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PLEURS SUR LA JEUNE REINE SARMATE (français) « Est sûrement et vraiment sublime ce qui plaît toujours à tous » Longin (213 – vers 273), Traité du sublime I. Tu n’es plus, ma tendre fleur des steppes printanières ! Tu n’es plus, ma lumière souveraine, lumière de mon âme, Génie de mes mots, splendeur de mes jours, Saveur intime de mes prières ! Tu n’es plus, ma colombe de miséricorde, Sourire de mon sang, Silencieuse charité de mes gestes ! Toi, ma douce lumière née de la douce lumière, Suave lumière sans déclin ! II. Dieux des plaines perpétuelles, Accordez à ma mémoire haletante Le don suprême de graver La face fragile de ma princesse Dans les palpitants replis de mon cœur ! N’était-elle qu’un sang bouillonnant Qui ne battait que pour me rendre sublime, Qu’une mélodie qui ne résonnait dans la nuit Que pour faire jaillir la clarté matinale Dans mes pensées de grand guerrier ! Une parole attentive Dans la nuit infinie de l’indifférence ? Vibrante lumière d’un regard Qui écoute les frissons des âmes, Feu inextinguible d’un foyer de joie ? Toi, faste de l’éternité dans l’éternité ! III. Dors à présent, ma calme, ma patiente lumière ! Dors encore et toujours dans la richesse de tes parures ! Que soient immortelles comme ton souvenir Les bractées d’or qui ornent ta tunique de velours vert Et ton voile de soie rose ondoyant Sous la tendresse de la brise ! Tu aimais, tu chérissais, Ma princesse de jacinthes sauvages, Ces bractées en forme d’oiseaux Se jouant dans l’onde bleu gris de notre ciel, De béliers alertes de nos plaines ruisselantes Aux cornes qui imitent la marche joyeuse du soleil Et le croissant souriant de la lune ! Le bélier divin qui montre à notre peuple La route vers l’opulence ! Tu enroulais ces chaînes d’or massif Au tressage habile et complexe Autour de tes gracieux poignets ! Tu aimais, ma brise vespérale, Le miroir aux astres, décoré D’almandins grenat, de néphrite verte, Les phiales recouvertes d’améthystes, De quartz et d’agates mousseuses. Mais au-delà de tout tu chérissais, Ma princesse de primevères, Cet étui de tille tressé, enrichi D’élégants motifs quadrifoliés Où j’ai déposé, comme le veut La coutume de nos ancêtres, Tes dents de lait. IV. Tu caressais de tes doigts gracieux comme des gazelles Les perles ovales, les perles côtelées en or et en argent, Biconiques ou bien en forme d’exquis petits tonnelets ! Tu mettais souvent contre tes lèvres aériennes Les mille bijoux ornés de grenats, de chrysoprases, De cristal de roche, de spathe d’Atlas, De pyrite et de sardoine ! Ton cœur devinait la vie secrète qui coulait Dans le cœur des calcédoines et des pierres ordinaires ! Tu écoutais de tes oreilles délicieusement délicates La profonde musique de ces fleuves de pierres fastueuses : Emeraude, topaze, cornaline ! VI. Pour toi ces colliers polychromes, Ces pendentifs filigranés de tempes en anneaux, Ces bracelets semés de gemmes à l’ouvrage merveilleux, Ces amulettes en agate, ces appliques estampées en or, Ces boucles d’oreilles en pendeloques, Ces fibules-broches où triomphe l’image De la bonne déesse Niké ! Pour toi, mon doux myosotis, Ce voile tissé d’or, ce torque aux trois tiges Enroulées en trois tours Et orné de perles de verre bleu foncé ocellées, Ces plaques de ceinture en or incrustée de corail Et de verre bleu et vert, Ces scarabées avec leurs hiéroglyphes sur l’envers, Ces ornements en forme de grenouilles, De poings serrés autour du pouce, A face d’Horus enfant, Ces figurines de Ptah-patèque, Le dieu nain du Nil ! VII. Pour toi, ma frêle tige de nos steppes, Ces flacons à parfum, œuvre parfaite Des maîtres millénaires de Chios, Ces brûle-parfums cylindriques de Milet, Ces grandes clochettes en bronze Avec des battants en fer sonore, Don affectueux de la douce Carie ! Pour toi, mon aube lumineuse, Ces plats en or massif embellis De mille milliers de pierres vivantes, Ces coupes scintillantes de toutes les couleurs Avec leurs fines inclusions d’or, Aux alvéoles innombrables serties d’incrustations De verre lilas et de calcédoine bleu pâle, Pour toi, ma princesse immortelle, Les skyphos en verre transparent, Les canthares de libation, Les bassins munis d’échancrures élégantes, Les cruches de Chypre, les passoires de Sparte, Les patères d’Halicarnasse destinée au culte, Rehaussés de médaillons où figurent des échassiers Tenant un serpent dans leur bec, Les puisoirs décorés de cerfs sauvages et de loups, Les rhytons de Cnide, Cette splendide pélikè à figures rouges, Les strigiles et les vases de toilette ! VIII. C’est moi, mon alouette, c’est moi Qui ai tressé de fils d’or pour tes frêles petits pieds, Tes pieds blancs et roses, Deux tourterelles dans leur nid amoureux, Ces chaussures où j’ai mis mille ornements raffinés Et toute l’infinie, toute l’immortelle Affection de mon cœur ! Adieu, adieu, mon amour printanier ! Que les vents voyageurs Veillent sur ton corps endormi, Vase fragile où germe la vie à venir ! Qu’ils t’apportent, chaque nuit, Mes infatigables mots d’amour. Mon âme sera généreuse, Ô ma princesse des marguerites blanches des steppes, Comme les matins scintillant de rosée, Comme la douce lumière du jour Qui se donne avec amour à tous. Athanase Vantchev de Thracy
Posted on: Tue, 15 Oct 2013 21:07:06 +0000

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