Sur le chemin qui les amène dans le nouveau bar, Marc ne cesse de - TopicsExpress



          

Sur le chemin qui les amène dans le nouveau bar, Marc ne cesse de parler. Il pleut, leurs costards sont trempés. Il cherche à se sortir de ce traquenard. Des herbes fluettes semblent se pencher sur lui, tentant de lui effleurer les chevilles. Ses mains sont calées dans ses poches. Un oiseau mort mouille sur le port Caniveau. Il y a comme une ambiance d’années 50, ce qu’on en sait, ce qu’on en a vu à travers ces films usés, en noir et blanc, en gris, sombre avec les voix fluettes, grinçantes, harassants en quelques minutes. Les lampadaires ont des airs de saules pleureurs, les rideaux aux fenêtres sont en guenilles. Marc maltraite la langue françaiss, jurant contre cette « ville de bouffons, d’enculés, de ratés. Ils emmerdent même les putes, sont tout juste foutus de togner leurs gonzesses et entuber leurs marmots. Sans moi, la ville ne serait qu’un trou à rats. Avec moi, ça finira par ressembler à Las Vegas mon ami, crois-moi merde ! » Des myriades de papillons jouent au boomerang contre les éclairages publics. Il y a un côté vitre trempée, un côté vertus proscrites dans les draps sales des maisons ternes. Martin trifouille un ticket de retrait d’espèce réduit en papier mâché par la machine à laver. Il voit des étoiles, des orages, il sent sa peau aussi odorante que le pelage d’un animal imbibé d’eaux de pluie. L’angoisse ne fait que grossir. Il n’arrivera jamais à bander, il ne pourra entrer dans une femme tarifée et faire comme si ça l’excitait. Le poison coule à flots dans la femme impeccable, apprêtée comme il se doit pour durcir le dindon payeur. « Ce sera gratuit pour toi » En entrant dans la maison –une bâtisse en pierres aux allures de manoir abandonné de l’extérieur mais en totale effervescence à l’intérieur- il est tout de suite pris en main par une grande granny maigrichonne vêtue de latex. Elle porte des talons de 20 centimètres, au moins, et ses seins compressés avachis de dame défraîchie, pointent à travers la matière souple et brillante. Plus d’un type serait écoeuré par cette vision-torpeur, le champ de mine sidérant, énervant, un peu dégoûtant. « Il veut une jolie fille ? J’ai ce qu’il faut ». Le salon est décoré de façon aussi dégueulasse que ces baraques refaites à neuf par des animatrices télé aux goûts de chiotte. Ça pullule. Des bonhommes en costards fument des cigares, vrombissent dans le cou des jeunes femmes d’origines soviétiques…
Posted on: Tue, 16 Jul 2013 10:10:32 +0000

Recently Viewed Topics




© 2015