Pendant longtemps, chaque sortie en France dun film sur la guerre - TopicsExpress



          

Pendant longtemps, chaque sortie en France dun film sur la guerre dAlgérie était loccasion dun cliché journalistique obsédant, faisant retour de manière obsédante, perpétuelle : la non-existence de films de fiction traitant de cette séquence. Pourtant, pendant la période de la guerre elle-même, des cinéastes, et pas nimporte lesquels, ont essayé de fabriquer des films sur la guerre dindépendance algérienne. Citons Alain Resnais, Alain Cavalier, Jacques Rozier et Jean-Luc Godard (Le Petit Soldat). Après les « événements » de mai juin 1968, dautres cinéastes se sont lancés à lassaut de ce morceau dhistoire très proche (cinq ans seulement séparent la fin de la guerre dAlgérie de 1968...) en essayant de montrer quelque chose. On citera René Vautier (Avoir 20 ans dons les Aurès), Yves Boisset (RAS), ou Laurent Heynemann (Le Question, une adaptation du célèbre livre dHenri Alleg). Même Claude Berri sest essayé à cette histoire avec Le Pistonné. Les années 80 et 90 sont également loccasion dune tentative de déploiement mémoriel par limage avec les films de Philippe Garel, Pierre Schoendorffer, Alexandre Arcady, Gérard Mordillat, Gilles Béhat, Serge Moati et Pierre Delerive. Emerge à ce moment-là de façon remarquable un cinéma de femmes sur cette guerre avec les films de Brigitte Rouen (Outre-mer), de Dominique Cabréra (De lautre côté de la mer) et de Rachida Krim (Sous les pieds des femmes).Histoire du cinema algérien: Du cinéma colonial au ciméma de lindépendance par Benjamin Stora . De son côté, le cinéma algérien savance vers plus de complexité. Dans Les Sacrifiés, dOkacha Touita, (1982), on voit la condition misérable des immigrés algériens en France, et, surtout, les terribles règlements de compte entre militants du FLN et du MNA. Avec Les Folles années du twist, de Mahmoud Zemmouri, (1985), le spectateur découvre linsou­ciance dune jeunesse algérienne dans la fin de guerre (le film se passe au moment de la signature des accords dEvian de mars 1962), et les combattants de la « vingt-cinquième heure » qui sapprêtent à rejoindre le camp des vainqueurs. Ces deux films, dans des registres très différents, adoptent un comportement de rupture avec lunanimisme nationaliste qui régnait jusque là. Ils annoncent, sur le mode tragique ou humoristique, les « événements » doctobre 1988, qui voient la jeunesse algérienne ébranler le système du parti unique. Ahmed Rachedi, dans Cétait la guerre en 1993, nhésitera plus à évoquer la violence interne du mouvement nationaliste (liquidations physiques dans les maquis). Mais la terrible tragédie qui secoue lAlgérie dans ces années 1990 va interrompre le tournage de films en Algérie. Le cinéma français, à ce moment, se « réveille » sur des questions touchant à lhistoire tragique vécue par les Algériens, avec deux films : Nuit noire, dAlain Tasma, (2005) qui montre les massacres dimmigrés à Paris dans la nuit du 17 octobre 1961 ; et La Trahison, de Philippe Faucon, (2006), plongée dans les profondeurs de lAlgérie rurale. Avec la vie quotidienne de soldats sous lautorité de jeunes officiers français, apparaissent des villageois algériens déplacés brutalement, éclatent les accrochages et les « interrogatoires », et circulent les sentiments de quatre « Français de souche nord-africaine », selon lexpression de lépoque. Ce beau film montre des soldats trop jeunes confrontés à choix difficiles, tragiques.
Posted on: Wed, 30 Oct 2013 21:11:57 +0000

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