Déboires par Kahasane Aller à la BCI, un jeudi de début de - TopicsExpress



          

Déboires par Kahasane Aller à la BCI, un jeudi de début de mois, cela a quelquechose de masochiste, je sais, mais quelquefois on n’a pas vraiment le choix .Certains me diront, « Mais pourquoi ne pas prendre une carte ? » j’ai essayé, mais les miennes ne marchent jamais, je ne sais pas, je dois expier quelques péchés, et ces deux ou trois heures débout sont ma punition. On me dira aussi pourquoi je ne quitte pas cette banque, là trop long à expliquer, crédits, …etc. Cette banque a fait quelques progrès, en installant des couloirs pour délimiter les files ou des bancs, mais bon, nous, nous n’avons pas changé, et la lenteur légendaire de leur système non plus. Alors quand on arrive, on rejoint une file déjà compacte, nous sommes des gens très affectueux et nous aimons les rapports humains très rapprochés. Vous avez compris, les gens sont collés les uns aux autres, l’espace de confidentialité, on connait pas, et même si on en laissait, il y a toujours un idiot qui penserait que cette place est restée libre pour lui et essayerait de se faufiler. S’ ensuivraient immanquablement quelques disputes, rien de bien méchant, nous sommes Djiboutiens et nous n’aimons pas trop les confrontations. Même quand le guichet est presque vide, la personne qui arrive après vous, viendra toujours se coller à vous, je vous l’ai dit, un trop plein d’affection. Le problème de cette promiscuité, c’est qu’on n’ignore rien de la vie bancaire de celui ou celle qui est devant nous, nous savons qui a eu son chèque rejeté pour faute de provision, qui n’a plus que 1500 FDJ dans son compte, car le caissier l’a claironné et même s’ il l’ avait murmuré pour ne se faire entendre que du malheureux, certains d’entre nous se pencheraient pour bien écouter. De toute façon, on s’ennuie, l’attente est longue, il faut bien se distraire d’une façon ou d’une autre. Il y a la personne élégante, toujours un peu frétillante d’impatience, on n’a pas de doute sur son aisance, mais le jeune caissier après avoir regardé son compte, lui donne son solde sur un petit bout de papier. on a tous identifié l’instant de gêne, le compte est vide, devine-t-on, mais la personne insiste, et alors pas de pitié, le jeune caissier aussi commence à être fatigué, ce système absurde que la banque a installé tape sur les nerfs de tout le monde, il n’est pas très heureux de voir cette foule de gens qui scrute le moindre de ses mouvements et q ui même quelquefois le traite de lent et d’incompétent et il déclare d’une voix assez forte « vous avez déjà un découvert de 50 000 FDJ ». La sentence est tombée. Ce client-là n’aime pas partir tout de suite, mais on s’en moque, le suivant est déjà là, une autre portion de vie, qu’on va saisir, Quelquefois, il y a l’épouse qu’un mari, ou un ex-mari, a remis un chèque sans provisions, et qui n’arrive pas à comprendre, pourquoi il lui fait toujours cela. S’engage une conversation, des conseils à la dame, et on passe au suivant. Quelquefois un client retire beaucoup d’argent et celui-ci quand il essaie de s’extirper de cette foule, a toujours peur, car il a vu les regards d’envie qui comptaient mentalement avec lui : 10 000, 20 000, 100 000, 200 000 FDJ etc. Il y a la dame qui ne sait pas signer, et là, tout le monde lui dit, il faut mettre le pouce là, non là, un peu plus bas, et énervée de tant d’intrusion elle pose son pouce où elle veut, le caissier ne s’en offusque pas. Il est gentil et poli, ce jeune homme, cela nous change des précédents, il ne vous jette pas la liasse de billet et la carte à la figure, comme c’est souvent le cas. Débarque, ensuite le militaire gradé, bousculant tout le monde, frappant à la vitre, en colère, qu’on le fasse attendre, lui le haut gradé, et appelant un des responsables. Tout le monde est déjà énervé, mais il y a un consensus sur les militaires, ce sont eux qui veillent sur nous et prêts à mourir pour nous défendre, on peut bien leur pardonner un petit écart, il y a en bien qui commencent à grommeler mais on les réduit vite au silence avec ces arguments de choc, une petite voix timide continuera « c’est leur choix », mais on ne l’’ écoute plus. Un peu plus loin, dans un autre guichet avec la même grappe humaine , l’éternelle polémique entre un groupe d’hommes et de femmes. Une femme demande à passer avant, on lui rétorque que depuis la création du ministère de la femme, et tout ce que les femmes ont obtenu, et l’égalité qu’elles prônent, il n’y a plus de galanterie qui tienne. La galanterie est une qualité, intrinsèque à la personne, des textes de lois ne la feront pas disparaitre, celui qui était galant, le restera, c’est mon opinion. Mais avec ce discours bien rôdé que les hommes tiennent souvent, on voit que la promotion de la femme n’est pas du gout de tout le monde. Il y a celui qui essaie subrepticement de vous voler votre place, et qui, hypocrite, quand vous le surprenez, vous dit toujours « Ah, vous étiez entrain de faire la queue ?». Non, nous sommes des amis qui ne s’étant pas vus, pendant un certain temps, se sont demandé pourquoi ils ne se retrouveraient pas devant un guichet de la BCI ? Quand on arrive enfin devant le caissier, c’est comme si on revenait d’une longue marche, on est trempé, on est fatigué, ce n’est pas normal, cela ne devrait pas être ainsi, mais pourtant ça l’est, et nous acceptons, nous sommes Djiboutiens, une manière d’être, passive, qui nous fait accepter les situations les plus facilement corrigeables. Cette banque avec son système dont tout le monde se plaint, depuis deux ans, si nous comptions un tant soit peu, aurait essayé d’y remédier, parce que nous sommes des clients et que nous méritons des services corrects. Mais bon, c’est un autre débat, sociétal, qui demanderait un investissement plus grand qu’un article de temps en temps dans un blog.
Posted on: Fri, 22 Nov 2013 22:38:22 +0000

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