Youssef TECLE, Belge, 26 ans, accusé d’un crime qu’il n’a - TopicsExpress



          

Youssef TECLE, Belge, 26 ans, accusé d’un crime qu’il n’a pas commis, croupit depuis10 longues années dans une prison australienne et à part sa famille et ses amis, tout le monde s’en fout… D’origine érythréenne, catholique orthodoxe, honnête et gentil garçon, Youssef Teclé vivait avec ses parents à Forest, une existence tranquille, entouré de l’amour des siens jusqu’au jour où, ayant terminé ses humanités, il décide de partir en Australie (où vivait déjà Tom, son frère aîné) pour parfaire ses connaissances en Anglais et entamer des études commerciales. C’était il y a un peu plus de six ans, il ne lui aura donc pas fallu attendre longtemps pour que le ciel australien lui tombe sur la tête … La vie est chère, en Australie, pour un étudiant. Et Youssef, fraîchement arrivé, se voit contraint de partager son appartement (son kot ?) avec deux ou trois autres jeunes pour pouvoir en assumer le loyer. Studieux, ambitieux mais sans excès, gentil et généreux, Youssef se dit que la vie est belle, certes pas toujours facile, mais belle quand même, jusque au jour où… La descente aux enfers de Youssef commence par un coup de téléphone, d’apparence anodin : l’une de ses connaissances, un Indien qu’il connaît sous le nom de Ben, l’appelle et lui demande de bien vouloir avoir la gentillesse de lui prêter son appartement pendant quelques heures parce qu’il a un affaire à régler avec quelqu’un. Youssef qui n’est pas d’un naturel méfiant accepte, quitte son appartement et laisse son « ami » Ben prendre possession des lieux comme prévu. Mais Ben est un escroc, et même pire que ça, et Youssef l’apprendra à ses dépens… Au moment même où l’entrevue est censée avoir lieu, Youssef reçoit un coup de téléphone de Ben qui lui demande de bien vouloir rentrer chez lui. Sans se douter un instant du drame qui vient de se jouer, Youssef obéit, et les images des caméras de surveillance de son immeuble le montrent joyeux, insouciant, le walkman collé aux oreilles, rentrer à son domicile. Youssef monte dans son appartement et y découvre – outre son ami- une tierce personne qu’il ne connaît pas, effondrée sur le sol, le crâne fracassé avec une batte de base bal, un sac en plastique sur la tête. L’autopsie permettra de découvrir plus tard que cet homme était en overdose d’héroïne ce qui lui faisait ainsi une troisième bonne raison de mourir… Décrit par tous ceux qui le connaissent comme un homme sans histoires, Youssef est pétrifié, anéanti devant la vision d’horreur qui s’offre à ses yeux. Il n’a pas le temps de reprendre ses esprits que déjà Ben l’engage à l’aider à se débarrasser du corps. Pire, il le menace : si Youssef ne lui donne pas un coup de main, non seulement le cadavre restera dans son appartement (à lui d’en expliquer la présence à la police), mais en plus il lui promet, en guise de représailles, de s’en prendre aux enfants de son frère installé à Sydney. Youssef prend peur, il n’est plus capable de réfléchir mais se dit qu’il est en présence de quelqu’un qui n’a aucun scrupule et pour qui la vie humaine ne représente rien, alors il obéit, comme un automate. Le cadavre est caché dans un sac de couchage, descendu de l’appartement de Youssef et jeté dans une benne à ordures. Visiblement, le but de Ben est de transférer ensuite le corps dans le coffre de la voiture de la victime, puisque des caméras de surveillance le filment en train d’en trafiquer les plaques. Le cadavre restera cependant dans la poubelle, on ne sait pas trop pourquoi, et nos deux protagonistes se sépareront pour ne plus jamais se revoir. Peu de temps après les faits et avant que la police ne les découvrent, Ben sera expulsé du pays par les autorités australiennes comme tout étranger dont le visa n’est pas en règle, et donc sans être inquiété pour le crime qu’il a, selon toutes vraisemblances, commis. Youssef, quant à lui, est désemparé. Il part rendre visite à son frère qui constate bien vite qu’un drame vient de se jouer. De questions de plus en plus précises en réponses de plus en plus sordides, Youssef finit par tout avouer à son aîné qui lui enjoint de se rendre à la police pour tout raconter, persuadé qu’il était de l’innocence de son frère et intimement convaincu que le monde entier, à commencer par les représentants des forces de l’ordre, ne pourrait qu’admettre l’authenticité des dires de ce jeune homme qui n’a jamais rien eu à se reprocher... Youssef va donc tout raconter à la police, il est immédiatement arrêté et mis en prison. Une enquête de police, fort bien diligentée, va permettre de découvrir certains éléments attestant son innocence. D’abord, il est venu spontanément raconter les faits à la police. Ensuite, il y a les images des caméras de surveillance, celles qui le montrent rentrant chez lui tout guilleret après l’appel de son ami Ben, et celles qui montrent ce dernier en train de trafiquer les plaques de la voiture de la victime. Mais il y en a d’autres encore, prises dans un magasin de Sydney, où on voit Ben accompagné d’un tiers, identifié comme n’étant pas Youssef, achetant un sac de couchage et une batte de base bal, arme du futur crime sur laquelle on ne retrouvera d’ailleurs pas les empreintes de Youssef. L’enquête de police découvre aussi que Ben, ou celui que Youssef connaît sous le nom de Ben possède cinq passeports avec cinq alias et semblerait donc avoir des activités pour le moins louches. Il s’avère aussi que si Ben avait convoqué son « ami » dans l’appartement de Youssef, c’était précisément pour qu’il règle pour lui un problème de visa, chose que la future victime a refusé de faire parce que Ben lui devait de l’argent… Avec tous ces éléments, les avocats de Youssef auraient eu largement de quoi disculper leur client accusé du crime et coupable seulement (et encore, il a agi sous la contrainte) d’avoir aidé un criminel à se débarrasser d’un corps, mais, au grand désarroi de tout le monde, les faits ne se sont pas déroulés comme prévu. Devant sa famille médusée qui avait fait le déplacement jusqu’à Sydney pour assister au procès de son enfant, de son frère, innocent, Youssef est condamné pour le crime qu’il n’a pas commis parce qu’il a été défendu (descendu ?) par de médiocres avocats qui n’ont pas su tirer parti des éléments de l’enquête. Persuadé qu’il y a encore de l’espoir, Youssef fait appel et son procès jouit d’un grand retentissement en Australie, mais pas dans le sens qu’il aurait espéré… On sent en effet à la lecture de la presse australienne que le premier délit commis par le jeune homme est de porter un prénom à consonance arabe et qu’ensuite il a le tort d’être là et de faire un coupable parfait, naïf à souhait, à 20.000 kilomètres des siens, sans argent, sans influence, bref, sans importance ! « Justice » sera donc faite : on aura châtié un coupable, mais on n’aura pas châtié le coupable. En degré d’appel les avocats de Youssef ne feront pas du meilleur travail, et leur client sera condamné à 26 ans et 8 mois de prison. C’était il y a six ans, et depuis, le jeune belge purge sa peine dans l’un des plus sévères centres pénitenciers australiens, seul dans sa cellule. Les visites sont ici très sévèrement réglementées, elles s’accordent sur base de rendez-vous, et quand le carnet de rendez-vous est plein, pas question d’imaginer rencontrer un prisonnier, même si on a fait 20.000 kilomètres pour le voir. Dans sa cellule, Youssef se sent seul. Il se demande s’il reverra ses parents. Son père vient encore le voir une fois par an (c’est loin et c’est cher, l’Australie !) mais sa mère, opérée pour la deuxième fois des suites de son cancer, n’a désormais plus la force de faire le voyage. Alors, il essaie de passer le temps, entreprend des formations en prison (mais les formations de niveau universitaire ou supérieur lui sont interdites parce qu’il n’est pas australien), espère des visites et du courrier qui lui redonneraient du courage. Mais sa famille et ses amis ne baissent pas les bras : ils pensent à activer les accords d’extradition existant entre la Belgique et l’Australie. Cette dernière leur donne espoir, et transmet le dossier d’extradition à la Belgique, mais assortit l’extradition d’une condition inacceptable par notre pays : celle de voir Youssef purger ici 20 années de prison. Or, cette exigence est illégale parce que non prévue dans les accords d’extradition entre les deux pays et ensuite parce que le jugement rendu en Australie n’a aucune valeur ici : on pourrait en effet imaginer qu’un ressortissant belge comme Youssef, n’ayant jamais eu aucun démêlé avec la justice serait immédiatement remis en liberté une fois sur notre sol. Alors, depuis le transfert du dossier d’extradition de Youssef Teclé et la prise de connaissance de la Belgique des exigences australiennes, la situation reste inchangée : Youssef croupit en prison et ses parents se languissent de le revoir avant de quitter ce monde qui leur a si injustement et si brutalement enlevé leur fils. Des amis de Youssef, des membres de sa famille, connaissances, professionnels du droit, simples anonymes… ont décidé de continuer à se battre, comme Imad (voir encadré), qui a lancé un appel au soutien de Youssef sur facebook. Ils ont mis sur pied une pétition (pétition.be), envoyé des courriers à tous nos députés, sénateurs, ministres, présidents de partis, membres de la Maison Royale…pour demander que (vraie) justice soit rendue et, si ce n’est de vagues accusés de réception du Palais, du Premier ministre et du ministre de la Justice et un aveu d’incompétence signé du président du MR, aucun mot, aucune intention, qu’elle soit politique ou tout simplement humaine, n’en a découlé. Et la déception d’atteindre les amis de Youssef, qui constatent avec dépit que le gouvernement de leur pays accorde plus d’importance à la couleur des sacs poubelles en Agglomération Bruxelloise ou au phénomène BHV qu’à la vie d’une de ses ressortissants, incarcéré injustement à l’autre bout du monde. Ils ont maintenant introduit une demande de grâce auprès du Gouverneur Général d’Australie et de la Reine d’Angleterre tout en continuant à caresser l’espoir de réveiller la conscience des autorités belges. Une chose est sûre : si un jour Youssef rentre dans son pays et retrouve les siens, c’est àç la solidarité populaire qu’il le devra et non à la diplomatie belge… Imad, son ami nous explique… Imad, 28 ans, vit en Belgique et est l’un des nombreux amis de Youssef. Ils habitaient dans le même quartier et jouaient au football ensemble quand ils étaient enfants. Au moment des études, leurs chemins se sont un peu séparés, mais ils continuaient à se voir de temps à autres. Pour lui, son ami est quelqu’un de très gentil, sans problème, incapable de commettre un méfait. Quand il a appris que Youssef partait étudier en Australie, il a été un peu jaloux pour la forme : lui aussi voulait y aller, mais il ne serait pas le premier. Quand il a appris ce qui était arrivé à son ami, il n’a pas compris… Un jour, Imad est parti en Australie, lui aussi, pour ses études et il a décidé d’en savoir plus. Il a rencontré Youssef en prison, à de nombreuses reprises, et à chaque fois le jeune homme s’excusait de lui imposer de venir le voir dans un tel endroit. Au retour de chacune de ses visites, Imad avait des idées confuses plein la tête : pourquoi et comment avait-il pu en arriver là? Comment sortir son ami de là ? Allait-il survivre à cette terrible épreuve ? Que devait penser sa famille ? Sa foi suffirait-elle à lui donner la force de continuer à se battre ?... Et, en vrai ami, il a décidé de bouger, de lancer sur facebook un appel pour sauver Youssef, d’inciter les gens à signer une pétition visant à provoquer enfin son extradition. Car, pour Imad, quand bien même Youssef serait coupable (mais il est persuadé qu’il ne l’est pas !), il a le droit de purger sa peine en Belgique, près des siens ! Groupe de Soutien à Youssef TECLE Didier De Ketelaere
Posted on: Mon, 05 Aug 2013 14:52:23 +0000

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