Par Imam Abû Hâmid Ghazali LE PROCES DU CINQ (5) SEPTEMBRE - TopicsExpress



          

Par Imam Abû Hâmid Ghazali LE PROCES DU CINQ (5) SEPTEMBRE 1895 Les marabouts condamnés à servir de repas aux fauves du jardin de Sor, furent déchiquetés par les lions affamés. Mais à la grande surprise des gardiens Ahmadou Bamba fut épargné. Le lion qui fut conduit dans la cellule du marabout se tenait pieusement devant lui et empêchait qui que ce soit d’entrée dans la pièce. On alla chercher le gouverneur qui ne pouvait que constater les faits. Il fut convenu de donner des assurances à Cheikh Ahmadou Bamba pour qu’il accepte de sortir de la pièce et suivre le gouverneur dans résidence où il sera logé en attendant de statuer sur son cas. L’interprète Bou El Mogdad fut sollicité, comme garant et se chargea d’informer le marabout, qui accepta la proposition. Toute la ville de Saint Louis fut au courant de l’incroyable événement et la population dans le bonheur d’avoir appris le salut du Cheikh Ahmadou Bamba, oublia le sort malheureux des trois marabouts de coki. Les notables et les ulémas de saint Louis, se réunissaient chaque jour pour essayer de trouver une solution satisfaisante entre le marabout et le gouverneur, qui avait convoqué le conseil prié pour le jeudi cinq (5) septembre 1895 à neuf (9) heures du matin. CONSEIL PRIVE Président, M. Mouttet: gouverneur par intérim. De Kersaint-Gilly : commissaire des colonies, chef du service administratif. Boyer: lieutenant-colonel, commandant supérieur des troupes par intérim. Jurquet: directeur de l’intérieur par intérim Cnapelynck: procureur général par intérim Clarac: médecin principal, chef du service de santé, par intérim. Nogaret: lieutenant de vaisseau délégué du commandant de la marine. J. Berziat: conseiller privé titulaire. Saimbain: Conseiller privé suppléant. M. Superville: secrétaire -archiviste par intérim. Après que la séance fut levée à neuf (9) heures, les débats agitèrent l’assemblée. Le rapport du directeur des affaires politiques M. Merlin fut lu à haute voix: « Quand à Ahmadou Bamba, lui-même, il avait aussitôt après la disparition de Lat-Dior, jeté son dévolu sur le Baol. Cette province était alors commandée par Thieyacyne Fall, Tiédo brutal et ivrogne dot l’autorité n’était plus soutenue que par quelques favoris qui profitaient de ses vices pour razzier constamment la population. Ahmadou Bamba pouvait donc espérer prendre un jour en main la direction de la partie musulmane de la population , déposer Thiéyacine devenu insupportable et lui succéder où si la chose n’était pas possible, placer du moins à la tête du Baol, un chef acquis à ses idées et ses intérêts. Tanor Cogna par exemple. Aussi, le marabout décida t-il d’aller s’établir non loin de Ngabou où résidait l’assassin du Lieutenant Minet. Il se rendit dans la province de Lah aux environs de Mbacké où il fonda un grand village appelé TOUBA. L’endroit était bien choisi, à l’extrême est du Baol, sur la frontière du Djoloff en dehors de toute voie suivie. Sur les confins du Ferlo, à distance égale du Toro, du Rip et de la Gambie. Le Marabout pouvait rapidement se porter sur les lieux où il aurait appeler tout mouvement politique où religieux de même en cas d’alerte la fuite lui était possible à travers les plaines et les forets du Ferlo, soit vers la Haute Gambie et le Fouta Djallon soit vers le Rip et Saint Marie de Bathurest où il aurait retrouver ennemi Saer Maty avec lequel il entretenait d’ailleurs des relations suivies. C’est lui si mes informations sont exactes qui servit d’intermédiaire entre le marabout du Rip et Tanot Cogna quand celui-ci devint par une étrange fortune, Teigne du Baol. Aussi, pendant les huit ans qu’Ahmadou Bamba passa à Touba l’appui de Tanor ne lui fit t-il pas défaut. Grace à ces circonstances, son influence grandit singulièrement et son village devint le rendez vous d’un nombre considérables de disciples, de pèlerins qui tous ne manquaient pas d’apporter au marabout vénéré d’importants cadeaux. ‘’A cet époque, il fut déjà l’objet de plainte de la part du Bour Ndiambour dont la province était troublé par ses Talibés.’’ ‘’ toute personne ayant l’expérience du pays et des agissements des prêcheurs de la guerre sainte, acquérra la conviction profonde qu’Ahmadou Bamba sans paraître lui-même avec une habileté très certaine préparait quelque coup de main pour un temps qui n’est pas éloigné pour la saison sèche sans doute. D’ailleurs depuis qu’Ahmadou Bamba nous est connu, il n’a pas en d’autres façon de procéder que les Maba , les Ahmadou Cheikhou, les Mamadou Lamine et les Samba Diama.’’ ‘’ l’exposé de la situation que fait dans son rapport M. l’Administrateur principal Leclerc, les inquiétudes et les plaintes des chefs avoisinants la région habitée par Cheikh Ahmadou Bamba, les agissements de ses talibés, le passé même du Marabout montrent clairement que nous avons affaire en lui à un homme fort intelligent, très avisé, habile à ne pas se compromettre et dont l’esprit d’hostilité, les projets de conquête, les rêves d’ambition sont certains et poursuivis avec une obstination qui, si elle dénote un esprit de beaucoup supérieur à ceux de ses congénères, n’en est que plus dangereuse à notre influence. Aussi est-il de toute nécessité, Monsieur le gouverneur pour ramener le calme dans le Ndiambour, le Djoloff et l’est du baol, pour ne pas mériter la même reproche de ‘’Tolérance excessive ‘’que prononça Faidherbe au sujet de notre attitude à l’égard de Mamadou Lamine en 1886, d’enlever Ahmadou Bamba non seulement à la région où son action se faisait le plus immédiatement sentir, mais au Sénégal même et de l’interner au moins pour quelques années dans un pays éloigné tel que le Gabon. Le Cheikh Ahmadou Bamba qui n’avait pas assisté au débat, fut introduit dans la salle du conseil. Il tenait son tapis de prière et un de ses disciples s’avança pour asperger la terre avec de l’eau qu’il avait dans une bouilloire. Le Cheikh déroula son tapis et fit prière de ‘’deux Rakaas ‘’. L’assemblée regardait cet homme habillé de blanc, d’une taille de 1m55, qui semblait à mille lieux de leur préoccupation. Quand, le gouverneur signifia l’acte d’accusation, le Cheikh se contenta de demander la comparution des témoins à charge. Les membres du conseil se divisèrent en trois groupes, les uns avaient pris fait et cause pour le directeur des affaires politiques, les autres ne croyaient pas un mot du rapport et dénonçaient un tel acharnement sur cet homme qui semblait appartenir à un autre univers. Les troisièmes avouaient ne rien comprendre dans cette affaire. On le fit sortir le Cheikh pour délibérer, ‘’Le gouverneur sur l’avis unanime du conseil, adopte les conclusions du rapport de monsieur le directeur des affaires politiques. ‘’ Et déclara la levée de la séance à 11heures 30minutes. D’après le procès- verbal (Archives du Sénégal 3E/55) Dans un courrier du 16 septembre 1895, le gouverneur du Sénégal, annonce au ministre des colonies la décision du conseil privé. ‘’Le marabout Ahmadou Bamba sera dirigé sur Libreville par le Paquebot passant à Dakar le 21 septembre. Une pension de cinquante francs (50frs) lui sera servie pendant la durée de son internement. ‘’ Le 18 septembre, une lettre du gouverneur du Sénégal au commissaire général du gouvernement au Congo Français- Libreville-, révèle les intentions de l’autorité coloniale qui veillaient au grain sur l’ordre dans les colonies. ‘’ monsieur le commissaire et cher collègue :j’ai l’honneur de vous faire connaître qu’une décision du 05 septembre 1895 , prise en conseil privé a prononcé l’internement au Congo français du marabout Ahmadou Bamba dont les agissements et ceux de ses talibés menaçaient de troubler la, tranquillité du Bas-Sénégal. Cet indigène doit être interné dans les mêmes conditions que ceux de ses compatriotes qui l’ont précédés au Congo français. Vous voudrez bien lui faire assurer une allocation mensuelle de cinquante francs pour subvenir à se besoins. Signé L. Mouttet...
Posted on: Thu, 05 Sep 2013 15:54:29 +0000

Trending Topics



Recently Viewed Topics




© 2015