RÉPUBLIQUE DU BÉNIN Longtemps considéré comme «l’enfant - TopicsExpress



          

RÉPUBLIQUE DU BÉNIN Longtemps considéré comme «l’enfant malade de l’Afrique» en raison de son instabilité chronique, la république du Bénin s’est révélée au tournant des années 1980-1990 un pays pionnier du ........ Suite Mais la puissance du royaume était surtout fondée sur une stricte organisation militaire, qui permit au Danxomé de soumettre ses voisins et de se lancer dans la Traite atlantique. L’affirmation de la royauté coïncida en effet avec l’arrivée des négriers dans le golfe de Guinée. Dès lors, les souverains d’Abomey allaient consacrer leur effort à s’affranchir d’une part de la menace yoruba exercée par l’alafin (roi) d’Oyo et d’autre part des intermédiaires côtiers de Ouidah, Allada et Porto-Novo afin de traiter directement avec les Européens. Ce furent Agadja le conquérant (1708-1732), l’un des fils d’Houegbadja, et ses successeurs, dont Ghézo (1818-1858), qui y parvinrent, transformant le Danxomé en un puissant royaume esclavagiste qui prospéra grâce aux ressources du commerce international. Outre ses campagnes guerrières, Ghézo entreprit également avec succès une modernisation du royaume: la monarchie fut réorganisée grâce à l’amélioration des structures provinciales et à l’instauration d’une véritable administration fiscale; l’armée fut renforcée par la modernisation du matériel d’armement et l’institution d’un corps de soldats permanent (notamment celui, mythique, des Amazones). Enfin, Ghézo parvint également à négocier le tournant majeur que connut l’économie politique du royaume au milieu du XIXe siècle avec l’épuisement de la traite des esclaves. Peu à peu, l’exportation de l’huile de palme remplaça celle du «bois d’ébène», produisant de profondes mutations socio-économiques dans le royaume. À sa suite, Glélé (1858-1889) poursuivra cette œuvre de centralisation politique et de modernisation économique. La rupture coloniale La colonisation bouleversa profondément ce processus de modernisation conservatrice. Au terme d’une longue guerre de résistance, le roi Béhanzin (1889-1894), fils de Glélé, fut en effet déchu de son trône et le Dahomey placé sous protectorat français. S’appuyant sur les rivalités entre Abomey et le roi Toffa de Porto-Novo, la France conquit non sans difficulté le royaume rebelle et, en 1894, plaça à sa tête un nouveau souverain dont le nom semblait annoncer la mise en place d’une administration indirecte: Agoli Agbo, patronyme tiré d’une «phrase forte» (devise) signifiant «Prends garde Danxomé, le royaume d’Allada a trébuché mais n’est pas tombé grâce aux Français». En fait, le territoire de l’actuel Bénin fut rapidement placé sous un régime d’administration directe qui révolutionna l’organisation de l’ancien État et produisit de nouvelles «autorités coutumières». En 1900, Agoli-Agbo, dont les pouvoirs avaient été considérablement érodés, fut destitué et la monarchie, abolie. À l’instar des autres pays de l’Afrique-Occidentale française (A.-O.F.), la colonie du Dahomey fut divisée en cercles et cantons, le royaume du Danxomé se réduisant au cercle d’Abomey. Concurrencés par les chefs de canton, qui constituèrent de véritables dynasties, les anciens monarques se virent alors marginalisés, confinés à un rôle honorifique. Servant par la suite de relais politique aux partis émergents, ils furent dans les années 1970 la cible d’une violente campagne de «lutte contre les forces féodales» menée par le régime révolutionnaire du général Kérékou. Considérablement affaiblies, les autorités coutumières profitèrent toutefois du processus de démocratisation lancé en 1990 pour revenir sur le devant de la scène publique à grand renfort de «tradition réinventée». 2. Le Dahomey, «quartier latin» et «enfant malade» de l’Afrique Des lendemains de la Seconde Guerre mondiale au début des années 1970, l’espace public du Dahomey se caractérisa par deux tendances principales que résument assez bien les stéréotypes d’«enfant malade» et de «quartier latin» de l’Afrique: d’un côté, une très forte instabilité institutionnelle marquée par d’incessants renversements de pouvoir, de l’autre, une relative permanence de l’élite politique, majoritairement composée des «évolués» qui firent la renommée du pays dans toute l’Afrique de l’Ouest. Une instabilité chronique Après la conférence de Brazzaville en 1944, la vie politique s’organisa avec la mise en place de collèges électoraux qui envoyaient un député au Palais-Bourbon, puis deux élus à partir de 1951. Un système partisan s’instaura dans les années 1940-1950, structuré autour de trois grandes figures qui allaient se partager le pouvoir pendant plus de vingt ans: Sourou Migan Apithy, premier député de la colonie et fondateur du Parti républicain du Dahomey (P.R.D.); Hubert Maga, second élu à la Chambre, à la tête du Rassemblement démocratique dahoméen (R.D.D.); et Justin Tométhin Ahomadegbé, leader de l’Union démocratique dahoméenne (U.D.D.), section locale du Rassemblement démocratique africain (R.D.A.). Malgré les innombrables changements d’appellation et de vaines tentatives d’unification (épisode du Parti dahoméen de l’Unité, de 1960 à 1963), cette organisation tripartite perdura et contribua à une instabilité chronique: durant cette période s’instaura, en effet, un véritable jeu de chaises musicales où Hubert Maga, originaire du Nord, jouait des antagonismes entre les deux leaders sudistes pour s’allier successivement avec l’un ou l’autre, avant d’être à son tour renversé par une entente conjoncturelle de ces derniers. Ce cycle récurrent se terminait généralement par l’intervention de l’armée, qui finit par s’imposer comme principal arbitre du jeu factionnel. Après l’indépendance, en 1960, l’armée se politisa de plus en plus et s’autonomisa jusqu’à devenir l’acteur majeur du processus, imposant ses hommes liges (épisode Zinsou en 1968-1969) ou assumant seule le pouvoir (notamment en 1963, puis de 1965 à 1967 avec le général Soglo, en 1968 avec le putsch du commandant Kouandété et surtout en 1972 avec l’arrivée au pouvoir du colonel Mathieu Kérékou). «Enfant malade» de l’Afrique, le Dahomey connut ainsi, de 1960 à 1972, une douzaine de coups d’États (dont cinq réussis, en 1963, 1965, 1967, 1969 et 1972), une dizaine de présidents (six militaires et cinq civils) et changea cinq fois de Constitution. Cette instabilité s’alimentait de rivalités «ethno-régionalistes» entre Hubert Maga, Sourou Migan Apithy et Justin Thométhin Ahomadegbé. Originaires respectivement du Nord (Borgou), du Sud-Ouest (Porto-Novo) et du Centre-Sud (Abomey), les trois leaders n’eurent de cesse d’exploiter les clivages historiques du pays, notamment la division Nord-Sud et les antagonismes ancestraux entre les royaumes d’Abomey, de Porto-Novo et les royautés bariba du Borgou. Sensibles dès les premières élections pluralistes des années 1950, ces stratégies de mobilisation se renforcèrent par la suite, donnant aux formations des trois leaders l’allure de «partis uniques régionaux»: l’U.D.D. (Ahomadegbé) obtenant l’essentiel de ses soutiens dans le Zou et le Centre-Sud; le P.R.D. (Apithy) dans l’Ouémé et la région côtière; le R.D.D. (Maga) dans les deux provinces du nord. L’implantation de ces partis ne reflétait, en vérité, qu’imparfaitement les clivages monarchiques précoloniaux, mais ces identifications politiques ethno-régionales ont profondément marqué la structuration de l’espace public dahoméen et indubitablement nourri l’instabilité institutionnelle. Le monopole politique des «évolués» Toutefois, sous le couvert de ces basculements d’alliances arbitrés par les militaires, le champ politique dahoméen est longtemps resté dominé par la même élite restreinte, symbolisée par la figure centrale de l’akowé («l’évolué»). De la fin des années 1940 au coup d’État de 1972,
Posted on: Fri, 01 Nov 2013 17:19:58 +0000

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