Arrêt sur image ! Je suis bloqué. Je n’arrive pas à me - TopicsExpress



          

Arrêt sur image ! Je suis bloqué. Je n’arrive pas à me dépêtrer de cette vase qui m’aspire. Les forces me manquent et je reprends un peu mes esprits en soufflant quelques secondes. J’essaye de me remémorer le parcours de la course. Il y avait bien écrit « mangrove ». Ni plus, ni moins. Et cela devait durer quatre cent mètres à tout casser. Que fallait-il entendre exactement par « mangrove » ? Petite zone marécageuse où on va s’en mettre partout ? Petit passage technique où il va falloir faire gaffe à ses appuis ? Je n’en savais rien. Pour moi cela signifiait que l’on allait s’amuser un peu dans une végétation un peu plus dense et luxuriante… Là je sens bien que je me suis trompé. Mais comment ont-ils osé nous faire passer par là ? Et tous ceux qui vont y arriver de nuit… je n’ose imaginer ! En tout cas, je n’arrive plus à retirer ma jambe de la bouillasse. J’ai quasiment la moitié du corps dans cette mélasse improbable. Juste au-dessus du short. Je ne préfère pas savoir avec quoi je rentre en contact. Je souris jaune aussi en pensant qu’avant de partir j’avais fait un double nœud à mes lacets pour ne pas risquer de perdre du temps à rechausser. Imaginez quelqu’un perdre sa chaussure dans cette zone, ce serait comme dire au-revoir à sa paire de trails et finir pieds nus ! J’essaye d’agripper une plante quelconque, un morceau de bois pour m’extirper de ce liquide visqueux et presque compact. Aussitôt je retire ma main. Je me suis coupé au niveau du doigt. Je repense à ce que m’a dit un coureur avant le départ : « ici il faut faire gaffe à ne pas toucher n’importe quelle plante. On risque de se déchirer les chairs à n’importe quel moment ! » Oui d’accord mais alors je sors de là comment moi ? Le temps file et mes forces aussi. Je me dis que si la zone dure quelques kilomètres, je vais m’en souvenir toute ma vie. Je me demande aussi si c’est toujours de la course à pied que je pratique… Je bascule légèrement le corps vers l’avant pour essayer de me dégager. Je repense aussi à un vieux film où un gars s’enfonce dans des sables mouvants et où le bâton pour le sauver arrive trop tard. Je revois encore la main qui reste au dessus de la vase, inerte, sans vie ! Bof ! J’arrive enfin à bouger mais mon Dieu qu’elle va être dure et longue cette zone. Et que le bonheur va être grand de retrouver ensuite une portion un peu plus « normale » où les pieds et les jambes ne s’enfoncent pas sans arrêt dans n’importe quelle profondeur énigmatique. 20 cm ou 80 cm ? On ne peut jamais savoir à l’avance ! Mais d’un autre côté, c’est certain, je ne risque pas d’oublier ces instants un peu « solitaires ». C’est cela aussi le trail sous les Tropiques. L’enfer au paradis et vive la Transkarekura guadeloupénne !!
Posted on: Thu, 01 Aug 2013 10:13:16 +0000

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