Prises d’otages : que faire ? billets-dollars-valise Le 1 - TopicsExpress



          

Prises d’otages : que faire ? billets-dollars-valise Le 1 novembre 2013 Dominique Jamet Journaliste et écrivain. Il a présidé la Bibliothèque de France et a publié plus dune vingtaine de romans et dessais. Lorsqu’en octobre 1978 les Brigades rouges enlevèrent Aldo Moro, personnalité de premier plan du paysage politique italien, le gouvernement de l’époque refusa de céder aux revendication des ravisseurs. Admirable fermeté que l’infortuné paya de sa vie, mais qui s’expliquait moins par une vertu romaine héritée de l’antique que par de basses raisons politiciennes. Les « amis » démocrates-chrétiens de Moro n’étaient pas mécontents du hasard opportun qui les débarrassait de celui-ci : ils désapprouvaient le grand projet de l’ancien et futur président du Conseil qui s’apprêtait à associer le Parti communiste au gouvernement. L’attitude des gouvernements anglais et nord-américain est plus pure et plus simple, avec des contreparties – faut-il dire une rançon ? – malheureusement identiques. On ne négocie pas avec les preneurs d’otages. En conséquence de quoi le journaliste Daniel Pearl finit décapité par ses geôliers djihadistes au Pakistan en 2002. Le Britannique Edwin Dyer connut le même sort pour les mêmes raisons en 2009 au Sahel. On sait que la France professe les mêmes principes, mais nul ne saurait ignorer qu’elle ne les respecte pas. Officiellement, « la France » ne paie pas de rançon. Laurent Fabius le confirmait encore l’autre jour en jouant sur les mots : l’argent public n’est pour rien dans la libération de nos quatre compatriotes enlevés au Niger. Serment de Polichinelle. Traduit de la langue de bois en langue de vérité, ce noble discours signifie seulement que l’on a utilisé des fonds secrets, que l’on a autorisé, voire incité AREVA à ouvrir son carnet de chèques ou que l’on a recouru à quelque autre subterfuge. C’est à ce prix que nos quatre compatriotes sont vivants, et libres désormais après plus de trois ans de captivité. Faut-il se féliciter que l’humanité prévale dans ce domaine sur la raison d’État ? C’est parce que les groupes de terroristes professionnels ou amateurs qui sévissent en Afrique et au Proche-Orient savent la distance qui sépare notre posture officielle de la réalité que le Français fait prime sur le marché aux otages, que notre pays est celui qui compte le plus grand nombre de captifs de ce genre, et que le tarif de leur remise en liberté est fixé à cinq millions d’euros par tête. Combien d’armes lourdes et légères, combien de lance-roquettes, de Kalachnikov, d’explosifs AQMI ou le MUJAO pourront-ils acquérir avec les vingt millions d’euros qu’ils ont touchés ? Combien de volontaires, de mercenaires et de complices pourront-ils entretenir et salarier avec ce pactole ? De combien de vies innocentes sera payé ce que certains appelleront humanité, d’autres faiblesse, d’autres sottise ? Il y a des problèmes qui ne débouchent apparemment sur aucune solution satisfaisante. La prise d’otages est de ceux-là, comme il y a plus de deux mille ans le nœud gordien, avant qu’Alexandre le tranchât. Pour en finir avec les kidnappings, peut-être conviendrait-il de s’intéresser un peu moins aux kidnappés et beaucoup plus aux kidnappeurs. SV
Posted on: Sat, 02 Nov 2013 07:39:15 +0000

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