SITUATION AU MALI : AU-DELA D’ELECTIONS LIBRES ET - TopicsExpress



          

SITUATION AU MALI : AU-DELA D’ELECTIONS LIBRES ET TRANSPARENTES En quelques mois le Mali au passé glorieux, le Mali pionnier des forums sociaux et à la société civile forte et réputée avant-gardiste, le Mali aux élections libres et transparentes, ce Mali-là, en l’espace de quelques mois, sous l’action conjuguée de barbus extrémistes et d’officiers loufoques et narcissiques, avait basculé de la stabilité et de la démocratie à la dictature et à la barbarie moyenâgeuse. Tout cela s’est passé sous le regard impuissant du peuple, des démocrates et des patriotes maliens. Cette situation inédite a mis en scelle des politiciens véreux qui se sont lancés dans des tractations obscures dont le seul objectif est de profiter de la situation pour s’aménager une position avantageuse dans la conquête ou la conservation du pouvoir. Dans ce tohubohu inextricable, Philippe Mayol avait eu le mérite de recentrer le débat en réclamant dans un dernier numéro de ‘ « faim et développement »un véritable contrat social qui au-delà des préoccupations politiciennes, place l’intérêt et l’avenir des populations au centre de des débats. Nous marquons notre accord pour cette prise de position pertinente et en cohérence avec la vision du CCFD. En plus d’un contrat social, nous devons aussi engager le débat pour comprendre ce qui s’est réellement passé au Mali et ses causes profondes. Ces événements, la rapidité avec laquelle les islamistes on progressé et gouverné sans résistance, la rapidité avec laquelle un officier « illuminé « a pris le pouvoir et changé le cours normal de la démocratie et du calendrier électoral, perturbe nos certitudes et remet en cause nos convictions. Nous avions tous pensé que le Mali était devenu un modèle de démocratie avec une société civile forte et suffisamment vigilante .Présentement nous devons revoir nos repaires, mais au-delà de cela, revoir nos priorités et l’orientation de nos interventions dans le cadre de la solidarité internationale Nous demeurons convaincus que si le peuple malien dans son immense majorité s’était levé de manière forte et déterminée (comme il sait le faire), si le peuple s’était levé pour dire non et réaffirmer son attachement à la liberté, à la démocratie et la citoyenneté, aucun barbu, aucun officier quelque soit sa témérité ou sa puissance de feu n’aurait su remettre en cause les acquis fondamentaux de la démocratie malienne. Le Mali fier de son passé ancestrale, aurait pu se passer d’une intervention étrangère aux lourdes conséquences politiques et économiques. Tout s’est passé comme si le peuple malien s’était mis à l’écart, comme si, ce qui se passait ne le concernait pas, que c’était une affaire des politiciens et de militaires. De cela nous tirons quelques leçons majeures : - Les démocraties africaines sont encore fragiles et ce qui s’est passé au Mali peut se passer quasiment dans n’importe quel pays africain - Que le peuple citoyen suffisamment imprégné des valeurs civiques et de ses responsabilités citoyennes est la soupape de sécurité d’une démocratie durable. - Que l’éducation à la citoyenneté doit occuper une place prépondérante dans les programmes des Etats et de la solidarité internationale Notre conviction est faite : Il est illusoire de penser promouvoir le développement économique et sociale de l’Afrique, consolider définitivement sa démocratie sans une éducation civique et citoyenne populaire qui place chaque citoyen devant ses responsabilités historiques. Toute action de développement en Afrique est un leurre s’il n’est pas lié et ne se préoccupe pas de l’éducation citoyenne des populations à la base. En quelques mois, des acquis millénaires du Mali ont été détruits surtout à Tombouctou. L’exemple du Mali le prouve largement ; une société civile intellectualiste est incapable de peser lourdement sur le cours des événements tragiques si elle n’a pas de lien fort ave le peuple à la base. L’exemple du Mali le prouve aussi : la lutte pour des élections libres transparentes et démocratique, est une nécessité absolue, mais ce n’est pas une panacée, qui garantit la construction d’une démocratie durable. Il faut revenir aux populations, pas seulement aux organisations professionnelles paysannes ou autres dont la vision politique ou citoyenne peut être limitée par des préoccupations corporatistes. Il faut aller le plus loin possible, engager des initiatives envers les femmes, les jeunes. Il faut faire de l’éducation citoyenne une priorité à prendre en compte jusque dans les programmes d’éducation scolaire. Nous nous sommes longtemps définis comme des acteurs de développement. Ce terme est non seulement galvaudé, mais il n’est pas à même de refléter le contenu de la mission qui nous incombe aujourd’hui. Je ne trouve pas de définition appropriée à notre mission, nous partenaires du Sud. Je sais seulement qu’elle doit inclure une dimension d’acteur pour une prise de conscience citoyenne et politique des populations. Cette vision n’est cependant pas restrictive et ne remet pas en cause la nécessité d’initiatives de développement local dans une logique de solidarité et de vulgarisation d’expérience novatrice. Le débat reste ouvert. Oumar Ba Directeur ONG ACTSOL(Sénégal)
Posted on: Tue, 30 Jul 2013 05:01:40 +0000

Trending Topics



Recently Viewed Topics




© 2015