NEWS: MAURITIUS Augmentation du coût de la vie – Le défi - TopicsExpress



          

NEWS: MAURITIUS Augmentation du coût de la vie – Le défi quotidien du petit peuple – Le ticket d’autobus a connu une majoration, lundi. Les usagers devront débourser deux roupies de plus pour leurs divers trajets à travers l’île. Outre cette augmentation, les prix de plusieurs produits de base ont connu une hausse considérable ces dernières années. Nos intervenants s’accordent à dire que la pauvreté restera un des défis de notre économie. Vêtements sales, maison délabrée, familles avec plusieurs enfants non scolarisés… Voilà une description stéréotypée de la pauvreté qui ne reflète pas forcément la vérité. D’après le Bureau des statistiques, une personne est considérée pauvre si, de par ses revenus et ses dépenses, elle se place sous le seuil de pauvreté. Marianne Frédéric, femme au foyer et mère de trois filles âgées de 6, 12 et 14 ans, peine à mener une vie paisible, faute d’argent. Son époux est le seul à faire bouillir la marmite, comme c’est le cas pour bon nombre de familles mauriciennes. Cette mère de famille a dû arrêter de travailler pour s’occuper de ses filles et de sa vieille mère. Les fins de mois sont toujours stressantes et dures, surtout avec le prêt contracté pour construire lamaison. « Il nous reste encore cinq ans pour le remboursement de ce prêt et la construction n’est pas encore achevée faute de moyens. D’ailleurs, le prix des matériaux ne cesse d’augmenter », explique-t-elle. À la fin du mois, Marianne ne sait pas à quel saint se vouer. « Pour ce mois-ci, nous n’avons pu payer l’eau et l’électricité. Nous avons aussi dû couper sur nos provisions mensuelles », lance-t-elle. Pour pouvoir joindre les deux bouts, elle fait de la couture, mais bien souvent ses clients ne règlent pas leurs factures. Cependant, elle peut compter sur sa mère retraitée qui vit chez elle. « Nous devons nous serrer la ceinture. Nous ne faisons pas de dépenses superficielles et nous ne pouvons pas faire des économies. Ce que je gagne avec la couture est utilisé pour la cuisine. Nous essayons de faire plaisir à nos enfants de temps en temps, elles sont petites et ne comprennent pas tous le temps, surtout la dernière. Le plus important c’est leur éducation. Elles grandissent et nous devons payer les leçons particulières », explique cette mère de famille. Pour Ashnee Beeharry, le manque d’argent n’a pas tardé à créer des problèmes dans son ménage. Cette enseignante de 27 ans dit qu’elle n’en peut plus de cette vie. Elle a épousé un officier de police il y a six ans et croyait qu’elle allait vivre le parfait amour avec son mari. Or, la réalité était tout autre. « Mes parents étaient contre cette union et j’ai dû contracter un emprunt pour mon mariage. Quant à mon mari, il avait pris un prêt à la banque pour la construction de notre maison. Entre-temps, on devait vivre avec ses parents, mais quelques semaines après le mariage, les problèmes ont surgi. Ainsi, j’ai dû prendre un deuxième prêt pour compléter ma maison. Après la naissance de ma fille, les problèmes d’argent ont commencé à ronger notre couple. Après que les prêts ont été déduits de nos salaires, nous n’avions plus aucun sous. Nous ne sortions plus. Pendant les jours de congé, mon mari devait faire un petit boulot à temps partiel et il n’avait pas une seule minute pour se reposer », relate-t-elle. La jeune femme explique qu’elle craque souvent, mais doit se montrer forte pour sa fille. « Chaque mois, nous vivons le même calvaire. À force de faire des sacrifices, je n’ai plus goût à la vie. Or, ma fille n’a que quatre ans et elle exige des choses que nous ne pouvons lui offrir. Pour ce qui de ma vie de couple, c’est la frustration depuis quelque temps », dit-elle. Lindsay Collen, de Lalit : « Le taux de chômage indiqué ne reflète pas la réalité » Lalit, parti politique de gauche qui milite pour la classe ouvrière, est d’avis que bon nombre de Mauriciens « sont affectés par le coût trop élevé de la vie ». Pour Lindsay Collen, les chiffres du gouvernement ne reflètent pas la réalité. « Selon les chiffres officiels, la moitié de la population touche moins de Rs 11 000 et c’est cette partie qui est en difficulté. Le taux de chômage indiqué ne reflète pas la réalité ni l’angoisse de la population. Car beaucoup de personnes ont des emplois précaires », lance cette dernière. Selon Lindsay Collen, le terme pauvreté « est désormais très utilisé car bon nombre de personnes sont sans emploi ». « Le chômage est aussi lié aux emplois précaires, car beaucoup font des petits boulots à faibles revenus lorsqu’ils en trouvent », explique-t-elle. Lindsay Collen ajoute qu’il a été constaté que ceux qui lancent des petites entreprises et emploient deux à quatre personnes font faillite en l’espace de quatre ans et que les gens sont endettés. « Une grande partie du salaire d’un travailleur est utilisée pour rembourser des prêts et pour acheter des choses essentielles, comme pour l’alimentation », affirme-t-elle. Pour Lindsay Collen, il y a « un manque de contrôle sur les prix ». Elle indique que, vu notre climat adéquat, la production alimentaire à grande échelle peut générer de l’emploi et aider le pays économiquement. « La production locale de haricots, de tomates, de manioc, de pistaches et autres produits alimentaires sans OGM peut contribuer à l’économie du pays et nous protéger de la crise extérieure. Nos produits peuvent aussi être exportés. Nous devons produire l’énergie à travers le soleil, cela peut créer des emplois et amortir le prix qu’on paie pour le pétrole. Pour que cela soit réalisable, il faut une bonne volonté politique », affirme-t-elle. Dr Pramode Jaddoo, économiste : « La montée des prix peut donner lieu à un effet domino » Une personne dont les revenus mensuels sont moins de Rs 3 821 est considérée pauvre. Toutefois, d’après l’économiste Pramode Jaddoo, compte tenu du coût élevé de la vie, les ménages qui ont un salaire entre Rs 6 000 à Rs 10 000 chaque mois peuvent être considérés comme pauvres. « Même si on annonce une baisse dans le taux d’inflation soit de 4,5 % à 3,6 %, son impact sur le pouvoir d’achat demeure inchangé. Il est connu que la montée des prix baisse le pouvoir d’achat. De ce fait, ceux considérés comme pauvres ont tendance à s’appauvrir davantage. Pis, la dépréciation de la roupie ne fait qu’envenimer la situation. Le coût de l’importation grimpe en flèche et ses effets sont de plus en plus visibles. Les produits et services de base, tels que l’essence, le gaz ménager et le coût du transport, ne cessent d’augmenter. En somme, le panier de la ménagère a connu une hausse considérable ces trois dernières années », souligne-t-il. L’économiste précise que la montée des prix peut donner lieu à un effet domino. « Le coût de production devenant plus cher, les prix des produits finis continueront de grimper. De plus, avec le prix du ticket d’autobus qui augmente le coût de la main-d’œuvre, cela pourrait résulter en une diminution des postes dans les entreprises. Le niveau de vie baisse considérablement. La plupart des gens doivent se concentrer sur l’essentiel en sacrifiant leur confort », précise le Dr Pramode Jaddoo. Saajidah Dauhoo, présidente de SOS Poverty : « Le salaire ne suffit pas pour boucler le mois » La présidente de SOS Poverty estime que le coût de la vie est très élevé à Maurice. Les gens au bas de l’échelle ont du mal à mener une vie paisible de nos jours. Ils sont tout le temps stressés à gagner plus d’argent pour pourvoir nourrir leur famille. « Le prix de nos aliments de base est très cher à Maurice. Souvent, le salaire ne suffit pas pour boucler le mois et il faut alors se débrouiller sans ces aliments. De plus, nous avons une population diabétique qui est censée consommer au moins cinq fruits et légumes au quotidien. Avons-nous tous les moyens de nous en procurer ? » se demande Saajidah Dauhoo. SOS Poverty vise à mettre plus d’accent sur l’éducation des enfants issus de familles pauvres. Selon la présidente, l’éducation est la clé de plusieurs problèmes sociaux. « Avec une population éduquée, bon nombre de fléaux, tels que la pauvreté, pourraient être éradiqués. C’est, certes, un processus long mais faisable. Nous avons mis à la disposition des familles pauvres plusieurs facilités. Les mères qui travaillent peuvent laisser leur nourrisson dans notre crèche alors que d’autres peuvent laisser leur enfant dans notre école maternelle. Nous leur offrons des repas chauds et nous n’imposons aucun frais fixe. Elles paient selon leurs moyens. Nous proposons un accompagnement scolaire trois fois par semaine. Cela favorise une socialisation encadrée après les heures de classe. De plus, les parents peuvent travailler un peu plus pour pouvoir joindre les deux bouts », explique-t-elle. Saajidah Dauhoo affirme que jusqu’ici tout se passe bien. L’ONG SOS Poverty met aussi l’accent sur le « women’s empowerment ». « Souvent, c’est la femme qui se retrouve coincée entre le travail et le ménage. Avec les divers programmes que nous proposons, les femmes peuvent développer leurs talents pour un épanouissement professionnel », dit-elle. Jayen Chellum, de l’ACIM : « Les gens s’appauvrissent drastiquement » Un point essentiel que fait ressortir Jayen Chellum est l’écart qui s’est creusé entre les couches sociales entre le rapport du Household Budget Survey de 2006/2007 et celui de 2012. « Le fossé entre les riches et les pauvres a augmenté », explique-t-il. Selon le porte-parole de l’ACIM, un comité de surveillance sur la marge des profits des entreprises doit être mis sur pied. « Avec le libéralisme économique que préconise le gouvernement, certaines compagnies font d’énormes profits. Il faudrait savoir comment. Les gens s’appauvrissent drastiquement et cela peut créer un débalancement dans la société », dit-il. ReEaz Chuttoo, de la CTSP : « Le panier de la ménagère a augmenté de Rs 475 » Chaque ménage a ses propres dépenses. La montée des prix fait que le pouvoir d’achat de la ménagère baisse considérablement. D’après l’inventaire des prix effectués par la Confédération des travailleurs du secteur privé (CTSP), le panier de la ménagère d’une famille modeste de quatre personnes indique une augmentation de Rs 475. Cet inventaire a été effectué dans une vingtaine de supermarchés pour la période d’avril à juillet. Selon la porte-parole de la CTSP, Reeaz Chuttoo, « ce panier ne répertorie que les prix des produits alimentaires. Pourtant, le gouvernement devrait prendre en considération la hausse des prix de l’électricité, de l’eau ainsi que du transport afin de compenser les travailleurs adéquatement. Les prix ne cessent de grimper depuis 2006 et la compensation salariale est tout simplement insuffisante. De plus, le ministre du Travail ne prend pas en considération le concept de rattrapage pour les travailleurs du secteur privé contrairement aux fonctionnaires », souligne le syndicaliste. Micro-trottoir Ce qu’ils en pensent ? Patricia Antoinette, vendeuse, habitant Grand-Baie : « La vie est trop chère et nous n’arrivons pas à joindre les deux bouts. Après avoir fait les courses et payer les factures, il ne reste plus rien. De plus, avec tout ce qu’il faut débourser, il est difficile d’économiser. » Jean-Marie Agathe, superviseur de réception, habitant Le-Hochet : « Je vis toujours chez mes parents et je ne sais pas comment tenir un budget familial. Avec ces hausses de prix, j’ai des appréhensions quant à l’éventualité de fonder une famille ou de m’assumer tout seul. Pour pouvoir vivre aisément, il faut impé¬rativement avoir deux salaires dans un couple. » Krishna Seebaluck, 25 ans, étudiant, habitant Pointe-Aux-Piments : « Les gens se plaignent beaucoup, mais leur train de vie reste le même. La classe ouvrière accepte son sort. J’ai fait des études dans deux pays et, selon moi, à Maurice, le coût de la vie n’est pas aussi eélevé qu’à l’étranger. Si c’était aussi cher que cela, les gens cesseraient de s’amuser autant. Cela dépend aussi du montant de notre salaire mensuel. » Padminee Sockalingum, 25 ans, Office Clerk : « La vie est difficile. Je suis mère célibataire et j’ai un enfant qui est scolarisé. À la fin du mois, je suis toujours endettée. Avec un seul salaire pour toutes ces dépenses, cela devient de plus en plus difficile. » -
Posted on: Tue, 13 Aug 2013 11:30:30 +0000

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