Pétrole béninois : Démagogie ou réalité ? Des anciens - TopicsExpress



          

Pétrole béninois : Démagogie ou réalité ? Des anciens ministres de lEnergie et des Mines parlent Sacca Lafia : «Le pétrole nest pas à exploiter pour un ou deux ans» Le Matinal : Quelles sont vos impressions par rapport à la découverte du pétrole au Bénin? Sacca Lafia : Je voudrais dire que ce n’est pas une découverte. Le pétrole existe dans notre pays. Il fut des années où on a en même exploité. Donc, ce n’est pas quelque chose de nouveau. Ce que Sapetro a trouvé se trouve dans des réservoirs. Le pétrole se trouve dans des cavernes à l’intérieur des roches poreuses où on peut avoir soit du pétrole soit de l’eau. Cette fois-ci, nous sommes tombés sur un réservoir où il y a du pétrole. C’est depuis que je suis ministre que cette société travaille. Elle y était même avant mon arrivée au ministère. Avec moi, les travaux ont progressé. Ce n’est qu’une continuation de ce qui a commencé avant moi. Aujourd’hui, ce n’est que la confirmation des indices qu’ils y avaient là, et de ce qui existait. Parce que c’est à peu près dans la même zone que les Norvégiens avaient trouvé des réservoirs porteurs. Mon impression est donc très bonne surtout s’ils trouvent des quantités qui sont exploitables. Il faut qu’on ait des quantités exploitables parce que c’est de gros investissements qu’on fait avant de trouver le pétrole. Et après, il faut trouver les moyens de faire sortir ce pétrole et de le mettre sur le marché. Il faut donc que la quantité soit suffisante pour justifier les investissements. Donc, s’ils sont venus à la télévision le dire ouvertement, c’est qu’ils sont tombés sur des réservoirs. Donc ce n’est pas de l’utopie Non. Bon, je leur fais confiance parce que c’est eux qui sont les techniciens. Et s’ils le disent, on peut les croire. Ça fait plus de 8 ans qu’ils travaillent dans la zone. Ils ont dû réunir toutes les techniques qu’il faut pour arriver à ces résultats. Donc, on ne dira pas qu’en votre temps, vous n’avez pas travaillé pour qu’on ait le pétrole au Bénin. Non. Ce n’est pas une question du travail du ministre. C’est au-delà du ministre. Le ministre donne des orientations, donne des facilités pour signer des contrats afin de permettre l’arrivée des machines. Et ceux qui travaillent cherchent des relations avec d’autres personnes, font des prêts dans des banques, s’associent à d’autres compagnies qui ont plus de moyens et ils se partagent le revenu avec le pays propriétaire du gisement. Quels conseils vous avez en tant qu’ancien ministre, en tant qu’acteur politique à donner au gouvernement et aux sociétés qui vont exploiter ce pétrole pour l’intérêt général ? Je pense que c’est une aubaine pour notre peuple. Et je souhaite que ce soit une aubaine favorable. Que la découverte du pétrole ne soit pas une occasion de divisions. Ensuite, que les dirigeants qui seraient là au moment de l’exploitation intensive, puissent partager ces revenus pour faire sortir notre pays du sous-développement. Mon idée, c’est de faire comme d’autres pays. Le pétrole n’est pas la propriété privée des dirigeants. Je souhaite qu’on puisse faire une grande conférence et déterminer par pourcentage comment on va utiliser les revenus. Et que cela soit une entente entre les dirigeants du moment et les dirigeants futurs. C’est-à-dire que ceux qui seront au pouvoir et ceux qui seront dans l’opposition. Le cadre d’utilisation des ressources doit être tracé et quelque soit celui qui vient, on doit pouvoir respecter ce cadre. C’est un bien commun. Et c’est un bien qui n’est pas renouvelable. Une fois extrait, c’est fini. Il y a des conséquences aussi sur l’écologie. Des problèmes de sécurité vont aussi se poser parce qu’il y aura un afflux d’étrangers de bonne moralité comme de mauvaise moralité. Le pouvoir d’achat des Béninois va peut-être augmenter et cela créera aussi d’insécurité. Et il faut donc que ces ressources puissent servir à juguler tous ces problèmes. Vous n’êtes donc pas d’avis de ceux-là qui pensent que c’est une occasion pour l’actuel Chef de l’Etat de s’éterniser au pouvoir. Moi, je ne raisonne pas comme cela. Le pétrole n’est pas à exploiter pour un ou deux ans. C’est peut-être pour plusieurs décennies. Peut-être que la découverte qui est faite n’est qu’une étape. Le fait que ceux-là aient confirmé que cela existe, cela rassure les autres compagnies à augmenter leurs investissements et à multiplier les capacités de recherche. C’est une bonne annonce qui attire bien d’autres et qui peut-être feront de notre pays, un pays particulièrement grand producteur. Propos recueillis par Jacques Boco Jocelyn Dégbey : «Il ne faut pas encore crier victoire… » Jocelyn Dégbey était ministre des Mines, de l’énergie et de l’eau dans le premier gouvernement du Président Yayi Boni au lendemain de son élection à la magistrature suprême en 2006. Dans l’entretien à nous accordé, il s’est prononcé sur la découverte annoncée du pétrole à Sèmè-Podji par le gouvernement. Comme un Saint Thomas, il entend voir l’effectivité de la découverte avant d’y croire. Lire son interview. Le Pouvoir en place annonce à grands renforts médiatiques avoir découvert du pétrole à Sèmè-Podji. En tant qu’ancien ministre des Mines du tout premier gouvernement du Président Yayi Boni, quelles sont vos impressions ? Je serai très heureux si cette découverte était une réalité. Le pétrole est une très bonne chose, parce qu’il apporte beaucoup de devises dans le pays et d’autres choses. Mes impressions sont très bonnes si c’est une réalité. Si c’est comme ça le pétrole que nous avons cherché pendant longtemps est arrivé, je crois que c’est bien pour le Bénin. Vous étiez au gouvernement. En votre temps, n’y-a-t-il pas un projet du genre ? Pour tous les régimes, je crois que ça a été toujours une activité. Ce n’est pas un projet qu’on organise, puis mis en place pour une année donnée. Dans tous les programmes de ceux qui sont passés par là, je crois, pour tous les ministres en charge du pétrole, en ce qui me concerne en tous cas, il y avait une activité du genre. C’est des blocs qui sont là et de façon permanente, on fait les recherches. Si des structures sont intéressées, on leur attribue les blocs en question. Et, ils arrivent à faire les recherches avec. S’ils trouvent du pétrole, on s’assoit pour définir les conditions d’implantation, d’exploration et d’exportation du gisement. Donc, le projet existe depuis. Pourquoi en votre temps, ça n’a pas été réalisé ? Nous avions fait les recherches. En mon temps, il y avait eu bel et bien des recherches. Mais, le pétrole que les gens avaient trouvé était du pétrole offshore, comme on le dit, il était un peu dans la mer, disons en eau profonde. Aller chercher des structures pour l’exploiter coûte très cher. Ce n’est pas commercial parce que le coût d’exploitation est tellement élevé que vous ne pouvez pas vendre ce pétrole pour être compétitif sur le marché international. En mon temps, il y avait eu des sociétés qui étaient venues explorer. Peut-être, elles n’étaient pas tombées sur le pétrole en mon temps. Alors, je ne peux pas me lever pour dire aux gens qu’il y a du pétrole. Souvent dans l’exploitation du pétrole, les sociétés pétrolifères se taillent la part du lion dans le partenariat avec les Etats. Sur ce, quels conseils avez-vous à donner au gouvernement, si le pétrole découvert s’avèrerait vrai ? Les sociétés pétrolifères se taillent la part du lion. Ça dépend de vos termes de négociations avec elles aussi. Si vous n’avez pas des gens capables de mener les négociations avec elles, parce que c’est de grosses structures, vous passez à côté. Si vous n’avez pas des gens qui sont dans le domaine et qui ont fait la chose une fois, vous passez à côté. Ce n’est pas seulement dans le pétrole. C’est partout. Pour des négociations de ce genre, il faut envoyer des gens qui sont capables de discuter avec les responsables de ces sociétés. Je pense que pour le Bénin, cela ne se passera pas comme dans certains pays. Aujourd’hui, vous voyez que l’uranium au Niger est tellement mal négocié que le gouvernement nigérien estime qu’il avait été lésé et qu’il veut réviser le contrat. Donc, tout dépend de comment on a négocié avec les structures en charge de l’exploitation des mines. En tant qu’ancien ministre des Mines, de l’énergie et de l’eau, je crois que si ce qui a été dit est une réalité, nous devons avoir la tête froide pour mener les négociations pour ne pas nous faire berner une fois de plus. Parce que nous avions eu du pétrole dans ce pays, je parle du cas de Saga-pétrolium dont nous n’avons pas bénéficié. Je ne sais pas si les Béninois s’en souviennent. Saga-pétrolium, le pétrole qu’on a trouvé à ce même coin à Sèmè, je ne sais vraiment pas à quoi ça a servi dans le budget national et pour le commun des Béninois. Si ça va être encore le cas, ce sera vraiment dommage. Donc, il faudrait qu’on ait des gens capables de négocier et que les négociations puissent profiter au pays ; je dis bien : puissent profiter au pays. En quoi faisant ? Nous avons beaucoup d’infrastructures qu’il faut financer. Nous avons pleins de choses à financer et nous sommes en manque d’argent. Si ce pétrole venait, si c’est effectif, je crois que ça pourra aider à beaucoup de choses. Une fois de plus, moi je salue ceux qui ont pu travailler et trouver ce pétrole-là. J’espère que c’est du vrai pétrole parce qu’il y a un an, on nous a brandi quelque chose qu’on a trouvée. Par la suite, ça n’a pas été vrai. Aujourd’hui, c’est encore le pétrole qu’on nous brandit. Est-ce que c’est du vrai ? Il y a ce doute-là dans la tête de beaucoup de Béninois. Je crois qu’il ne faudrait pas encore crier victoire. Il faut qu’on aille plus loin et voir si c’est d’abord le pétrole tel qu’il a été dit. Et de deux, si les quantités trouvées peuvent profiter au Bénin, et de trois, si ce qui a été trouvé est commercial. Que peut-on conclure ? Pour me résumer, je dis que c’est une très bonne chose d’avoir trouvé du pétrole. Je crois que c’était le vœu du Président Yayi Boni quand on était ensemble dans le premier gouvernement. Il ne cessait jamais de me demander : c’est quand on va trouver le pétrole ? Je lui disais que c’est le bon Dieu qui va nous donner le pétrole. S’il trouve le pétrole avant la fin de son mandat, ce n’est pas une mauvaise chose. Propos recueillis par Jules Yaovi Maoussi
Posted on: Thu, 31 Oct 2013 02:41:32 +0000

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