anarchisme 1 PRÉSENTATION anarchisme, mouvement d’idées - TopicsExpress



          

anarchisme 1 PRÉSENTATION anarchisme, mouvement d’idées ayant pour objet de garantir la liberté individuelle et s’opposant par là à toute forme de domination. 2 AUX SOURCES DE LA PENSÉE ANARCHISTE L’embryon d’une réflexion de type anarchiste apparaît dès la Révolution française, qui institue un divorce radical entre l’égalité politique affirmée par l’État et le maintient des inégalités sociales et économiques. Certains esprits s’interrogent sur cette dérive étatiste qui remet en cause l’idéal de libération de l’individu. De ce point de vue, le Manifeste des Égaux de Gracchus Babeuf apparaît comme une des premières actions de type « libertaire », à la fin du XVIIIe siècle. Philosophiquement, l’anarchisme puise aux mêmes sources que le marxisme, à savoir l’hégélianisme en tant que lutte de l’Homme contre toute forme d’aliénation (religion, Église, État, etc.). Mais là où le marxisme affirme, à travers le matérialisme historique, un destin collectif de l’Homme à travers la notion de lutte des classes, l’anarchisme proclame la souveraineté du moi « unique », telle qu’elle apparaît dans l’ouvrage de Max Stirner, L’Unique et sa propriété (1845). Enfin, l’anarchisme n’est pas sans puiser aux sources du christianisme : ainsi Proudhon célèbre l’enseignement « social » de Jésus et Stirner son « dépassement de l’État ». 3 TENDANCES ET ÉVOLUTIONS DU MOUVEMENT ANARCHISTE Mikhaïl Aleksandrovitch Bakounine Roger Viollet/Getty Images Pour les anarchistes, la liberté de l’individu ne doit être entravée par aucune forme de répression ou de contrôle extérieur. Tout type d’autorité est donc rejeté, et la vie en société n’est possible que s’il y a accord individuel de tous les membres de la communauté. Considéré comme le père de la pensée anarchique, l’écrivain français du XIXe siècle Pierre Joseph Proudhon estime que les règles unissant l’individu à la société doivent se situer à l’opposé du contrat social défini par Jean-Jacques Rousseau. Selon lui, la conception rousseauiste du pouvoir ne peut qu’être arbitraire, dans la mesure où elle ne concerne que la sphère politique et se désintéresse des aspects économiques et sociaux. Sans renier la nécessité de se plier à un contrat collectif, la pensée anarchiste souhaite que celui-ci soit aussi proche que possible des besoins de chacun et, à ce titre, qu’il se modifie en fonction des évolutions individuelles. Aussi, la prise en considération des aspirations de chacun se traduit-elle par une conception fédéraliste du pouvoir et de l’organisation de la société, tant sur le plan professionnel que sur le plan territorial, afin que l’organisation collective soit librement consentie par tous. Dès lors, toute forme de gouvernement doit-elle être rejetée, tant qu’elle ne représente les intérêts que d’un seul groupe, même majoritaire. De même, l’anarchisme s’oppose au système parlementaire, dans lequel l’individu est dépossédé de son droit de contestation, et lui préfère le syndicalisme qui, plus proche de la population, est censé mieux rendre compte des aspirations des individus. L’anarchisme pose aussi la question de la propriété. Sur ce point, deux tendances s’opposent : l’une prône le maintien de la propriété individuelle et l’autre, héritière notamment du babouvisme, développe une conception collectiviste de la répartition des biens. Toutefois, les anarchistes se démarquent du communisme et, dès 1866, le Russe Mikhaïl Bakounine prédit que le système étatique communiste porte en germe la création d’une classe privilégiée, représentée par les bureaucrates. Il s’ensuit une rupture entre les courants anarchistes et socialistes, qui pouvaient jusqu’alors cohabiter. Au congrès de l’Association internationale des travailleurs, ou Ire Internationale, qui se tient à Bâle en 1869, les anarchistes, dirigés par Bakounine, sont mis en minorité par les socialistes ; en 1872, ils sont expulsés de l’Internationale. Les tenants de l’anarchisme philosophique continuent de se distinguer des socialistes par l’importance qu’ils accordent à l’absence de tout contrôle sur l’individu et la société, en particulier de tout contrôle émanant de l’État. 4 ANARCHISME ET TERRORISME Assassinat de Sadi Carnot Roger Viollet/Getty Images Bien que la plupart des anarchistes n’aient pas préconisé le terrorisme comme moyen d’action, l’opinion commune identifie à tort ce mouvement à la violence. Il est vrai que les assassinats du président français Marie-François Sadi Carnot (1894), du roi d’Italie Humbert Ier (1900), du président des États-Unis William McKinley (1901) et du roi de Grèce George Ier (1913) — tous commis par des anarchistes — sont venus étayer cette idée populaire. Cela est particulièrement le cas en France lors de la série d’attentats perpétrés, en 1892-1894, par Ravachol, Caserio, Vaillant ; et plus encore au temps où sévit la bande à Bonnot, groupe de malfaiteurs inspirés par l’idéal anarchiste (1911-1913). Mais les anarchistes se sont bien souvent vu imputer, par ailleurs, des crimes qu’ils n’avaient pas commis. 5 L’ANARCHISME EN FRANCE ET EN EUROPE 5.1 En France, une tradition maintenue mais faible En France, le mouvement anarchiste opère sa jonction avec l’action syndicale à travers l’« anarcho-syndicalisme » (ou syndicalisme révolutionnaire) où s’illustrent Fernand Pelloutier (qui anime de 1894 à 1901 la Fédération des Bourses du travail) et Émile Pouget. La CGT unifiée, fondée en 1902, représente cette tendance qui, par la suite et jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale, ne cesse de gagner en vigueur, au point d’apparaître comme un courant politique important. Mais les années 1920-1930 marquent un recul de l’activisme anarchiste et de l’anarcho-syndicalisme, en grande partie phagocyté par la puissante CGT. Depuis lors, l’anarchisme, en dépit du maintien de quelques groupes organisés (principalement la Fédération anarchiste), ne fait plus recette. S’il refait surface en Mai 68, c’est davantage en tant que symptôme romantique de l’agitation, estudiantine en particulier, que comme recours idéologique. Cette dernière dimension s’incarne davantage dans les chansons de Léo Ferré que dans l’agitation de la Fédération anarchiste. 5.2 Les cas italien et espagnol En Italie, la tendance de l’anarcho-syndicalisme se développe également à la charnière des XIXe et XXe siècles. On la retrouve dans le discours de Malatesta au tournant du XIXe siècle et sous la forme de grèves insurrectionnelles à Parme, Ancône ou Carrare. Le mouvement anarchiste italien se mobilise contre la guerre, puis inscrit ses luttes dans le cadre du mouvement ouvrier et paysan italien jusqu’à la victoire de Mussolini en 1922. Dès lors, comme en France, le mouvement tend à régresser. Du côté espagnol, la Confédération nationale du travail (CNT) compte près d’un million de membres à la veille de la guerre civile, au cours de laquelle les idées anarchistes entrent en conflit ouvert avec celles des communistes et des socialistes (en particulier en Catalogne, où les chefs du mouvement subissent à la fois la répression franquiste et celle des représentants de Staline chargés d’expurger le mouvement révolutionnaire de ses éléments anarchistes, jugés subversifs). 6 L’EXTENSION INTERNATIONALE DE L’ANARCHISME Sacco et Vanzetti Nicolas Sacco et Bartolomeo Vanzetti, immigrés italiens aux États-Unis et militants anarchistes notoires, furent accusés dun double meurtre en 1920. Malgré labsence de preuve de leur culpabilité, ils furent exécutés en 1927, ce qui provoqua un tollé général dans le monde entier. Ils ont été réhabilités en 1977. Leurs corps sont représentés dans des cercueils sous le regard de leurs persécuteurs, dans ce dessin de lartiste américain Ben Shahn © Estate of Ben Shahn/Licensed by VAGA, New York, NY. Photo: National Geographic Society Entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, le mouvement anarchiste, enraciné en Europe de l’Ouest, sort de ses frontières. Aux États-Unis, des émigrants d’origine européenne entretiennent l’agitation anarchiste dans plusieurs centres industriels, comme Chicago à la fin du XIXe siècle. En août 1927, l’exécution par électrocution de deux anarchistes italiens, Sacco et Vanzetti, soulève une émotion considérable dans le monde. Petr Alekseïevitch Kropotkine Après son départ de larmée, cet ancien militaire, se consacre à des expéditions scientifiques à caractère géographique. Ayant été séduit par les idéaux de Bakounine, il fait son entrée en politique. Membre de la Ire Internationale socialiste, il fonde avec Élisée Reclus le journal le Révolté qui véhicule des idées anarchistes. Incarcéré à plusieurs reprises pour propagande subversive, cest en exil, en Angleterre, quil rédige Paroles de révolté et Autour dune vie, qui rétrospectivement apparaissent comme les écrits fondateurs de la pensée anarchiste. Hulton Deutsch Collection Limited/Woodfin Camp and Associates, Inc. En Russie, l’anarchisme entre en lutte contre le bolchevisme sous l’influence des idées de Bakounine et de son disciple, le prince Kropotkine. En Ukraine, un jeune paysan anarchiste, Nestor Makhno, soulève les campagnes contre l’envahisseur allemand, puis contre les armées « blanches », avant d’être tué par l’Armée rouge entre 1920 et 1921. L’Amérique latine connaît, elle aussi, une agitation anarchiste au cours de la première moitié du XXe siècle, en Argentine notamment lors des grèves insurrectionnelles de 1919 et 1920, mais également au Mexique, au Chili et au Pérou. Mais en dépit de son extension, là encore, l’anarchisme connaît un déclin progressif au cours de la seconde moitié du XXe siècle.
Posted on: Sat, 26 Oct 2013 10:13:43 +0000

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