Anniversaire (Sois sage ô ma douleur et tiens toi plus - TopicsExpress



          

Anniversaire (Sois sage ô ma douleur et tiens toi plus tranquille) Pierre, Pierre LESPARRE, mon frère, mon « petit frère » j’ai revécu en ce 31 août 2013 les intolérables souffrances qui te furent infligées le 31 juillet 2011 et qui mirent fin à ta vie, après une trêve factice de vingt-quatre heures. Comment a-t-on pu, comment a-t-on osé ? Tu n’avais que 59 ans. Tu avais émis le désir de rentrer chez toi et j’en connais de bien plus âgés que toi, atteints de la même attaque pulmonaire qui, soignés à domicile, ont guéri. J’en ai vu d’autres, en milieu hospitalier, bien plus âgés que toi, qui ont été sauvés. Pas toi ! En ce jour, et chaque jour, je m’accuse, moi, ta sœur aînée, de ne pas avoir su défendre ta vie, de ne pas avoir attaqué, exigé, menacé, fait scandale pour qu’on te sorte de l’infernale spirale dans laquelle on te poussait malgré toi. J’aurais dû et tu aurais la vie sauve. C’est une certitude. Mais voilà, je ne l’ai pas fait. Pourquoi ? Ah ! Ce terrible pourquoi qui me hante et me hantera jusqu’au terme. Je me suis pourtant battue aux côtés de son fils – efficacement, assidûment présent – pour notre sœur, dénutrie, dans le coma, dont le pronostic vital était engagé et qui a survécu. Pourquoi n’ai-je pas agi pareillement et plus encore, pour toi, si seul et rendu vulnérable par la maladie ? Peut-être parce que tu n’étais pas dans le même état critique qu’elle. Peut-être… Et pourtant, tu n’es plus là. Le 2 août 2011, l’infernale spirale a fini de t’engloutir. Puis, ce furent tes obsèques. Odieuses, scandaleuses, inhumaines. Les amis de la famille et les tiens étaient là mais le réconfort et le soutien qu’ils nous apportèrent, à mes sœurs et moi, n’ont pas suffi à rendre plus supportables les conditions de ton ensevelissement. : Une excavatrice près de notre caveau de famille, une excavation profonde devant et sur tout son côté gauche, des sacs de sable obstruant l’entrée du caveau, qui fut ouvert mais pas pour t’accueillir, une palissade de planches le masquant et l’ordre de ne pas franchir cette frontière, ce que je fis pourtant, découvrant alors l’horreur de ce décor qui te fut si « amoureusement » réservé. Ton cercueil, pourtant orné d’un crucifix m’as-tu-vu et d’une fleur fixée par un ruban adhésif, fut descendu, forcément bousculé, malmené, sans aucun respect pour ta dépouille, par l’excavation creusée à gauche de notre caveau pour en atteindre le sous-sol. Que fais-tu à cette place, toi le fils LESPARRE, alors que tu devrais être près du cercueil de notre père, de ce père que tu as adoré, au premier niveau de notre caveau. L’opération ayant été jugée trop éprouvante, ordre fut donné à tous d’évacuer le cimetière sous la menace de faire appel à la gendarmerie. Deux ans après, ma tête vibre encore de cris de douleur et de colère. Je hurle. Je tape des poings contre la cruauté et le sordide qu’on t’a et qu’on nous a, à nous tes sœurs, imposés. Ah ! Pierre, mon frère-courage, mon frère trop sage, dont la devise était devenue « Paix, Sérénité, Lumière », ton absence éternelle, ce que tu as enduré, avant, pendant, après, ne m’est pas tolérable. La colère continue de gronder, sourde, profonde, bien que je sache que quoique je fasse, que je dise, que j’écrive, je ne t’entendrai plus, je ne te verrai plus, je ne te serrerai plus dans mes bras comme je le fis en 2010, que nous n’aurons plus de bavardages complices au téléphone, joyeux ou mélancoliques tout au long de nos escapades dans le passé familial heureux… Fini. Pour toujours. Le « plus jamais » claque comme une balle. Maudits soient ceux « les pas coupables mais responsables », maudits soient-ils à tout jamais. Et les coupables en premier. Alors, toi, mon frère-courage, reste encore là, invisible mais présent. Ta maison te garde en elle comme avant toi elle a gardé en elle notre père mais aujourd’hui c’est toi qui prédomine, bien que toi et lui, lui et toi, vous étiez comme un seul. Salut mon frère-courage, mon « petit frère » et comme le poète Jules SUPERVIELLE « donnons sa continuité au discontinu, logeons le temps dans un cœur continu ». Tu es là. Salut pour toi à ROQUEFORT et à tes LANDES. Ta sœur aînée
Posted on: Mon, 09 Sep 2013 21:58:33 +0000

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