la bataille du champ du sang opposa le 28 juin 1119 les Croisés - TopicsExpress



          

la bataille du champ du sang opposa le 28 juin 1119 les Croisés dAntioche contre les Alépins dans la plaine de Sarmada, à mi-chemin entre les deux villes. Le Turc Ortogide Il-Ghazi se rend maître d’Alep et défait l’armée d’Antioche près d’Artah. Roger de Salerne est tué et le nombre des morts est si grand que le lieu de la bataille prend le nom d’ager sanguinis, Le «Champ du Sang» dans le latin des chroniqueurs de lépoque. Situation générale Antioche et les autres États latins dOrient étaient constamment en guerre contre les états musulmans du nord de la Syrie et de lIrak, notamment Alep et Mossoul. La mort de Ridwan dAlep en 1113 donna quelques années de calme à la région. Mais le Normand Roger de Salerne, régent dAntioche pour le compte de Bohémond II, ne sut pas profiter de la mort de Ridwan ; de même, Baudouin II, comte dÉdesse, et Pons, comte de Tripoli, donnèrent priorité à leurs propres intérêts à court terme et ne firent pas alliance avec Roger contre Alep. En 1117, lOrtogide Ilghazi devint Atabey (gouverneur) dAlep. En 1118 Roger captura Azaz, qui était sorti dAlep pour attaquer les chrétiens ; Ilghazi riposta en envahissant la principauté en 1119. Roger sortit dArtah avec Bernard de Valence, le patriarche latin dAntioche. Bernard conseillait dy rester car Artah était une puissante forteresse très proche dAntioche et Ilghazi naurait pas pu aller plus loin si on la tenait. Le patriarche suggéra aussi à Roger dappeler Baudouin, devenu entre temps Roi de Jérusalem, ainsi que Pons. Mais Roger ne voulut pas attendre leur arrivée. Entrée en campagne Roger sinstalla dans le défilé de Sarmada pendant quIlghazi assiégeait le château dEl-Atharib. Un petit détachement commandé par Robert du Vieux-Pont voulut rompre linvestissement. Alors Ilghazi fit semblant de battre en retraite, stratagème turc habituel qui marcha une fois de plus : Les gens de Robert quittèrent le château et tombèrent dans lembuscade. La bataille Ilghazi attendait aussi des renforts de Tughtekin, lémir bouride de Damas, mais lui aussi se trouva fatigué dattendre, aussi encercla-t-il le camp de Roger dans la nuit du 27-28 juin 1119. Larmée de Roger était forte denviron 3 700 hommes (700 chevaliers et 3 000 fantassins, dont des turcoples2 formant 3 «batailles»3 commandées par Roger, Geoffroy le Moine et Guy Fresnel. Dès que les musulmans (dont le nombre nest précisé par aucun chroniqueur mais possédant certainement une nette supériorité, situation habituelle lors des Croisades) arrivèrent, le cadi Abou El-Fadl Ibn El-Khachab, portant le turban de sa dignité mais brandissant une lance, caracola devant les combattants. Ils commencèrent par être stupéfaits dêtre harangués par un lettré mais à la fin de sa prédication passionnée sur les devoirs et mérites des combattants de la guerre sainte, si lon en croit Kamal Ed-Din, le chroniqueur contemporain dAlep, ces massacreurs professionnels éclatèrent en larmes et coururent au combat. Le matin du 28 juin, larmée normande engagea le combat avec avantage mais les Turcs reprirent vite le dessus. Robert de Saint-Lô et les turcoples furent rejetés sur la ligne de Roger, qui fut disloquée. Durant la mêlée, Roger fut tué dun coup dépée en plein visage au pied de la grande croix ornée de pierres précieuses qui lui servait détendard. Le reste de larmée fut complètement taillé en pièces: 2 chevaliers seulement survécurent ! Lun deux, Renaud Mazoir, se réfugia dans le château de Sarmada pour attendre le roi Baudouin mais fut plus tard pris par Ilghazi. Parmi les autres prisonniers figura apparemment Guillaume le Chancelier, qui plus tard raconta la bataille. Tel fut le massacre que plus tard on appela cette défaite Ager Sanguinis, en latin «le Champ du Sang». Conséquences Les Alépins triomphent. Pourtant, Ilghazi navance pas jusquà Antioche, qui, lignorant, se prépare à soutenir un siège et où le patriarche Bernard organise la défense tant bien que mal. Les Francs, qui se méfient des chrétiens syriens, arméniens et grecs habitant la ville, les désarment et leur interdisent de quitter leurs maisons. Mais Il-Ghazi, occupé à célébrer sa victoire, ne songe pas à profiter de son avantage. Il tombe malade pendant vingt jours, sans doute à la suite de ses excès de boisson. L’armée de Baudouin II de Jérusalem arrive alors à Antioche, écartant le danger. Ilghazi fut repoussé par Baudouin II et Pons le 14 août 1119 et Baudouin sattribua la régence dAntioche. La défaite du Champ du Sang affaiblit considérablement Antioche qui subit de nombreuses attaques sarrasines durant la décennie suivante. Finalement, la principauté dut accepter la suzeraineté de lEmpire byzantin. Les Latins rétablirent quelque peu leur situation face aux mahométans de Syrie par leur victoire dAzaz en 1125, 6 ans plus tard. Le nom de «Champ du Sang» est peut-être une référence biblique faisant allusion au lopin acheté par Judas avec les 30 deniers gagnés en livrant le Christ. Les Actes des Apôtres racontent que Judas sy pendit et quon nomma le lieu «acheldemach» en araméen, ce qui donne «ager sanguinis» dans la Vulgate latine. Considérations générales stratégiques et tactiques Cette bataille fut la première défaite importante des Latins installés en Orient et montra aux musulmans quils pouvaient battre les Croisés sans laide des Turcs Seldjoukides, jusqualors jugée indispensable. En fait, les défaites des musulmans lors de la Première Croisade étaient dues au style de guerre des Occidentaux, très différent de celui des Byzantins auquel étaient habitués Turcs et Arabes. Alors que les Byzantins faisaient tout leur possible pour éviter les grandes batailles, préférant les manœuvres complexes pour épuiser ladversaire et lattaquer du fort au faible pour lobliger à reculer (=stratégie indirecte, elle passe pour plus économique et moins risquée), les Occidentaux, au contraire, recherchent la bataille frappant du fort au fort pour lanéantir (stratégie directe, elle donne de plus grand résultats quand elle réussit). Par ailleurs, sils disposent dune infanterie lourde comme les Byzantins (lourde parce que dotée de cuirasses ou cottes de mailles) alors que les Orientaux neurent jamais que de linfanterie légère (cétait déjà vrai du temps des guerres médiques et dAlexandre le Grand), larme principale des barons dEurope de lOuest est la cavalerie lourde (=avec armures) combattant par le choc (=chargeant à fond avec la lance) alors que les cavaleries orientales sont légères (=sans armures) et préfèrent combattre par le tir (=à larc). Si les chefs Croisés sont assez habiles pour amener lennemi à prendre position sur un terrain plat et dégagé, leur cavalerie lourde peut sengager dans les conditions les plus favorables : elle culbute et défonce infanterie et cavalerie légères qui lui font face, même en cas de grosse supériorité numérique de ces dernières ; mais la poursuite est en général impossible par suite de la différence de mobilité. À partir de lAger Sanguinis, Turcs et Arabes éviteront les combats en plaine chaque fois quils le pourront, ce qui ne sera pas trop difficile vu la nature du terrain en ces régions. Les Croisés nont que deux autres avantages en Orient : Leur incontestable supériorité poliorcétique (=fortifications et sièges, la féodalité occidentale leur ayant donné tout le savoir-faire nécessaire). Leur non moins incontestable supériorité navale, qui leur permit denvoyer des renforts vers la Méditerranée orientale durant 2 siècles, élément indispensable pour compenser leur énorme infériorité numérique locale, tant en combattants quen civils pour les entretenir.
Posted on: Tue, 19 Nov 2013 00:23:27 +0000

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