DIOMI NDONGALA, une affaire détat.Prisonnier politique pour - TopicsExpress



          

DIOMI NDONGALA, une affaire détat.Prisonnier politique pour l’opposition, prisonnier de droit commun pour les autorités congolaises, la détention d’Eugène Diomi Ndongala embarrasse de plus en plus Kinshasa. Selon Freddy Kita, secrétaire général de la Démocratie Chrétienne, Diomi Ndongala est incarcéré parce qu’il « dérange le régime de Joseph Kabila ». Retour sur un acharnement politique. Opposant politique n’est pas une tâche de tout repos à Kinshasa. Eugène Diomi Ndongala, président du parti d’opposition Démocratie Chrétienne (DC), en sait quelque chose. Entre 1997 et 2013, ce proche de l’opposant historique Etienne Tshisekedi a été arrêté ou « enlevé » neuf fois par les services de renseignement congolais (ANR). Dernière arrestation en date : le 8 avril 2013. Huit mois après, Diomi Ndongala est toujours en prison. Il est accusé de « viols sur mineures » puis de « soutien à un mouvement insurrectionnel« . Deux accusations que réfutent Freddy Kita, secrétaire général de la Démocratie Chrétienne que nous avons rencontré lors de son passage à Paris. 100 jours de détention en 2012 C’est un montage grossier ! , dénonce Freddy Kita. « Le 26 juin 2012« , raconte-t-il, « pendant que nous tenions notre réunion de la Majorité Présidentielle Populaire (MPP), une plateforme de soutien à Etienne Tshisekedi, nous avons vu le colonel Kanyama avec deux jeunes filles dans un restaurant voisin du siège de notre parti. Le lendemain matin, nous avons été surpris d’apprendre par des médias proches du pouvoir qu’un « gros poisson de l’opposition » avait été arrêté. C’était en fait notre président, Diomi Ndongala, qui aurait été pris avec deux filles mineures (alors qu’il ne les a ni rencontrées nio connues, ndlr). Diomi Ndongala a ensuite été enlevé par les services de monsieur Kabila (ANR) et détenu pendant cent jours. On doit sa libération à la venue de François Hollande à Kinshasa pour le Sommet de la Francophonie. La libération de Diomi Ndongala était une des conditions de la venue du président français à Kinshasa et comme par hasard, notre président a été libéré… la veille de l’ouverture du Sommet !« . Une histoire rocambolesque qui n’étonne pas grand monde à Kinshasa, habitué à ce que Freddy Kita appelle pudiquement des « arrestations extra-judiciaires« . Pas de libération des détenus politiques Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Le 8 janvier, Diomi Ndongala reprend ses activités politiques, jusqu’au 8 avril, où il est de nouveau arrêté par le même colonel Kanyama qui est entre temps été promu général. Depuis, Diomi Ndongala croupit dans la tristement célèbre prison de Makala à Kinshasa et son état de santé se dégrade. Une lueur d’espoir apparaît avec les Concertations nationales lancées par Joseph Kabila. Le président congolais, sous pression internationale, convoque majorité, opposition et société civile pour « renforcer la cohésion nationale » et régler la crise politique qui secoue la RDC depuis les élections contestées de novembre 2011. Les « Concertateurs » recommandent alors la libération des prisonniers politiques comme signe d’apaisement politique : Fernando Kutino, Patrick Palata, Muhindo Nzanghi, Eric, Kikunda, Chalupa et… Diomi Ndongala sont sur la liste. Joseph Kabila annonce dans un discours devant le Congrès qu’il tiendra compte de ces recommandations. Mais depuis, le président congolais a opposé une fin de non recevoir à la libération de ces prisonniers. « La main de Joseph Kabila« Freddy Kita ne comprend pas l’attitude du président Kabila. « Ce n’est pas nous qui avons demandé la libération de Diomi Ndongala, c’est le PPRD, son propre parti qui l’a reconnu pendant les Concertations nationales !« . Pour le secrétaire général de la Démocratie Chrétienne, la détention de Diomi Ndongala est purement politique. « Il a été reconnu comme un prisonnier politique par la Cour suprême qui a rendu trois arrêts demandant à ce qu’il soit assigné à résidence chez lui. La Cour suprême s’est rendu compte que le dossier était vide« , explique Freddy Kita, « mais le procureur général n’a jamais respecté cette décision. Pourquoi ? Parce que derrière cette affaire, il y a la main de Joseph Kabila« . « Le faire taire « Pour expliquer cet acharnement de Kinshasa sur Diomi Ndongala, il faut revenir sur les combats politiques du président de la Démocratie Chrétienne. Depuis 1997, la chute de Mobutu et la prise du pouvoir par les armes de Laurent-Désiré Kabila, le père de Joseph, Diomi Ndongala a toujours refusé de négocier avec le régime. Le cheval de bataille de Diomi Ndongala : la lutte contre le pouvoir des Kabila père et fils et surtout la dénonciation des différentes rébellions soutenues par le Rwanda et l’Ouganda et Kinshasa : AFDL, RCD, CNDP et aujourd’hui M23. « Diomi Ndongala dérange beaucoup « , explique Freddy Kita, « il est monté au créneau en 2011 pour démontrer la fraude massive pendant les élections présidentielle et législatives de novembre. En avril, Diomi Ndongala avait mis en place, la Majorité Présidentielle Populaire (MPP), une plateforme pour soutenir Etienne Tshisekedi que nous reconnaissons comme le seul président élu de la République démocratique du Congo. Au cours d’une réunion de la MPP, sept députés proches de Kabila étaient dans la salle et cela a beaucoup dérangé« . Selon Freddy Kita, « il n’y avait que deux solutions pour le pouvoir: récupérer politiquement Diomi Ndongala ou le faire taire « . Le président de la Démocratie Chrétienne ayant toujours refusé de composer avec Joseph Kabila, c’est visiblement la deuxième solution qui a été choisie par le régime pour écarter Diomi Ndongala de l’échiquier politique. D’autres Diomi Ndongala Freddy Kita, que nous avons rencontré le 17 novembre à Paris, tente de convaincre les capitales européennes de faire pression sur Kinshasa. Le Parti socialiste français (PS), par la voix Jean-Christophe Cambadélis avait dénoncé en juillet dernier « les actes de harcèlement et les mesures de détention arbitraires subit par l’opposant congolais Eugène Diomi Ndongala« . Freddy Kita demande que l’ensemble de la communauté internationale, l’ONU, la France, la Grande-Bretagne et les Etats unis puissent le soutenir dans sa « demande de libération inconditionnelle » de son président. Freddy Kita en profite pour lancer un dernier cri d’alarme, inquiétant : « les cachots extra-judiciaires de l’ANR sont remplis d’autres Diomi Ndongala. Diomi est le plus connu, mais combien de morts toutes les nuits à Kinshasa ? Moi-même le 26 avril j’ai failli être enlevé par l’ANR. Nous sommes donc tous très inquiets pour notre sécurité« . Christophe RIGAUD – Afrikarabia Photo : Freddy Kita à Paris le 17 novembre 2013 © Ch. Rigaud afrikarabia
Posted on: Tue, 19 Nov 2013 23:55:57 +0000

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