SYRIE : François Hollande piégé La Syrie est en guerre : une - TopicsExpress



          

SYRIE : François Hollande piégé La Syrie est en guerre : une guerre civile, religieuse. D’un côté, un tyran sanguinaire qui se bat contre une partie de son peuple. De l’autre côté, une coalition hétéroclite, associant les Syriens massacrés. C’est la vision un peu simpliste de cette guerre. Certes, Bachar el-Assad est bien un tyran. Depuis deux ans, il mène une guerre atroce avec des moyens inacceptables, vraisemblablement utilisant des armes chimiques terribles. Mais il est aussi le représentant des alaouites, branche des chiites soutenue par l’Iran dont on ne peut pas dire qu’ils soient de grands démocrates, mais il est aussi soutenu par les Russes et les Chinois dont les motivations ne sont pas identiques. Il combat des sunnites soutenus par les royaumes du Golfe qui ne sont pas pour autant des modèles de démocratie non plus. Mais les rebelles sont composés d’une multitude de courants tous aussi dangereux, en partie par des membres d’Al-Qaïda, ces islamistes que nous combattons au Mali. Voici une première ambiguïté. Nos forces au Mali mènent un combat juste et nécessaire pour que ce pays ne tombe pas entre leurs mains. Des militaires français sont morts, d’autres ont été blessés dans cette guerre. L’armée française mène là bas un juste combat, d’abord seule, désormais associée à d’autres pays africains. Il serait paradoxal que nous aidions en Syrie ceux-là même que nous combattons au Mali. C’est d’ailleurs pour cette raison que depuis plus d’un an nous hésitons à armer les rebelles syriens. Même si Laurent Fabius et les socialistes font des déclarations jamais suivies d’effets ! Ils ont beau montrer leurs muscles, jamais ils ne sont passés aux actes. Mais depuis le 21 août 2013, lorsque le gaz sarin a été utilisé, vraisemblablement par Bachar el-Assad contre sa population, la donne a changé, éthiquement. Et le monde civilisé, tout du moins les Occidentaux, en particulier les Américains, les Britanniques, les Français ont envisagé d’aller punir le tyran. Fallait-il commencer une nouvelle guerre aux conséquences imprévisibles, entraînant l’Iran, mettant en danger le Liban, Israël et d’autres pays dans ce conflit ? Tout était pourtant prêt : François Hollande se voyait en chef de guerre avec le peuple français unanime derrière lui. Il se voyait déjà porté en triomphe, lui le redresseur de torts, le chantre de la liberté, permettant au passage de faire oublier aux Français les déboires de la politique intérieure. C’est d’ailleurs assez classique comme tactique : détourner l’attention de son peuple en voulant l’unir dans une guerre extérieure. Le premier avatar de cette politique est venu des Américains, d’Obama lui-même, qui affirmait il y a quelques jours qu’il n’était plus question de renverser le régime autoritaire d’Assad, mais simplement de lui donner une leçon, de le punir, tout en lui laissant les moyens de son combat. L’idée même de la frappe était plus qu’ambiguë. Il ne s’agissait plus d’aider au renversement du régime et d’y installer les rebelles au pouvoir, mais simplement un coup de semonce qui aurait au passage tué des civils syriens… L’ONU s’y est opposé. Fallait-il néanmoins commencer et poursuivre une guerre sans son aval ? Nouvel accroc. Les Britanniques, après un vote négatif aux Communes, se retirent de la coalition déjà bien peu nombreuse. François Hollande s’imaginait en chef de guerre. En réalité, il était simplement le “toutou” des Américains. Il était pourtant inébranlable. Voici maintenant que Barack Obama, hésitant, repousse les frappes et demande l’aval de son Congrès, donc du peuple américain… Le piège se referme sur la France isolée. Mercredi, le Parlement français est convoqué ; initialement pour écouter une communication du Président lue par le Premier Ministre ; et pour débattre sans vote de la guerre qui aurait dû avoir commencé. La donne a bien changé. Il n’y a pas eu de frappes, les peuples de la coalition s’y opposent. Comment François Hollande va-t-il s’en sortir ? Il n’est pas question d’y aller tout seul, la France n’en n’a pas la légitimité ni les moyens. Il nous faut donc demander, comme pour les Américains et les Britanniques, un vote des élus. Il n’est pas acquis, loin de la. Nous allons non seulement être ridicules, mais surtout la cible de représailles qui peuvent être dramatiques. On ne peut pas jouer au chef de guerre sans guerre, sans armée, sans alliés. Rien n’a été réfléchi. C’est un véritable tournant dans la politique internationale, tant américaine, britannique que française. Aucun de ces gouvernements n’avait l’obligation de demander leur avis aux parlements. Ils l’ont pourtant fait tant les objectifs de ces frappes étaient ambigüs. D’ailleurs, ils ne les ont pas demandées pour les autres guerres qui se sont terminées en fiasco. L’Irak (nous n’y avons pas participé grâce à la détermination de Jacques Chirac) est devenu un pays sans loi et toujours en guerre civile. Les attentats continuent tuant chaque mois des milliers d’hommes et de femmes. La Lybie n’est toujours pas sortie de ses combats meurtriers. En réalité, ces guerres sont des affrontements sanglants entre chiites et sunnites qui nous dépassent, avec au milieu, des chrétiens orientaux massacrés. François Hollande qui, depuis son avènement, n’a aucune politique étrangère, se laisse porter par des courants contraires, maintenant inféodé aux Etats-Unis qui eux-mêmes ne savent plus que faire. Belle réussite, François ! Il joue avec le feu, grisé par l’intervention nécessaire au Mali, mais piégé par la Syrie. Décidemment, cet homme est inconséquent et dangereux. Le Parlement français va se réunir. Il doit y avoir une discussion démocratique et surtout un vote. Bachar el-Assad restera quoiqu’il arrive un tyran sanguinaire. Ses rebelles ne deviendront pas pour autant des humanistes démocrates. Aucune solution n’est aujourd’hui satisfaisante. Peut être aurait-il fallu intervenir dès le début de la guerre civile, quand les combattants étrangers n’étaient pas présents, quand Al-Qaïda et ses alliés n’étaient pas présents. Mais on ne refait pas l’Histoire. Hollande est tombé dans un piège dramatique, la France avec lui. Cet échec aura de nombreuses conséquences. Elles étaient prévisibles. Cet échec international s’ajoute à ceux, tous aussi dramatiques, de sa politique intérieure.
Posted on: Mon, 02 Sep 2013 08:59:22 +0000

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