Najib Redouane, Clandestins dans le texte maghrébin de langue - TopicsExpress



          

Najib Redouane, Clandestins dans le texte maghrébin de langue française, Editions de L`Harmattan, 2008, 260 p. Paru aux en 2008, sous la direction de NAJIB REDOUANE, le recueil Clandestins dans le texte maghrébin de langue française englobe seize articles des analystes du monde entier réunis autour d`un grave problème du monde contemporain - en particulier du Maghreb et de l’espace subsaharien -, celui de l`immigration clandestine vers un «Eldorado européen». Le lecteur accède à l`étude multidimensionnelle du drame des immigrants clandestins dès l’introduction signée par Najib Redouane, Clandestins: Voyages au bout du désespoir et de la mort. Ce texte liminaire est divisé en deux parties: premièrement, l`auteur traite ce sujet délicat du point de vue politique et économique, puis il se penche sur la culture et la littérature, sur les façons dont les écrivains ont traité ce thème si sensible du monde contemporain. Le mot «harraga» est au centre de cette recherche et Najib Redouane l`explique dans l`article qui ouvre la série: «néologisme, paru vers les années `90, désigne donc tous ceux qui tentent de partir en Europe, sans papiers, brûlant tout ce qui les rattache à leur passé.» (p. 18) Ce phénomène dramatique tient les premières pages des journaux et un grand nombre d`écrivains ont essayé de peindre la situation triste des «harragas», la peur, les horreurs et l`humiliation qui ont bouleversé «moralement, mentalement et physiquement des êtres désespérés», en redonnant «une dimension humaine à ce drame au travers de la littérature» (Youssouf Amine Elalamy ). Les ouvrages que Najib Redouane analysés dans la deuxième partie de son article appartiennent à Zakya Daoud – Gibraltar, improbable frontière de Columb aux clandestins et Youssef Jebri – Le Manuscrit d`Hicham et Réflexions clandestiness. Les raisons pour lesquelles ces deux écrivains ont préféré de devenir «des sujets pensants» sont, selon Najib Redouane, l`urgence d`agir, le désespoir des êtres qui hasardent leur vie triste et indigne à la recherche d`une vie en Europe, «nouvelle terre de toutes les promesses.» Christa Stevens (Pays-Bas) fait Un appel à la dignité: Le Détroit ou Le voyage des vaincus de Nasser – Eddine Bakkaï Lahbil, un article divisé en trois parties: Introduction, Roman ou pamphlet? et D`un ruisseau à l`autre, dédié à un auteur marocain qui a reçu pour son roman des critiques virulentes. Christa Stevens parle de la construction du roman sur la dichotomie pureté / impureté que l`auteur applique sur plusieurs thématiques, mais elle présente aussi la trame du roman vu par les yeux de l`héroïne, une jeune fille, L`Batoul. Beate Burtscher-Bechter compare l`Europe à une «terre des cannibales», mais aussi à une «terre promise», et la rive européenne de la Méditerranée est identique avec une «rive maudite» dans l`article Rive interdite, rêve inassouvi, renaissance littéraire: Frontières infranchissables et mondes clos dans Cannibales de Mahi Binebine. Dans la dernière partie de cet article, intitulée Le texte littéraire: lieu de renaissance et de résistance Beate Burtscher-Bechter compare les futurs clandestins à des «conquistadores», terme qui nous fait penser en même temps aux navigateurs espagnols et à l`Espagne qui doit être «conquise» pour mettre le pied sur la «terre promise». Coordinnateur de ce recueil d`articles, Najib Redouane examine un auteur «authentique», d`origine tunisienne, mais installé en Suisse, un auteur qui s`est beaucoup documenté sur les dangers auxquels sont exposés les immigrants. L`article Clandestins en Méditerranée de Fawzi Mellah: dans la peau d`un clandestin présente un homme qui «s`est glissé dans la peau d`un de ces hommes pour raconter ce périple dangereux et apporter un témoignage direct, véridique». L’universitaire autrichienne Birgit Mertz-Baumgartner renouvelle le problème des frontières, qu`elles soient culturelles, sociales ou géographiques, dans l`article Youssouf Amine Elalamy: constructions et transgressions de frontières dans Les Clandestins. Elle insiste sur le détroit de Gibraltar et montre que même si l`Espagne et «voisine» du Maroc, on construit des frontières là où elles n`existent pas. Annie Duvergnas-Dieumegard (France) se penche sur Salim Jay et analyse son œuvre dans l`article Tu ne traverseras pas le détroit (de Salim Jay) ou la rage comme moteur d`écriture. Dans son article Un aller sans retour: Les «Harragas» ou Les barques de la Mort de Mohamed Terriah, l’universitaire canadienne Yvette Bénayoun-Szmidt observe l`emploi de nouveaux termes comme «bahbar» qui désigne «un navigateur qui doit avoir une connaissance profonde de la mer et de ses dangers pour pouvoir assurer la réussit des opérations» dans ce contexte de la migration vers des espaces considérés plus fortunés. Lamia Bereksi (France) s’occupe dans l`article La fracture culturelle source de l`écriture clandestine, du profil d`un auteur, Youssef M.D., qui se situe au carrefour de deux cultures: mère française et père marocain et qui «…ne peut que véhiculer un langage à la recherche de ses points de repère». Yamina Mokaddem (France) nous parle d`un roman écrit en arabe et en français dans «Du roman au conte allégorique. Analyse de Hmidou El Emigrante de Moulay Hachem El Amrani.»Yamina Mokaddem classe ce roman dans la catégorie des contes (conte allégorique) et explique son choix: «les lieux et les personnages de son récit sont imaginaires», «l`avant propos est moralisateur» et les personnages dégringolent dans la parodie et la caricature. Robert Elbaz d`Israël analyse du point de vue titrologique le roman d’Yossef Amghar dans Il était parti dans la nuit (de Youssef Amghar) ou l`avortement du roman. Le critique insiste sur le style narratologique, la forme du récit et les éléments lexicaux employés par l`écrivain. Continuant la série des articles sur les traversées du détroit de Gibraltar et les victimes clandestines, Christina Boidard-Boisson trouve dans Le Néant bleu de Rachid El Hamri un «roman novateur» qui plonge le lecteur au milieu de «nombreuses pages de prose poétique.» L’universitaire roumaine Elena-Brânduşa Steiciuc fait dans l`article Des clandestins marchant «comme des morts»: Harraga de Boualem Sansal une analyse minutieuse du roman à partir des réflexions sur la construction narrative jusqu`à une observation du drame des personnages en particulier et de ce problème général représenté par la migration clandestine. Le roman a, comme l’affirme Elena Brânduşa Steiciuc «des pages à ne pas rater.» Latifa Maâroufi de Grèce présente dans La Géographie du danger: le sens de la révolte sous toutes les latitudes le roman de Hamid Skif. Comme but de son article Latifa Maâroufi se propose l`analyse de «certains aspects spatio-temporels», de Tanger et des Pyrénées, les deux points géographiques représentant pour le protagoniste du roman «danger et peur». Le roman est classé parmi les œuvres qui parlent d`une «humanité exilée où l`espace est intensément ressenti, vécu et subi.» Le roman de El Driss est analysé par Abdallah Lassingui de Maroc dans l`article Le sujet migrant: écriture de soi et altérité dans Vivre à l`arrache de El Driss. On est face à face avec un roman plein d`humour où l`oralité attire l`attention du lecteur. Le Cimetière des illusions d`Ahmed Bouchikhi. Récit tragique ou anti-roman? est la question que Mohamed Ouled Alla de Maroc se pose. Il analyse la structure du roman insistant sur le temps et l`espace employés dans chaque chapitre, en principal sur La Méditerranée vue comme «un décor», un «lieu tragique». Le critique considère que ce roman ne peut pas être raconté, «la trame narrative» étant «sacrifiée au réalisme et à la tentation du mimèsis d`action.» Mechtild Gilzmer de l`Allemagne fait dans l`article Entre réalité et fiction. Le roman Partir de Tahar Ben Jalloun une analyse méticuleuse du personnage principal du roman, Azel, un alter-ego de Tahar Ben Jalloun, mis face-à-face avec un autre personnage «au comportement opposé»: Flaubert du Cameroun. Le roman, considère Machtild Gilzmer, est d`une grande complexité, ancré dans la réalité. Recueil dédié en totalité à une réalité contemporaine douloureuse, celle des immigrants clandestins, les «harragas», Clandestins dans le texte maghrébin de langue française représente une approche très intéressante et complexe de ce sujet, qui n’intéresse pas seulement les pays concernés, mais la planète entière. Briana BELCIUG
Posted on: Fri, 01 Nov 2013 14:28:34 +0000

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