A lintention de Michel Guela et ceux qui se posent la question : - TopicsExpress



          

A lintention de Michel Guela et ceux qui se posent la question : comment Dieu construit une relation et comment Dieu conduit deux personnes à se rencontrer... soyez bénis . Extrait tiré de ma biographie de la Kabylie à Jésus-Christ Je grandissais avec Dieu et je priais beaucoup, car j’aimais passer du temps avec Lui. Je pensais aussi au futur mari que Dieu avait préparé pour moi, comment allait-il venir vers moi et comment le reconnaîtrais-je ? Tant de questions me travaillaient. Un jour plus qu’un autre j’eus l’idée d’imaginer la carte de France et posant les mains sur l’Est, l’Ouest, le Nord et le Sud, je priai : - Seigneur, je ne sais pas où mon mari se trouve, mais là où il est en ce moment, je te prie de le ramener jusqu’à moi… Je te demande de me donner un mari très bien élevé, propre et soigneux… Je te prie aussi de me donner une belle histoire d’amour à raconter à mes enfants. Dans le nom de Jésus… Amen. J’étais convaincue que c’était une bonne prière, elle me donnait la paix et j’étais en accord avec mon Père céleste. Je n’allais plus chercher par moi-même, de toute façon je ne pouvais que me tromper. Ce fut ainsi qu’un jour, alors que nous étions au buisson ardent avec Frédérique et Nora en train de déguster un chocolat chaud et parler de notre souhait commun de faire quelque chose ensemble dans le domaine du professionnel, quand Antonio, un membre et responsable de léglise, fit son entrée en nous saluant : - Salut les filles ! - Salut Antonio ! Criâmes-nous en cœur. - Vous vous réchauffez ? Pendant quil nous parlait et riait, je distinguai quelquun derrière lui... Antonio suivit mon regard, seffaça et nous présenta un jeune homme. - Les filles, je vous présente Xavier ! Xavier, je te présente Frédérique, Marie et Nora ! - Salut ! dit-il timidement, presque en bégayant. Il sourit, fit mine d’être très à l’aise, mais ne l’était à l’évidence pas. Xavier avait les cheveux bruns mi-longs et portait une barbe accentuant le bleu azur de son regard. Il était de taille moyenne, et vêtu de façon hippie. Javais envie de rire en le voyant ainsi habillé. Il avait lair dun berger avec son duffle-coat bleu marine et son écharpe marron à carreaux grossièrement nouée. Je trouvai surtout quil ressemblait à Jésus, à cause de la douceur de ses traits et de son regard profond et clair à la fois. C’était curieux comme toute sa personne se détachait de tout le reste de cette pièce qui grouillait de monde. La voix douce du Saint-Esprit minterpella menlevant toute autre idée d’hilarité : - Cest lui, ton mari ! Cest lui qui va détrôner Denis et qui va être le père de tes enfants... J’eus l’impression de descendre à vélo des milliers de marches à toute vitesse. Je fus surprise, car il ne ressemblait en rien à l’idéal masculin de mes rêves de jeune fille et j’étais tout à la fois bouleversée par le regard de ce jeune homme un peu maladroit. Autour de moi, les gens riaient, parlaient et bougeaient, mais nul n’imaginait une seule seconde qu’un carrefour incroyable concernant mon histoire était en train de se jouer. Personne ne remarquait ce que j’étais en train de vivre encore moins mes deux amies. Javais limpression de voir sur Xavier un jet de lumière venant du ciel et mon père céleste nous regarder tendrement. Mes pensées allaient à vive allure, je me mis alors à discutailler avec Dieu tout en faisant semblant d’être dans cette pièce où je n’étais plus. - « Je ne comprends pas, Seigneur, je t’avais demandé un grand brun aux yeux foncés et de style classique… et… et ce n’est pas un Algérien… » Je pensais à mon témoignage par rapport à ma famille, je ne comprenais pas. Dans mon être au plus profond, la voix de Dieu vient s’y déposer telle une vague douce et rafraîchissante : - Tu m’as demandé un mari qui ne crie jamais, qui soit calme et qui ressemble à Charles Ingalls, et bien le voici, il est devant toi. Je me souvins alors soudain de ma prière lors de mes quatorze ans. J’étais profondément bouleversée que Dieu ait pu retenir ma prière d’adolescente. La proximité de son intérêt envers ma personne et surtout l’adolescente que j’étais alors m’ébranla au plus profond… Je scrutai ce jeune homme au manteau bleu marine et aux cheveux mi-longs ressemblant étrangement au héros de la petite maison dans la prairie. Tout continuait à aller très vite dans mon esprit. Je ne fis pas mieux qu’Abraham, j’osai encore insister : - « Mais Seigneur, il n’est pas grand brun aux yeux marrons et vois comme il est habillé, il n’est pas en costume… Il est habillé comme un fermier… avec ses ridicules Clarks… Seigneur… Ce n’est pas ça que je t’ai demandé… » J’allai trop loin, je le sentis. - Je ne te donne pas un mari pour parader avec lui comme on parade avec un chien ! Tout d’abord surprise que Dieu puisse comparer ce jeune homme à un chien, je compris ensuite que le Créateur n’avait pas les mêmes critères que nous, les humains. Je regardais ce Xavier un peu gauche et le trouvai trop beau à mon goût. Je n’avais jamais privilégié la beauté, car j’avais toujours pensé que les beaux garçons étaient à partager avec les autres filles qui aimaient regarder les jolis spécimens, mais je n’objectais plus, car une crainte révérencieuse m’imposa le silence. Alors que je continuai à faire semblant d’être avec mes amies, je poursuivis l’examen en détaillant tout du jeune homme à la beauté lisse. Soudain, ce fut plus fort que moi, je me levai allai dans sa direction pour simuler une conversation avec quelqu’un, en vérité, je m’approchai tout près de lui pour constater où je lui arrivais. J’espérais de toutes mes forces ne pas être à sa taille ni plus grande que lui. Si j’étais en train de tourner un film, les téléspectateurs auraient pu deviner mon « OUF ! » misérable de soulagement, en effet, Xavier avait au moins une tête de plus que moi. Je fus rassurée, c’était déjà cela de gagné. Je ne posai pas la question au Seigneur quant à la différence d’âge que j’avais toujours espérée d’au moins dix ans pour être sûre de la maturité de « monsieur », mais concernant mon futur mari quant à ce détail, c’était loin d’être un banco, il devait avoir guère plus vingt-trois ans. C’était trop jeune pour moi, mais j’étais déjà trop surprise pour m’arrêter sur ce détail. Il me fallut beaucoup d’efforts pour revenir au dialogue de Nora et Frédérique qui continuaient de converser au sujet de notre commerce commun. Je ne pensais qu’à ce qui venait de m’arriver et à un autre détail qui me dérangeait beaucoup. À la limite de l’irrespect, j’osais encore demander à Dieu : - « Il n’est pas Algérien… » - Dans mon cœur, il n’y a plus ni Juif, ni Grec, ni Français et ni Arabes, mais tous sont un en mon Fils bien-aimé Jésus ! En acceptant de mourir sur la croix pour toute l’humanité, il a rassemblé tous les hommes dans son amour et ôté les barrières qui les divisaient ! C’était ce qui s’appelait être invité à ne plus broncher et je ne bronchai donc plus. [Je sus plus tard, que Xavier venait d’Angers, donc à plus de sept cents kilomètres, car son pasteur n’avait pas voulu créditer son dossier à l’école biblique pour cette rentrée-là. Il profita donc de ces quelques mois pour venir voir ses parents qui habitaient la même ville que les Dupont. Ce pour quoi, je fus inspirée par Dieu à poser virtuellement les mains sur les quatre coins de France et prier pour que mon mari me soit approché. Au moment où je priais et posais les mains sur les différentes parties de notre pays, son pasteur fut subséquemment conseillé par le Saint-Esprit à remettre sa formation biblique pour que je le rencontre. Évidemment, si ce dernier avait accepté le dossier, je n’aurai jamais croisé le chemin de Xavier… Pour moi, c’était juste incroyable d’imaginer, la scène sur terre et Dieu au ciel dirigeant les actes de cette pièce divine]. Durant les jours qui suivirent, au buisson ardent, je songeais beaucoup à mon avenir qui normalement devait être lié à celui de Xavier. Un jour, alors que j’étais plongée dans mes réflexions, une jeune fille vint me parler : - Tu es songeuse et triste, je me trompe ?. - Je réfléchissais à certaines choses que Dieu m’a dites et me font poser quantité de questions… - Comme quoi par exemple ? Sans aucune ombre de méfiance ou de prudence, je lui confiai ce que je reçus d’en haut. À ma grande surprise, elle me mit en garde sans tartufferie : - Je pense que tu te trompes, car à te voir, tu as l’air d’être une fille forte et volontaire qui aime les autres et les laissés-pour-compte, or lui, n’est pas du tout comme ça… En plus, tu ne dois avoir peur de rien, mais lui c’est un grand craintif, rien qu’à la vue du sang, il perd pied… J’eus l’impression d’être en haut d’un escalier géant en béton et commençai à tomber sur les fesses sans avoir aucun moyen de m’arrêter. Non seulement, le mari que Dieu me destinait n’était pas brun, grand et Algérien, mais en plus, il était poltron et n’aimait pas les pauvres… C’en était plus qu’il n’en fallait pour me pousser hors de moi. Je m’apprêtai à rendre un tel don à qui de droit, quand j’eus l’idée de le mettre à l’épreuve. - « Seigneur, dis-je par devers-moi, si Xavier est comme le dit cette jeune fille, je n’en veux pas, mais si ce n’est pas vrai, je te demande de me prouver le contraire, s’il te plaît ». J’ignorai si je priais pour avoir une réponse ce jour-là ou les jours suivants, mais dans sa bonté, Dieu décida de faire le nettoyage illico presto dans les minutes suivantes quand un vagabond très sale nauséabond et habillé de guenilles entra. Il était très repoussant et je me gardai bien de l’approcher bien que j’eus beaucoup de compassion pour lui. Il se fit une petite place près de la porte et resta là quelques instants, à l’écart des autres, sans doute parce qu’il se savait repoussant, quant à ma grande surprise, Xavier se dirigea vers lui et lui prit les mains et lui parla de Jésus. Je fus très émue, c’était une scène magnifique et touchante. Ils restèrent plus d’une demi-heure ensemble et de voir le jeune homme que Dieu prévoyait pour moi si près d’une personne à ce point démunie me bouleversa, car de Xavier se dégageait tout l’amour du Christ. Je ne pouvais m’empêcher de les contempler, je sus à ce moment-là, que c’était une scène dont j’allais longtemps parler. Comme si cela ne devait pas suffire, mon futur mari se blessa l’œil et saigna légèrement. L’envie de m’approcher pour voir ce qui lui était arrivé me saisit, mais je me ravisai, car la jeune fille qui m’avait mise en garde s’approcha de lui rapidement avec beaucoup d’affection et lui offrit de l’aider. Xavier refusa sans ménagement, mais devant l’assistance de l’infirmière de fortune, il se laissa faire, puis l’invita de nouveau brusquement à le laisser se débrouiller seul, il était sans doute gêné de la savoir trop proche de lui. Je fus époustouflée devant la suprématie de mon Dieu. Il n’avait pas eu besoin de mains humaines pour faire prévaloir sa vérité. Les jours s’écoulèrent lentement entre le buisson ardent, mon travail et ma vie chez les Dupont jusqu’au jour où j’eus le culot d’aller voir Xavier pour lui dire ce que Dieu m’avait dit à notre sujet. Si à ce moment-là j’avais eu davantage d’expérience spirituelle et de sagesse, jamais je n’aurais osé faire une chose pareille sans au préalable avoir demandé à Dieu la permission de le faire et cela aurait été étonnant qu’il me la donnât, car assurément il n’avait pas besoin de moi comme secrétaire particulière pour l’aider dans ce plan, mais dans mon ignorance, Dieu permit que je le fasse. Je réclamai donc à Xavier toute son attention qu’il m’accorda très poliment. Je m’avançai dans mes propos avec hésitation puis, je lui racontai tout. Je ne prévis pas sa réaction, mais elle fut pour le moins déroutante, car il devint impassible, son regard d’habitude si claire fut à ce moment-là impénétrable avec une lueur de douleur qui sembla le déstabiliser. Il lui suffit de quelques secondes à peine pour se remettre et me répondre : - Non ! Je ne pense pas que tu deviennes un jour ma femme… - Si j’en suis sûre, c’est Dieu qui me l’a dit ! - Et bien tu te trompes, de toute façon, je ne suis pas prêt et de plus, il serait normal que je sois le premier concerné, tu ne crois pas ? Il était dur et n’importe qui à ma place aurait compris, mais moi pas. J’étais blessée et fus loin d’imaginer à quel point, lui était choqué de mon culot et de mon manque de savoir-vivre. [J’ignorai qu’il venait de sortir d’une douloureuse histoire d’amour, ce pour quoi il était si dur et sans ménagement]. Cette discussion fit naître en lui une indifférence impitoyable à mon égard et par la suite, là où je me trouvais, lui s’éloignait. Je souffrais beaucoup de ce rejet, car je ne saisissais pas où j’avais fauté. Son attitude devint mesquine et bientôt, il ne ratait plus aucune occasion de me montrer sa gêne à mon égard. Ce fut ainsi qu’à défaut de me rapprocher de Xavier, je m’approchai de mon Créateur pour lui demander des preuves supplémentaires quant à ce plan qui semblait ne pas prendre forme et auquel je n’avais pas adhéré de prime abord. Les occasions de réclamer ces preuves ne se firent pas attendre, car la première fut un après-midi où je trouvai que mon futur époux passait trop de temps avec une jeune fille de l’église. Ce qui me dérangeait encore plus était qu’ils arrivaient et partaient ensemble partout. Vint alors ce jour où agacée, je fis cette prière : - Seigneur, si Xavier est pour moi, je te demande que jeudi, il ne vienne pas avec elle et que samedi au contraire ce soit le cas… Je fus époustouflée de constater la main gigantesque et invisible de Dieu gérer les circonstances depuis le ciel, car tout se déroula exactement comme je le lui avais demandé. La semaine suivante, je réitérai ma prière, mais en inversant les jours et en compliquant les choses, car je précisai qu’elle arrive avant lui la première fois et lui la devance la seconde fois, et c’est ce qui se produisit. Je jubilai et fus émerveillée de voir à quel point Dieu était avec moi, mais ce n’était pas suffisant pour moi. Alors que les semaines s’écoulaient et qu’il me rejetait toujours, je demandai à Dieu : - Tu vois que dimanche, je vais arriver volontairement en retard d’au moins vingt minutes, je te prie qu’à cette occasion, lui soit seul et que personne ne prenne place à ses côtés, sauf moi… Je te prie que la personne de l’accueil me place près de lui… amen. J’adressai cette supplique à Dieu, car je savais combien l’église serait bondée comme chaque dimanche et en arrivant bien après les autres, il était peu probable que cette place soit libre à moins que Dieu ne s’en mêlât et c’est ce qu’il fit. Quand j’arrivai pour l’office, du fond de la chapelle, je reconnus de suite la physionomie de Xavier dans les premiers rangs. Mon cœur battait à tout rompre en constatant le siège vide à ses côtés. J’attendis gentiment, mais non moins sans euphorie que la personne concernée me plaça à ses côtés, car c’était la seule chaise vide qui restait. J’avais envie de crier au monde entier combien Dieu était bon et gentil avec moi, mais je devais me taire en me contentant de la joie dans le ciel où les anges devaient glorifier leur Seigneur de parfaire ainsi son plan divin pour de simples personnes comme Xavier et moi-même. Lui, avait les mains levées vers le ciel, il louait et adorait Dieu, mais cela ne l’empêcha pas de me voir, car plusieurs personnes s’étaient retournées à l’ouverture de la porte pour mon passage. [Plus tard, je sus qu’en me voyant m’approcher de lui, Xavier pensa : Elle ne va tout de même pas s’asseoir à mes côtés… Quand même ?] J’étais extrêmement honorée d’être près de lui, par contre lui était atrocement gêné de se retrouver si près de moi, alors qu’il avait si bien travaillé à me fuir. Il était agacé et je m’en réjouis d’autant qu’il ne pouvait rien faire pour me blesser, surtout pas un dimanche lors d’un culte. Il était trop bien élevé pour faire une chose pareille. Je ne cessai de bénir Dieu de m’offrir ce droit. Mon cœur battait vite et sentir Xavier si près de moi me remplissait de bonheur, car au fil des semaines passées, j’appris de plus en plus à l’aimer et imaginer d’être la future femme d’un homme si bien élevé me mettait dans une ivresse inimaginable. Ce pourquoi, lors de ce culte, je priai et adorai Dieu comme jamais je ne l’avais fait. Je fus au comble du bonheur, car je me sentais à ma place, près de celui que Dieu m’avait soigneusement préparé durant toutes ces années où je me demandais bien des fois, pourquoi je ne réussissais pas dans le domaine sentimental. En ces jours-là, je compris que Dieu m’avait réservée spécifiquement pour Xavier, qui je le sus plus tard, avait prié pour avoir une épouse qui n’aurait connu que lui et qui vienne de la Méditerranée. Ce dimanche-là, nos bras se frôlaient à cause de la proximité et bien que je le sentis agacé, je ne fus pas moins très heureuse d’être si près de lui. J’aurais pu m’arrêter là concernant les signes et preuves que je sollicitais auprès de Dieu, mais je ne le fis pas. En fait, je réclamai à Dieu des clins d’œil chaque fois que cela se présentait, surtout quand Xavier s’évertuait à me rejeter, comme ce jour où le groupe de jeunes avait organisé un repas au restaurant et où Xavier ne voulait absolument pas me voir dans sa voiture, or j’étais bien décidée à y monter, le problème était que j’étais trop. Qu’à cela ne tenait, pendant que Xavier refusait catégoriquement de me prendre, les autres essayaient de le raisonner, mais sans aucun résultat. Tout le monde savait depuis quelque temps que je pensais être la future épouse de Xavier et lui ne cessait d’essayer de démontrer le contraire, ce pourquoi il n’envisageait aucunement ma présence dans son véhicule. Alors que j’attendais dehors telle une mendigote près de la porte d’entrée de l’église et que les autres jeunes discutaient dans la voiture, je me mis à prier : - Seigneur, tu vois qu’il manque une place et moi je suis en trop, aussi je te prie de me démontrer une fois de plus qui je suis par rapport à Xavier et me donner la priorité. Je demande que quelqu’un se désiste au nom de Jésus. Amen. J’attendis patiemment, mais pas longtemps, car à ma grande surprise, je vis Nasser sortir de la voiture et s’excuser de ne pas vouloir venir. Pressé par ses amis, Xavier fut contraint de m’inviter à monter dans la voiture, c’est ce qu’il fit de mauvaise grâce et il ne se cacha pas pour l’exposer. Il restait deux personnes en plus de moi, je priais de nouveau pour qu’une autre partît et en moins de temps qu’il ne fallut pour le prier, un deuxième ami nous quitta, nous restâmes donc à trois, Xavier, Hocine et moi-même. Mon vis-à-vis qui ne l’était pas encore le moins du monde démarra très mécontent de s’encombrer de moi et durant le trajet, il fut pris au piège de Dieu quand son regard rencontra le mien dans le rétroviseur. À ce moment-là, il reçut quelque chose de Dieu à mon sujet, j’en fus certaine. Il fut troublé, je le sentis et pour ne que je ne lise pas davantage en lui, il détourna rapidement son regard. Nous arrivâmes au restaurant et je demandai à mon Père céleste de s’occuper d’Hocine et priai pour qu’il rencontre de la famille. Je ne savais pas pourquoi je priai ainsi, toujours était-il que moins d’une demi-heure plus tard des membres de sa famille ou des amis très proches firent leur entrée et le saluèrent. Ce fut tout naturellement que notre ami commun s’excusa pour les rejoindre, trop heureux de les avoir rencontrés dans ce lieu. J’étais la plus heureuse du monde, j’avais Xavier pour moi toute seule combien même il desserrait difficilement les dents. À côté de nous, il y avait un couple qui mangeait, mais qui ne se disait pas un mot. Xavier fit simplement cette remarque : - Tu vois, quand je serai marié, jamais je ne laisserai autant de blanc entre ma femme et moi, ce doit être horrible de ne plus rien avoir à se dire… J’étais très étonnée de son observation, néanmoins, j’étais heureuse qu’il me confiât ses impressions. Je réalisais combien je l’aimais déjà. Je le trouvai beau, trop beau selon mon goût, mais c’était le choix de Dieu. J’aimais sa délicatesse et ses gestes étaient tous coordonnés et empreints de douceur, alors qu’il ne faisait que manger. En fait, il était tout le contraire de moi la tornade. Tout en lui respirait le calme, la discrétion et la bonne éducation. Ses mains étaient très belles et très propres. Je les observai et les trouvai bien faites, larges, longues et les ongles impeccablement coupés. J’essayais de meubler la conversation, mais je n’eus que peu de résultat, alors une fois de plus, par devers moi, je me confiai en mon Père céleste. Un peu plus tard dans le temps, je priai pour que Xavier aille aux toilettes pour subtiliser son écharpe afin de la garder et d’en humer son parfum autant que je le voudrais sans qu’il le sache. J’espérai de toutes mes forces qu’il ne s’en aperçoive pas en partant et ce fut le cas. Quand il me raccompagna, il ne dit rien tout le long du trajet, je savais que c’était difficile pour lui de me supporter, mais Dieu me donna la force de l’accepter. Un jour, je ne savais plus comment attirer son attention. Il m’agaçait beaucoup de faire comme si je n’existais pas devant nos amis communs, alors je réfléchis à la façon dont j’allai m’y prendre pour le surprendre et être vue de lui. Je décidai de ne pas choisir la facilité et une idée incroyable me vint. Je m’apprêtai donc à faire ce qu’aucune autre personne n’aurait osé faire dans un lieu spirituel comme le buisson ardent. J’avais soigneusement médité cela les jours précédents et ce fut donc avec une euphorie enfantine que j’arrivai un samedi, vêtue d’une très belle robe espagnole rouge à gros pois noirs et munie d’un tourne-disque avec un 33 tours d’Enrico Macias. J’attendis que Xavier soit là, et même si plusieurs responsables étaient présents, je n’en tins pas compte. Je voulais que Xavier me voie et il allait me voir. Je plaçais donc le disque dans l’appareil et choisis comme titre : « Aux talons de ses souliers ». Très vite, l’air de mon pays fleurant bon la Méditerranée remplit la salle où normalement la discrétion et les louanges devaient être de mise. Bien que tous furent étonnés, ils restèrent néanmoins stupéfaits de me voir monter sur une table et entamer une danse orientale avec un foulard autour des hanches. Le choc que je voulais produire sur Xavier fut de taille, car il me fixa de ses grands yeux bleus sans pouvoir se détacher de moi. Il n’en revenait pas de mon audace, surtout pas dans un endroit comme celui-là. Cela ne correspondait pas à son éducation, je le vis sur son visage. Il était très embarrassé à ma place, mais j’étais plus que fière de ce que je produisais sur lui. Tout en dansant, je ne le quittais pas des yeux et souriais avec beaucoup de bravoure. J’étais certaine de remporter une énorme victoire. Je voulais être vue de Xavier et il me vit. Je dansais jusqu’au bout de la chanson, heureuse d’avoir dépassé les préjugés et les conventions. Finalement, tout le monde éclata de rire devant mon grand culot et je sus que cela allait rester dans les mémoires. Je vis Xavier sourire malgré lui et appris que s’il avait été interloqué par mon courage, c’était quand même une femme remplie de vaillance comme je l’avais été qu’il désirait que Dieu lui donnât. Il voulait que notre Créateur commun lui donnât une épouse comme moi, mais ce n’était surtout pas moi dont il voulait ! Peu de temps après, alors que l’hiver arrivait doucement, je sus par hasard que l’anniversaire de Xavier tombait en même temps que le mien, aussi j’organisai au buisson ardent un goûter autour de mon anniversaire et j’en profitai pour fêter aussi le sien à son insu et quand « monsieur » l’apprit, il fit une tête, pire qu’un coquelicot fané. Si ses yeux avaient été des mitraillettes, je fus, je pense, tuée sur le coup. Comme si cela ne suffisait pas, notre ami commun Djamel ajouta à la situation pitoyable dont il ignorait tout en disant à Xavier : - Allez viens faire une photo avec elle. Il le pressa vers moi et même si personne ne s’en aperçut, je sentis les jambes de mon futur mari peser des tonnes. Il voulait n’importe quoi sauf prendre une photo avec moi. Xavier resta de glace tout en continuant de me lancer des éclairs. Djamel fut plus fort que lui, et bientôt je le vis à mes côtés non sans oublier de me montrer combien il était enchanté aux vues de la tête d’enterrement qu’il adopta. Il était trop bien élevé pour rebrousser chemin. Quant à moi, exaspérée par son attitude insolente et mesquine, je fus prise d’un violent sentiment de rage à cause de ce comportement qui durait déjà depuis de longues semaines et qui ne cessait de me déchirer. Je le toisai à mon tour avec beaucoup de colère tout en découpant le gâteau. Je n’eus pas le temps d’étendre mon irritation, car je vis son visage virer du mépris à la peur. Je devinai illico sa crainte, il craignait un geste maladroit de ma part envers lui avec le grand couteau que j’avais en main. Je le compris, ce pour quoi je me calmai pour le rassurer. Plusieurs clichés furent pris lors desquels aucun sourire n’émana du beau visage de Xavier. On avait pu l’obliger à faire des photos avec moi, mais pas de sourire. Nous étions en guerre, mais personne ne le savait. Innocemment, Djamel renchérit de plus belle : - Allez Xavier, un discours ! Un discours ! Djamel aurait pu crier longtemps, c’en était trop pour Xavier qui s’éloigna de moi et même en colère, il resta égal à lui-même ; calme, discret et élégant dans son attitude, c’en fut impressionnant. Néanmoins, ce n’était pas cela qui m’empêcha de lui offrir en cadeau une belle écharpe bordeaux à carreaux blancs, il me faisait trop pitié de ne plus avoir la sienne et le voir sans cesse serrer son col de manteau contre son cou me poussa à ce geste puisqu’à son insu je lui avais volé la sienne pour avoir quelque chose de lui malgré lui. Et combien elle sentait bon son écharpe… Cet épisode me blessa beaucoup et inocula à mon esprit quelques doutes quant à la promesse de Dieu que j’essayais de combattre comme je le pouvais. Le combat interne était violent à cause de l’humiliation que je vécus, ce pour quoi je décidai de réfléchir et de prier davantage, car cette situation devenait usante et me dégradait aux yeux des autres à force de voir Xavier dire à tous que je rêvais, pourtant, j’en étais sûre, je ne rêvais pas, ce n’était pas une utopie, je n’avais pas pu tout inventer… Et combien même parfois, le combat était rude, l’écharpe bordeaux autour de du cou de Xavier édulcorait la bataille. Non, je ne rêvais pas, car Dieu dans l’ombre ne faisait que confirmer son plan, puisque le jour de Noël, l’église organisa un réveillon pour ceux qui étaient seuls et désiraient le faire ensemble dans ce lieu. Un des objectifs de cette rencontre était que chacun ramène un cadeau pour qu’il soit donné à quelqu’un d’autre par tirage au sort. Par hasard, j’appris que Xavier y participerait, ce fut donc heureuse à l’extrême que je m’y inscrivis aussi pour le seul but d’avoir le cadeau de celui qui ne croyait pas que j’allais devenir sa femme. Je suppliai Dieu de toutes mes forces afin que la main innocente le donnât à moi et à aucune autre, car il ne choisit pas n’importe quoi, puisqu’il avait amené un très beau parfum. Pour ma tenue, je privilégiai de me confectionner une très jolie robe verte claire très originale afin de sortir du lot et d’être vue une fois de plus par Xavier. La soirée se passa dans la bonne humeur, mais je ne pensais qu’au cadeau, il me fallait l’avoir, mon Dieu, il le fallait… pour montrer à Xavier et aussi, il faut l’avouer, pour le déstabiliser, je lui dis très sûre de moi : - C’est moi qui aurais ton cadeau, car je l’ai demandé à Dieu… Il ne dit rien, mais fut très irrité par mon culot et mon irrespect à son endroit. Durant toute la soirée, j’essayai comme je le pouvais, de cacher mon ennui, car j’étais obsédée par ce qui allait arriver et trouvais les jeux interminables et certains s’étiraient en longueur et en lourdeur ce pourquoi, je faillis pousser un « OUF » magistral de soulagement quand on ramena la hotte marron clair. Un à un les cadeaux furent distribués à chacun, mon tour arriva dans les derniers. Quand je fus devant la personne qui faisait la répartition, je continuai mentalement de supplier Dieu. Elle avait de la difficulté à atteindre les paquets, car la jarre en paille qui servait de hotte était profonde et assez grande. Finalement, elle amena à elle un long et petit paquet noir enrubanné d’or et me le remit. C’était le cadeau de Xavier, je le reconnus pour l’avoir vu le mettre parmi les autres dons. Je jubilai, ivre de bonheur d’avoir eu pour complice le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs, le Dieu éternel des armées célestes. Ce que je fis par la suite fut moins glorieux, mais ayant beaucoup souffert de son indifférence, je décidai d’aller voir Xavier pour le narguer à outrance : - J’ai ton cadeau… c’est drôle, hein ? Il ne répondit pas un mot. Il était très fâché. Agacée, je continuai : - J’avais prié Dieu de me le réserver, je te l’avais dit… Le pauvre, je le sentis cette fois blessé, mais j’en fus soulagée, après tout il m’offensait bien depuis des semaines. Au plus j’étais sûre de moi, au plus je sentais Xavier gêné et pour me le faire savoir, il choisit un soir où tout le groupe de jeunes était réuni pour manger ensemble chez quelqu’un. Alors que j’étais en train de faire la vaisselle en fin de soirée, il s’approcha de moi et lâcha entre ses dents presque sans ouvrir la bouche pour s’assurer de n’être entendu par personne, bien décidé à me faire payer ma certitude quant à notre avenir commun, surtout pas avec la femme qu’il ne voulait pas : - Maintenant, ça suffit ! Je te demanderai d’arrêter de dire à tout le monde qu’on va se marier. Tu te trompes ! C’est faux ! Je n’ai aucune conviction et Dieu ne m’a rien dit à ton sujet. Je suis quand même le premier concerné, que je sache ! Tu crois que Dieu va m’obliger à me marier avec toi ? Je ne l’avais jamais vu aussi fâché. Il parlait tout bas, ses yeux lançaient des éclairs, mais il ne m’impressionnait pas, ce pourquoi tout en laissant mes mains dans l’eau de la vaisselle et sans réfléchir, je rétorquai à mon tour entre mes dents très fâchée et blessée, à la limite de la crise de larmes : - Je te jure qu’un jour tu feras ma vaisselle ! Je fus incapable d’expliquer pourquoi je dis une chose pareille, ni comment je ne sus pas la retenir, mais toujours était-il qu’au moment où je le lui dis, je fus certaine que ça allait être vrai, car pendant quelques secondes une vision m’apparut en le voyant faire cela dans notre futur foyer commun. Déstabilisé, Xavier ne demanda pas son reste. Scandalisé par ma détermination, il tourna les talons pour rejoindre les autres sans montrer le moindre signe de notre dramatique échange verbal. Il me laissa tranquille en ignorant m’avoir donné une précieuse information. Ce fut Dieu, je pense qui me fit prendre conscience de ce détail incroyable. En effet, en sachant Xavier n’avoir aucune conviction à mon égard, je décidai de prier pour Dieu de lui en donner une. Pour être certaine, (comme si j’en avais besoin) que c’était lui mon mari, je profitai d’une fête du nouvel an à Paris pour m’absenter et prendre du recul et prier encore plus précisément pour nous deux. Je voulais entendre Dieu me parler ou préciser cet avenir avec Xavier et ensuite j’allai prier pour qu’il reçoive une conviction puisque c’était cela qui lui manquait. À Paris, je me retrouvai dans une église de Nord-Africains et chose étonnante, ils optèrent pour le même procédé que nous en ce qui concernait les cadeaux amenés par chacun tirés au sort. La seule différence était que je ne pouvais pas avoir le cadeau de Xavier puisqu’il n’était pas là. Ce n’était bien sûr pas cela qui allait arrêter Dieu puisqu’il me réservait une jolie surprise, car qu’el ne fut pas mon cadeau pour lequel je demandais à Dieu sa signature qu’il y apposa bien évidemment. En ce qui me concernait, j’avais apporté un joli album photo féminin et en retour je reçus une ancienne corbeille en porcelaine blanche avec pour motif un couple d’amoureux du 18e siècle sur une balançoire. C’était tout juste magnifique et la bonté de Dieu m’époustoufla. Ce n’était pas la distance qui lui était un problème, tout pouvait changer quand c’était lui le chef d’orchestre. Je revins donc dans le Nord, gonflée à bloc d’une espérance inébranlable et priai comme convenu pour que mon chéri qui ne l’était pas encore reçoive « sa » confirmation. Ce fut une supplique judicieuse, car j’appris qu’alors que Xavier était dans sa chambre et pensait à tout ce que je lui avais déjà dit qui le dérangeait et le dépassait, il alluma la radio pour se changer les idées, oublier ses tracasseries et moi par la même occasion. L’onde choisit au hasard diffusait une chanson qui eut l’effet d’un volcan en éruption qui le confondit et l’obligea à émettre enfin l’éventualité que Dieu put m’avoir placée sur sa route. Ce fut un choc quand il reçut la conviction que c’était Dieu qui lui parlait à travers cette chanson. Il semblait à Xavier entendre Dieu lui dire du haut du ciel ce refrain : Si tu veux être heureux, pour le reste de ta vie Népouse jamais une trop jolie fille, Écoute bien le conseil dun ami épouse plutôt une fille gentille. Une jolie fille rend un mari très fier, Oui, mais aussi malheureux et jaloux faut tellement dargent pour la satisfaire, pour la garder il travaille comme un fou Épouse plutôt une fille gentille. Si tu épouses une gentille fille Tu seras heureux pour le reste de ta vie, Elle te cuisinera de bons petits plats Fidèle et tendre, elle sera toujours là… Xavier n’allait plus jamais être tranquille, quelque chose de très profond venu directement du chemin du ciel venait de lui tomber sur la tête qui le poussa à commencer à croire enfin que tout cela pouvait être probable. Il se garda bien d’en parler et mit lui-même Dieu à l’épreuve à ce sujet, il garda surtout encore plus ses distances avec moi tandis que j’étais loin d’imaginer tout ce qu’il vivait. Il faisait très attention de ne pas trop m’approcher, mais je le vis néanmoins changer à mon égard, il se montrait plus courtois et il semblait parfois que la hache de guerre était enterrée et à d’autres moments, il redevenait la personne quelque peu méprisante. Dans diverses occasions, je le vis s’approcher de moi avec beaucoup d’efforts pour être gentil, mais juste ce qu’il fallait pour ne pas être dans mon environnement intime, il avait peur, je le sentais bien. Les moments les plus merveilleux étaient ces jours où il continuait soigneusement de m’éviter pour ne pas me donner d’espérer ou parfois à l’église quand il se retournait pour me regarder ou partageait son avis sur la prédication. Je devinais ses paroles plus délicates et parfois même accompagnées de sourires, c’était beaucoup et je remerciais Dieu pour tous ces petits cadeaux. Il ne se passait pas grand-chose de différent, pourtant, Dieu continuait de me confirmer son plan, doucement comme ce jour où je me rendis au buisson ardent en autobus. Les Dupont habitaient à quelques centaines de mètres de chez Xavier, ce dernier prenait donc très souvent la même route que moi, sauf que je m’y rendais en bus et lui en voiture. En cette fin d’après-midi là, je priai Dieu de bien vouloir m’envoyer Xavier avant le bus pour passer un peu plus de temps avec lui. J’appréhendai la réponse à cette prière, car il fallait vraiment que le Seigneur veuille me bénir, puisqu’au loin, j’aperçus le car approcher. Si Dieu voulait me gâter, il ne lui restait qu’une poignée de secondes. Mais Dieu était Dieu et restait donc Dieu, car alors que le bus atteignit mon arrêt, je vis la voiture de Xavier le dépasser, mais je déchantai vite, puisque quoiqu’il me vît, il continua sa route. Ma déception fut double, car en même temps que la voiture s’éloignait, le bus aussi, je restai par conséquent sans aucun moyen de locomotion à ma portée. Ce que j’ignorai était que Dieu ordonna à Xavier d’arrêter la Diane marron claire et faire marche arrière. Ce fut ainsi que je le vis rebrousser chemin et m’inviter à monter malgré lui. Oui, Dieu était Dieu et le restait ! Pourtant, c’était loin d’être gagné, mais je me rappelai alors la prière que j’avais faite où je demandai à Dieu une histoire d’amour belle et originale avec beaucoup de choses à raconter à mes enfants. En ce sens-là, il y en aurait des faits à narrer, surtout si l’on ajoutait cet après-midi grandiose au cours duquel, le groupe de jeunes décida d’aller au cinéma voir « les dix commandements ». Jamais, au grand jamais, je n’aurais osé soupçonner ce qui allait m’arriver. Dieu avait décidé de se glorifier et de me bénir sans que je m’y attende le moins du monde et je m’aperçus alors combien il m’aimait et combien il tenait à la réalisation de cette union malgré tout ce qui se mettait en place pour obstruer sa naissance. Nous regardions tranquillement le film, quand Séphora, la fille aînée de Jéthro occupa tout l’écran ; Dieu me dit : - Tu auras une fille que tu vas appeler Séphora et son père est celui qui est à ta droite… Je me figeai sur mon siège, car le jeune homme en question était bien évidemment Xavier qui au même moment, se tourna vers moi et me dit : - Si un jour, j’ai une fille, je l’appellerai Séphora... Le monde entier était suspendu à ce que je venais d’entendre… C’était tout simplement prodigieux. Il y avait un magnifique film sur l’écran géant, pourtant la véritable projection cinématographique se jouait dans cette grande pièce sans que nul ne se doutât de quoi que ce soit et c’était Xavier et moi les principaux acteurs, Dieu, le metteur en scène tandis que les anges faisaient office de spectateurs. C’était une scène incroyablement surréaliste, je ne revenais pas de ce que je vivais… Quel privilège était le mien, qui étais-je pour recevoir autant de Dieu ? Je ne le savais pas, sauf que je prenais conscience de son immensité et de l’infiniment petit que j’étais. Durant les jours qui suivirent, je passai beaucoup de temps à essayer de comprendre ce qui m’arrivait et l’amplitude de l’amour de Dieu qui se déployait pour ce qui pourrait passer pour des broutilles, mais j’appris vite que Dieu avait l’amour du beau travail, ce pourquoi, il s’employait à me bénir de la sorte, quoique je ne voyais rien venir ou se concrétiser. Rien n’était trop petit pour Dieu, c’était en cela que se manifestaient son amour et sa grandeur. Dans mon quotidien, rien ne bougeait vraiment, Xavier était toujours distant, mais dans le domaine invisible, j’avais de plus en plus de confirmation quant à notre avenir commun préparé par Dieu. Je m’attachai donc à sa précieuse parole pour me servir d’appui dans les jours les plus difficiles. Ce fut autour de ces moments-là que je reçus une énorme consolation quand dans mon moment de prière dans ma chambre, chez les Dupont, Dieu me parla dans le livre de Jérémie au chapitre 36 du verset 28 au sujet de mes écrits détruits: « La parole de l’Éternel fut adressée à Jérémie en ces mots : « Prends de nouveau un autre livre, et tu y écriras toutes les paroles qui étaient dans le premier livre qu’a brûlé Jojakim, roi de Juda. » Tout mon être se remplit d’émotion à l’évocation de tous mes souvenirs que j’avais tracés dans ce précieux journal brûlé par Moussa. Comment allais-je me rappeler tous les détails, les émotions, les souffrances et les joies sans parler de ces affreuses solitudes qui m’éloignèrent tant des êtres humains et au travers desquelles je trouvai un seul refuge, un espoir dans ma malheureuse désespérance : Dieu, l’auteur de l’espérance. Je réfléchis de nouveau à tous les détails qui me manquaient quand Dieu me parla encore : - Je te rappellerai tout ce que tu as vécu et quand viendra le moment pour cela, je te remplirai tant de ce projet que, tu ne pourras plus dormir ni te réveiller sans penser à ce livre. C’est en cela que tu reconnaîtras mon temps… Ensuite j’eus une vision, je vis mon livre déjà imprimé voler de lui-même en traversant la mer pour aller vers me semblait-il l’Algérie, du côté gauche de la carte de France, mais quand je regardai la carte, je constatai que c’était la direction des USA puisque l’Algérie se situait en bas. Ce fut très bouleversant, car je ne comprenais pas, mais combien j’étais heureuse de voir qu’il existerait. Je gardai ces choses dans mon cœur et décidai de surveiller attentivement ce temps qui allait m’amener à rédiger mon histoire sous forme de témoignage. En février de cette année 1983 je me préparai à être baptisée comme Jésus le fit lui-même dans le Jourdain. Cela allait être fort pour moi, car j’allai m’engager solennellement à suivre Jésus pour le restant de ma vie et faire de lui mon Seigneur dans tous les domaines de ma vie. Nous étions quatre, notre promotion était jeune et possédait une grosse dose d’humour, cela mit l’assistance dans une ambiance bon enfant. Je pensais avoir la primeur de faire rire tout le monde, mais je me retrouvai la dernière à parler et m’interrogeai sur la façon dont j’allais témoigner avec authenticité et chaleur alors que les autres avaient tout dit, mais c’était compter sans ma spontanéité légendaire qui fit s’esclaffer presque toute la salle. Xavier était dans l’auditoire et de temps à autre je jetai un coup d’œil dans sa direction et voyais combien il était gêné à ma place de me faire autant remarquer. Il pensait sans doute que j’en faisais trop. Pour ce qui concernait Xavier, j’allai aussi de l’avant et pris rendez-vous avec le pasteur de mon église pour lui faire part de ce que Dieu m’avait dit et écouterai ces conseils, quels qu’ils devaient être. Le jour venu, j’arrivai avec vingt minutes de retard sans réaliser avoir piétiné son précieux temps, aussi, ce fut avec un sourire, mais je sentis qu’il me corrigeait en me disant : - L’exactitude est la couronne des rois ! Tu as vingt minutes de retard ! Il me donna une des plus grandes leçons de ma vie et l’effet qu’il voulut produire sur moi réussit, car je fus honteuse au plus haut point. Il m’invita à m’asseoir et voulut prier avec moi avant de commencer l’entretien. Je le laissai faire et me dis combien j’avais de la chance de connaître Dieu et d’avoir un conseiller comme ce monsieur, car j’avais confiance qu’il saurait entendre la voix de mon Père céleste. Après lui avoir exposé tout ce que j’avais entendu de Dieu, je lui émis mes doutes quant à mon éventuelle future union avec Xavier. Plein de sagesse, il me dit : - Moi non plus je ne peux pas te dire si c’est lui ton mari, mais on va prier et Dieu fera le reste. Il pria d’abord, puis ce fut mon tour et quand nous eûmes fini, il me dit : - Je ne serai pas étonné que ce soit lui, parce que je vous ai vus tous les deux dans un très long tunnel et vous marchiez côte à côte sur des cailloux blancs assez pointus. Parfois c’était toi qui tombais sur les cailloux et tu te faisais mal, et parfois c’était lui, mais jamais en même temps, cela a duré longtemps, puis à un moment, j’ai vu la lumière du jour pointer tout au bout du tunnel, mais vous étiez restés ensemble… À ce moment-là, je sus qu’il n’en tenait qu’à moi de décider si je devais avoir la foi ou non pour un avenir avec Xavier. Ce que je vécus là avec ce pasteur fut précieux et une aide sans précédent. J’étais consciente que c’était un cadeau de Dieu, car il savait combien je me souciai de sa volonté. À partir de ce moment-là, je priai beaucoup et prévoyais d’entamer un jeûne, car j’appris que Xavier allait partir pour l’école biblique en avril et retournerait dans le Maine et Loire pour toujours. Si Dieu ne faisait rien, j’allai perdre son plan pour ma vie. J’étais néanmoins consciente qu’il y avait une bataille spirituelle qui était engagée pour ne pas que cette relation eut lieu, ce pourquoi je songeai à cette privation de nourriture et recherchai la face de Dieu pour libérer cette union qui n’existait certes pas sur la terre, mais à laquelle Dieu avait déjà donné naissance dans le ciel. Pour le jeûne, je décidai de ne rien manger la journée, mais de boire et de ne prendre que le repas du soir. J’ignorai combien de temps cela allait durer, mais, je m’engageai dans cette voie avec une grande paix et une belle confiance en Dieu. Je voulais montrer à Dieu que sa volonté et son plan pour ma vie primaient sur la nourriture et je savais par les exemples bibliques que Dieu allait y prêter attention. Au plus j’avançais dans ce projet, au plus je sentais la présence de Dieu m’environner, puis peu à peu, je vis un certain intérêt de Xavier à mon égard, bien que ce changement résultât en grande partie au conseil que m’avait donné le pasteur le jour de notre entrevue. En effet, ce jour-là, il me recommanda vivement de ne plus regarder Xavier, lui parler ou me focaliser sur lui, mais au contraire de côtoyer d’autres garçons et c’est ce que je fis. Non seulement je pris beaucoup de joie à élargir mes connaissances amicales, mais ne plus penser tout à fait à lui me libéra beaucoup. Je fus très surprise de le voir s’approcher de moi et chercher mon intérêt. Je le sentis étonné de me voir m’éloigner de sa personne. Même si c’était amusant de lire en lui cette certaine interrogation et cet agacement de n’être plus le point de mire, cela ne l’empêcha pas de revenir sur ses positions d’indifférence d’un jour à l’autre. Je pensais qu’il devait craindre ses propres convictions naissantes. Les jours à l’église ou au buisson ardent étaient parfois faites de maintes souffrances occasionnées par son attitude déconcertante, et d’autres couronnées de très jolies surprises faites de ses sourires timides. Tout doucement, nous arrivâmes à mars où je commençais à me décourager de ne rien voir venir, Xavier était toujours aussi indifférent, je me demandai même si Dieu allait vraiment faire quelque chose, mais Moïse a-t-il eu besoin d’une main humaine pour voir son peuple sauvé des mains cruelles du Pharaon ? Bien sûr que non et combien même sa foi fut grande, il ne soupçonnait pas un seul instant que Dieu allait ouvrir la mer pour lui et nul autre d’ailleurs ne l’aurait cru et pourtant c’est exactement ce qui se passa pour les Israélites ainsi que pour moi, mais cela n’arrive que, lorsque nous n’avons plus de ressources que les supplications, la foi en Dieu. Oui, Dieu met à notre disposition ses munitions spirituelles quand nous avons épuisé toutes les nôtres humaines… Ce pourquoi je fus très surprise d’apprendre un samedi que Xavier n’avait plus de voiture quand je le vis venir vers moi pour solliciter mon concours afin que j’intervienne auprès de Jeannine, pour l’autoriser à faire le trajet dans sa voiture. Cette dernière hésita un instant à cause du dédain qu’il avait employé à mon égard, mais elle finit par accepter. Dans la voiture à mon tour, comme il le fit lui-même, je ne desserrai pas les dents et lui montrai toute l’indifférence dont j’étais capable de m’habiller. Les rôles étaient inversés, moi j’étais devant et lui derrière à jacasser exagérément avec Jeannine sans que je ne réponde jamais à aucune de ses questions, même les plus anodines. Il simulait l’aisance en parlant à la conductrice tout en essayant d’attitrer mon attention, mais je ne lui dis pas le moindre mot. J’étais en position de force et je comptai bien le lui montrer. Il était gêné et quelque peu humilié, mais j’en étais contente. J’étais très surprise, car malgré mon manque de gentillesse volontaire et exagéré, il continuait d’être poli et complaisant. Il m’épatait et me touchait aussi. Arrivés à l’église, je fis mine de n’être pas venue avec lui et enjambai les escaliers en conversant joyeusement avec Jeannine, je ne voulais qu’une chose, lui montrer ce qu’était l’indifférence, mais ce fut compter sans Dieu, car au retour, vers treize heures, avant d’arriver sur le perron de chez Jeannine, Dieu me convainc de faire lire mon journal intime à Xavier. Je n’en revenais pas, car tout y était même mes faiblesses, néanmoins, je sentis qu’il lui fallait lire tous les exaucements de prière à son sujet qu’il ignorait. Ce fut donc mal à l’aise que je lui demandai en arrivant chez les Dupont à lui parler. Jeannine nous laissa seuls et je l’invitai à entrer dans le bureau de son mari en commençant timidement : - Je pense que Dieu veut te faire lire ce cahier… Il regarda le cahier couleur grenat au dessin doré que Jeannine m’avait offert et me regarda sans comprendre, je poursuivis donc : - C’est mon journal intime, tout y est, mes prières et leurs réponses… Il prit le cahier calmement, l’ouvrit au hasard et je repris : - Je vais aller de l’autre côté, quand tu auras fini, tu n’auras qu’à m’appeler… oui ? Il ne me répondit pas, mais chercha simplement un siège pour s’asseoir tandis que je disparus pour rejoindre les Dupond qui s’étaient attablés. Je leur expliquai ce qu’il venait de se produire. Ils furent très surpris, mais curieux de ce qu’il allait arriver à la fin de la lecture. Ils étaient dans l’expectative à cause de tout ce que j’avais souffert, mais pas moins que moi. Le temps me paraissait très long et quand Xavier finit par m’appeler du bureau, il n’était pas loin de seize heures. Je le rejoignis, le cœur battant, mais non sans crainte. Il n’avait pas vraiment d’expression sur son visage, il me regarda juste très profondément d’un regard que je ne connaissais pas. J’étais troublée et eus l’intime conviction qu’il s’était passé quelque chose dans son cœur, mais j’étais loin d’imaginer à quel point ce qu’il vécut alors allait me propulser au firmament des étoiles, car il me dit égal à lui-même, d’un ton placide : - J’ai un rendez-vous à seize heures, je vais à ce rendez-vous parce qu’il le faut et je reviens vers seize heures trente parce que Dieu m’a parlé et je sais que c’est toi que Dieu a choisie pour moi…. Il me regarda avec beaucoup de profondeur et de lumière dans les yeux et disparut sur le perron. Je sus à ce moment-là qu’il m’aimait, j’étais au faîte du bonheur, mon cœur marchait sur le chemin des étoiles, là où j’avais déposé mes larmes que Dieu avait fait briller parce qu’il avait été mon ultime témoin. Mes larmes ont brillé jusqu’à Dieu et sont arrivées dans le creux de ses mains et il m’a consolée.
Posted on: Tue, 15 Oct 2013 07:56:48 +0000

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