Qatar : le Printemps arabe ? printemps le printemps|qatar Le 9 - TopicsExpress



          

Qatar : le Printemps arabe ? printemps le printemps|qatar Le 9 avril 2013 Nicolas Gauthier Journaliste, écrivain. Nicolas Gauthier est auteur avec Philippe Randa des Acteurs de la comédie politique. 29 € À commander en ligne sur francephi. Et encore un de chute ! C’est-à-dire un fleuron français, le Printemps, qui, dès cet été, tomberait dans les mains des Qataris… Après les hôtels de standing et des pans entiers de l’industrie du luxe, le maroquinier Le Tanneur, et même le PSG, dont le footballeur vedette Zlatan Ibrahimović n’est pourtant pas l’ambassadeur le plus représentatif de l’art de vivre à la française. À cette liste de courses, on peut également ajouter des participations plus que significatives dans des sociétés aussi emblématiques que Lagardère, EADS, Total, Vinci, Veolia, Vivendi, etc. En Angleterre ou en Allemagne, les emplettes du Qatar sont encore plus massives. Il faut ainsi savoir que Bentley, Jaguar et Rolls-Royce sont depuis longtemps passés sous contrôle étranger, tandis que le Qatar investit massivement dans Volkswagen. Mais là-bas, le sujet ne fait pas polémique ; si l’Allemagne s’accroche toujours à sa tradition industrielle, c’est très naturellement que l’Angleterre a largué la sienne, préférant devenir la première place financière de la planète ; avec le succès que l’on sait. Il en va tout autrement en cette France, forte de l’héritage jacobino-colbertiste et gaullo-communiste, seul pays d’Europe à concurrencer le monde en général et les USA en particulier, dans ces domaines stratégiques que sont l’armement, le pétrole, l’aéronautique et le BTP… Naguère, on se faisait une idée de ce que la France pouvait être. Désormais, on se demande ce qu’elle est en train de devenir. Au fait, quel est cet OVNI politique portant le nom de Qatar ? Un territoire à peu près aussi grand que la Corse, peuplé de près de deux millions d’habitants, mais dont seuls 15 % – soit à peine 200.000 – sont de souche. Chez ces derniers, 90 % de fonctionnaires et de pensionnés par la famille régnante. Le tout campé sur la plus grande réserve de gaz connue à ce jour, et coincé entre deux voisins inquiétants : l’Iran et l’Arabie saoudite. D’où ce tropisme francophile leur permettant au passage de ne pas être trop dépendants de l’encombrante alliance anglo-américaine. On dira donc que les princes qataris sont des gestionnaires de fortune jouant aux stratèges. D’où ce soutien aux Frères musulmans dans les guerres civiles libyennes et syriennes. Soutien qui s’explique, à Tripoli, par le désir de faire tomber un potentat un brin ingérable, le défunt colonel Kadhafi, et dont l’islam ne correspondait guère aux canons plus traditionnels et puritains de son homologue de Doha. Soutien qui se justifie encore à leurs yeux à Damas, le président Bachar el-Hassad cumulant ces deux péchés originels : chiite doublé d’un laïc. Soutiens qui, pour finir, ne sont pas forcément pertinents, sachant que l’islam de combat qu’ils exportent en ces contrées est l’étrange fruit du pragmatisme de la confrérie fondée par Hassan el-Banna, pragmatisme consistant à articuler impératifs de tradition religieuse et de nécessaire modernité, couplé à celui de la culture qatarie d’exil. En effet, persécutés par le régime nassérien, nombre de Frères se sont réfugiés au Qatar, où ils eurent tendance à prendre de mauvaises habitudes. Ils n’avaient pas à s’inquiéter de régler les factures. Ils n’avaient pas le droit de s’interroger sur l’archaïsme évident du régime d’accueil. Ils se concentrèrent donc sur les questions strictement religieuses, pensionnés qu’ils étaient. D’où leur échec à proposer aujourd’hui une alternative crédible à des juntes de satrapes aussi galonnés que corrompus. Ils pensaient que l’islam avait réponse à tout et que Le Coran allait leur permettre de résoudre cette terrible équation dont les données peuvent paraître contradictoires : conserver à la fois son mode de vie traditionnel tout en s’ouvrant sur le vaste monde. Ce nœud gordien fut jadis tranché au Japon, sous l’ère Meiji ; mais à coups de triques. Et ce qui était possible dans une petite île ne l’est pas forcément dans un vaste ensemble, associant multiples religions et cultures, allant du Maghreb au Machrek. Pour tout arranger, si les Français s’inquiètent à juste titre de cette mondialisation agressive, les Qataris ne sont pas plus rassurés. Il leur a fallu édifier d’urgence une église à Doha, afin que les chrétiens venus des Philippines n’aient pas à prier dans les rues, tandis que la perspective d’une Coupe du monde de football en 2022 en fait frémir plus d’un. Et Le Nouvel observateur de ce dimanche dernier de relayer ces inquiétudes : « L’alcool, les prostituées, les dérapages… Doha perdra-t-elle son âme ? Nous ne voulons pas devenir comme Dubaï. La modernité oui, mais sans abandonner nos racines… » Ils en sont donc là. Et nous aussi. C’est à méditer.
Posted on: Tue, 06 Aug 2013 08:45:30 +0000

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