parce que cest bientôt Noël : extrait du bâton de Timmin, livre - TopicsExpress



          

parce que cest bientôt Noël : extrait du bâton de Timmin, livre II des Enfants de Sheendara Le regard dans le lointain, Hank se tenait au bord d’un précipice vertigineux aucunement indiqué sur la carte en mouvement qu’il tenait à la main. Il fronça les sourcils en constatant que le point lumineux indiquant la maison du Veilleur avait disparu. Scrutant le fond du ravin, il distingua un petit hameau constitué de quelques maisonnettes qui semblaient à l’abandon. Le seul chemin qui menait au fond de la vallée enneigée était une mince bande de roche qui était creusée à même la falaise. Elle débutait non loin de leur position actuelle et descendait abruptement. Visiblement, il n’y avait pas d’autre chemin. - Toujours tout droit, mon capitaine ! clama Bis de sa voix aigrelette. - Faisons demi-tour ou nous allons vers la mort ! grogna Bi sur le même ton. Hank soupira. Le double-caboches avait raison. Ils étaient obligés de suivre ce chemin car la région de Naxens était devant eux mais la route verglacée le terrifiait. Aucune rampe ne protégeait le voyageur de l’abîme. La sente était étroite et le précipice dangereux. Comment transporter tout leur équipement vers le fond du ravin ? La remorque était trop large pour passer par-là ! - Oh, oh, oh ! chantonna une grosse voix derrière lui. Le forban eut la surprise de voir un gros bonhomme vêtu de rouge sur le siège d’un traîneau tiré par des rennes dont le premier avait des clochettes sur ses bois et un gros nez cramoisi. C’était une belle troïka sculptée de mille petits lutins au bonnet pointu et au sourire épanoui. Des grelots et des pompons rouges et blancs étaient accrochés sur toute l’ossature du traîneau qui était vide de tout chargement. - Bonjour ! fit la grosse voix du conducteur de la troïka. Je suis le Père Noël et j’imagine être en présence des hôtes de mon frère Spicacité ! - Euh…oui, réussit à dire Hank, intimidé malgré lui par l’imposant personnage vêtu de rouge. - Je crois que vous avez un problème, n’est-ce pas ? ajouta son interlocuteur en posant une main sur son gros ventre. - Nous devons nous rendre dans cette vallée en contrebas, expliqua le forban, mais la descente me parait périlleuse avec des enfants et impossible pour notre remorque. - Ah ! Des cadeaux de mon frère ! s’écria Noël en descendant de son siège et en inspectant la belle carriole qui gisait sur le sol, détaché du dos du simpalagron. Alors, ce sera simple ! Tout se plie et peut rentrer dans mon traîneau ! Où sont les enfants ? Invitant l’étrange visiteur à le suivre, Hank le conduisit vers la maison de poche qui abritait le sommeil de ses compagnons. A l’arrivée des deux hommes dans l’étroite cabane, seul titan leva la tête de sa couche de fourrure. Ereinté par la longue marche qui les avait menés jusqu’ici, le simpalagron sentit ses paupières se refermer avant de sombrer dans un nouveau rêve où il gambadait sur les terres de Sheendara. Hank se pencha vers la fillette et les deux garçons. Il les secoua gentiment pour les réveiller. - Je n’avais jamais vu d’aussi jolis yeux ! s’exclama le Père Noël en croisant le regard d’Alana qui s’éveillait en baillant à se décrocher la mâchoire. Violet avec des éclats de roses ! Quelle couleur extraordinaire ! Rougissant sous le compliment, l’enfant se redressa à demi et jeta un œil interrogateur à Hank qui sortait de la marmite d’abondance tous les ingrédients pour faire un solide petit déjeuner. Galettes et chocolat chaud vinrent chatouiller les narines de Timmin qui croqua goulument dans plusieurs pâtisseries tout en restant allongé au fond de son lit de fortune. Merlin gardait obstinément sa tête sous son oreiller et grognait son mécontentement de devoir se lever. Noum quitta la couverture sous laquelle il était lové et vint ronronner en se frottant contre leur visiteur qui lui prodigua caresse et gratouille. - Avez-vous appréciés vos cadeaux ? demanda le gros bonhomme avant d’engouffrer dans sa grande bouche une galette entière parfumée à la vanille. - Vous êtes celui qui distribue des présents pour apporter de la joie dans le cœur des enfants ? l’interrogea Alana en le détaillant des pieds à la tête. - C’est mon travail que de donner du bonheur, acquiesça gentiment Noël. As-tu aimé les tiens ? - Je les conserve au fond de mon sac pour ne pas les abîmer, répliqua la fillette. - Tu ne te sers pas de ta réflétaque ? s’enquit l’homme, un soupçon d’étonnement dans la voix. - J’ai trop peur de voir mes parents ou ma maison, admit l’enfant. Ce serait trop difficile car ils me manquent beaucoup ! - Ce miroir ne sert pas qu’à cela, gronda le Père Noël. Je ne l’ai pas posé volontairement dans ta chaussette, c’est lui qui m’a ordonné de le faire ! Tu dois regarder régulièrement dedans car les réflétaques sont intelligents. Celle-ci pourrait être d’une grande aide pour tes pérégrinations à venir. Je vois que Timmin a adopté le mystifi ou serait-ce le contraire ? - Noum est un adorable compagnon, admit l’adolescent entre deux bouchées. C’est un bien beau cadeau que vous m’avez fait là, Père Noël ! - Un Fils du Vent a besoin d’un réceptacle pour que sa magie ne se disperse pas ! bougonna le gros bonhomme en souriant. Le frère de Spicacité avait un bon visage avenant éclairé par de grands yeux bleu clair. Ses joues rebondies et son nez empâté lui donnaient un air sympathique et plein de bonté. Ses cheveux bouclés avaient la couleur des flocons de neige, de même que sa barbe qui lui chatouillait presque le nombril. Sa bedaine était replète et tendait l’épais tissu de fourrure rouge qui lui servait de costume. Un joli bonnet bordé de duvet blanc complétait son uniforme bien connu des enfants de la plupart des mondes existants. - Que faites-vous par ici, Père Noël, le questionna Hank avant d’avaler une lampée de chocolat fumant. - J’ai distribué tous mes cadeaux dans le monde de Farguna, répondit celui-ci du tac au tac. Je revenais chez moi pour refaire le plein de joujoux quand j’ai aperçu votre campement. Mon traîneau volant possède certains avantages dont celui de repérer les voyageurs en difficultés ! - Refaire le plein, traîneau volant, marmonna Merlin qui consentit enfin à émerger de sous les oreillers de plumes moelleux, que veux dire tout ce charabia ? - Je distribue des cadeaux à tous les enfants de tous les mondes où j’ai le bonheur de pouvoir m’introduire, expliqua le Père Noël. J’ai du travail quasiment toutes les nuits ! La fête de Noël étant ( heureusement) à des dates différentes selon le monde où je me rends. Ce soir, je revenais de Farguna sur mon traîneau vide qui, oui je le confirme, vole dans les airs grâce à mes rennes magiques. Je rentrai à ma chaumine pour charger les nouveaux jouets et autres présents fabriqués par mes lutins. Quand j’ai survolé cette région, je vous ai vu en difficultés et je viens vous proposer mon aide. - Serait-ce votre maison que nous avons vue sur la carte en mouvement, l’interrogea Hank. Elle était signalée hier au soir par un point lumineux mais avait disparue depuis. - J’habite en effet au fond de ce ravin entouré d’elfes et de lutins qui sont les artisans les plus doués de tout l’univers pour construire tout ce qui peut l’être, admit-il. Voulez-vous profiter de mon traîneau et de mon hospitalité ? Je vous ferai visiter mon village, ainsi que tous les ateliers de fabrications. Ma femme, la Mère Noëlle, va être enchantée de faire votre connaissance. Rares sont les visiteurs qui passent par notre maison. Elle vous fera goûter ses spécialités culinaires et vous régalera des desserts qu’elle cuisine à la perfection ! Les deux adolescents avaient déjà l’eau à la bouche. L’idée de visiter cet endroit regorgeant de victuailles faisait briller leurs yeux de gourmandise. Dans un bel ensemble, ils regardèrent Hank pour connaître sa décision. Depuis leur arrivée sur Istanguin, les trois jeunes avaient pris l’habitude de se reposer sur les larges épaules du forban. Alana faisait de même depuis que celui-ci le lui avait suggéré. Ce fut le moment que choisit Titan pour se réveiller à nouveau. La bouche pâteuse d’avoir longuement ronflé la gueule ouverte, il avait soif et son estomac gargouillait. - Qu’est-ce qu’on mange ? marmonna-t-il. La fillette servit copieusement son ami en galettes. Le simpalagron raffolait des pâtisseries. Pendant ce temps, Hank aida le Père Noël à plier la remorque et à la hisser dans la jolie troïka. Les rennes ne bougeaient pas d’un pouce. Rodolf et ses compagnons avaient les paupières fermés et dormaient debout en attendant leur maître. Dès que le petit déjeuner fut terminé, les couchages et la maison de poche rejoignirent la remorque et les autres objets de Pratik Magie entassés à l’arrière du traîneau. Appuyant sur un minuscule bouton dissimulé entre deux lutins sculptés, le Père Noël fit apparaître de confortables sièges pour ses passagers. Il ne voulut pas décoller tant que tout le monde n’avait pas bouclé sa ceinture. L’homme était fort soucieux de la sécurité des voyageurs qu’il transportait. Agitant doucement les clochettes qu’il portait sur ses bois, Rudolf donna le signal du départ aux autres rennes. Dans un même élan, ils s’élancèrent gracieusement vers la voûte céleste et le traîneau suivit délicatement, sans même une secousse ! Les cheveux aux vents, Alana contemplait les terres gelées. Vu de cette hauteur, Istanguin était un monde magnifique. Timmin et Merlin cherchaient du regard les étoiles. Plus proche du ciel, ils pensaient en découvrir au moins un ou deux. Hank posa la question à leur conducteur qui secoua la tête tristement. - Les étoiles et la Lune ont fui Istanguin, il y a une éternité de cela, bougonna-t-il. La concurrence de la luminosité du sol verglacé qui est d’une blancheur naturellement éclatante n’avait pas besoin d’elles pour briller. Susceptibles, les astres quittèrent ce monde pour proposer leurs services ailleurs. Mais ce n’est qu’une légende, tout comme celle qui raconte que la lune se trouve à présent en compagnie de deux de ses sœurs ! - Ce n’est peut être pas qu’une histoire, marmonna Hank. Jadis, j’étais marin et je dirigeais mon navire non seulement grâce aux étoiles mais également des trois lunes qui brillaient chaque nuit dans mon monde ! - J’ai envie de vomiiiiiiir ! Couché sur le sol de la troïka, Titan avait les narines pincées. Le simpalagron souffrait du mal de l’air, tout comme son père du mal de mer ! - Nous sommes arrivés, annonça heureusement leur guide en amorçant une lente descente aussi doucement que possible. ¨¨¨¨ Ils arrivèrent dans le village du Père Noël sous une pluie floconneuse. Tourbillonnant gracieusement sur le toit de jolies maisonnettes, la neige donnait un air féerique à la plus charmante cité que les voyageurs eurent jamais traversée. Regroupées autour d’un haut sapin décoré de boules et de guirlandes, une vingtaine de chaumines formaient un cercle parfait. Elles avaient toutes des volets et des portes peints en rouge et des fleurs de froid poussaient sur le pas de leur porte. Les corolles blanches et or des plantes sortaient du sol glacé pour se montrer au regard des passants. Toutes les fenêtres étaient illuminées, ainsi que les ruelles qui serpentaient autour des maisons. Des lampadaires éclairaient les rues pavées et des bancs étaient disséminés, ici ou là. Une douce et joyeuse musique s’égrenait dans l’atmosphère et une bonne odeur de vin chaud et de pain d’épices chatouillèrent les narines des deux garçons qui en salivèrent d’avance. Leur hôte gara son traîneau le long d’une chaumière imposante qui se trouvait un peu à l’écart du village. - C’est à cette heure-ci que tu rentres, chenapan ! s’exclama une voix mélodieuse en riant. Une petite bonne femme rondelette aux joues aussi rondes que celles de Noël et aux yeux malicieux se tenait sur le seuil de la maison, les mains sur ses hanches grassouillettes. Quand il arriva à sa hauteur, elle le serra vivement dans ses bras et lui plaqua un bon gros baiser sur les lèvres. Elle avait des cheveux roux et des taches de son sur son petit nez retroussé. Hank la trouva fort avenante pour une femme qui ne devait pas être loin de la vieillesse. Vêtue d’une robe rouge et d’un tablier blanc, elle portait de délicate bottines de fourrures de vair aussi immaculées que les flocons qui voltigeaient autour de son visage en accrochant follement des gouttes glacées dans ses boucles de flammes. - Je vous présente mon épouse, dit le Père Noël avec un sourire satisfait. Je t’ai ramené des invités pour le repas de ce soir, ajouta-t-il à l’intention de la petite femme, ils ont hâte de découvrir tes talents culinaires ! - Mes hommages, Madame Noël, murmura galamment le forban en s’inclinant pour déposer un chaste baiser sur la petite main potelée de son hôtesse. Votre mari avait omis de préciser combien votre tournure était un régal pour les yeux ! Rosissant de plaisir sous le compliment, elle les invita à entrer dans son humble demeure afin de déguster quelques gâteaux qu’elle venait de sortir du four. - Je voudrais leur faire visiter les ateliers avant le dîner, précisa le Père Noël. Buvons le verre de l’amitié et de la chaleur du foyer retrouvé avant d’aller rendre visite à mes lutins ! Les voyageurs entrèrent dans une grande salle où trônait une immense cheminée. Un feu aux flammes vives brûlait dans l’âtre. Le crépitement du bois et la douce fragrance sylvestre qu’il dégageait donnait à la pièce une ambiance de bien être. La salle de séjour était à l’image même de ses occupants : avenante et agréable. De gros fauteuils rembourrés se serraient sur un côté de la cheminée alors qu’une longue table ornée de bancs et de tabourets occupait l’autre partie de la pièce. Un épais et moelleux tapis était étalé devant la cheminée, invite suprême à s’allonger pour dormir à la chaleur du feu qui grésillait. La Mère Noël leur servit du chocolat chaud dans des timbales dorées et des petits gâteaux en forme de bonhomme qui sentait bon les épices. Se délectant des saveurs inconnues, Alana dégusta doucement la petite pâtisserie en sirotant l’épais breuvage. Affamés, les garçons dévorèrent le plateau entier de friandises et burent trois tasses chacun de chocolat chaud. L’adolescence les affamait constamment et ils restaient aussi maigres que des animaux faméliques ! Prévoyante, leur hôtesse rapporta une deuxième tournée de pains d’épices en prenant soin de servir en premier Hank et son mari qui n’avaient pas eu le temps d’en avaler un seul tellement la gloutonnerie des deux frères était dévorante ! Titan et Bisbi n’avaient pas été oubliés par la femme du Père Noël et eurent leur ration de gourmandises. Repus, les visiteurs se seraient bien assoupis devant l’agréable chaleur que dégageait l’âtre mais le gros homme avait des amis à leur présenter ! - Allons, mes enfants, les pressa-t-il gentiment. Laissons ma tendre moitié préparer le dîner pendant que je vous fais visiter mes ateliers. Chaque lutin ou elfe nain qui vit dans ce village a une tâche bien précise chaque nuit. En ce moment, ils préparent ma tournée que je dois effectuée demain dans la soirée. Le monde où je vais distribuer les jouets s’appelle Terre. - Quel drôle de nom pour un monde, bougonna Titan qui traînait la patte. Pourquoi donner le nom du sol ou de l’humus qui le compose ? C’est pas un nom, ça ! Terre ! Et pourquoi pas Air ? Ou Eau ? Ou Arbre ? Ou… - La Terre est un monde peuplé d’humains, précisa le Père Noël en coupant la parole au simpalagron qui continua de délirer avec Bisbi sur les possibles noms idiots que les habitants de ce monde auraient pu lui donner. Les hommes vivent dans une paix relative, tout au moins tant qu’un conflit n’éclate pas entre deux factions pour un morceau de terrain. - Les Dieux peuvent-ils agir dans ce monde-ci ? l’interrogea Alana. - Probablement, admit le gros homme vêtu de rouge, mais je crains que les Farlanes infiltrent régulièrement l’esprit de certains dirigeants pour déclencher des guerres ou des querelles politiques ! Les hommes ne sont pas toujours à l’écoute des Dieux. Il faut également souligner qu’ils ont des croyances tellement diverses qu’ils ne s’adressent pas aux divinités d’une seule voix. Ils n’ont jamais pu admettre que les Dieux étaient universels. Bien qu’on les appelle d’une manière ou d’une autre, ce sont toujours les mêmes. Mais les fils de Dame Nature sont assez intelligents pour répondre à toutes les dénominations dont on peut les affubler ! Tout en devisant, ils arrivèrent devant une jolie cabane de bardeaux peinte en rouge et vert. Le Père Noël toqua une seule fois sur le battant de la porte et l’ouvrit en habitué des lieux. Une créature plus petite que le plus minuscule des nains d’Eldora était occupée à fabriquer un œuf énorme où dormait une petite bestiole qui semblait vivante. Habillé entièrement de vert, le lutin avait un nez et des oreilles pointues. Son sourire était franc et amical. Il salua chaleureusement les visiteurs en secouant gracieusement sa tête recouverte d’un bonnet muni de grelots qui tintèrent. - Voici Finn, dit le Père Noël, il est si habile de ses mains pour réaliser un animal qui n’en est pas vraiment un que je lui ai confié ce travail. Chaque ouvrier s’occupe de plusieurs demandes… - Quelles demandes ? le questionna Alana qui écoutait d’un air intéressé les explications de son hôte d’un soir. - Tous les enfants de tous les mondes m’écrivent pour me dire ce qu’ils souhaitent comme présents, développa celui-ci. Par exemple, en ce qui concerne Finn, il doit traiter la lettre de Baptiste, un jeune garçonnet de huit ans qui aimerait recevoir un œuf de dinosaure grandeur nature. Comme cet enfant à une jauge d’obéissance et de gentillesse supérieure à la moyenne, son cadeau sera encore plus beau que ce qu’il a demandé. L’œuf contiendra un bébé dinosaure qui sortira de la coquille quelques heures après avoir été livré. Baptiste pourra ainsi jouer avec un faux dinosaure animé par un procédé magique que je ne peux vous expliquer. - C’est quoi un disaunore ? l’interrogea Titan en écorchant involontairement le mot qu’il ne connaissait pas. - C’est un animal qui existait sur Terre il y a des milliers d’années terrestres, lui répondit patiemment le Père Noël. Ils ont tous disparus mais les enfants terriens ont toujours une grande fascination pour ces grosses bêtes. J’ai reçu des dizaines de milliers de demandes pour les dinosaures et toutes les bestioles qui vivaient à la même époque ! Un grand fracas vint interrompre les explications. Armés d’un sabre-laser, les deux frères s’étaient lancés dans un combat qui n’avait rien de fraternel. Leurs hormones devaient littéralement bouillir pour qu’ils se comportassent ainsi. Le simili laser rouge rencontra le bleu dans un bruit extraordinaire qui se répercuta dans tout l’atelier. Appuyant par mégarde sur un bouton situé sur le manche de son sabre-laser, Merlin entendit une voix venir de l’arme : « Luke, je suis ton Père ! ». Terrifié par cette magie inconnue, il lâcha le jouet qui s’écrasa sur le sol en plusieurs morceaux. Timmin éclata de rire mais il s’étrangla presque en entendant son arme dire d’une voix caverneuse «La Force est avec toi ! » et son jouet vint également se briser à ses pieds. Perplexes, les adolescents touchèrent les restes fracassés du bout des doigts. Furieux, Hank s’apprêtait à les traiter de tous les noms d’oiseaux qu’il connaissait mais il fut pris de vitesse par le Lutin en colère. Grimpant sur des échasses de bois sculpté pour se mettre à la hauteur des garçons, Finn se saisit des deux frères par les oreilles en les houspillant de sa petite voix fluette. Ils venaient de réduire à néant tout le travail de sa nuit ! Vexé, Finn demanda au Père Noël de lui laisser les deux adolescents quelques temps pour qu’ils l’aident à réparer les dégâts qu’ils avaient commis. Hank approuva. Aucune punition ne serait mieux que de mettre la main à la pâte pour ravauder, raccommoder et rapiécer les dommages qu’ils avaient causés par leur inconscience. - Je te les laisse jusqu’à l’heure du repas, grogna le Père Noël. Nous allons continuer la visite sans eux. Ce sera moins dangereux pour tous les autres ateliers ! ¨¨¨¨ Ils allèrent de chaumine en chaumine, rencontrant lutins et elfes nains qui travaillaient dans la joie et la bonne humeur. Qui serait triste de fabriquer des jouets qui donneront le sourire à tous les enfants de l’Univers ? Alana découvrit des choses étonnantes. Beaucoup des présents réalisés par les assistants du Père Noël étaient inconnus à ses yeux. Hank sourit en la voyant se demander comment se servir d’une corde à sauter ou sursauter devant une poupée qui parlait en clignant des yeux. Si le forban fut lui-même étonné par la modernité des jouets, il tenta de ne rien en montrer à leur hôte et à ses artisans. Il ne voulait pas passer pour un être ignare et rustaud. Visiblement, ce monde appelé « la Terre » n’avait rien de commun avec le sien où les enfants jouaient bien souvent avec quelques cailloux et un bâton. D’ailleurs, de l’endroit où venait le sieur Dynamit, un gamin n’en restait pas un longtemps s’il voulait survivre. Il y a toujours eu des gosses sur les navires que commandait Hank. Fallait bien manger ! Et ces jeunes moussaillons étaient bien souvent orphelins dans ce monde violent qu’était le sien où la moindre bagarre finissait en rixe meurtrière. - Regarde, Hank ! s’exclama Alana, le tirant brusquement de ses songes peu agréables, les petites filles de la Terre aiment les vêtements de Fée ! Elles ont d’ailleurs un drôle de façon de s’imaginer les Bonnes Demoiselles, reprit-elle en fronçant les sourcils. Félicité n’avait pas d’ailes transparentes dans le dos, si je me souviens bien ! - Tu as une bonne mémoire, convint le forban. - Les enfants de la Terre n’ont pas ta chance de voyager à travers les mondes, Alana, intervint gentiment le Père Noël. Ils ne connaissent les fées, les lutins ou les magiciens qu’à travers les contes que leur lisent leurs parents le soir avant de s’endormir ! D’ailleurs, j’ai également reçu plusieurs demandes de nouveaux livres d’histoires merveilleuses par des petiots qui aiment rêver des créatures fantastiques ! - Il existe des livres qui parlent de ça ! s’écria l’enfant, l’air abasourdi. - Connais-tu le langage des mots et la calligraphie ? lui demanda l’elfe nain qui les avait accueillis dans sa chaumière. - J’ai appris l’art de dessiner les mots avec notre Grand Druide, Mandion, admit la fillette. Néanmoins, cela fait si longtemps que nous sommes partis d’Eldora que j’ai bien peur d’avoir oublié comment les déchiffrer ! - Tu réapprendras tout cela avec Ram, rétorqua le forban en lui tapotant l’épaule dans un geste qui se voulait rassurant. Je suis sûr qu’après avoir révisé tout ce que tu as déjà appris avec ton maître de Sheendara, tu seras à même de remplir ton joli carnet rose par toutes les aventures que tu as déjà vécues dans ta jeune vie. Alana n’avait pas l’air convaincue. Approuvant le geste de l’elfe nain par un hochement de la tête, le Père Noël le laissa offrir à l’enfant un très beau livre rempli d’images magnifiques. - Entraînes-toi à reconnaître les mots sur ce bel ouvrage que vient de terminer Minime. Il y a également de jolis dessins à la façon des terriens. Après tout, qui me dit que tu n’iras jamais dans ce monde, ma jolie ? - Mais ce manuscrit devait être destiné à un enfant sur la Terre ! s’exclama Alana. Je ne veux pas qu’à cause de moi, un petit ne reçoit pas le cadeau qu’il avait ardemment souhaité ! - Bon cœur ! s’écria l’elfe nain. La tournée de Noël n’a lieue que demain, adorable enfant. J’ai tout le temps de créer un nouveau livre qui, je te le promets, sera encore plus beau que celui-là, car il retranscrira la générosité qui vient de sortir de ton cœur pour envahir cette pièce de bonheur ! Perplexe, l’enfant regarda, tour à tour, l’elfe nain et le Père Noël. - Il est une magie ancestrale dont se servent mes petits artisans, lui expliqua ce dernier. Ils savent capter les bons sentiments et les utilisent pour envelopper les jouets. Ainsi, Minime dotera ce livre de l’élan de ton cœur pour que chaque page lue par l’enfant détenteur soit un moment de bonheur. Il m’a été rapporté que souvent les enfants avaient un jouet préféré. J’aime à penser que c’est celui qui a reçu le plus d’amour et de bonté en étant créé ! La porte de la maisonnette s’ouvrit avec fracas et Merlin et Timmin furent violemment poussés à l’intérieur. Ils apportèrent avec eux un fou rire nerveux qui les secouaient à chaque fois qu’ils se regardaient. - Je vous rends vos deux grands imbéciles, patron ! cria la petite voix de Finn dont la frêle silhouette était dissimulée par les deux garçons. Ils ont réussi à me détruire ma nuit de travail par leurs idioties ! Je leur avais confié le nettoyage de leurs dégâts et je les ai retrouvés vêtus des panoplies de sorcières qui devaient être livrées demain soir ! Ils s’étaient lancés dans un combat acharné avec les balais et leurs moulinets inconsidérés ont fracassé tous les jouets que je venais de terminer ! Furieux de l’attitude des deux garçons, toujours affublés de leurs déguisements, Hank les saisit par le paletot et sortit avec eux en leur assenant des remontrances si bien senties que les deux frères étaient cramoisis jusqu’à la racine des cheveux. Alana plia un genou pour se retrouver à la hauteur de Finn. - Mes amis sont inexcusables, souffla-t-elle au lutin qui luttait pour retenir ses larmes. Si tu acceptes mon aide, je veux bien venir réparer les dégâts multiples qu’ils ont causés dans ta chaumine. - Je veux bien, soupira Finn. Si Noël est d’accord, bien entendu ! - Une telle générosité ne peut être refusée, répliqua celui-ci de sa bonne grosse voix. Quand viendra l’heure du souper, viens te joindre à nous et ramène-moi cette merveilleuse enfant au cœur si grand ! Prenant Alana par la main, le lutin salua l’homme en rouge et disparut de l’atelier de l’elfe nain. Le Père Noël resta en compagnie de Titan et de Bisbi. - Que voulez-vous faire, mes amis, leur demanda-t-il amicalement. Continuer la visite ou retrouver mon épouse dans la chaleur de notre foyer. - Je veux voir les autres ateliers ! s’écria Bis sur un ton geignard. - Je veux rentrer au chaud et voir ce que Madame Noël a préparé pour le repas ! rétorqua l’autre tête qui, de toute façon, n’était jamais d’accord avec la première. J’ai faim, moi ! - Mon cher Titan, conclut le Père Noël, de ta décision dépendra la suite du programme ! - Que reste-t-il à visiter, le questionna habilement le simpalagron qui ne voulait pas s’attirer l’antipathie de Bisbi. - L’atelier des chocolats, des sucres d’orge et des spécialités de la Terre, souligna son interlocuteur en lui faisant un clin d’œil complice. Les hommes de ce monde aiment également offrir des présents gourmands qui flattent le palais et l’odorat ! - Bien, décida Titan en souriant de toutes ses dents, continuons la visite ! Bis voulait voir les autres ateliers et Bi avait faim ! Je pense qu’on peut concilier leurs deux volontés, non ? - Allons visiter l’atelier des goulifs ! s’exclama Bis avec entrain. - Allons goûter à tous ces mets inconnus ! répliqua sur le même ton Bi. Heureux d’avoir pu se concilier les deux têtes du double-caboches, le simpalagron suivit le Père Noël vers une dernière chaumière qui dégageait une bonne odeur de chocolat chaud et de sucreries en tout genre. ¨¨¨¨ Il régnait une chaleur agréable et une ambiance festive lorsqu’Alana vint rejoindre ses amis dans la maison du Père Noël. La fillette avait mis toute sa bonne volonté au service de Finn durant plusieurs heures et si elle avait contribué à reconstituer la cargaison de jouets dont la fabrication avait été confiée au lutin, elle s’était beaucoup amusée en sa compagnie. Finn était un être joyeux et un merveilleux conteur. Durant le court séjour de la fillette dans son atelier, il la régala de légendes et d’histoires qu’il avait glanées dans les différents mondes que traversait le Père Noël. Les lutins et les elfes nains se sentaient obligés de se tenir au courant des différents modes de vie et des croyances diverses qui existaient dans tous les endroits où la distribution de cadeau était effectuée. Pour élaborer les plus beaux des jouets, il leur fallait être prêt de la réalité. Alana avait rêvassé sur les fables terriennes alors qu’elle réparait les dégâts des deux frères. Finn lui avait raconté l’histoire de Cendrillon et de son Prince Charmant, de Blanche Neige et des Sept Nains, de la Belle et la Bête… et tant d’autres contes encore que l’enfant était revenue au foyer des époux Noël l’air radieux et la tête pleine de belles histoires qui peupleront ses rêves à venir. Madame Noël avait mis les petits plats dans les grands. Une bonne odeur de volaille farcie régnait dans toute la maison. L’intérieur de la chaumière était décoré de mille guirlandes qui clignotaient par intermittence. Ce procédé intrigua Hank qui ne connaissait pas l’électricité. Pour lui, comme pour tous ceux qui ne vivaient pas dans ce village, c’était de la magie à l’état pure. - C’est un procédé que j’ai rapporté de la Terre il y a de nombreuses années, était en train d’expliquer le Père Noël au forban qui l’écoutait avec attention. Alana chercha du regard Merlin et Timmin mais ne les vit nulle part. Elle déposa sur un petit guéridon le joli livre de contes que lui avait offert l’elfe nain et se dirigea vers l’hôtesse de ces lieux pour lui proposer son aide. Celle-ci se tenait devant un énorme poêle où mijotait une délicieuse sauce. Elle accueillit la fillette avec un gracieux sourire et lorsque celle-ci voulut mettre la main à la pâte, elle déclina gentiment son offre. -Monte à l’étage, ma douce, lui répondit-t-elle d’un ton qui n’admettait pas le refus. Tu trouveras une baignoire remplie d’eau chaude et de bulles de savon qui t’attend. Profite de la chaleur pour t’étriller correctement et lave-toi aussi tes jolis cheveux. Il y a du shampooing sur le rebord du tub. Si tu as besoin de quoi que ce soit, appelle-moi ! Devant tant de prévenance, Alana ne sut que remercier chaleureusement la Mère Noël qui lui désigna l’escalier d’un mouvement volontaire du menton. En gravissant les degrés qui menaient à l’étage, la fillette passa devant une fenêtre toute ronde qui donnait sur un petit jardinet. Elle sourit involontairement en voyant le curieux spectacle qui se déroulait sous ses yeux : Merlin coupait du bois pour la cheminée en se servant d’une hache qui semblait bien lourde pour ses maigres bras, et Timmin entassait les rondins dans une petite réserve située à l’autre bout du terrain. Ils étaient surveillés par Rodolf qui éternuait régulièrement tout en fronçant son gros nez rouge. Manifestement, Hank avait dû sérieusement secouer les deux frangins pour qu’ils s’échinent ainsi à découper en rondelles du bois mort. Après tout, ils l’avaient bien cherché, se dit l’enfant. Cela faisait un moment que leurs chamailleries dégénéraient en baston générale mais ce soir, les deux adolescents avaient dépassé les bornes. Laissant derrière elle l’image de ses amis et leur travail de bûcheron, Alana trouva le chemin de sa chambre où une grosse cuve de métal jaune fumait. De nombreuses bouteilles renfermant différents produits étaient disposés sur une petite table qui jouxtait la grande baignoire. Une serviette et un gant de toilette attendaient également la baigneuse. Sur le lit, une jupette rouge et blanche ainsi qu’une chemise et un gilet assortis, étaient étendus sur la couette. Otant ses habits de fourrure, Alana se glissa avec délectation dans l’eau chaude parfumée. Elle joua un instant avec les bulles de savon puis passa un moment infini à choisir le gel pour se laver. Toutes les fioles mises à sa disposition contenaient des fragrances différentes, et pour la plupart inconnues de l’enfant. Lorsqu’elle redescendit au salon, fraîche et pimpante, toute de rouge et de blanc vêtue, elle pouvait passer pour la jeune fille de la maison. Elle croisa les garçons qu’Hank venait d’envoyer dans leur chambre pour qu’ils fassent, eux aussi, un brin de toilette. Pour être sûr que leur bain ne dégénérerait pas en bataille de mousse, le forban les accompagna personnellement et en profita pour se rendre présentable afin de faire honneur à la table de Madame Noël. Les bûches dans la cheminée craquaient et de hautes flammes grésillaient. La table avait été recouverte d’une nappe rouge et d’assiettes immaculées. De minuscules bouquets piquants faisaient office de décos à côté de chaque verre de cristal transparent. De beaux couverts d’argents attendaient les convives. Une corbeille de petits pains chauds et une autre remplie de coquilles brunes trônaient déjà entre les chauffe-plats. - Ce sont des noix, mon enfant, lui dit le Père Noël quand il vit Alana en saisir une entre ses doigts. C’est délicieux à condition de casser la coquille car seul le cœur est mangeable. Brisant la cosse solide entre ses grosses mains, le joyeux barbu fit goûter à la fillette sa première noix. De sa visite à l’atelier des confiseries avec Titan et Bisbi, plusieurs exemplaires de chaque produit préparé par les lutins pâtissiers et les elfes nains confiseurs avaient été déposés sur un petit guéridon dans une grande panière tressée par des mains habiles. Alana eut son premier cours sur les bonbons en sucre et les gourmandises en chocolat. Elle saliva devant les sucettes torsadées et les friandises multicolores qui s’offraient devant ses yeux. -Après le repas, ma chérie, intervint gentiment la Mère Noël qui apportait un lourd plat de pommes de terres rôties qu’elle déposa au centre de la table. Garde ton appétit pour les mets consistants que voici ! Finn lui emboîtait le pas, un plat immense entre ses petits bras où trônait une dinde farcie que le Père Noël se saisit pour le déposer à côté des tubercules frits. Un saladier de légumes rouges, oranges et verts dégageait un fumet fort avenant pour les narines du simpalagron qui se rapprocha ostensiblement de la table. -Ce sont des tomates, des carottes et des courgettes, lui apprit son hôtesse quand elle capta le regard étonné de la fillette. Ce soir, nous mangeons des spécialités terriennes ! chaque jour, je m’adapte aux spécialités culinaires du monde que mon époux va aller visiter. Je vous ai également concocté une pâtisserie appelée Bûche de Noël pour le dessert. Noël, veux-tu dire à tous nos invités que le souper est servi ! Malgré les menaces de Hank qui s’entendaient jusque dans le salon, les deux frères descendirent l’escalier en toute hâte tellement la faim les tenaillait. Loin de les avoir épuisés, la corvée de bois les avait affamés ! Sous la houlette du forban, ils s’étaient cependant décrassés et présentaient fort bien dans leurs habits rouges. Leurs cheveux avaient été lavés et disciplinés, ce qui les vieillissaient quelque peu. A peine eurent-ils les pieds sous la table qu’ils se comportèrent comme des ogres en mal de victimes. Madame Noël les servis largement mais les gloutons avalèrent tout ce que contenait leur assiette. Les petits pains chauds où fondait un morceau de beurre fut un régal au palais de la fillette qui ne connaissait pas ce simple met. Alana goûta de tous les plats et se déclara repue avant l’arrivée du dessert. Elle mangea tout de même une fine tranche du biscuit roulé dans la crème pâtissière. Peu de choses furent à remporter en cuisine car l’adolescence est un gouffre sans fond. Merlin et Timmin finirent tous les plats, pour le plus grand plaisir de leur hôtesse qui avait passé tant de temps à les préparer. Hank passa un merveilleux moment à disserter avec Finn et le Père Noël tout en s’extasiant sur la bonne chère. Malgré toute la Pratik Magie de la marmite d’abondance, rien ne valait un bon repas préparé avec amour ! Ce n’est que tard dans la nuit, après une veillée pleine de chants entonnés en chœur par leur hôte et le lutin, que les voyageurs, harassés par cette merveilleuse journée dans le village du Père Noël, se couchèrent le cœur léger et les songes plein d’espoir. Demain serait un autre jour. La route vers Naxens se profilait au-delà de cette vallée. Ils partiraient demain matin, après une bonne nuit de sommeil.
Posted on: Fri, 29 Nov 2013 16:10:25 +0000

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