Words of Wisdom of the Week: by Aimé Césaire (english - TopicsExpress



          

Words of Wisdom of the Week: by Aimé Césaire (english below) "Nous sommes par définition des êtres compliqués. C’est la règle commune à toute société, accrue par le tissu complexe de la sédimentation née des termes inégaux du fait colonial. Tout n’y est pas négatif, loin de là. Cette hybridation dont nous sommes le résultat a des acquis et des valeurs positives, où l’Occident, et l’Europe, ont eu aussi leur part. L’abbé Grégoire, Victor Schœlcher, et toutes ces voix d’hier et d’aujourd’hui, qui se sont engagées pour l’Homme et ses droits, au-delà de la race et contre la discrimination, ont été des guides dans ma vie, et représentent une contribution essentielle à l’avancée des idées d’universalité concrète et d’humanisation sans lesquelles notre monde actuel ne pourrait pas envisager d’évoluer positivement. Je suis à jamais leur frère de luttes et d’espérances. Je crois que la parole est salvatrice, mais pas sans l’amour et l’humanisme. Je crois en l’homme. Et je me retrouve dans toutes les cultures. Nous participons tous à la même grande aventure. C’est cela les cultures. Qui se rencontrent, et qui se rencontrent quelque part. Nous n’avons jamais conçu notre singularité [la négritude] comme l’opposé et l’antithèse de l’universalité. Il nous paraissait très important, en tout cas pour moi, de poursuivre la recherche de l’identité. Et, en même temps, de refuser un nationalisme étroit. Notre souci a toujours été un souci humaniste et nous l’avons voulu enraciné. Nous enraciner et en même temps communiquer. Je crois que c’est [chez] Hegel que nous avons trouvé cette réflexion sur la singularité: Hegel explique qu’il ne faut pas opposer le singulier à l’universel, que l’universel, ce n’est pas la négation du singulier, mais que c’est par l’approfondissement du singulier que l’on va à l’universel. Pour être universel, nous disait-on en Occident, il fallait commencer par nier que l’on est nègre. Au contraire, je me disais: «plus on est nègre, plus on sera universel.» C’était un renversement. Ce n’était pas le: ou bien, ou bien. C’était un effort de réconciliation. Une identité, mais une identité réconciliée avec l’universel. Chez moi, il n’y a jamais d’emprisonnement dans une identité. L’identité est enracinement. Mais c’est aussi passage. Passage universel. Nous sommes, par la nature et par l’Histoire, situés au carrefour de deux mondes. Nous sommes au carrefour d’au moins deux cultures. J’ai donc essayé de réconcilier, parce qu’il le fallait, ces deux mondes. Je crois à l’importance de l’échange. Et l’échange ne peut se faire que sur la base de l’estime réciproque."
Posted on: Mon, 05 Aug 2013 22:38:38 +0000

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