Si Jean Vignolles n’existait pas, il faudrait tout de suite - TopicsExpress



          

Si Jean Vignolles n’existait pas, il faudrait tout de suite l’inventer. Dans un monde où l’on use du marteau-pilon pour enfoncer une épingle, voici l’homme qui nous ramène à l’essence du bon sens, à la nature telle qu’elle fonctionne, à la compréhension de ses mécanismes, où il trouve de nouveaux outils précieux à la collectivité. Ses yeux malicieux ne disent pas son âge. Il a 87 ans. Il y a très longtemps, quand les guerres avaient laissé des plaies, des vides et des rêves, il fut créateur de salles de cinéma, après avoir étudié aux Arts et Métiers et dans une école de radioélectricité. Ses mains ont une existence propre. L’apparition d’un problème produit chez lui une forme de bonheur. Le soir, il pose l’équation. La solution tombe le lendemain. Il aurait un subconscient suractif. Jean a déposé une centaine de brevets d’invention depuis l’âge de 20 ans. Prenons en trois l’âge mûr. S’attaquant à la dépollution des eaux agricoles, c’est lui qui a mis au point le procédé Vignalex, une technique qui fait des sarments de vigne non broyés sur place un support de compostage qui absorbe complètement les effluents et un compost bio de grande pureté pour fertiliser la vigne. Face à l’invasion du frelon asiatique, c’est lui qui a imaginé une perche télescopique qui s’enfonce au centre du nid pour injecter du dioxyde de soufre. Le procédé, donné à l’entreprise Acevedo en Gironde, garantit la destruction de la colonie. Il rédige actuellement un rapport sur la maîtrise totale du frelon. Il a trouvé la méthode. C’est lui qui a inventé la maison Triolit en kit de matériaux composites, dont 60 % sont issus de déchets recyclés. Une bâtisse impérissable, de type parasismique et géothermique, qui offre la possibilité révolutionnaire de se monter en 350 heures. Il va sans dire qu’il a aussi travaillé à faire de la vigne une productrice écologique de biocarburant, ce que personne n’a contesté. Jean Vignolles est donc un homme seul qui écoute les tribuns agiter les combats écologiques, le développement durable, la transition énergétique, la pollution agricole, le manque évident de logements. Dans les parages, on dit qu’il pâtirait de la suspicion qui enveloppe les inventeurs, apparemment confondus avec les peintres fous, les poètes maudits et les écrivains délirants, dont nous avons également besoin, mais dans une moindre mesure. On lui a volé des procédés. Il n’a jamais gagné un centime d’euro. En quarante ans, il a englouti plus d’argent qu’il ne faut pour acheter une île au paradis. Tous ses dossiers ont été transmis à la panoplie de chambres et de conseils dont le paysage s’égaie, jusqu’au Sénat, qui réfléchit intensément à nos campagnes. Les échelles à saumons du parcours administratif l’excluent. La frilosité et le manque de compétence des industriels l’accablent. Passent chez lui malins et escrocs. Les hommes politiques, par paresse ou méconnaissance, l’ignorent. Les écologistes, qui ont sous la main un précurseur qui apporte des réponses, ont d’autres soucis. Hormis une conseillère municipale de Bordeaux, qui salue son génie, on ne répond même pas à ses courriers. Yves d’Amécourt, le maire ingénieur viticulteur de Sauveterre-de-Guyenne, en Gironde, conseiller général du canton d’à côté, est très sûrement le seul homme politique qui lui accorde un immense crédit. « Son compostage est la solution que je cherche depuis dix ans, explique l’élu. Son système contre les frelons asiatiques est totalement ingénieux. Dans les enjeux de logement de notre époque, nous ne pouvons pas passer à côté de ses maisons en kit. Ses grandes trouvailles sont bluffantes. Chaque commune de France devrait s’intéresser à lui. Mais, aujourd’hui, il faut une seule spécialité pour avoir une visibilité. Or, lui, les accumule. ». Où sont les responsables et les acteurs économiques pour mettre en pratique les découvertes auxquelles les salons de l’innovation attribuent or et trophées ? Monique Andron, la maire de Courpiac, à 13 kilomètres, désigne la puissance des lobbys et les blocages de la société française. « Il n’est pas, dit-elle, dans un schéma validé par les spécialistes et le système universitaire dont sont imprégnés les hommes politiques. » Monique Andron aimerait utiliser son fameux procédé de traitement des effluents viticoles par le biais de la Communauté de communes. Jean Vignolles, pour son malheur, est trop riche de créations, et il ne figure pas dans le bon compartiment. Quarante ans d’étincelles n’ont abouti à rien. Et le sablier lui indique un bulbe presque vide. À moins qu’il ne soit capable de faire remonter le sable, ce qui n’étonnerait pas le bon Dieu. Que vaut l’intelligence lumineusement pratique d’un vieux lutteur dans un contexte où l’apparence, le tintamarre et l’illusion mènent le bal ?
Posted on: Tue, 01 Oct 2013 09:34:04 +0000

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