Tres bon article! Les trois grandes leçons de la crise - TopicsExpress



          

Tres bon article! Les trois grandes leçons de la crise égyptienne Parce qu’ils n’arrivent plus à mobiliser de vastes foules, les Frères musulmans en sont aujourd’hui réduits à organiser de petites manifestations surprises sur des points stratégiques du Caire (ponts, échangeurs d’autoroute, etc.). En créant des embouteillages monstres, en exerçant une nuisance contrôlée, la Confrérie cherche désespérément à montrer qu’elle existe, qu’il faut toujours compter avec elle. La réalité est que la grande majorité des Égyptiens ont tourné la page et que, pour eux, le gouvernement de leur pays par les Frères appartient au passé. Si l’actuel activisme de la Confrérie a quelque chose de pathétique, c’est parce qu’elle n’a toujours pas réussi - avec ses leaders en cavale - à se forger une nouvelle stratégie. Elle apparaît aujourd’hui comme complètement sonnée. Il est vrai qu’elle a encaissé trois uppercuts en l’espace de quelques mois, sans les avoir jamais anticipés. Premier coup reçu: le refus de l’économie de repartir au début de l’année 2013. Deuxième coup reçu, à partir du mois de mai 2013: l’alliance des mécontents au sein du mouvement «Tamarod» («Rebellion»), mouvement qui va croître à vitesse supersonique, jusqu’à mettre dans la rue plus de 10 millions de citoyens le 30 juin 2013 à travers toute l’Égypte, pour exiger du président Frère musulman Mohammed Morsi qu’il «dégage». Troisième coup de poing non anticipé: l’intervention de l’armée, le 3 juillet 2013, pour déposer le président régulièrement élu, puis pour susciter l’émergence rapide d’un gouvernement civil technocratique de transition. L’erreur de Morsi a été de croire que les suffrages reçus aux élections de 2012 étaient tous des déclarations d’amour pour l’idéologie islamiste L’éviction, après un an de pouvoir, du mouvement des Frères musulmans est un phénomène historique. Créée en 1922, la Confrérie était de loin le parti le mieux organisé d’Égypte, aux militants les plus nombreux et les plus disciplinés. Trois grandes leçons peuvent être d’ores et déjà tirées de cet échec. Première leçon: le gouvernement idéologique ne prend plus auprès des masses arabes. L’erreur de Morsi – et de son chef, le guide suprême de la Confrérie Mohammed Badie – a été de croire que les suffrages reçus aux élections de 2012 étaient tous des déclarations d’amour pour l’idéologie islamiste inventée jadis par l’instituteur Hassan al-Banna afin de lutter contre la «corruption des mœurs» venue d’Angleterre. La réalité est que les Égyptiens avaient voté contre les représentants du régime ancien et pour un parti Liberté et Justice (fenêtre électorale des Frères) qui avait le mérite de ne pas compter de fonctionnaires corrompus parmi ses dirigeants. Le peuple ne demandait à Morsi qu’une gestion honnête et efficace du pays. À la place, il leur donna de l’idéologie, essayant par tous les bouts de rogner les droits des femmes et des chrétiens. Les Égyptiens sont en très grande majorité pieux, et le patron actuel du pays, le général Sissi, est très religieux. Mais ils ne conçoivent pas leur piété comme agressive et ils ne supportent pas qu’on leur dise comment prier, comment s’habiller, comment se comporter en famille ou en société. Le musulman pieux s’intéresse à son rapport personnel à Dieu, alors que le Frère musulman est obsédé par le rapport à Dieu de son voisin. Les Égyptiens demandaient au gouvernement Morsi de la compétence et de l’honnêteté pour faire progresser le pays. Il leur a donné l’impression de s’intéresser plus à l’oumma qu’à l’Égypte, et il s’est vite fait détester par ce peuple très nationaliste. Deuxième leçon: l’esprit de parti n’est plus toléré par la population pour toute organisation étant parvenue au sommet du pouvoir. Non seulement les Frères n’ont pas réussi à créer une union sacrée ouverte aux chrétiens coptes, aux libéraux, aux nassériens, mais ils ont également échoué à faire l’unité de tous les islamistes d’Égypte. Lorsqu’il annonce la déposition de Morsi, le général Sissi a, à ses côtés, le pape des coptes, le recteur de l’université al-Azhar (personnalité sunnite libérale et érudite), mais aussi le chef du parti salafiste al-Nour. Le long passage dans la clandestinité de la Confrérie dans les années du nassérisme triomphant lui a donné des habitudes de secte, qu’elle n’a pas su jeter aux orties une fois arrivée aux affaires. Troisième leçon: les Égyptiens sont décomplexés ; ce que pensent les étrangers ne les influence plus. Tout l’argent du Qatar et tout le soutien politique d’une Amérique obsédée de stabilité ont été impuissants à maintenir les Frères au pouvoir. Est-ce à dire que l’avenir sera simple avec l’actuelle coalition des libéraux, des militaires, des nassériens, des salafistes? Bien sûr que non. Mais cette défaite combinée de l’idéologie, du sectarisme et de l’influence étrangère marquera pour longtemps la vie politique du plus vieux et grand pays du monde arabe. (Source: Renaud Girard, Le Figaro)
Posted on: Wed, 14 Aug 2013 15:06:48 +0000

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