Comment l’endettement et la fuite des capitaux ont saigné un - TopicsExpress



          

Comment l’endettement et la fuite des capitaux ont saigné un continent 10/07/2013 | 02H57 GMT Par Léonce Ndikumana & James K. Boyce Editions Amalion 2013 - 188 pages La dette odieuse de l’Afrique est un ouvrage d’avant-garde qui devrait être lu par tous les hommes soucieux de connaître les causes du sous-développement de l’Afrique. D’une manière magistrale, mais facilement compréhensible et professionnellement approfondie, les auteurs démolissent le mythe selon lequel les pays africains ont reçu d’importants flux nets de capitaux étrangers… Ce livre devrait modifier radicalement la pensée et la politique. C’est probablement le livre le plus important sur l’Afrique de ces dernières années, une lecture capitale pour quiconque a un intérêt dans les affaires africaines … Enrageant, éclairant et encourageant dans une égale mesure, ce livre conjugue passion et excellence en recherche : un réel tourde force. C’est l’opinion de John Christensen, Directeur, Tax Justice Network, Etats-Unis. Cette analyse-choc révèle que, de tous les emprunts contractés par les Etats africains au cours des 50 dernières années, plus de la moitié des fonds repartent à l’étranger et se retrouvent dans des comptes bancaires privés et secrets par le biais de diverses méthodes de blanchissement pour dissimuler la provenance et même l’existence de cet « argent sale ». Voilà pourquoi le combat contre le blanchissement est si important, et pourquoi toutes les paries prenantes concernées doivent s’unir pour arrêter cette saignée et retenir ces fonds pour qu’ils puissent contribuer au développement et au bien-être des populations africaines. Il est vivement recommandé à tous de lire ce livre et de s’impliquer à fonds dans la transformation future des pays et du continent africains. Dans le monde simplifié des manuels d’introduction à l’économie, les marchés du crédit offrent un service précieux et direct : ils font circuler l’argent entre épargne et investissement. Les épargnants prêtent leur argent et reçoivent des intérêts. Les banques mettent en relation l’offre et la demande sur le marché du crédit et sont rémunérées pour ce service que l’on appelle l’intermédiation financière. Leur rémunération revêt deux formes : les commissions et l’écart entre le taux d’intérêt qu’elles payent sur les dépôts et celui qu’elles reçoivent sur les prêts. Dans le monde réel, les banquiers n’accordent de prêts que lorsqu’ils sont certains d’être remboursés. Et personne ne prêterait des centaines de millions de dollar au régime Mobutu, comme cela a été fait en 1989. Mais les choses ne sont pas aussi simples. Joseph Mobutu est un exemple particulièrement parlant d’une catégorie beaucoup plus large d’individus qui ont accumulé une fortune personnelle grâce aux dettes qu’ils ont contractées au nom de l’Etat. Fortune qu’ils ont en grande partie cachée à l’étranger. Ces individus sont aidés et encouragés par les banquiers disposés à, et désireux de, consentir des prêts à des gouvernements sans poser de questions, et que convoitent en même temps les dépôts des grosses fortunes qui placent frauduleusement les fonds empruntés sur des comptes privés. Dans l’ombre de la finance internationale, de grosses sommes d’argent franchissent régulièrement les frontières, sous couvert de transactions officiellement enregistrées et sans recourir aux outils mentionnés dans les manuels d’économie. Pour comprendre les réalités du développement et du sous-développement en Afrique, les auteurs se sont mis à examiner ces pratiques opaques. L’utilisation des prêts étrangers à des fins d’enrichissement personnel introduit des distorsions d’ordre tant politique qu’économique dans les pays africains. Elle renforce la puissance des élites corrompues et, partant, leur capacité l’action publique à leur avantage et non pour le bien de la population. Et comme il s’agit de prêts et non de dons ou cadeaux, elle laisse en héritage des obligations de service de la dette qui perdurent souvent longtemps après que les individus qui en ont profité ont disparu. Cette situation produit un résultat désastreux pour le développement de l’Afrique, mais elle est lucrative pour les intervenants des deux côtés du marché du crédit. En conséquence, les motivations privées ne correspondent pas au bien public. Les auteurs prennent des exemples qui montrent comment ce décalage s’est révélé en Afrique (Nigeria, Congo-Brazzaville, Gabon). Ils ont fait des efforts considérables pour mesurer la fuite des capitaux et pour interpréter la balance des paiements invisible. Ils ont examiné avec finesse les mesures résiduelles de la fuite des capitaux. La fausse facturation est une source de fuite de capitaux qui fait de l’Afrique un continent saigné. Ce dernier est en manque d’investissements. La fuite des capitaux est alimentée par la dette. Les auteurs ont pris le soin de lever toute ambigüité sur ce que leur analyse dit et ce qu’elle ne dit pas à propos des prêts étrangers. Ceux-ci ne sont pas tous mauvais. Leur analyse ne sous-entend nullement que tous les prêts alimenteraient la fuite des capitaux, ni que toutes les dettes seraient odieuses. Beaucoup de choses positives se produisent sur le continent grâce à l’aide et à l’emprunt extérieur. Ces appréciations méritent d’être sérieusement discutées. En 1927, le juriste russe exilé Alexander Nahum Sack a inventé le terme moderne de « dettes odieuses » pour qualifier ce type de dettes. Les dettes d’une nation peuvent être considérées comme odieuses si trois conditions sont réunies : l’absence de consentement, l’absence de bénéfice public et la connaissance de la situation par les créanciers. Ce livre aux dimensions modestes est une contribution considérable pour la connaissance des multiples problèmes de la dette extérieure des pays africains. Leurs auteurs ont déployé d’énormes efforts pédagogiques pour aider leurs lecteurs à bien comprendre les mécanismes techniques de la dette extérieure des pays africains. Amady Aly Dieng
Posted on: Wed, 10 Jul 2013 12:54:07 +0000

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