Sauvé de Willy, Par 31°, lors de la Félibrée sur les quais de la Dordogne à Bergerac, en plein soleil a eu lieu une course de barriques sur roulettes. Jusque-là rien d’anormal me direz-vous. Sauf qu’il s’agit d’une première dans le genre. Quelques jeunes belges présents sur les lieux, manifestent très vite un vif intérêt pour former une équipe composée d’une Roxane, d’un Cyrano et d’un moine. Trois équipes plus tard, costumées à la va-vite, barrique contre barrique, les Cyrano les deux mains crispées sur les bords des douelles se jaugent une dernière fois. Les Roxane à cheval sur leur destrier à roulettes, la bouche grimaçante, ont dans le regard des envies violentes de victoire. Elles vont tenter de se qualifier : Leur mission, remplir des bouteilles vides avec des verres d’eau. Les Cyrano doivent mener les Roxane à bon port sur plusieurs allers-retours. C’est là que commencent les problèmes. Le départ donné, les Cyrano poussent des cris de hussards alors que les Roxane surprises par l’accélération, jambes en l’air, s’accrochent aux sangles. Rien n’est aisé dans ce monde pour celui qui apprend de ces erreurs. Surtout quand la barrique a le comportement d’un caddie de superette trop chargé. Une grande valse commence, rien ne file droit, mais la collision est évitée. C’est enfin le remplissage des verres et la pause pour des Cyrano haletants. Comme au casse-tête à la fête foraine, les trois moines à l’allure de frère Jean, la bave aux lèvres attendent de bombarder de projectiles à eau les fragiles Roxane sur le retour. J’ai surpris le sourire béat de cet homme dans la foule qui avait sans doute vu dans sa tête la substitution d’une des Roxane par sa belle-mère sur une des barriques en furie. Une première salve fait des dégâts énormes. L’homme à la belle-mère vocifère et manque de s’étouffer dans son rire gras. Tandis qu’une Roxane traverse indemne le verre victorieux, les autres repartent, trempées et enragées, au remplissage. Mais rien n’est joué, un coaching de vestiaire de sport sans entraineur s’installe. Le public y va de ses conseils lancés un peu en vrac debout sur les barrières… c’est alors que, tel un diable bondissant de sa boite, Willy ROVELLI en personne, me tend un micro bleu et me dit avec ces yeux ronds et noirs : « Mais c’est quoi ça ? ». Il fait 50° à l’ombre tout à coup. Je réponds un truc que je n’entends même pas et tourne la tête à gauche faisant mine de surveiller la course. Il en profite pour m’envoyer une seconde question dans l’oreille droite : « Qu’est-ce qu’il y a à gagner ? ». « Des caisses des vins de Bergerac », me dit une petite voix dans ma tête. « Fais gaffe, pense à la loi Evin » me dit une autre. Pris dans ma double contrainte schizophrénique, je tente une manœuvre de tête à droite, les pieds sur les pointes, en fronçant les sourcils pour feindre un incident de course là-bas au loin. Mais quoique je fasse, à quelques millimètres, avec une distante toujours constante digne de la robotique, je me retrouvais avec le micro d’EUROPE1 collé aux lèvres. « Mais comment il fait ça ? » me dit la petite voie Anti-EVIN, «vas-y, essaie un autre coup rapide à gauche pour voir ? ». Mais j’ai lu sur le visage espiègle de Willy, à son sourcil relevé et à ses yeux mi-clos qu’il valait mieux obtempérer. J’avais affaire à un professionnel du micro toutes catégories. Allez, une bonne respiration, je desserre les lèvres pour répondre et dans son micro entre…un tonnerre de cris assourdissants. Willy en perd son oreillette. En bon journaliste attiré par l’évènementiel il m’abandonne bouche ouverte. L’équipe Belge vient de gagner. La course prenait une tournure internationale sur les réseaux sociaux. «Sauvé» me dit l’autre petite voie, «allez au boulot, il y a une autre paire de manches».
Posted on: Fri, 12 Jul 2013 16:53:09 +0000