Un jeune homme du nom de Mamadou, qui voulait apprendre à lire et - TopicsExpress



          

Un jeune homme du nom de Mamadou, qui voulait apprendre à lire et à écrire, partit un jour à la recherche dune école. Il quitta sa province pour se rendre dans la région du Kayor, au Sénégal. Là vivait un savant qui enseignait aux enfants. Mamadou resta auprès de son maître aussi longtemps que nécessaire. Quand il sut lire et écrire parfaitement, il décida de rentrer chez lui. Le jour de son départ, un camarade de classe, qui appartenait à lespèce des génies, lui dit : « Nous sommes amis. Puisque tu ten retournes chez toi, je vais te charger dun message pour mes parents et je te transporterai dans ton village à la vitesse de léclair. Tu ne sais pas qui je suis, mais moi je te connais bien, car nous sommes nés au même endroit. Nous autres, les génies, nous vous reconnaissons très bien mais vous, les humains, vous ne pouvez pas nous apercevoir. Quand tu seras chez toi, mets à ton doigt cette bague dargent, et tu pourras voir les génies et leurs villages. Si tu lôtes ou si tu la perds, tout disparaîtra de nouveau. » Le génie demanda ensuite à Mamadou de sasseoir sur son tapis et de fermer les yeux. À peine Mamadou avait-il obéi quil se retrouva, comme par magie, dans son village. Le lendemain matin, Mamadou passa la bague à son doigt. Il aperçut alors tous les génies et leurs villages. Il alla rendre visite à la famille de son camarade. « Le génie, votre parent, vous envoie le bonjour, leur dit-il. — Et où est-il, notre cher enfant ? lui demanda-t-on. — Je lai laissé dans un village du Kayor. Il continue de fréquenter lécole. — Ah, sécrièrent les parents, notre brave petit se conduit bien ! Et toi, Mamadou, il faut que tu ten retournes chez toi, mais, chaque fois que tu auras du temps libre, ne manque pas de venir nous voir. » Mamadou sen retourna chez ses parents, mais, chaque fois quil en avait loccasion, il rendait de longues visites aux génies. Cest quil avait vu la sœur de son camarade, Anta, une jolie demoiselle, et quil désirait lépouser. Lorsquil lui fit sa déclaration, Anta répondit : « Je ne demande pas mieux ! Pourtant, jhésite à me marier avec un être humain… Vous êtes si coléreux ! Et si bavards ! Et vous mentez si facilement ! Chez nous, il nen va pas de même : jamais un génie ne semporte, jamais il ne trahit un secret ; il ne parle que pour dire la vérité. » Mamadou protesta : « Quand nous serons mariés, tu verras que, moi non plus, je ne memporte pas et que jamais je ne mens ! — Sil en est ainsi, le mariage est conclu ! Je taccepte pour mari. Mais je te défends de révéler à quiconque que tu as épousé une femme de lespèce des génies ! — Cest entendu ! promit Mamadou. — Eh bien, déclara Anta, nous pouvons célébrer notre mariage. » Depuis, Anta et Mamadou vivaient heureux. Mais un jour quAnta avait quitté à laube le village pour se rendre dans sa famille, Mamadou se réveilla pour constater que, pendant la nuit, son grenier de mil avait pris feu, son pur-sang était mort, et son puissant taureau était tombé au fond du puits. Mamadou, et toute sa famille avec lui, était désespéré. Anta revint en fin de journée. En sapprochant de la case de son mari, elle entendit la mère de celui-ci se lamenter : « En un seul jour, voilà ton grenier de mil dévoré par les flammes ! Ton cheval de race meurt ! Puis cest ton grand taureau – un taureau de cinq ans ! – qui périt aussi ! Cette maison va être ruinée dans peu de temps ! Cela devait arriver ! Cest la conséquence de ton mariage avec une femme de lespèce des génies ! » À ces paroles, Anta décida de retourner dans sa famille. Mais avant de disparaître, elle suivit Mamadou jusquaux champs et, lorsquil sendormit pour la sieste, elle lui ôta sa bague dargent. À son réveil, Mamadou ne pouvait plus apercevoir les génies ni leurs villages. Il essaya de suivre le chemin qui menait chez Anta, en vain. Le village avait disparu. Un beau jour, Anta revint dans le village de Mamadou. Elle trouva celui-ci endormi, et le réveilla. Il sécria : « Anta ? ! Doù viens-tu ? — Je viens de mon village. — Ce nest pas vrai ! Vous lavez tous quitté ! — Non. Nous lhabitons toujours. — Alors pourquoi ne vivons-nous plus comme autrefois ? — Cest quà présent notre mariage est rompu de par ma volonté ! — Pourquoi las-tu rompu ? — Parce que tu nas pas tenu ta promesse ! Quand tu mas demandé de devenir ta femme, ne tai-je pas déclaré quil me serait difficile de le rester parce que, vous autres humains, vous vous emportez, vous mentez et vous bavardez à tort et à travers ? — Et quand donc me suis-je emporté ? En quoi ai-je menti ? Pourquoi dis-tu que jai été bavard ? — Tu as eu la langue trop pendue. — Mais à quel propos ? Dis-le-moi enfin ! — Souviens-toi du jour où ton grenier de mil fut consumé, où ton cheval est mort et ton grand taureau est tombé dans le puits. Tout cela, je ne lignorais pas ! Mais je suis partie pour ne plus revenir, car jai entendu ta mère se plaindre de moi, ce qui est la preuve que tu lui as révélé notre secret et que tu as trahi ta promesse. Je vais te raconter ce qui sest réellement passé : jétais restée près de toi jusquà laube. Azraël, lange de la mort aux bras parsemés dyeux et portant un arbre sur la tête, est venu. Il voulait semparer de toi. Je lai repoussé et rejeté sur ton grenier de mil, qui a brûlé. Il a essayé alors demporter ta mère. Je lai jeté sur le cheval, qui sest effondré sous son poids. Il sest néanmoins entêté à rester, prêt à se venger sur ta sœur. Et moi, une troisième fois, je lai combattu et repoussé. Il est tombé sur le taureau, qui mourut en basculant dans le puits. Si je tavais laissé mourir, ainsi que ta mère et ta sœur, que serait devenue ta maison ? Elle aurait été perdue ! Et si vous êtes tous encore en vie, ce fut grâce à lincendie du grenier de mil, à la mort du cheval et à celle du taureau ! Ne vaut-il pas mieux que les choses se soient passées ainsi ? Tu mas trahie, mais avant de te quitter pour toujours, je devais te révéler la vérité. » Et Anta sen alla. Jamais Mamadou ne la revit.
Posted on: Sat, 30 Nov 2013 23:59:42 +0000

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