistes marocains au nom du panislamisme. En 1948, Rachid Ali Yahia, dépêché à Paris par Ouali Bennaï est élu à la tête de la Fédération de France du PPA-MTLD par un collège de militants. Le jeune dirigeant, âgé de vingt ans, séduit une frange importante de cadres et fait adopter par une très large majorité (28 sur 32) du Comité fédéral du PPA-MTLD la motion de « l’Algérie algérienne » qui entre en conflit avec « l’Algérie arabe » défendue par Messali. Mohamed-Chérif Sahli fait partie des militants parisiens associés aux réunions du groupe, formé autour de Rachid Ali Yahia, qui a œuvré en amont de cette motion tandis que Mostefa Lacheraf et Abdelhak Benhabylès, étudiants militants du PPA également installés à Paris, n’y sont pas hostiles. [11] Cependant, immédiatement après, la crise éclate et débouche en 1949 sur des affrontements entre militants du PPA qui aboutissent à une reprise en main de la Fédération par la direction du Parti. Cette opération est évoquée en ces termes par Ben Youcef Ben Khedda dans son livre Les origines du premier novembre 1954 : [12] « À Paris, cela n’alla pas sans altercations violentes, coups de poing et bagarres. Ce n’est qu’après une dure bataille que les délégués de la direction, après avoir fait récupérer les locaux par des commandos où s’illustra Radjef, réussirent enfin à se faire entendre de la base et à reprendre en main les militants. Pour arriver à ce résultat, il a fallu, arrondissement par arrondissement, banlieue par banlieue, ville de province par ville de province, regrouper les membres du Parti, restructurer les sections et les kasmas et reconstituer la Fédération de France du PPA-MTLD. Cela prit quelque dix-huit mois d’une activité sans relâche. » (p.173) C’était la dernière fois que le dirigeant de la Fédération de France du PPA aura été élu par un collège de militants. À compter de cette date, tous les dirigeants de la Fédération seront désignés par la direction du parti ; ce mode de fonctionnement sera reconduit par le FLN, héritier du PPA. Aux dires d’Abdelhak Benhabylès, [13] Lacheraf et Sahli n’agissent pas comme des intellectuels libres car ils s’alignent systématiquement sur les positions du Parti duquel ils dépendent en partie matériellement. En l’occurrence, ils rentrent dans les rangs [14] pendant la crise. Après cette brève rétrospective, venons-en au sujet proprement dit et passons aux critiques de La Colline oubliée publiées par Le Jeune Musulman. Relevant de registres différents du point de vue formel, celles-ci présentent néanmoins une certaine unité. Signés par des hommes qui appartiennent à l’élite militante, tous connus pour leur engagement sur le front idéologique, les articles s’alarment de l’audience rencontrée par le roman et se dressent, sur le mode de l’anathème, contre un livre ayant pour cadre un village kabyle dont le caractère berbère est restitué comme tel. L’affaire est d’autant plus grave aux yeux de ces militants, tout particulièrement préoccupés par la question identitaire, que l’écho médiatique du roman déborde largement du cadre « indigène ». Le succès du livre leur devient intolérable lorsqu’il gagne le milieu pied-noir, assimilé de facto à celui des gros « colons », bref à l’ennemi, qui à son tour salue le « beau roman kabyle ». [15] Les auteurs des écrits parus dans Le Jeune Musulman, Amar Ouzegane, Mohamed-Chérif Sahli et Mostefa Lacheraf partagent une sensibilité de gauche, voire « trotskyste » dans le cas de Lacheraf. Imprégnés du réalisme socialiste qui domine l’époque, tous les trois adoptent logiquement dans le champ artistique la grille de lecture popularisée par Jdanov : une œuvre doit être d’abord appréhendée à travers son contenu social, ses incidences politiques et jaugée exclusivement à l’aune de son impact sur les luttes sociales, à l’image de Bertolt Brecht qui dit déduire son esthétique des nécessités du combat. Sahli qui a vite refermé la parenthèse de la berbérité de l’Algérie après 1949 (si tant est qu’il l’ait jamais ouverte) s’en remet au travail des « oulémas » afin d’assurer l’éducation des Algériens. [16] Quant à Lacheraf, toujours intellectuel de l’appareil du PPA, il s’emploie à ancrer dans l’histoire culturelle de l’Algérie un concept de nation qui, tout en prenant en compte les idées de son temps, soit compatible avec les orientations arabo-islamistes du Parti. [17] Aussi, tous deux répondent-ils favorablement aux sollicitations d’Ouzegane qui les invite en 1952 à collaborer au Jeune Musulman, lequel vient d’être lancé à Alger. 2.Le Jeune Musulman : creuset de la campagne Le Jeune Musulman, qui se présente comme l’« organe des jeunes de l’Association des Oulémas musulmans d’Algérie », est une revue de langue française créée en 1952 à Alger par Ahmed Taleb-Ibrahimi, étudiant en médecine et fils adoptif du cheikh Bachir Ibrahimi qui a succédé à Abdelhamid Ben Badis à la tête de l’association des « oulémas ». Ahmed Taleb-Ibrahimi signe ses contributions sous le pseudonyme Ibn El Hakim (« fils du Sage » en arabe) ou bien Le J.M. (pour Le Jeune Musulman). La revue est parrainée par le célèbre Cheikh Larbi Tebessi qui en assure aussi la logistique. L’éditorial du premier numéro du Jeune Musulman paru le 6 juin 1952, signé de Tawfik El-Madani, secrétaire général de l’Association des oulémas musulmans d’Algérie et futur ministre des Habous de l’Algérie indépendante, fixe nettement la ligne du journal : « Nous pouvons affirmer avec fierté et certitude que le colonialisme échouera dans ses tentatives criminelles ! La patrie de nos glorieux ancêtres gardera à tout jamais son unité sous l’égide spirituelle de l’Islam et dans le cadre de la culture arabe universelle, » écrit El-Madani. Avant de conclure en affirmant que l’unité nationale ne pourra « être régénérée qu’à la lumière de l’Islam, au moyen de la langue éternelle du Coran », il met en garde contre une « idée fabriquée de toute pièce par le colonialisme, et malheureusement entretenue avec soin par quelques personnes qui, de bonne ou de mauvaise foi, se trouvent être les meilleurs déchireurs de notre patrie : je veux parler du pseudo mouvement dit “Berbériste”, » ajoute-t-il. Porter ouvertement le discours antiberbère au sein de la rédaction du Jeune Musulman est le rôle dévolu au Kabyle Amar Ouzegane. Cet exclus du Parti communiste algérien, camarade d’Albert Camus [18] et de Mouloud Mammeri, qui possède déjà un passé auréolé par un séjour dans les camps d’internement du Sud, ne sortira jamais du cadre de cette « mission ». Il se signale dès le premier numéro par une réflexion didactique intitulée « Le berbérisme » avec le sous-titre éclairant « Doctrine réactionnaire de division impérialiste ». Se voulant toujours édifiant dès le titre, il poursuit sa collaboration avec une longue série de contributions qu’il publie sous la manchette « Pourquoi le Djurdjura, la montagne de fer interdite à Jupiter accueille le message de Mohamed ? » [19] C’est lui qui sonne la charge contre La Colline oubliée. à suivre Hend Sadi kabyles.net/mouloud-mammeri-ou-la-colline,10328.html
Posted on: Mon, 08 Jul 2013 01:35:06 +0000

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