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SUITE PAGE 1 Cette photo d’archives montre les dirigeants estudiantins devant la Cour de Sûreté de l’Etat à la Place Assanef. On remarque notamment François Kandolo (à l’avant-plan, avec une barbe qui atteste le nombre de jours déjà passés en détention), président de l’Association Générale des Etudiants de Lovanium (AGEL) aujourd’hui décédé. 6°) la présence constante du major Mika sur les lieux du drame a troublé votre Commission. L’officier Seuls trente-cinq étudiants comparurent devant le tribunal. Les chefs d’accusation avancés contre eux étaient : l’atteinte à la sûreté de l’Etat. Sur injonction du Procureur général de la République, la prévention d’intelligence avec des puissances ennemies fut ajoutée après que l’affaire ait été déjà fixée. On fit croire que les étudiants étaient en contact avec les Chinois présents au Congo-Brazzaville. Un faux témoin, un certain Ekwalanga, prétendit avoir assisté à des réunions de l’AGEL au Home 10 avec des militaires et des politiciens et que ces derniers auraient remis des armes aux étudiants. La grossièreté du mensonge était telle qu’elle rebuta le Procureur général de la République lui-même. Comme le mensonge qui consistait à faire croire que le cardinal Malula aurait dénoncé les étudiants pour port d’armes ou pour les contacts avec les Chinois et le désir d’installer le communisme au pays. Les inculpés furent conduits à la première audience du Tribunal de première instance de Kinshasa sans assignation, devant la presse internationale invitée à cette occasion. Après quelques audiences, l’affaire fut prise en délibérée. Mais, à la surprise générale, c’est par la radio que les infortunés apprendront, dans leurs cellules, le verdict qui les condamnait jusqu’à 20 ans de prison. Cette dernière peine frappait monsieur Kandolo, Shematsi, Mazyumba et madame Alice Makanda Kabobi. Ils seront libérés le 14 octobre 1969 à l’occasion de l’anniversaire du président Mobutu. V. Avis et considérations 1. Reniement des engagements Votre Commission est frappée par la facilité avec laquelle le pouvoir de la Deuxième République renie ses engagements. Ce comportement indigne d’Homme d’Etat, a été stigmatisé dans l’affaire Mulele, traitée ci-haut. Dans le cas présent, c’est le Président de la République lui-même qui, au cours d’une audience avec les étudiants, a chargé son ministre de négocier et de signer la Charte de Goma. Il sera le premier à dénoncer ladite Charte et à désavouer son ministre, comme il avait dénoncé les accords de Brazzaville et désavoué le ministre des Affaires étrangères, monsieur Justin-Marie Bomboko. 2. La préméditation Il s’est dégagé, de l’audition de divers témoins, que le pouvoir était animé d’une volonté criminelle d’écraser le mouvement estudiantin pour des raisons que votre Commission a invoquées plus haut. Plusieurs faits corroborent cette affirmation et l’expliquent : 1) après l’élimination des politiciens, le refus des étudiants de s’embrigader dans la Jeunesse du Mouvement Populaire de la Révolution faisait d’eux le bastion de l’opposition au nouveau régime ; 2°) Les dirigeants des mouvements estudiantins, monsieur Kandolo pour l’AGEL et monsieur Shematsi pour l’ENDA, ont affirmé devant votre Commission avoir tenté, à plusieurs reprises, d’entrer en contact avec le Président de la république, le ministère de l’Education ou les autorités académiques, mais en vain. Les lettres annonçant la manifestation ne reçurent aucune réponse. 3) le quadrillage des milieux estudiantins par les services de sécurité, les informateurs et indicateurs pullulaient sur les campus et étaient manipulés par le chef de la Sécurité présidentielle, le major Mika. Voici, à ce propos, les aveux du général Mika à votre Commission au sujet d’une indicatrice : Q. : Connaissez-vous une étudiante d’origine belge nommée Alice Stordiau ? R. : Oui. C’était ma femme parce que j’étais connu par ses parents. Q. : Donc, cette fille constituait votre antenne au campus pour vous permettre de suivre tous les mouvements des étudiants ? R. : Oui. Grâce à elle, j’étais au courant de la situation au campus. C’était normal parce qu’elle pouvait me parler à tout moment. Il fut trouvé sur mademoiselle Alice, un émetteur que le général Mika dit avoir été un simple enregistreur. En dehors des réseaux des informateurs, le pouvoir se servait d’une association rivale à l’AGEL, l’AGELCOL, dont la plupart des membres s’affiieront à la Jeunesse du Mouvement Populaire de la Révolution. 4°) le dossier « étudiant » était géré par le président lui-même et par les services de sécurité. Et pourtant, bien que largement informée, l’autorité n’a rien fait pour rétablir un climat de sécurité dans le milieu estudiantin. Au contraire, elle a entretenu l’agitation par le refus du dialogue et la propagation des faux bruits, tels que les étudiants voulaient prendre le ministère de l’Education en otage et obliger le président à la démission. 5°) l’utilisation de l’armée, au lieu de la police, monsieur Nsinga Udjuu, alors ministre de l’Intérieur, affirme qu’il n’y avait pas débordement et que la Police était suffisamment équipée, avec sa brigade mobile, pour canaliser les manifestations. Interrogé par votre Commission, le major Lisumbu, commandant du 1er bataillon PM au moment des faits, affirme qu’il n’y avait pas eu de réquisition et que l’ordre lui fut donné directement par le général Bobozo d’empêcher aux étudiants de descendre en ville en déployant les troupes. Quant à son rôle exact dans la répression, le major Lisumbu a dit avoir mis les dispositions en place aux lieux stratégiques. Il aurait visité ces lieux avant les heurts et c’est de son quartier général du camp Kokolo qu’il a dirigé les opérations. C’est au procès qui lui fut intenté qu’il apprendra qu’il y a eu des morts. Le recours aux gendarmes et auxhommes fortement armés présageait déjà la mauvaise volonté du pouvoir. L’usage des armes à feu sans sommation, comme l’ordre de tirer donné par un commandant à la Place de la Victoire, constitue des faits accablants d’une volonté meurtrière préméditée. précité exerçait, à l’époque, le rôle de chef de Sécurité rapprochée du chef de l’Etat. Nous avons eu à stigmatiser les réseaux de sécurité qu’il entretenait aux campus.
Posted on: Tue, 06 Aug 2013 02:39:17 +0000

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