Cri d’un professeur frustré : Au cours du cours on courre, le - TopicsExpress



          

Cri d’un professeur frustré : Au cours du cours on courre, le temps presse, le programme compresse, et tous on stresse ! Chers élèves, chers apprenants, chers enfants, vous attendez des réponses toutes faites, des notes faciles, des récréations prolongées pour vos têtes toutes jeunes, mais déjà fatiguées. Vous attendez que je finisse le programme et que je vous indique comment répondre le jour de l’examen. Vous croyez que cette note vous armera contre la vie ? Vous croyez que ces réponses que vous allez oublier après l’examen vous aiderons un jour ? Vous croyez que cette réussite vous apprendra à savoir, à aimer ou à agir ? Bien sûr que toutes ces questions vous ne vous les posez guerre ! Je ne vous demanderez jamais de se les poser, mais comprenez que de ma part, le temps, le programme et vos demandes me pressent, compressent et stressent… Car, vous et vos complices, vos m’empêcher de vous enseigner ce que je crois essentiel, vous m’empêcher de vous dire la vie à laquelle je crois et que j’aime, vous m’empêcher de partager ce que je crois inestimable… Dieu ! Comment faire pour ne pas vous parler de la beauté d’un morceau de musique surtout lorsque vous l’écoutez seul au milieu d’une foule d’ignares ? Comment m’empêcher de ne pas vous faire écouter Vivaldi, Mohamed Abdel Wahab ou tout Brel (la liste est longue)… ?Comment ne pas essayer de vous enseigner le petit son de musique qui se niche derrière les paroles et derrière quelques autres instruments pour se faire jour à la fin du morceau, vous enseigner à entendre la musique cachée derrière la musique ? Comment ne pas vous proposer une séance où on ne va qu’écouter un morceau de musique sans paroles, dans une tentative de se rapprocher de la beauté pure dans la musique, dans nos cœurs? Dieu ! Comment ne pas lire avec vous Flaubert, Proust ou Mahmoud Darwich (la liste est encore longue)… ? Comment freiner mes ardeurs devant la beauté des mots ; et vous expliquer combien c’est sublime de dire la complexité de la vie par des mots tout en utilisant des paroles vulgarisatrices ? Comment se retenir devant un sens trop profond, trop complexe de peur de vous voir lâcher prise, car on vous a appris à tellement peu penser ? Comment ne pas programmer une pure séance de lecture où on va lire les textes qu’on aime et où on va partager nos impressions de lecteurs naïfs ? Comment vous voir tous les jours entrain de sombrer dans l’obscurité totale en lisant si peu, en lisant de moins en moins ? Dieu ! Comment ne pas partager avec vous des moments de cinéma, de vraie cinéma? Comment ne pas voir ensemble un Terrence Malick, un Sean Penn ou un Charlot Chaplin ? Comment supporter de ne pouvoir monter avec vous un club de cinéma ? (désir que je traine depuis que j’ai mis les pieds dans un établissement pour y enseigner) ? Comment laisser l’image vous glisser entre les doigts dans une confusion aberrante entre les couleurs, les décors et les plans ? Comment vous laissez applaudir lorsqu’il faut écouter, rire lorsqu’il faut réfléchir et admirer lorsqu’il faut vitupérer ? Dieu ! Comment enseigner lorsqu’on ne fait que céder chaque jour un peu plus à ce qu’on estime faux, dégradant et avilissant ?
Posted on: Fri, 08 Nov 2013 00:11:54 +0000

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